Sappho (Σαπφώ, elle-même s’appelle Ψάπφω, Ψάπφα)                bibliographie | oeuvre | recueil restitué | fragments

"De Sappho, peu de choses,
mais ce sont des roses"

Avec Alcée, Sappho est la poétesse de la lyrique éolienne. On a peu de certitudes sur sa vie, car elle est entourée de légendes et d’anecdotes contradictoires, souvent controuvées et malveillantes. Elle constitue encore une énigme, « de là un nouvel attrait, celui d’un mystère à éclaircir ; de là aussi des légendes, une polémique souvent reprise, et par conséquent un surcroît de célébrité » (Croiset).

Sa famille

La tradition la dit originaire d’une famille aristocratique de Mytilène (Strabon) ou plus probablement d’Érésos, dans l’île de Lesbos (Suid.) ; elle aurait cependant passé la plus grande partie de sa vie à Mytilène, d’où la confusion. Les traditions sont encore plus floues en ce qui concerne le nom de son père : Simon ou Sèmos, Eumènos, Èrigyios, Écrytos, Étarchos, Kamon ou Scamandronymos (Suid.). Ce dernier nom est sans doute le plus probable (Hdt. 2.135 ; Élien, VH 12.19 ; Schol. ad Plat. Phaedr. 312), ce qui laisse supposer des liens entre la famille de Sappho et les Éoliens de Troade (le Scamandre est le fleuve de Troie, Astyanax, le fils d’Hector, s’appelait aussi Scamandrios – notons aussi que parmi les héros mythologiques traités par Sappho, il y a Hector et Andromaque, mais pas de héros grecs : vieille parenté entre Lesbos et l'Asie d'avant la conquête achéenne, cf. frr. 5 et 44). D’après Ovide (Her. 15.61), elle aurait perdu son père à l’âge de 6 ans. Certains auteurs tardifs mentionnent aussi le nom de sa mère : Cléis (Κλεῖς) (Suid.), à qui Sappho adresse un poème comme si elle était encore vivante (frr. 102 LP; T.4). Elle eut une fille nommée elle aussi Cléis, dont elle vante la beauté et parle avec beaucoup d’affection (frr. 99, 132 LP). Selon la Souda, son mari était Cercolas ou Cercylas (Κερκώλας, Κερκύλας) d’Andros, dont elle serait devenue veuve vers l'âge de 35 ans ; ses frères Charaxos, Larichos et Eurygiοs, dont seuls les deux premiers sont mentionnés par d’autres auteurs.

Larichos semble avoir occupé dans sa jeunesse une place en vue parmi les Mytiléniens, car Sappho vante la grâce avec laquelle il servait le vin dans le prytanée, un office réservé aux jeunes gens d’origine noble et de belle prestance. Il semble avoir été très cher à Sappho (T.5a).
Quant à Charaxos, il s’attira les foudres de sa sœur pour sa vie dissipée. Il entreprit un voyage en Égypte avec un navire chargé de vin ; arrivé à Naucratis et ayant liquidé ses affaires, il tomba follement amoureux de la courtisane Rhodopis, dont il acheta la liberté pour une somme très importante. À son retour à Mytilène, il fut violemment tancé par Sappho (Hdt. 2.135 ; Strab. xvii. 808 ; Ath. xiii. 596b). Selon la Souda (s.vv. Αἴσωπος, Ἰάδμων), Charaxos épousa par la suite Rhodopis, dont il eut des enfants ; mais Hérodote nous dit qu’elle était restée en Égypte. Selon Athénée (T.5b), comme pour Sappho, le nom de cette courtisane était Doricha (v. fr 15b ; cf. Strab.; Suid. ll. cc. ; Phot. s.v. Ῥωδώπιδος ἀνάθημα).

Portrait

Selon Ovide, comme pour Maxime de Tyr (T.4a), Sappho était de petite taille et avait le teint foncé.

