Damô (Δαμώ)   

Cette femme, qui se prétend amie de la poésie, est l’auteure de 2 distiques élégiaques, contenant beaucoup d’homérismes et d’éolismes (cf. Julia Balbilla), gravés sur le Colosse de Memnon à Thèbes.

Martino.

Fragmentum

1) Inscription sur le Colosse de Memnon, doc. 83 :

Αὔ̣ω̣ς ὦ πάϊ χαῖρε· πρόφρων ἐφθ̣έ̣γξαο γάρ μοι,

Μέμ[νον], Πειερίδων εἴνεκα, ταῖς μέλομαι

ἀ̣ φιλαο[ιδὸς Δ]α̣μώ· ἐμὰ δ' ἐπ̣ὶ̣ ἦρα φέροισα

βάρβιτος [ἀει]σεῖτ' ἆϊ [σό]ν, ὦγνε, κρέτος.

Fils de l’Aurore, salut. Dans ta bienveillance, Memnon,
tu as fait pour moi résonner ta voix, en hommage aux Piérides
que je vénère, moi, Damô, l’amie de la poésie ; avec mon aide,
mon barbitos chantera toujours ta puissance, saint Memnon.


Damophylé (Δαμοφύλη) de Pamphylie   

Philostrate est le seul à parler de cette contemporaine et amie de Sapphô (Eusèbe la situe dans la même année qu’elle, en 595), qui aurait cherché à imiter la poétesse de Lesbos. Elle aurait écrit de nombreux poèmes érotiques, des hymnes et un panégyrique d’Artémis, peut-être destinés à être chantés par des chœurs de jeunes filles (v. Calame, Chœurs).

Un commentateur de la Renaissance la considérait même comme la fille de Sapphô (v. Lehms, loc. cit.).

Croiset, II2, p. 244.
Martino.
Smith, s.v.
RE IV, 2 (1901) 2079.
Lehms, Galante Poetinnen, s. v., II p. 66-7.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Philostr., Vie d’Apollonius, 1, 30 :

καλεῖται τοίνυν ἡ σοφὴ αὕτη Δαμοφύλη, καὶ λέγεται τὸν Σαπφοῦς τρόπον παρθένους τε ὁμιλητρίας κτήσασθαι ποιήματά τε ξυνθεῖναι τὰ μὲν ἐρωτικά, τὰ δὲ ὕμνους. τά τοι ἐς τὴν Ἄρτεμιν καὶ παρῴδηται αὐτῇ καὶ ἀπὸ τῶν Σαπφῴων ᾖσται.

Fragmenta

Fr. 1 [titulus]

            ἐρωτικά

Fr. 2 [titulus]

ὕμνοι

Fr. 3 [titulus]

            ἐς τὴν Ἄρτεμιν


Daphné ou Daphnis (Δάφνη, Δαφνίς)   

Prophétesse et poétesse mythique, cette fille de Tirésias aurait écrit des vers si beaux qu’Homère s’en serait inspiré. Elle est parfois confondue avec Mantô.

Smith, s.v.
RE IV, 2 (1901) 2140.
Martino.
Lehms, s.v.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Diod. Sic., Bibl. Hist. 4, 66, 5 :

καὶ τῆς Τειρεσίου θυγατρὸς Δάφνης ἐγκρατεῖς γενόμενοι ταύτην ἀνέθεσαν εἰς Δελφοὺς κατά τινα εὐχὴν ἀκροθίνιον τῷ θεῷ. αὕτη δὲ τὴν μαντικὴν οὐχ ἧττον τοῦ πατρὸς εἰδυῖα, πολὺ μᾶλλον ἐν τοῖς Δελφοῖς διατρίψασα τὴν τέχνην ἐπηύξησε· φύσει δὲ θαυμαστῇ κεχορηγημένη χρησμοὺς ἔγραψε παντοδαπούς, διαφόρους ταῖς κατασκευαῖς· παρ' ἧς φασι καὶ τὸν ποιητὴν Ὅμηρον πολλὰ τῶν ἐπῶν σφετερισάμενον κοσμῆσαι τὴν ἰδίαν ποίησιν. ἐνθεαζούσης δ' αὐτῆς πολλάκις καὶ χρησμοὺς ἀποφαινομένης, φασὶν ἐπικληθῆναι Σίβυλλαν·

Après s’être emparés de Daphné, la fille de Tirésias, ils la consacrèrent à Delphes lors d’une cérémonie, comme prémices au dieu. Elle n’était pas moins experte que son père en divination, et ayant passé beaucoup de temps à Delphes, elle fit faire de grands progrès à cette science. Douée d’une nature extraordinaire, elle écrivit des oracles de toutes sortes, très différents dans leur composition. C’est d’elle, dit-on, que le poète Homère emprunta beaucoup de vers pour orner sa propre poésie. Comme elle était souvent possédée par le dieu quand elle rendait les oracles, on l’appela aussi, dit-on, Sibylle.

Cf. Mantô T. 11.

2) Paus., 10, 5, 5 :

λέγεται δὲ πολλὰ μὲν καὶ διάφορα ἐς αὐτοὺς τοὺς Δελφούς, πλείω δὲ ἔτι ἐς τοῦ Ἀπόλλωνος τὸ μαντεῖον. φασὶ γὰρ δὴ τὰ ἀρχαιότατα Γῆς εἶναι τὸ χρηστήριον, καὶ Δαφνίδα ἐπ' αὐτῷ τετάχθαι πρόμαντιν ὑπὸ τῆς Γῆς· εἶναι δὲ αὐτὴν τῶν περὶ τὸ ὄρος νυμφῶν. 

On raconte beaucoup de choses et fort variées sur Delphes, et bien davantage encore sur l’oracle d’Apollon. On dit par exemple que dans les temps très anciens, il fut l’oracle de Gê, et que Daphnis y avait été désignée comme prophétesse par Gê ; on dit aussi que c’était une Oréade.


Démarété (Δημαρέτη)   

Poétesse mentionnée par Athénée, inconnue par ailleurs.

Martino.

Testimonia

1) Athen. 15, 32 Kaibel :

καὶ γὰρ εἰς Δημαρέτην ἀναφέρεταί τι ποιημάτιον ὃ ἐπιγράφεται Τρίφυλλον.

On attribue à Démarété un petit poème intitulé Triphyllon (trèfle).

Fragmentum

1) [titulus]

Τρίφυλλον


Diophila (Διοφίλα) 

Poétesse (ou peut-être poète du nom de Diophilos), du 4e ou 3e s. av. JC,  auteure d’un encomion en hexamètres dactyliques, qui décrit les constellations.

Martino.

Fragmentum

1) P. Oxy. 20, 2258 c, fr. 1 (ed. H. Lloyd­-Jones and P. Parsons, Supplementum Hellenisticum ; Berlin, De Gruyter, 1983 ; fr. 391, pp. 179­-180) :

ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ προκ[∙∙∙]ῳ
∙∙λλ∙[     ]ιδε κεῖνο δι' ἠέρ[ος] ἐ̣μφανὲς ἄ[σ]τρον
ὄμματ' ἐπιστ[ή]σασα κ(α)τ' ἀστ[ερ]όεσσαν Ἅμαξ[αν]·
τ̣ὴν ἄραπαν∙[     ] ἀεὶ κ(α)τ(α)κείμενον [∙∙∙]η
ἐκ̣ταδίη κέχυται πολλοὶ δ' ὡς ἀσ̣τέρε̣ς ἀμφὶ̣ς̣
κ̣α̣ὶ θαμέες τυπόωσιν ἀτὰρ ∙∙[    ]είδεται ὤμων̣
Παρθένου οὐδὲ Λέοντος ἀπόπροθεν αἰωρεῖται,
οὐραν[ί]οιο Λέοντος, ἐπιψαυε[∙]∙∙∙[
[ἰ]ξύος ἀκροτάτ̣η̣ς̣, ἕ̣πεται δέ οἱ ἄγχι Βοώτης
Ἄρκτον ἀπο[σ]κοπέων ηοι∙∙εγασχοοπα[


… cet astre brillant dans le ciel
fixant le regard sur le Chariot étincelant ;

répandue alentour comme une troupe d’étoiles
et nombreuses … les épaules
de la Vierge, et se balançant non loin du Lion,
du Lion céleste, …
à l’extrémité de sa hanche ; le Bouvier suit de tout près
l’Ourse …


Éléphantiné ou Éléphantis (Ἐλεφαντίνη, Ἐλεφαντίς)   

Auteure d’écrits érotiques, sur le contenu desquels Martial et Suétone nous renseignent (molles Elephantidos libelli) : il s’agissait de la description des postures amoureuses, avec illustrations. Ses figurae Veneris seront semble-t-il très connues à Rome sous le nom d’Eléphantis. C’est Tibère qui en a assuré le succès.

Galien mentionne un traité περὶ κοσμητικῶν d’une certaine Eléphantis, peut-être la même auteure. Pline aussi avait utilisé ce traité.

Smith, s.v.
Kl. Pauly, s.v. Pornographie.
RE V, 2 () 2324-5.
Martino.
Plant, pp. 118.

Lipinska, M. : Hist. des femmes médecins (1900), p. 57.
Lehms, Galante Poetinnen, s.v.
Wolf, Mulierum, index.
Schoell, Hist. litt. gr. III, p. 74.
Fabric., Bibl. Graec. vol. viii. p. 158.

Testimonia

1) Suda, s.v. Ἀστυάνασσα, Ἑλένης τῆς Μενελάου θεράπαινα· ἥτις πρώτη τὰς ἐν τῇ συνουσίᾳ κατακλίσεις εὗρε καὶ ἔγραψε περὶ σχημάτων συνουσιαστικῶν· ἣν ὕστερον παρεζήλωσαν Φιλαινὶς καὶ Ἐλεφαντίνη, αἱ τὰ τοιαῦτα ἐξορχησάμεναι ἀσελγήματα. 

Astyanassa : servante d’Hélène, l’épouse de Ménélas ; c’est elle qui découvrit les postures des relations sexuelles, sur lesquelles elle écrivit un livre. Elle fut plus tard imitée par Philaenis et Eléphantiné, qui ont mis en danses ce genre d’obscénités.

