Épigraphie : introduction

On  classe habituellement l'ensemble des inscriptions grecques en trois catégories :

- les inscriptions publiques :

• décrets,
• lois (Béroia),
• édits, sénatus-consulte (Pergame),
• lettres (lettre d'Alexandre à Philippes), ou pseudo-lettres, comme la lettre d'Abgar d'Osroène à Jésus Christ, à Philippes,
• dédicaces et inscriptions honorifiques,
• traités internationaux (Hiérapythna),
  
• comptes (Acropole),
• inventaires (arsenaux du Pirée),
• catalogues (cf. concours éphébiques),
• calendriers (école de Cos),
• chronologies (Marbre de Paros, Prêtresses d'Argos),
• poids et mesures, monnaies,
• contrats de travaux publics (Tégée, Érétrie), baux (Clazomènes, Thespies),
  
• bornes du domaine public (Agora).

- les inscriptions privées :

• votives,
• funéraires,
• actes d'affranchissement (à Delphes, à Oropos),
• graffiti (inscriptions du Colosse de Memnon, n^o 28 - 29a - 29b - 30 - 31 -  66 - 83 - 92 - 93 - 94 ),
• inscriptions architecturales,
• signatures, de sculpteurs, de potiers et de peintres,
• tablettes de défixion, amulettes, etc.

- les inscriptions sacrées :

• lois et règlements (Smyrne, Delphes, Cos, Aléa),
• statuts d'association (Iobacchoi),
  
• oracles,
• hymnes (Sarapiéion de Délos, Hymne d'Épidaure),
• guérisons (guérisons miraculeuses d'Épidaure),
• textes philosophiques (cf. Maximes delphiques),
• dédicaces,
  
• listes,
• comptes (Athènes, Éleusis, Acropole),
• inscriptions historiques ou narratives racontant un événement à l'origine d'une offrande ou de telle institution (cf. Serapii Delii historia),
• bornes de sanctuaire.

Les décrets

Les décrets regroupent tous les textes (politiques, financiers, religieux) faisant état d'une décision de la Cité : constitutions, lois, règlements, décrets proprement dits, traités internationaux, décrets honorifiques.

Ils se caractérisent par une forme très stricte (nous donnons ci-dessous la formule d'un décret attique classique, susceptible de quelques variations de détail selon les Cités - mais chaque Cité reste en général fidèle à la forme qui est la sienne).

invocation : souvent la formule θεοί ou ἀγαθῆι τύχηι (v. Décret sur le tribut);

intitulé : il comprend en général la formule ἔδοξε (v. Décret sur le tribut; cf. Loi du gymnase de Béroia), puis les éléments permettant de le dater (archonte, tribu prytane, secrétaire, épistate, dans un ordre qui peut varier; cf. Décret sur les éphèbes); parfois le titre ou l'objet du décret (cf. Asylie de Philippes);

considérants : le nom du citoyen qui a fait la proposition εἶπε, avec ses considérants ἐπεί / ἐπειδή, et ses motifs (formule hortative) ἵνα (cf. Décret sur les éphèbes), puis le contenu de sa proposition ;

formule de sanction ou de résolution : ἀγαθῆι τύχηι (cf. Asylie de Philippes),  δεδόχθαι (e.g. Érétrie);

dispositif ou les décisions : il reprend en général les propositions de l'initiant, en précisant quel fonctionnaire sera chargé de les exécuter, de graver la stèle, sur quel budget sera faite la dépense pour la gravure, l'endroit éventuellement où la stèle sera érigée, etc. (e.g. Érétrie);

le décret se termine parfois par la mention des voix favorables (cf. Convention entre Skiathos et Delphes).

Les décrets honorifiques sont parfois complétés par des couronnes gravées contenant le nom des personnes honorées (v. Décret sur les éphèbes).
Les décrets politiques, par des reliefs rappelant l'événement (traité entre Athènes et Samos).

Les dédicaces

Ce sont toutes les inscriptions mentionnant l'offrande d'Untel dans un sanctuaire.

Elles mentionnent toujours, dans un ordre qui peut varier selon les Cités ou les époques (cf. Dédicace des Amphiastes):
         le nom de la divinité à qui est faite l'offrande, au datif, éventuellement avec la formule ἀνέθηκε, ἀνάθημα;
         le nom du dédicant (individu, association, Cité);
et parfois le motif (ἐξ εὐχῆς ex-voto), l'intention ou l'occasion de la dédicace, ou la description de l'objet offert.

Inscriptions funéraires

Le nom du défunt est toujours mentionné.
On trouve parfois la mention de son âge, son métier, la cause de sa mort.
Les personnes qui ont élevé le tombeau sont parfois mentionnées.
Une épigramme accompagne parfois l'épitaphe (Rhodes).

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Lexique

Privilèges civils, politiques et religieux accordés à des individus ou à des Cités

asphaleia : litt. "sécurité", forme plus simple d'asylie. asylie : "inviolabilité", espèce d'habeas corpus, ou interdiction de saisie de corps; ou garantie de ne pas être maltraité par quiconque, tout acte violent à l'encontre de la personne étant considéré comme sacrilège. S'applique aussi à un sanctuaire, à un territoire, pour le mettre à l'abri des actes de guerre. atélie : "immunité financière", exemption d'impôts ou de taxes, générale ou partielle. épigamie : droit de mariage entre des personnes de Cités différentes. isonomie : égalité de droits civils avec les citoyens. isopolitie : égalité des droits politiques accordée à un individu. prodikie : droit de voir son action traitée en priorité par les tribunaux locaux, souvent dans les jours qui suivent, voire le jour même - ce qui peut être intéressant pour un étranger, qui ne sera ainsi plus obligé de revenir après plusieurs semaines. proédrie : "préséance", droit d'avoir une place d'honneur, au premier rang, dans les fêtes, les concours, etc. promantie : droit de priorité pour la consultation de l'oracle, pour un individu ou une Cité - ce qui diminue les frais de séjour. proxénie : droit de représenter les citoyens d'une Cité dans une autre (une espèce de consul moderne). sympolitie : égalité des droits politiques accordée à l'ensemble des citoyens d'une Cité dans une autre.

La Cité accorde aussi à des individus diverses récompenses, comme

•  couronne d'olivier, de laurier (Délos), de fleurs (Hégésippos) ou d'or (Aegialé, Salamine)
• l'érection d'une statue (Téos), ou d'un portrait peint (Minatius),
• d'une inscription en son honneur (Téos),
• le titre d'évergète (bienfaiteur : Kymè),
• l'éloge déclamé à l'occasion d'une fête (Téos),
•  etc.

Institutions