2) Anth. Gr. 7, 345 : ἀδέσποτον. οἳ δὲ Σιμωνίδου man. sec. εἰς Φιλαινίδα τὴν Ἐλεφαντίνης ἑταίραν τὴν γράψασαν ἐν πίνακι τὰς γυναικείας μίξεις ἐκείνας, δι’ ἃς καὶ κωμωιδεῖται παρὰ τῶν ἐν Ἀθήναις σοφῶν.

(une main secondaire a rajouté) sur Philaenis, la compagne d’Eléphantiné, qui a peint dans un tableau les unions féminines pour lesquelles elle est moquée dans les comédies attiques.

3) Martial, Ep. 12, 43 :

Facundos mihi de libidinosis
Legisti nimium, Sabelle, versus,
Quales nec Didymi sciunt puellae
Nec molles Elephantidos libelli.
Sunt illic Veneris novae figurae,
Quales perditus audeat fututor,
Praestent et taceant quid exoleti,
Quo symplegmate quinque copulentur,
Qua plures teneantur a catena,
Extinctam liceat quid ad lucernam.
 
Tanti non erat, esse te disertum.

Ils sont d'un style trop relevé pour des scènes de débauché, les vers que tu m'as lus, Sabellus. On n'en trouve point de pareils chez les filles de Didyme, ni dans les livres voluptueux d'Éléphantis. Il s'agit ici de plaisirs monstrueux d'un nouveau genre ; on y voit ce que peut oser le libertin le plus roué ; ce que font en cachette les plus vils impudiques ; comment ils s'accouplent par cinq ou plus, jusqu'à former une chaîne; jusqu'où peut aller la licence, quand les lumières sont éteintes. Pour tant de cynisme, tant d'éloquence était du luxe.

4) Suet., Tib. 43 :

secessu uero Caprensi etiam sellaria excogitauit, sedem arcanarum libidinum, in quam undique conquisiti puellarum et exoletorum greges monstrosique concubitus repertores, quos spintrias appellabat, triplici serie conexi, in uicem incestarent coram ipso, ut aspectu deficientis libidines excitaret. cubicula plurifariam disposita tabellis ac sigillis lasciuissimarum picturarum et figurarum adornauit librisque Elephantidis instruxit, ne cui in opera edenda exemplar impe[t]ratae schemae deesset

Dans sa retraite de Capri, Tibère imagina d'installer un local garni de bancs pour des obscénités secrètes : là des troupes de jeunes filles et de jeunes débauchés rassemblés de toutes parts et ces inventeurs d'accouplements monstrueux qu'il appelait "spintries", formant une triple chaîne, se prostituaient entre eux en sa présence. Il orna des chambres placées en différents endroits d'images et de statuettes reproduisant les tableaux et les sculptures les plus lascifs auxquels il joignit les livres d'Eléphantis, pour que chaque figurant trouvât toujours le modèle des postures qu'il ordonnait de prendre.

5) Priapea 4 :

Obscaenas rigido deo tabellas
dicans ex Elephantidos libellis
dat donum Lalage rogatque, temptes,
si pictas opus edat ad figuras.
 

6a) Plin., N.H. 28 :

Summa: medicinae et historiae et observationes MDCLXXXII

EX AVCTORIBVS M. Varrone. L. Pisone…

EXTERNIS Democrito. … Elephantide…

6b) Plin., N.H. 28, 81 :

quae Lais et Elephantis inter se contraria prodidere de abortiv<o> carbone e radice brassicae vel myrti vel tamaricis in eo sanguine extincto,

Laïs et Eléphantis ont écrit au sujet des abortifs des choses tout à fait contradictoires, indiquant, par exempte, un charbon de racine de chou, ou de myrte, ou de tamarix, éteint dans ce sang.

7) Galien, De compositione medicamentorum secundum locos 12, 416 :

γέγραπται δὲ καὶ ἄλλα πολλὰ, φησὶν, παρά τε Ἀσκληπιάδῃ καὶ Ἡρακλείδῃ τῷ Ταραντίνῳ καὶ Ἐλεφαντίδῃ καὶ Μοσχίωνι διὰ τοῦ κοσμητικοῦ.

Bien d’autres choses ont été écrites, dit-on, chez Asclépiade, Héraclide de Tarente, Eléphantis et Moschion sur la Cosmétique.

8) Tatien, ad Graec. 34 :

Ἐχρῆν δὲ πᾶν τὸ τοιοῦτον εἶδος παραιτησαμένους τὸ κατὰ ἀλήθειαν σπουδαῖον ζητεῖν καὶ μὴ Φιλαινίδος μηδὲ Ἐλεφαντίδος τῶν ἀρρήτων ἐπινοιῶν ἀντιποιουμένους τὴν ἡμετέραν πολιτείαν βδελύττεσθαι.

Il aurait fallu laisser de côté toutes les choses de ce genre et rechercher ce qui est vraiment important en vérité, et ne pas salir notre culture en imitant les fantasmes scandaleux de Philaenis et d’Eléphantis.

9) Parthenius, fr. 39 = 656 : Ἐλεφαντίς

Fragmentum

1) [titulus]

περὶ κοσμητικῶν


Elpis ou Helpis (Ἐλπίς)   

Cette Sicilienne, sans doute d’origine grecque, était l’épouse de Boethius (Anitius Manlius Severinus B.), célèbre philosophe et scientifique romain, né vers 480 après JC. Sa poésie semble avoir joui d’une certaine considération.

Wolf, Mulierum, index.
Lehms, Galante Poetinnen, s.v.

Testimonia

Fragments

1) Épitaphe d’Elpis[1]

Helpis dicta fui, Siculae regionis alumna,
            quam procul a patria conjugis egit amor.
Quo sine maesta dies, nox anxia, flebilis hora,
            Cumque viro solum spiritus unus erat.
Lux mea non clausa est, tali remanente marito
            Majorisque animae parte superstes ero.
Porticibusque sacris, jam nunc peregrina quiesco,
            judicis aeterni testificata thronum.
Neve manus bustum violet, ne forte jugalis
            Haec iterum cupiat jungere membra suis.

2) Hymne « à vêpres et à matines » en l’honneur de st Pierre et st Paul (29 juin)[2] :



Aurea luce et decore roseo,
Lux lucis omne perfudisti seculum,
Decorans coelos inclyto martyrio,
Hac sacra die, quae dat reis veniam.
Janitor coeli, Doctor orbis pariter
Judices seculi, vera mundi lumina,
Per crucem alter, alter ense triumphas
Vitae senatum laureati possident.
O felix Roma, quae tantorum principum
Es purpurata pretioso sanguine !
Non laude tua, sed ipsorum meritis
Excedis omnem mundi pulchritudinem.

« traduction en vers françois par le sieur P. de Corneille »

Que de clartés, ô Dieu, tu versas dans nos cœurs !
Quels ornements tu mis en ton céleste empire,
Quand de Pierre et de Paul le glorieux martyre
Par un trépas injuste obtint grâce aux pécheurs!
5 Juges de l'univers par tous deux éclairé,
L'un meurt la tête en bas, et l'autre l'a coupée;
L'un sur la croix triomphe, et l'autre sous l'épée,
Et tous deux vont remplir un trône préparé.
Quel que soit ton bonheur, c'est de là qu'il te vient,
10 Rome, que d'un tel sang empourpre la teinture :
Leur mérite pour toi fait plus que ta structure,
Et dans ce haut pouvoir c'est lui qui te maintient.
Louange, gloire, honneur à votre immensité,
Père, Fils, Esprit saint, qui n'êtes qu'une essence,
15 Et qui gardez tous trois une égale puissance,
Et durant tous les temps et dans l'éternité !


Érinna (Ἤριννα) de Télos   

Cette poétesse, morte, selon la tradition, à l’âge de 19 ans, nous a laissé des chansons à l’imitation de Sapphô (fr. 2), des épigrammes (frr. 3-5) et un épyllion (Ἠλακάτη, la Quenouille) que l’Antiquité et Byzance considéraient comme dignes d’Homère et de Pindare (T. A et 9).

Elle a en tout cas joui d’une grande réputation. Elle faisait partie des canons de Méléagre (T. C) et d’Antipater (T. B). Tatien mentionne que Naucydès lui avait élevé une statue (T. E) et Christodorus (T. 7) rapporte que sa statue se dressait dans le gymnase de Zeuxippe à Byzance. L’Anthologie a également conservé plusieurs épigrammes qui lui sont dédiées (T. 1-6), où l’on célèbre ses louanges et déplore sa mort sur un ton très intime. Tous ces témoignages sont unanimes sur la « douceur de miel » de ses vers, qui lui valut le surnom de Mélissa l’Abeille (cf. T. 5). Les Mimiambes 6 et 7 d’Hérondas sont sans doute une évocation (un hommage ?) d’Érinna et de Nossis.

Son poème principal, la Quenouille (fr. 1a+b), un épyllion de 300 hexamètres dactyliques, fut écrit à la mort de sa jeune amie Baucis, dans un style élégiaque et avec un art déjà hellénistique, dans un mélange de dorien et d’éolien, tel qu’il était parlé à Rhodes et dans l’île voisine de Télos, ce qui confirme le témoignage d’Eustathe (T. A). Grâce au papyrus PSI 9, 1090, on en a conservé une vingtaine de vers entiers (fr. 1b, col. II). Ce sont des images, des souvenirs de son enfance en compagnie de son amie, des évocations des jeux et du travail de la laine partagés, interrompus de lamentations, avec une expression directe et prenante. Malgré le contenu du poème, le titre n’est sans doute pas d’Érinna.

Des trois épigrammes conservées dans l’Anthologie sous le nom d’Érinna, une semble authentique (fr. 3), les deux autres (frr. 4 et 5), adressées à Baucis, sont peut-être des fabrications tardives à partir de son poème. Mais toutes expriment une poésie très personnelle.

On n’a pas conservé l’épigramme mentionnée par Pline (T. 14), où Érinna aurait décrit une statue de Myron, qu’il aurait été intéressant de comparer à celle d’Anyté (fr. *21), qui a exactement le même sujet. Mais il s’agit probablement d’une double confusion de Pline : dans l’épigramme d’Anyté, il est question d’une fillette dénommée Myro qui a construit un tombeau à une cigale et un grillon, que Pline a sans doute confondue avec le sculpteur Myron ; il a également confondu Érinna et Anyté !

Il y a sans doute d’autres fragments, impossibles à délimiter avec précision, dans Anth. Pal. 7, 12 et 13 et dans la description de sa statue par Christodorus (*frr. 7-12), qui sont sans doute des espèces de centons hellénistiques à partir de mots pris chez Érinna.

L’Antiquité lui a aussi attribué, à tort, l’Ode à Rome de Mélinnô.

Selon Eusèbe (T. 15), elle était contemporaine de Démosthène et de Philippe de Macédoine (Ol. 107 = 352 av. J.C.).

On distinguait naguère deux Érinna, une de Lesbos, amie de Sapphô, et une poétesse rhodienne du 4e s. Aujourd’hui, on admet qu’elles n’en font qu’une, à placer au 4e s. : les traditions qui la placent à l’époque de Sapphô et en font une ressortissante de Lesbos ne sont que des reconstructions visant à faire ressortir les ressemblances entre les deux poétesses[3].

Certains ont voulu voir autour d'Érinna un cercle poétique comme autour de Sappho, cercle dans lequel ils rangent les jeunes filles mentionnées dans le fragments d'Érinna: Agatharchis, Baucis et Myro.

Smith, s.v. (distingue deux Érinna).
Kroh, s.v.
Kl.Pauly, s.v.
RE VI, 1 (1907) 455-8.
OCD, s.v.

Croiset, II2, p. 244.
Lesky, p. 589-590.
Lambin, p. 22-23.
Martino.

C.M. Bowra, « Erinna’s lament for Baucis », in Greek poetry and life (Essays pres. to G. Murray) ; Oxford, 1936 ; pp. 325-342.
F.G. Welcker, « de Erinna et Corinna poetriis », in Kleine Schriften ; Bonn, Weber, 1845 ; pp. 145-152.

Lehms, Galante Poetinnen, s.v., II p. 79-80.
Wolf, Mulierum, index.
Schoell, Hist. litt.gr. vol. I, pp. 292-3 ; 295-6.
Fabric., Bibl. Graec. vol. II, p. 120.
Bode, Gesch. d. Hell. Dichtk. vol. II/2, p. 448.

Testimonia

A) Eust., Comm. ad Hom. Iliad. B 711-726, vol. 1, pp. 509,11 - 510, 4 :

Il faut savoir qu’Érinna mentionnée ci-dessus était de Lesbos, ou de Rhodes, ou de Téos, ou de Têlos, une petite île près de Cnide. C’est cette poétesse qui écrivit en dialecte éolien et dorien le poème intitulé Élakaté, de 300 vers épiques. Elle était la compagne de Sapphô et mourut vierge. Ses vers ont été jugés comparables à ceux d’Homère. Elle est morte à l’âge de 19 ans. L’épigramme suivante qui lui est dédiée confirme nos propos (sc. Anth. Pal. 9, 190 ; v. T. 1). Elle est de la même veine. On se demande même si c’est cette femme, auteure de vers épiques, qui a vaincu Pindare et surpassé sa poésie lyrique.

B) Anthologia Graeca, 9, 26 (Le Canon d’Antipater), v. 6.

C) Anth. Pal., 4,1 (le Canon de Méléagre), v. 12 :

καὶ γλυκὺν Ἠρίννης παρθενόχρωτα κρόκον

            et le doux safran d’Érinna au teint virginal.

E) Tatien, ad Graecos  33 = 52 Worth :

Lysippe a représenté en bronze Praxilla …, Naucydès Érinna la Lesbienne,…

1) Anth. Graeca, 9, 190 :

Λέσβιον Ἠρίννης τόδε κηρίον· εἰ δέ τι μικρόν, 

ἀλλ' ὅλον ἐκ Μουσέων κιρνάμενον μέλιτι. 

οἱ δὲ τριηκόσιοι ταύτης στίχοι ἶσοι Ὁμήρῳ, 

τῆς καὶ παρθενικῆς ἐννεακαιδεκέτευς· 

ἣ καὶ ἐπ' ἠλακάτῃ μητρὸς φόβῳ, ἣ καὶ ἐφ' ἱστῷ 

ἑστήκει Μουσέων λάτρις ἐφαπτομένη. 

Σαπφὼ δ' Ἠρίννης ὅσσον μελέεσσιν ἀμείνων, 

Ἤριννα Σαπφοῦς τόσσον ἐν ἑξαμέτροις.

Ce rayon de miel de Lesbos est d’Érinna ; il est agréable, le petit ouvrage,

pour peu que les Muses l’aient tout empli de miel.

Les trois cents vers qu’elle a laissés valent ceux d’Homère,

alors qu’elle n’était qu’une jeune fille de dix-neuf ans ;

par crainte de sa mère, elle se tenait près de sa quenouille,

et près de son métier, elle s’attachait au culte des Muses.

Autant Sapphô l’emporte sur Érinna dans les vers lyriques,

autant Érinna sur Sapphô dans les hexamètres.

2) Anth. Graeca, 7, 713 :

ΑΝΤΙΠΑΤΡΟΥ

Παυροεπὴς Ἤριννα καὶ οὐ πολύμυθος ἀοιδαῖς,
        ἀλλ' ἔλαχεν Μούσας τοῦτο τὸ βαιὸν ἔπος.
   τοιγάρτοι μνήμης οὐκ ἤμβροτεν οὐδὲ μελαίνης
       Νυκτὸς ὑπὸ σκιερῇ κωλύεται πτέρυγι,
   αἱ δ' ἀναρίθμητοι νεαρῶν σωρηδὸν ἀοιδῶν
       μυριάδες λήθῃ, ξεῖνε, μαραινόμεθα.
   λωίτερος κύκνου μικρὸς θρόος ἠὲ κολοιῶν
       κρωγμὸς ἐν εἰαριναῖς κιδνάμενος νεφέλαις.

Érinna n’a laissé que bien peu de poèmes,
Ses chants ne sont pas longs, mais ses vers peu nombreux
Ont été couronnés des Muses elles-mêmes :
Aussi son souvenir n’a-t-il pas d’oublieux,
Et sous la noire Nuit à l’envol ténébreux,
N’a-t-elle pas péri, à jamais étouffée,
Tandis que par milliers, poètes d’aujourd’hui,
Nous nous fanons ensemble, ô passant, dans l’oubli.
Car d’un cygne toujours le chant mince mais vrai
Vaut mieux qu’un cri aigu de choucas dispersés
À travers les brouillards que le printemps ourdit.

(trad. Brasillach)

3) Anth. Graeca, 7, 11 : Cette épitaphe d’Érinna par Asclépios de Samos servait sans doute d’introduction à une édition des poèmes d’Érinna.

Ὁ γλυκὺς Ἠρίννης οὗτος πόνος, οὐχὶ πολὺς μέν,

ὡς ἂν παρθενικᾶς ἐννεακαιδεκέτευς,

ἀλλ' ἑτέρων πολλῶν δυνατώτερος· εἰ δ' Ἀίδας μοι

μὴ ταχὺς ἦλθε, τίς ἂν ταλίκον ἔσχ' ὄνομα;

Cet ouvrage délicieux d’Érinna n’est certes pas très grand,

comme il est d’une jeune fille de dix-neuf ans,

mais il vaut beaucoup plus que bien d’autres : si Hadès

ne m’avait entraînée si vite, qui aurait un  nom aussi grand 

4) Anth. Graeca, 7,12 :

Ἄρτι λοχευομένην σε μελισσοτόκων ἔαρ ὕμνων,

ἄρτι δὲ κυκνείῳ φθεγγομένην στόματι

ἤλασεν εἰς Ἀχέροντα διὰ πλατὺ κῦμα καμόντων

Μοῖρα, λινοκλώστου δεσπότις ἠλακάτης·

σὸς δ' ἐπέων, Ἤριννα, καλὸς πόνος οὔ σε γεγωνεῖ

φθίσθαι, ἔχειν δὲ χοροὺς ἄμμιγα Πιερίσιν.

Toi qui dans ton printemps viens d’enfanter des hymnes tout de miel,

dont la bouche vient de faire retentir un chant de cygne,

la Destinée maîtresse de la quenouille qui file le lin

t’a fait passer l’Achéron des morts sur un large flot ;

mais ton bel ouvrage de vers, Érinna, dit que tu ne péris pas,

et que tu as des chœurs en grand nombre pour les Piérides.

5) Anth. Graeca, 7, 13 :

ΛΕΩΝΙΔΟΥ, οἱ δὲ ΜΕΛΕΑΓΡΟΥ

Παρθενικὰν νεαοιδὸν ἐν ὑμνοπόλοισι μέλισσαν

Ἤρινναν Μουσῶν ἄνθεα δρεπτομέναν

Ἅιδας εἰς ὑμέναιον ἀνάρπασεν. ἦ ῥα τόδ' ἔμφρων

εἶπ' ἐτύμως ἁ παῖς· „Βάσκανός ἐσσ', Ἀίδα.”[4]

La jeune vierge, l’abeille novice aux hymnes, 

Érinna qui des Muses cueillait les fleurs, 

Hadès l’a enlevée à l’hyménée. Pleine de sagesse,

l’enfant s’est écriée à juste titre : « Tu es jaloux, Hadès ! »

6) Anth. Graeca, 11, 322 :

ΑΝΤΙΦΑΝΟΥΣ 

Γραμματικῶν περίεργα γένη, ῥιζωρύχα μούσης

ἀλλοτρίης, ἀτυχεῖς σῆτες ἀκανθοβάται,

τῶν μεγάλων κηλῖδες, ἐπ' Ἠρίννῃ δὲ κομῶντες,

πικροὶ καὶ ξηροὶ Καλλιμάχου πρόκυνες,

ποιητῶν λῶβαι, παισὶ σκότος ἀρχομένοισιν,

ἔρροιτ', εὐφώνων λαθροδάκναι κόριες.

Race inutile des grammairiens, taupes rongeuses
de l’inspiration d’autrui, teignes minables, amateurs de vétilles,
détracteurs de chefs-d’œuvre et glorificateurs d’Érinna,
chiens hargneux, aboyeurs efflanqués de Callimaque,
fléaux des poètes, qui à nos enfants en leurs débuts n’apportez que ténèbres,
allez au diable ! punaises rongeuses des œuvres harmonieuses.

(trad. CUF)

7) Anth. Graeca, 2, 1, vv. 108-110 :

de Christodorus

ΕΚΦΡΑΣΙΣ

τῶν ἀγαλμάτων τῶν εἰς τὸ δημόσιον γυμνάσιον τοῦ ἐπικαλουμένου Ζευξίππου

Παρθενικὴ δ' Ἤριννα λιγύθροος ἕζετο κούρη,
οὐ μίτον ἀμφαφόωσα πολύπλοκον, ἀλλ' ἐνὶ σιγῇ
Πιερικῆς ῥαθάμιγγας ἀποσταλάουσα μελίσσης.

Le jeune Érinna, la vierge aux chants mélodieux, était assise ;
elle ne maniait pas de ses doigts un fil tressé, mais en silence,
elle distillait goutte à goutte le miel d’une abeille de Piérie.

(trad. CUF)

8) Athen., 7, 283d = 18 Kaibel :

Ἤριννά τε ἢ ὁ πεποιηκὼς τὸ εἰς αὐτὴν ἀναφερόμενον ποιημάτιον· 

v. fr. 2. 

Érinna ou celui qui a composé le petit poème qu’on lui attribue :

9) Suda, s. v. Ἤριννα : Τεΐα ἢ Λεσβία, ὡς δὲ ἄλλοι Τηλία· Τῆλος δέ ἐστι νησίδιον ἐγγὺς Κνίδου· τινὲς δὲ καὶ Ῥοδίαν αὐτὴν ἐδόξασαν. ἦν δὲ ἐποποιός. ἔγραψεν Ἠλακάτην· ποίημά δ' ἐστιν Αἰολικῇ καὶ Δωρίδι διαλέκτῳ, ἐπῶν τʹ. ἐποίησε δὲ ἐπιγράμματα. τελευτᾷ παρθένος ἐννεακαιδεκέτις. οἱ δὲ στίχοι αὐτῆς ἐκρίθησαν ἶσοι Ὁμήρῳ. ἦν δὲ ἑταίρα Σαπφοῦς καὶ ὁμόχρονος.

Érinna : de Téos, ou de Lesbos, ou de Télos selon certains ; Télos est une petite île près de Cnide. Certains la disent de Rhodes. Elle composé des vers épiques. Elle écrivit la Quenouille : c’est un poème en dialecte éolien et dorien, de 300 hexamètres. Elle composa aussi des épigrammes. Elle mourut vierge à 19 ans. Ses vers ont été jugés dignes d’Homère. Elle fut la compagne de Sapphô et sa contemporaine.

10) Eust., Comm. ad Hom. Od. vol. 1, p. 168 :

ἐγίνοντο γὰρ ὥσπερ ὄνειοι καὶ ἐλάφειοι, οὕτω καὶ νέβρειοι αὐλοί. ὡς δῆλον καὶ ἐκ τοῦ,

νεβρείων ὅσον σάλπιγξ ὑπερίαχεν αὐλῶν,

καὶ ἑξῆς. ἐν ᾧ τοιοῦτός ἐστιν ὁ νοῦς. ὅσον ἡ σάλπιγξ ὑπερφωνεῖ τοὺς νεβρείους αὐλοὺς, τοσοῦτον καὶ ἡ ἐμμέλεια τῆσδε τῆς ποιήσεως οἷον τῆς καθ' Ὅμηρον ἢ Ἤρινναν,

On fabriquait en effet des flûtes aussi bien (avec des os) d’ânes et de cerfs qu’avec des faons. Cela est évident d’après le vers :

v. fr. 6

etc. Telle est la signification de ce vers. Autant la trompette couvre la voix des flûtes de faons, autant l’harmonie de cette poésie, telle celle d’Homère ou d’Érinna.

11) Steph. Byz., Ethnica (epitome), (621, 10 -) 622, 5 :

Τῆνος, νῆσος Κυκλάς, ἀπὸ οἰκιστοῦ Τήνου … ὁ πολίτης Τήνιος, καὶ τὸ θηλυκὸν Τηνία, ἀφ' οὗ καὶ Ἥριννα Τηνία ποιήτρια. 

Ténos, île des Cyclades, du nom de son fondateur Ténos… Ethnique Ténios, et Ténia au féminin ; patrie d’Érinna la poétesse.

12) Eus., Chron. Arm. (Syncell, p. 260) :

13) Stob., 4, 50a, 14 (cf. fr. 1b, v. 52) :

Παυρολόγοι[5] πολιαί, ταὶ γήραος ἄνθεα θνατοῖς. (= fr. 1 D. = 2 B.)

Concises et grises, qui sont les fleurs de la vieillesse pour les mortels.

14) Pline 34, 57 :

Myronem … fecisse et cicadae monumentum ac locustae carminibus suis Eri<n>na significat.

Érinna dans ses poèmes indique que Myron avait sculpté également un monument à une cigale et un grillon.

15) Poll., 9, 125 :

ἡ δὲ χελιχελώνη παρθένων ἐστὶν ἡ παιδιά, παρόμοιόν τι ἔχουσα τῇ χύτρᾳ· ἡ μὲν γὰρ κάθηται καὶ καλεῖται χελώνη, αἱ δὲ περιτρέχουσιν ἀνερωτῶσαι·

χελιχελώνη, τί ποιεῖς ἐν τῷ μέσῳ;

ἡ δὲ ἀποκρίνεται·

ἔρια μαρύομαι καὶ κρόκην Μιλησίαν.

εἶτ᾽ ἐκεῖναι πάλιν ἐκβοῶσιν·

ὁ δ᾽ ἔκγονός σου τί ποιῶν ἀπώλετο;

ἡ δέ φησι·

λευκᾶν ἀφ᾽ ἵππων εἰς θάλασσαν ἅλατο.

… la "tortitortue" est le jeu des petites filles et n’est pas sans ressemblance avec la "marmite" : l’une d’entre elles est assise et est appelée "tortue" ; les autres courent autour d’elle en demandant :

Tortitortue, au milieu que fais-tu ?

Elle répond :

J’enroule la laine et le fil de Milet.

Puis les autres crient à nouveau :

Et ton petit, comment a-t-il péri ?

Et elle dit :

Des blanches cavales, il sauta dans la vague.

La "tortue" devait alors bondir sur l’une de ses compagnes, qui la remplaçait au milieu de la ronde.[6]

Fragmenta

ALG, vol. 1.4, 2nd ed. (Leipzig, Teubner, 1936), pp. 207-­213. 
E. Diehl : Anthologia lyrica, IV (Leipzig, Teubner, s.d.), pp. 486-488.
Bergk, Lyr. Gr. III, p. 141-3.
PLG, p. 632.
cf. LJP, pp. 186­-189, 192­-193. frr. (+ titul.) 400-­402, 404.

Fr. 1a) = 2 D. = 3 H. = 3 B. = 402 LJP. = Stob., 4, 51, 4 :

Ἠλακάτη

Τουτόθεν εἰς Ἀίδαν κενεὰ διανήχεται ἀχώ·

σιγὰ δ' ἐν νεκύεσσι, τὸ δὲ σκότος ὄσσε κατέρρει

Un bruit s’en est allé vers le vide funèbre,
En silence chez les fantômes,
Les deux yeux ont été couverts par les ténèbres.

(trad. Brasillach)

Fr. 1b) = Pap. PSI 9, 1090 = 401 LJP. :

col I (huius columnae perierunt sex uersus) 

[                                        ]∙κ[ ]

8    [    ] ἐοίσ̣[α]ς

[    ]ε κώρας

[    ]σ ̣ι νύμφαι·

[    ] χελύνναν

12  [     σ]ελάννα·

[     χε]λ̣ύννα·

[    ]τ̣ε̣ λῆσ[]

[     ]ώ̣ι̣κ̣ει·

16  [    ]α φύλλοις

[      μ]α̣λάσσ̣ει·

[     σε]λ̣άνναν

[    ἀμ]νίδ̣α πέξα[ι]

20  [     ἐς βαθ]ὺ̣ κῦμα

col. II

[λε]υκᾶν μαινομέν[οισιν ἐσάλατο π]ο̣σ̣σ̣ὶ̣ν̣ ἀφ' ἵ[π]π̣ω̣[ν]·

[αἰ]α̣ῖ ἐγώ, μ̣έγ̣' ἄϋσα· φ[ίλα. τὺ δ΄ ἔοισα] χ̣ελύννα,

[ἁλ]λ̣ομένα μεγάλας̣ [ἔδραμες κατὰ] χορτίον αὐλᾶς.

24  [τα]ῦ̣τα τύ, Βαυκὶ τάλαι[να, βαρὺ στονα]χεῖσα γόημ[ι]·

[τα]ῦτά μοι ἐν κρα[δίαι  ] παίχνια κεῖται

θέρμ' ἔτι· τῆν[α δὲ τοῖσιν ἀθ]ύ̣ρ̣ομες ἄνθρακες ἤδη,

δαγύ[δ]ων τε χ̣[ιτῶνες[7]   ]ί̣δε̣ς ἐν θαλάμοισι

28  νύμ[φαι]σιν [   ]έες· ἅ τε πὸτ ὄρθρον 

μάτηρ ἀε̣[ίδοισα   ]οισιν ἐρεί̣θο̣ις

τ̣ήνας ἦλθ[ε    μέ]ν̣α ἀμφ' ἁλίπαστον, 

ἇι̣ μικρᾶι στ[   μέγα]ν̣[8] φόβον ἄγαγε Μο[ρ]μώ,

32  [τᾶ]ς̣ ἐν μὲν κο[ρυφᾶι μεγάλ' ὤ]ατα, ποσσὶ δὲ φοιτῆι

[τέ]τ̣ρ̣[α]σιν· ἐκ δ' [ἑτέρας ἑτέραν] μετεβάλλετ' ὀπωπάν.

ἁνίκα δ' ἐς [λ]έχος [ἀνδρὸς ἔβας, τ]ό̣κα πάν̣τ̣' ἐλέλασο, 

ἅσσ' ἔτι̣ νηπιάσα̣[σα] τ[εᾶς παρὰ] ματρὸς ἄκουσας, 

36  [Β]αυκὶ φίλα· λάθα[ν  ∙∙∙] ε[() ] Ἀφρο[δ]ίτα. 

τῷ τυ κατακλαίοισα τα̣[ ]∙∙∙ε λείπω·

ο̣ὐ̣ [γ]άρ μοι πόδες [ἐντὶ λιπῆν] ἄ̣π̣ο δῶμα βέβαλοι,

οὐ̣δ̣' ἐσιδῆν φαέε[σσι θέλω νέ]κυν, οὐδὲ γοᾶσαι

40  γυμναῖσιν χαίταισιν, [ἐπεὶ φο]ινίκεος αἰδώς

col. III 

δρύπτε[ι] μ' ἀμφι̣[χ]υ[θεῖσα    

αἰε̣[ὶ] δὲ προπάροιθ[ε    ]

ἐννεα[και]δέκατος [   ἐνιαυτός] 

44  Ἠρ̣ίνν̣α̣[ι τ]ε φίλαι π[    ]

ἀλακάταν ἐ[σ]ορεῖ̣[σα    ]

γνῶθ' ὅτι τοι κ[     

ἀμφ[έ]λ̣ικε̣ς γελ̣[άοισα[9]    ]. 

48  ταῦτ' αἰδώς μ' [    ]

παρθε̣[ν]ίοισι̣[     ]

δερκομένα δ' ἐγ̣[()    

καὶ χαίταν̣ αν̣[()    γύναικες[10]

52  πραϋλόγοι[11] πο̣λιαί, ταὶ γήραος ἄνθεα θνατοῖς·

τῷ̣ τυ, φίλα, φο̣[()    ]

Βαυκί, κατακλα̣[ίοισα[12]      ],

ἃν φλόγα μι̣ν τ̣[     

56  ὠρυγᾶς ἀΐοισα̣ ο[ ()   ]. 

ὦ πολλὰν Ὑμέν̣[αιε    

πολλὰ δ' ἐπιψαύ[οισα    ]

[π]ά̣νθ̣' ἑνός, ὦ Ὑμ[έναιε,   ]

60  αἰαῖ, Βαυκὶ τάλαιν[α,    ].

— — — — — 

8 : … tu étais … les fillettes … les fiancées ; … la tortue

12 : … la lune ; … tortue … ;

16 : … le feuillage … adoucit ; … la lune … tondre l’agnelle

20 : … dans la vague profonde ; des blanches cavales tu sautas en un bond impétueux. Ah ! moi, je criai à pleine voix « … tortue » ; en bondissant tu courus à travers l’enclos de la grande cour. [13]

24 : C’est pourquoi, infortunée Baucis, sous le poids du lourd chagrin, je gémis sur toi. Et dans mon cœur, nos jeux restent à jamais, tout chauds encore ; mais les jeux auxquels nous nous plaisions ne sont plus que cendres, et les robes de nos poupées … dans nos chambres

28 : pour les fiancées … ; et dès l’aube (ta/ma) mère en chantant … aux fileuses, venait les …, ah ! Mormô faisait grand’peur à la petite …, 

32 : sur sa tête elle avait de grandes oreilles, et elle marchait à quatre pattes ; et elle changeait d’apparence.

Mais lorsque vint le temps pour toi d’entrer au lit d’un mari, tu oublias tout ce que tu avais appris de ta mère quand tu étais petite,

36 : chère Baucis ; Aphrodite [mit] l’oubli [dans ton cœur]. Pleurant sur toi, je laisse de côté … ; car mes pieds ne sont pas capables de quitter la chambre, mais je ne puis non plus poser mes yeux sur ton cadavre, ni gémir

40 : (sur ta/avec ma) chevelure défaite sans voile, car la pudeur qui m’envahit rougit mes joues et les déchire … ; mais toujours dans le passé … à l’âge de dix-neuf ans … 

44 : à sa chère Érinna … regardant la quenouille … sache que pour toi … tu enroulais en souriant … .

48 : La pitié me … aux jeunes filles …voyant la lumière du jour … et la chevelure au vent …

52 : … la conversation charmante [des femmes] aux cheveux gris, qui sont, pour les mortels, les fleurs de la vieillesse. Et toi, ma chère, …[14] Baucis, en pleurs la flamme …

56 : en entendant les lamentations … Ô Hyménée … souvent effleurant … ô Hyménée …

60 : Hélas, infortunée Baucis …

Fr. *2) = 1 B. = [3] D. = 1 H. = 404 LJP (v. T. 8) :

Il s’agit d’un Propempticon, ou poème pour souhaiter un bon voyage. Selon la tradition, Baucis aurait quitté Télos pour suivre son mari à Rhodes, avant de mourir quelque temps plus tard. Probablement pas authentique (Diehl, Kl. Pauly ; cf. ce qu’en dit Athénée lui-même).

ΕΙΣ ΠΟΜΠΙΛΟΝ 

Πομπίλε, ναύταισιν πέμπων πλόον εὔπλοον, ἰχθύ, 

πομπεύσαις πρύμναθεν ἐμὰν ἁδεῖαν ἑταίραν.

O pilote, poisson des bonnes traversées,

Dans le sillage suis mon amie bien-aimée !

(trad. Brasillach)

Fr. 3) Anth. Graeca, 6, 352 = 4 D. = 4 H. = 4 B. :

ΗΡΙΝΝΗΣ

Ἐξ ἀταλᾶν χειρῶν τάδε γράμματα· λῷστε Προμαθεῦ,

ἔντι καὶ ἄνθρωποι τὶν ὁμαλοὶ σοφίαν· 

ταύταν γοῦν ἐτύμως τὰν παρθένον ὅστις ἔγραψεν,

αἰ καὐδὰν ποτέθηκ', ἦς κ' Ἀγαθαρχὶς ὅλα.

Portrait d’une jeune fille morte [15]

Ce sont des mains novices qui ont tracé ces traits. Mon cher Prométhée,

il y a des humains qui t’égalent par leur talent :

celle qui l’a peint a fait de cette jeune fille un portrait bien ressemblant ;

s’il l’avait doué de la parole, ce serait Agatharchis en personne.

(trad. CUF)

Fr. 4) Anth. Graeca, 7, 712  (= 5 D. = 5 H. = 6 B.) : 

ΗΡΙΝΝΗΣ

Νύμφας Βαυκίδος εἰμί· πολυκλαύταν δὲ παρέρπων

στάλαν τῷ κατὰ γᾶς τοῦτο λέγοις Ἀίδᾳ·

„Βάσκανός ἐσσ', Ἀίδα.” τὰ δέ τοι καλὰ σάμαθ' ὁρῶντι

ὠμοτάταν Βαυκοῦς ἀγγελέοντι τύχαν,

ὡς τὰν παῖδ', ὑμέναιος ἐφ' αἷς ἀείδετο πεύκαις,

ταῖσδ' ἐπὶ καδεστὰς ἔφλεγε πυρκαϊᾷ·

καὶ σὺ μέν, ὦ Ὑμέναιε, γάμων μολπαῖον ἀοιδὰν

ἐς θρήνων γοερὸν φθέγμα μεθαρμόσαο.

Je suis la tombe de la jeune mariée Baukis : en passant près de la stèle
arrosée de pleurs, au souterrain Hadès veuille dire ceci :
« Tu es jaloux, ô Hadès. » Et si tu regardes ces beaux symboles,
ils t’apprendront le très cruel destin de Baukis, comment cette enfant,
avec les torches mêmes derrière lesquelles on chantait Hyménée,
fut par son beau-père brûlée sur le bûcher ;
et toi, ô Hyménée, l’harmonieux chant des noces,
tu l’as fait passer au son des thrènes gémissants.

(trad. CUF)

Fr. 5) Anth. Graeca, 7, 710  (= 6 D. = 6 H. = 5 B.) :

ΗΡΙΝΝΗΣ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΑΣ]

               εἰς Βαυκίδα Μιτυληναίαν Ἠρίννης συνεταιρίδα

Στᾶλαι καὶ Σειρῆνες ἐμαὶ καὶ πένθιμε κρωσσέ,

ὅστις ἔχεις Ἀίδα τὰν ὀλίγαν σποδιάν,

τοῖς ἐμὸν ἐρχομένοισι παρ' ἠρίον εἴπατε χαίρειν, 

αἴτ' ἀστοὶ τελέθωντ' αἴθ' ἑτεροπτόλιες·

χὤτι με νύμφαν εὖσαν ἔχει τάφος, εἴπατε καὶ τό·

χὤτι πατήρ μ' ἐκάλει Βαυκίδα, χὤτι γένος

Τηλία, ὡς εἰδῶντι· καὶ ὅττι μοι ἁ συνεταιρὶς

Ἤρινν' ἐν τύμβῳ γράμμ' ἐχάραξε τόδε.

À une jeune morte

Ô sirènes, ô stèle, urne de mon tombeau,
Qui des cendres des morts garde le mince lot,
Dites un clair salut à qui vient par ici,
Qu’il soit d’une autre ville ou bien de mon pays,
Dites-leur que ma tombe est celle de Baucis,
Que tel était le nom que m’a donné mon père,
Que le jour de l’hymen j’y fus ensevelie,
Que Ténos fut ma ville, et que c’est mon amie,
Érinna, qui grava ces phrases sur ma pierre.

(trad. Brasillach)

Fr. *6) v. Τ. 10

νεβρείων ὅσον σάλπιγξ ὑπερίαχεν αὐλῶν

autant la trompette résonnait au dessus des flûtes de faons.

Fr. *7) v. T. 5 :

Ἤρινναν Μουσῶν ἄνθεα δρεπτομέναν

Érinna cueillant les fleurs des Muses

Fr. *8) v. T. 5 :

Ἅιδας εἰς ὑμέναιον ἀνάρπασεν

Hadès a enlevé à l’hyménée.

Fr. *9) v. T. 5 :

εἶπ' ἐτύμως ἁ παῖς· „Βάσκανός ἐσσ', Ἀίδα.”

l’enfant dit à juste titre : « Tu es jaloux, Hadès ! »

Fr. *10) v. T. 7 :

μίτον ἀμφαφόωσα πολύπλοκον

elle maniait de ses doigts un fil tressé.

Fr. *11) v. T. 4 :

ἤλασεν εἰς Ἀχέροντα διὰ πλατὺ κῦμα

a fait passer l’Achéron sur un large flot.

Fr. *12) v. T. 4 :

Μοῖρα λινοκλώστου δεσπότις ἠλακάτης

le Destin maître de la quenouille qui file le lin.


Ériphanis (Ἠριφανίς)   

Poétesse mélique, auteure de poèmes érotiques. Un genre particulier de chanson d’amour (le nomion ou Pastorale) portait son nom. On n’a conservé d’elle qu’une seule ligne grâce à Athénée, le seul auteur antique qui nous parle d’elle.

Éperdument amoureuse du chasseur Ménalque qui repoussait ses avances, elle aurait exprimé son amour dans ce chant. Dans sa passion, elle errait dans la montagne - même les errances de Io ne sont rien en comparaison - touchant par ses vers non seulement les hommes, auparavant insensibles à sa douleur, mais aussi les animaux sauvages.

Le nom d’Ériphanis est inconnu par ailleurs, même s’il ressemble à Érigone, l’Athénienne fille d’Icaros, qui conçut le héros Staphylos de Dionysos, c'est-à-dire une espèce de nymphe liée à la culture de la vigne, plus tard métamorphosée en constellation (la Vierge).

Le nom Ménalque se retrouve dans Théocrite Idylles 8, 9 et 27, et chez Virgile, Buc. 3 et 9, et ailleurs.

Le motif de la jeune fille poursuivant celui qu’elle aime se retrouve aussi chez Théocrite, comme le motif des animaux sensibles à la douleur humaine.

Il pourrait donc s’agir d’une chanson d’amour pastorale et peut-être, si l’on ne tient pas compte du témoignage de Cléarque, d’une œuvre anonyme et populaire écrite à la première personne, d’où la confusion entre l’héroïne et l’auteure (Lambin, Bergk, Ribbeck, Crusius in RE). Pour Adrados, Ériphanis serait l’auteure d’une version littéraire de la chanson (Origenes de la lirica griega, Madrid 1976, p. 86).

Malgré de très nombreuses ressemblances avec le fonds bucolique hellénistique, on peut y voir avec Lambin, une chanson bien plus ancienne, largement antérieure au 4e s. (date de Cléarque). Le schéma narratif est en tout cas tout à fait caractéristique du fonds populaire et légendaire.

Le vers conservé pourrait être le refrain de la chanson (Lambin) : « [même] les grands chênes, Ménalque, [sont sensibles à l’amour]… »

Le mètre est peut-être un phérécratéen 1 ou un rythme lyrique populaire qui ne tient pas un compte précis des syllabes non accentuées.

Smith, s.v.
RE VI, 1 (1907) 459.
J. Burckhardt, Griech. Kulturgeschichte, vol. III, ch. 7, 2, 3 : die Muzik, p. 127 (in Gesamm. Werke, VIII ; Darmstadt 1957).
Lambin, 38, 40-41 et n. 53, et aussi pp. 42-52 pour la chanson d’amour des femmes en Grèce, qui exprimerait l’espoir de voir cesser l’errance noire des femmes et la domination des hommes, qui exprimerait la révolte des femmes contre le pouvoir des hommes.
Martino.
Lehms, Galante Poetinnen, s.v.

Testimonia

1) Athen., 14, 619 c-e = Kaibel 11, ll. 1-13 :

Κλέαρχος δ' ἐν πρώτῳ Ἐρωτικῶν νόμιον καλεῖσθαί τινά φησιν ᾠδὴν ἀπ' Ἠριφανίδος, γράφων οὕτως· ‘Ἠριφανὶς ἡ μελοποιὸς Μενάλκου κυνηγετοῦντος ἐρασθεῖσα ἐθήρευεν μεταθέουσα ταῖς ἐπιθυμίαις. φοιτῶσα γὰρ καὶ πλανωμένη πάντας τοὺς ὀρείους ἐπεξῄει δρυμούς, ὡς μῦθον εἶναι τοὺς λεγομένους Ἰοῦς δρόμους· ὥστε μὴ μόνον τῶν ἀνθρώπων τοὺς ἀστοργίᾳ διαφέροντας, ἀλλὰ καὶ τῶν θηρῶν τοὺς ἀνημερωτάτους συνδακρῦσαι τῷ πάθει, λαβόντας αἴσθησιν ἐρωτικῆς ἐλπίδος. ὅθεν ἐποίησέ τε καὶ ποιήσασα περιῄει κατὰ τὴν ἐρημίαν, ὥς φασιν, ἀναβοῶσα καὶ ᾄδουσα τὸ καλούμενον νόμιον, ἐν ᾧ ἐστιν ‘μακραὶ δρύες, ὦ Μέναλκα.’ 

Cléarque, au livre I des Erotika (FHG II 315) dit qu’on appelle pastorale une espèce de chant due à Ériphanis, à propos de laquelle il écrit : « Ériphanis la poétesse lyrique, amoureuse du chasseur Ménalque, le suivait à la trace pour satisfaire ses désirs. Elle errait à travers les monts et parcourait les forêts, renvoyant les courses d’Iô dans la légende. A tel point que non seulement les hommes les plus insensibles mais aussi les bêtes les plus sauvages pleuraient sur son malheur et ressentaient l’espoir amoureux. Dans sa course, elle fréquentait les lieux déserts, dit-on, et criait le chant qu’on appelle pastorale, où figurent les paroles : « les grands chênes, Ménalque ».

Fragmentum

CARMINA POPULARIA (PMG), Fragmenta, ed. D.L. Page, Poetae melici Graeci. Oxford: Clarendon Press, 1962 (repr. 1967, 1st ed. corr.), fr. 850.

Fr. 1 : Carmina Popularia (4 PMG = 27 H. = 19 B.) :

μακραὶ δρύες, ὦ Μέναλκα.

« les grands chênes, Ménalque »

À noter que les expressions μακραὶ πίτυες καὶ δρύες ὑψίκομοι sont homériques.

*           *           *

Deux références intéressantes tirées de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.

Ballets aux chansons; ce sont les premiers ballets qui ayent été faits par les anciens. Eriphanis, jeune greque, qui aimoit passionnément un chasseur nommé Menalque, composa des chansons par lesquelles elle se plaignoit tendrement de la dureté de son amant. Elle le suivit, en les chantant, sur les montagnes & dans les bois: mais cette amante malheureuse mourut à la peine. On étoit peu galant, quoi qu'en disent les Poëtes, dans ces tems reculés. L'aventure d'Eriphanis fit du bruit dans la Grece, parce qu'on y avoit appris ses chansons; on les chantoit, & on représentoit sur ces chants les aventures, les douleurs d'Eriphanis, par des mouvemens & des gestes qui ressembloient beaucoup à la danse.

voir aussi 

Les vers des chansons doivent être aisés, simples, coulans, & naturels. Orphée, Linus, &c. commencerent par faire des chansons: c'étoient des chansons que chantoit Eriphanis en suivant les traces du chasseur Ménalque: c'étoit une chanson que les femmes de Grece chantoient aussi pour rappeller les malheurs de la jeune Calycé, qui mourut d'amour pour l'insensible Evaltus: Thespis baibouillé de lie, & monté sur des treteaux, célébroit la vendange, Silene & Bacchus, par des chansons à boire: toutes les odes d'Anacréon ne sont que des chansons: celles de Pindare en sont encore dans un style plus élevé; le premier est presque toûjours sublime par les images; le second ne l'est guere souvent que par l'expression: les poésies de Sapho n'étoient que des chansons vives & passionnées; le feu de l'amour qui la consumoit, animoit son style & ses vers. (B).


Eudora (Εὐδώρα) de Nicée   

Poétesse élégiaque du 2e s. av. J.C.

Sirinelli, p. 184, qui ne fait que mentionner ce nom.

Faut-il rapprocher ce nom de Eudora, la mère de Parthénios de Nicée, poète élégiaque et maître de Virgile ?

Testimonia

1) Souda, s.v. Παρθένιος, Ἡρακλείδου καὶ Εὐδώρας, Ἕρμιππος δὲ Τήθας φησί· Νικαεὺς ἢ Μυρλεανός, ἐλεγειοποιὸς καὶ μέτρων διαφόρων ποιητής. οὗτος ἐλήφθη ὑπὸ Κίννα λάφυρον, ὅτε Μιθριδάτην Ῥωμαῖοι κατεπολέμησαν· εἶτα ἠφείθη διὰ τὴν παίδευσιν καὶ ἐβίω μέχρι Τιβερίου τοῦ Καίσαρος. ἔγραψε δὲ ἐλεγείας, Ἀφροδίτην, Ἀρήτης ἐπικήδειον τῆς γαμετῆς, Ἀρήτης ἐγκώμιον ἐν τρισὶ βιβλίοις· καὶ ἄλλα πολλά. περὶ μεταμορφώσεως ἔγραψε. 

Parthénios, fils d’Héraclide et d’Eudora – Hermippos dit de Tétha[16] – de Nicée ou de Myrléa (=Apamée), poète élégiaque ayant aussi pratiqué d’autres mètres. Il fut capturé par Cinna et fit partie du butin lors de la guerre des Romains contre Mithridate ; par la suite il fut libéré et se consacra à l’enseignement et vécut jusque sous le règne de Tibère. A écrit des élégies, un poème intitulé Aphrodite, une Lamentation sur son épouse Arété, un Éloge d’Arété en trois livres, et plusieurs autres ouvrages. Écrivit aussi des Métamorphoses.


Euneika, Eunicè (Εὐνείκα) de Salamine   

Poétesse originaire de Salamine, élève de Sapphô.

Smith, s.v. Sappho.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Suda, s.v. Σαπφώ :

μαθήτριαι δὲ αὐτῆς Ἀναγόρα Μιλησία, Γογγύλα Κολοφωνία, Εὐνείκα Σαλαμινία.

Ses élèves furent Anagora de Milet, Gongyla de Colophon, Euneika de Salamine.

2) Suda, s.v. Εὐνείκα, Σαλαμινία.


Euphragora (Εὐφραγόρα) de Cnide (?)   

Une inscription funéraire de Cnide, en stoichédon et en distiques élégiaques, datant du 4e s. av. JC, nous a conservé le souvenir d’une certaine Euphragora, poétesse élégiaque et iambique, peut-être itinérante, honorée par ses enfants.

Paton, REG 9, 1896, 421, no 10 (part); BE 1897:94.
Bean & Cook, ABSA 47, 1952, 189, no 5; SEG 12, 421.
BE 1954:228 (p. 165).

Testimonia

Inscr. de Cnide no 87 (=Knidos I, 625) :

μήτηρ Εὐφρα|γόρα πε[ρι
γῆν πατρίδα | προλιπο̣[ῦσα
ταῦτα ἐλεγε[ῖ]|ον ἰαμβ[
Μουσῶν ἐμπε[ί]|ροις εὐ[

sa mère Euphragora …
qui a quitté la terre de ses pères …
… distique élégiaque, iamb…
… à … habiles aux Muses …


Gongyla (Γογγύλα) de Colophon   

Poétesse de qualité originaire de Colophon qui fut l’élève de Sapphô.

Smith, s.v. Sappho.
Lehms, Galante Poetinnen, s.v. II, p. 89.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

Suda, s.v. Σαπφώ :

μαθήτριαι δὲ αὐτῆς Ἀναγόρα Μιλησία, Γογγύλα Κολοφωνία, Εὐνείκα Σαλαμινία.

Ses élèves furent Anagora de Milet, Gongyla de Colophon, Euneika de Salamine.

Cf. Sapphô, ffr. 2295, 4 ; 213, 6 ; 260, 5.


Hédylé (Ἡδύλη) d’Athènes   

Poétesse athénienne du début du 3e s. av. J.C., issue d’une famille de lettrés : sa mère était Moschiné d’Athènes, la poétesse iambique, et son fils, le poète Hédylos, auteur d’épigrammes qui séjourna à Alexandrie entre 285 et 247. Elle composa un récit mythologique élégiaque intitulé Skylla, dont un passage est cité par Athénée.

Glaucos : ancien pêcheur d’Anthédon (Béotie) devenu immortel pour avoir mangé une herbe magique, il devint un dieu de la mer doué du don de prophétie. Virgile en fait le père de la Sibylle de Cumes. Il combattit aux côtés des Argonautes. Il courtisa en vain Scylla, qui fut transformée en monstre par les enchantements de Circé. Il essaya aussi de faire la conquête d’Ariane abandonnée à Naxos par Thésée. (Grimal, Dict. Myth. s. v.)

Scylla : Selon Ovide, Glaucos aimait Scylla, et pour cela, refusa l’amour de Circé. La déesse irritée transforma la jeune fille en monstre. Selon une autre tradition, Poséidon était amoureuse de la jeune fille, et Amphitrite, jalouse, aurait demandé à Circé de punir sa rivale. Ou encore que Scylla fut amoureuse de Glaucos et refusa les avances de Poséidon, qui se vengea de cette manière. (Grimal, Dict. Myth. s. v.)

Smith, s.v.
Kroh, s.v.
Kl.Pauly, s.v.
RE VII, 2 (1912) 2592.
Lesky, p. 676.
Martino.
Plant, pp. 53-55.

Schoell, Hist. litt. gr. III, p. 73.
Lehms, Galante Poetinnen, s.v., II p. 98.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Ath., Deipn. VII, p. 297b = Kaibel 7, 48, l. 39 :

Ἡδύλος δ' ὁ Σάμιος

ἢ Ἀθηναῖος Μελικέρτου φησὶν ἐρασθέντα τὸν Γλαῦκον
ἑαυτὸν ῥῖψαι εἰς τὴν θάλατταν. Ἡδύλη δ' ἡ τοῦ
ποιητοῦ τούτου μήτηρ, Μοσχίνης δὲ θυγάτηρ τῆς
Ἀττικῆς ἰάμβων ποιητρίας, ἐν τῇ ἐπιγραφομένῃ Σκύλλῃ
ἱστορεῖ τὸν Γλαῦκον ἐρασθέντα Σκύλλης ἐλθεῖν αὐτῆς 
εἰς τὸ ἄντρον
‘ἢ κόγχου … Αἴτνης. 

Hédylos, de Samos ou d’Athènes, dit que Glaucos, follement amoureux de Mélicerte, se jeta dans la mer. Hédylé, la mère de ce poète, et fille de Moschiné d’Athènes, la iambographe, dans le morceau intitulé Skylla, rapporte que Glaucos, amoureux de Skylla, vint dans son antre « …

2) cf. Strab. 14, 683 Hedylos (B. p. V).

Fragmentum

Bergk, p. 113 et p. V.
ALG, fasc. 6, 48.

un seul fragment conservé (Ath. VII, p. 297b = Kaibel 7, 48).

                     ΣΚΥΛΛΑ

Ἢ κόγχου δώρημα φέρων Ἐρυθρῆς ἀπὸ πέτρης,

            ἢ τοὺς ἀλκυόνων παῖδας ἔτ᾽ ἀπτερύγους,

τῇ νύμφῃ δυσπείστῳ ἀθύρματα· δάκρυ δ᾽ ἐκείνου

            καὶ Σειρὴν γείτων παρθένος οἰκτίσατο·

άκτὴν γὰρ κείνην ἀπονήχετο καὶ τὰ σύνεγγυς

            Αἴτνης.

lui apportant en présent tantôt la coquille de la roche Rouge

tantôt des alcyons les poussins encore sans plumes,

joujoux pour la nymphe intraitable ; et lui de verser des larmes

            et la vierge Sirène, sa voisine, de s’apitoyer ;

car elle hantait ce rivage et les parages

            de l’Etna.


Héléné (Ἑλένη) d’Athènes   

Fille de Musée, qui, selon Ptolémée fils d’Héphestion cité par Photius, aurait écrit un poème sur la guerre de Troie avant Homère ; celui-ci lui aurait emprunté l’idée... (cf. Phantasia).

Fabricius, I p. 44.

Testimonia

1) Phot., Codex 190, p. 482 = 149b Bekker :

… καὶ ἕτεραι ὀκτωκαίδεκα, ὧν καὶ ἡ πρὸ Ὁμήρου Ἑλένη ἡ τὸν Ἰλιακὸν συγγραψαμένη πόλεμον, Μουσαίου τοῦ Ἀθηναίου θυγάτηρ γενομένη· παρ' ἧς καὶ Ὅμηρον λέγεται λαβεῖν τὴν ὑπόθεσιν· ἣν καὶ κτήσασθαι τὸ δίγλωσσον ἀρνίον· 

[Photius passe en revue toutes les Hélènes connues]

… et 18 autres (Hélènes), parmi lesquelles également l’Héléné antérieure à Homère, qui a composé une Guerre de Troie, la fille de l’Athénien Musée ; c’est d’elle, dit-on également, qu’Homère aurait pris son sujet ; c’est elle qui serait devenue propriétaire de l’agneau à deux langues.


Iambé (Ἰάμβη) de Thrace   

Fille de Pan et de la Nymphe Écho, Iambé était servante à Éleusis, dans la maison de Céléos et de Métanira, lorsque Déméter y passa, cherchant Perséphone. Iambé l’accueillit et la consola de son chagrin en faisant rire par ses plaisanteries, à l’occasion desquelles elle inventa le rythme iambique.

Grimal, DMGR, s.v.
Kl.Pauly, s.v.
Smith, s.v.
Fabricius, I p. 109.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Hésych., s.v. :

Ἰάμβη· γυνή τις, ἐφ' ᾗ ἡ Δημήτηρ ἐγέλασε πενθοῦσα. ἀφ' ἧς ἰαμβίζειν.

2) Schol. vetera ad Eurip., Or. 964 ; cf. Scholia in Nicandrum 130a :

Ἰάμβη δέ τις δούλη τῆς Μετανείρας ἀθυμοῦσαν τὴν θεὰν ὁρῶσα γελοιώδεις λόγους καὶ σκώμματά τινα ἔλεγε πρὸς τὸ γελάσαι τὴν θεόν. ἦσαν δὲ τὰ ῥήματα, ἅπερ αὕτη πρῶτον εἶπεν, ἰαμβικῷ μέτρῳ ῥυθμισθέντα ἐξ ἧς καὶ τὴν προσηγορίαν ἔλαβον ἴαμβοι λέγεσθαι.

Ἰάμβη δὲ θυγάτηρ <ἦν> Ἠχοῦς καὶ τοῦ Πανὸς, Θρᾷσσα τὸ γένος.

3) Hymne hom. Dém. 195-202 :

ἀλλ' οὐ Δημήτηρ ὡρηφόρος ἀγλαόδωρος
ἤθελεν ἑδριάασθαι ἐπὶ κλισμοῖο φαεινοῦ,
ἀλλ' ἀκέουσα ἔμιμνε κατ' ὄμματα καλὰ βαλοῦσα,
195   πρίν γ' ὅτε δή οἱ ἔθηκεν Ἰάμβη κέδν' εἰδυῖα
πηκτὸν ἕδος, καθύπερθε δ' ἐπ' ἀργύφεον βάλε κῶας.
ἔνθα καθεζομένη προκατέσχετο χερσὶ καλύπτρην·
δηρὸν δ' ἄφθογγος τετιημένη ἧστ' ἐπὶ δίφρου,
οὐδέ τιν' οὔτ' ἔπεϊ προσπτύσσετο οὔτε τι ἔργῳ,
ἀλλ' ἀγέλαστος ἄπαστος ἐδητύος ἠδὲ ποτῆτος
ἧστο πόθῳ μινύθουσα βαθυζώνοιο θυγατρός,
202   πρίν γ' ὅτε δὴ χλεύῃς μιν Ἰάμβη κέδν' εἰδυῖα
πολλὰ παρασκώπτουσ' ἐτρέψατο πότνιαν ἁγνὴν
μειδῆσαι γελάσαι τε καὶ ἵλαον σχεῖν θυμόν·

4) Apoll., Bibl. 1, 30 :

εἰκασθεῖσα δὲ γυναικὶ ἧκεν εἰς Ἐλευσῖνα. καὶ πρῶτον μὲν ἐπὶ τὴν ἀπ' ἐκείνης κληθεῖσαν Ἀγέλαστον ἐκάθισε πέτραν παρὰ τὸ Καλλίχορον φρέαρ καλούμενον. ἔπειτα πρὸς Κελεὸν ἐλθοῦσα τὸν βασιλεύοντα τότε Ἐλευσινίων, ἔνδον οὐσῶν γυναικῶν, καὶ λεγουσῶν τούτων παρ' αὑτὰς καθέζεσθαι, γραῖά τις Ἰάμβη σκώψασα τὴν θεὸν ἐποίησε μειδιᾶσαι. διὰ τοῦτο ἐν τοῖς θεσμοφορίοις τὰς γυναῖκας σκώπτειν λέγουσιν. 

5) sch. (recentiora Tzetzae) ad Arist. Plut. 1013 :

ὕβριζον δὲ ἀλλήλας, ὅτι πρὸς Ἐλευσῖνα πρώτως ἐλθοῦσαν τὴν Δήμητρα διζημένην τὴν Κόρην καὶ περίλυπον ἰοῦσαν Ἰάμβη ἡ Κελεοῦ καὶ Μετανείρης θεράπαινα ὕβρεσι ταύτην βαλοῦσα μειδιάσαι πεποίηκε καὶ μετασχεῖν καὶ τροφῆς ἥτις ἦν κυκεών, ἤτοι ἄλευρον ἀραιὸν καὶ ὑδατῶδες ἀφεψηθέν. 

6) Phot., Codex 239, 319b Bekker :

Οἱ δὲ ἀπό τινος Ἰάμβης θεραπαινίδος, Θρᾴττης τὸ γένος· ταύτην φασίν, τῆς Δήμητρος ἀνιωμένης ἐπὶ τῇ τῆς θυγατρὸς ἁρπαγῇ, προσελθεῖν περὶ τὴν Ἐλευσῖνα ἐπὶ τῇ νῦν Ἀγελάστῳ καλουμένῃ πέτρᾳ καθημένην καὶ διά τινων χλευασμάτων εἰς γέλωτα προαγαγέσθαι τὴν θεόν.

7) Etym. M., 463, 23

‘Ἰάμβη’: Τινὲς ὅτι Ἰάμβη Ἠχοῦς καὶ Πανὸς θυγάτηρ· τὴν Δήμητραν δὲ λυπουμένην παίζουσα καὶ ἀχρηστολογοῦσα, καὶ σχήματα ἄχρηστα ποιοῦσα, ἐποίησε γελάσαι. Καὶ ‘ἰαμβεῖον’ εἴρηται, ἀπὸ τοῦ ἰαμβίζειν, τὸ ὑβρίζειν, ἀπὸ τοῦ ἰὸν βάζειν, ἢ ὡς βέλη βάλλειν τὰ λεγόμενα· ἢ ἀπὸ τῆς εὑρούσης γυναικὸς Βάκχης τινὸς, Ἰάμβης καλουμένης· ἢ ἀπὸ τοῦ ἴαν βάζειν. Ἡ γὰρ κοινὴ τῶν ἀνθρώπων φωνὴ ἴα καλεῖται.


Imouthé (Ἰμούθη)   

Mère d’Asclépios, l’inventeur de la poésie, à qui on attribue certains livres, de poésie probablement.

Toutefois, l’expression de Stobée pourrait aussi être interprétée comme « Asclépios Imouthès », étant donné que l’on est en pleine mythologie égyptienne.

Wolf, Mulierum, index.

Fabricius, L. I, ch. VIII § v, p. 64 et ch. XIV § iv, p. 109.

Testimonia

1) Stob., 1, 49, 44 :

Ἀλλ' ἦν αὐτῷ διάδοχος ὁ Τάτ, υἱὸς ὁμοῦ καὶ παραλήπτωρ τῶν μαθημάτων τούτου, οὐκ εἰς μακρὰν δὲ καὶ Ἀσκληπιὸς ὁ Ἰμούθης.

2) Stob., 1, 49, 69 :

βουλῆς δὲ ὁ πατὴρ πάντων καὶ καθηγητὴς ὁ τρισμέγιστος Ἑρμῆς· ἰατρικῆς δὲ ὁ Ἀσκληπιὸς ὁ Ἡφαίστου· ἰσχύος δὲ καὶ ῥώμης πάλιν Ὄσιρις, μεθ' ὅν, ὦ τέκνον, αὐτὸς σύ· φιλοσοφίας δὲ Ἀρνεβεσχῆνις, ποιητικῆς δὲ πάλιν ὁ Ἀσκληπιὸς <ὁ> Ἰμούθης.


Isatis (Ἰσάτις)   

Eusèbe, empruntant à Tatien, range Isatis parmi les poètes antérieurs à Homère. Son nom semble avoir été confondu avec le nom d’Isis, lui-même parfois confondu avec celui d’Iô.

En effet, la Sibylle se disait Ἴσιδος γνωστήν, ce qui se comprend mieux si on lit Isatis (à noter qu’Eusèbe énumère la Sibylle deux lignes avant Isatis).

C’est peut-être à Isatis aussi que fait allusion Platon quand il parle des chants d’Isis.

Fabricius, I p. 109.

Testimonia

1) Eus., Praep. evang. 10, 11, 28 :

Περὶ μὲν οὖν τῆς καθ' ἡμᾶς πολιτείας ἱστορίας τε τῆς κατὰ τοὺς ἡμετέρους νόμους ὅσα τε εἰρήκασιν οἱ παρὰ τοῖς Ἕλλησι λόγιοι καὶ πόσοι καὶ τίνες εἰσὶν οἱ μνημονεύσαντες, ἐν τῷ πρὸς τοὺς ἀποφηναμένους τὰ περὶ θεοῦ δειχθήσεται· τὸ δὲ νῦν ἔχον, σπευστέον μετὰ πάσης ἀκριβείας σαφηνίζειν ὡς οὐχ Ὁμήρου μόνον πρεσβύτερός ἐστιν ὁ Μωσῆς, ἔτι δὲ καὶ τῶν πρὸ αὐτοῦ συγγραφέων, Λίνου, Φιλάμμωνος, Θαμύριδος, Ἀμφίονος, Ὀρφέως, Μουσαίου, Δημοδόκου, Φημίου, Σιβύλλης, Ἐπιμενίδου τοῦ Κρητός, ὅστις εἰς τὴν Σπάρτην ἀφίκετο, Ἀρισταίου τοῦ Προκοννησίου καὶ τοῦ τὰ Ἀριμάσπια συγγράψαντος Ἀσβόλου τε τοῦ Κενταύρου καὶ Ἰσάτιδος Δρύμωνός τε καὶ Εὔκλου τοῦ Κυπρίου καὶ Ὥρου τοῦ Σαμίου καὶ Προναπίδου τοῦ Ἀθηναίου.

Non seulement Moïse est antérieur à Homère, mais aussi aux auteurs antérieurs à Homère, Linos, Philammon, Thamyris, Amphion, Orphée, Musée, Démodokos, Phémios, la Sibylle, Epiménide de Crète, qui s’installa à Sparte, Aristée de Proconnèse et l’auteur des Arimaspia, Asbolos le Centaure et Isatis fille de Drymon, et Euclès de Chypre, Horus de Samos et Propanidès d’Athènes.

2) Plat., Leg. 657b :

Νομοθετικὸν μὲν οὖν καὶ πολιτικὸν ὑπερβαλλόντως. ἀλλ' ἕτερα φαῦλ' ἂν εὕροις αὐτόθι· τοῦτο δ' οὖν τὸ περὶ μουσικὴν ἀληθές τε καὶ ἄξιον ἐννοίας, ὅτι δυνατὸν ἄρ' ἦν περὶ τῶν τοιούτων νομοθετεῖσθαι βεβαίως θαρροῦντα μέλη τὰ τὴν ὀρθότητα φύσει παρεχόμενα. τοῦτο δὲ θεοῦ ἢ θείου τινὸς ἀνδρὸς ἂν εἴη, καθάπερ ἐκεῖ φασιν τὰ τὸν πολὺν τοῦτον σεσωμένα χρόνον μέλη τῆς Ἴσιδος ποιήματα γεγονέναι.

[à propos de la musique qui convient à la Cité] Bien mieux, cela dépasse tout sous le rapport de la législation et de l’art politique : non qu’il soit impossible, là même, de découvrir d’autres dispositions qui ne valent pas cher ! Toujours est-il que elles qui ont trait à la musique sont vraies et méritent d’être prises en considération : à savoir qu’il était décidément possible en pareille matière de légiférer avec une solide confiance sur les chants qui offrent une naturelle rectitude. Or, ce serait l’œuvre d’une divinité ou bien de quelque personnage divin, de la façon dont on dit là-bas que les mélodies qui se sont conservées pendant ce long laps de temps ont été l’œuvre de la déesse Isis.            (trad. L. Robin)

                 suite des poétesses  


[1] Cf. Girolamo Tiraboschi : Storia della letteratura italiana ; Societa tipografica dei classici italiani, 1823 ; p. 89

[2] ici 

[3] C’était déjà l’avis de Croiset. Bailly la date vers 600.

[4] cf. fr. 4.

[5] cf. παυροεπής de Anth. 7, 713, 1 (T. 2), mais πραϋλόγοι  selon fr. 1b, 52 (LJP).

[6] trad. Lambin.

[7] C’est nous qui restituons. 

[8] C’est nous qui restituons.

[9] C’est nous qui restituons. C’est la seule possibilité étant donné la scansion. Forme attestée chez Théocr.

[10] C’est nous qui restituons (avec l’accent éolien ; cf. Alc., Sapph., Théocr.) pour rendre compte du πραϋλόγοι πολιαί, ταὶ. De même nous acceptons πραϋλόγοι au lieu de παυρολόγοι comme plus cohérent avec le sens -- les vieilles femmes n’étant pas spécialement … concises.

[11] cf. T. 13 et note ad loc. Παυρολόγοι (T. 2) est sans doute une leçon fautive tirée du παυροεπής que l’on trouve dans l’Anthologie 7, 713, v. 1. Stobée avait probablement en tête les deux textes et, citant de mémoire, il a sans doute commis une erreur, laquelle allait de plus dans le sens de son propos sur les βουλαί « concises » des vieillards qui sont l’objet de son chapitre ΠΕΡΙ ΓΗΡΩΣ ΟΤΙ ΟΥ ΦΑΥΛΟΝ.

[12] Restitution personnelle ; cf. v. 37.

[13] trad. Lambin. Dans ces 4 vers, Bowra a reconnu une allusion au jeu de la « tortitortue » pratiquée par les fillettes (v. T. 15).

[14] Érinna regrette probablement ici que son amie et elle n’aient pas pu atteindre ensemble la vieillesse et partager longtemps les charmes de la conversation.

[15] Cf. Anyté fr. 17, Nossis frr. 6, 7, 9 et 10.

[16] τήθη (voc. τήθα) désigne la « grand-mère ». Cela veut peut-être dire que Parthénios a été élevé par sa grand-mère. – Hermippos de Bérytos, grammairien du 2e s. apr., écrivit un livre sur Les esclaves qui se sont illustrés dans l’enseignement.