Pour Alcée, elle est
ἰόπλοκ' ἄγνα μελλιχόμειδε Σάπφοι

« Sappho, aux boucles de violettes,
pure Sappho, au sourire de miel
 »

(Alcée, fr. 384)
Portrait de Sappho

Copie romaine d'un original du 5e s.
(Musée du Capitole MC 1164)

Dates (vers 630 – 570 / 565)

Athénée (xiii, 599c) la situe à l’époque du roi de Lydie Alyatte, qui régna de Ol. 38.1 à Ol. 52.2, soit entre 628 et 570 av. JC ; Eusèbe (Chron.) la situe en Ol. 44 = 604 av. JC ; et la Souda (s.v. ; cf. Strab. xiii, 617) en fait une contemporaine d’Alcée, Stésichore et Pittacos (Ol. 42 = 611 av.). Étant donné qu’Eusèbe ou la Souda situent en général les auteurs par leur acmé, arbitrairement fixé à 40 ans, certains spécialistes considèrent que Sappho est née au plus tard vers 630.

Quelques passages de comiques attiques font de Sappho une contemporaine d’Anacréon. L’histoire de Charaxos et de Rhodopis donne une date postérieure à Ol. 52.1 = 572 av. JC, année de l’accession au trône d’Amasis, car selon Hérodote, Rhodopis a fleuri sous ce pharaon. Élien (VH 13.33) situe les aventures de Rhodopis sous le règne de Psammétique (663-609).

Nous n’avons aucune autre information sur sa vie à part une allusion obscure du marbre de Paros (Ep. 36 : ἀφ' οὗ Σαπφὼ ἐγ Μιτυλήνης εἰς Σικελίαν ἔπλευσε φυγοῦσα [— — — —, ἔτη ΗΗΗΔΔΠIII], [ἄρχο]ντος Ἀθήνησιν μὲν Κριτίου τοῦ προτέρου, ἐν Συρακούσσαις δὲ τῶν γαμόρων κατεχόντων τὴν ἀρχὴν = IG XII,5, 51b.36) et chez Ovide (Her. 15.51), qui mentionnent sa fuite de Mytilène en Sicile pour échapper à un danger, entre Ol. 44.1 et 47.2 = 604/3 – 592 av. JC : amie du poète Alcée, elle aurait été exilée avec lui en Sicile, pour des raisons politiques. De retour dans sa patrie, sans doute lors de l’amnistie de Pittacos, elle aurait vécu essentiellement à Mytilène, la cité de sa mère.

De tous les testimonia, il semble qu’elle ait atteint un certain âge, elle-même se qualifiant de γεραιτέρα. (fr. 121 LP). Elle a dû mourir après 570. Cela concorde avec la date donnée par Hérodote pour l’épisode de Rhodopis.

La mort légendaire de Sappho

Une légende, sans doute due au poète comique Ménandre (dans sa pièce Leukadia), veut qu’elle se soit jetée dans la mer du haut du rocher de Leucade par amour pour le marin Phaon le Mytilénien qui l’avait repoussée (Cf. Ovide, Heroides : supposée écrire à Phaon, elle "brûle comme l’Etna". Cf. Lamartine, Grillparzer Sappho).

Selon la Souda, qui essaie de sauver les apparences de la grande Sappho, cette Sappho ne serait pas la poétesse de Lesbos, mais une harpiste de Mytilène qui aurait elle aussi composé des poèmes (v. T.1).

Mais cette légende ne résiste pas à la critique. Le nom de Phaon n’apparaît dans aucun des fragments de Sappho. Il apparaît pour la première fois dans la comédie attique, et semble dériver de la légende de l’amour d’Aphrodite pour Adonis, que les Grecs  appelaient aussi Phaethon ou Phaon. Mais pourquoi ce nom fut-il relié à Sappho ? Certains passages de Sappho parlent d’un beau jeune homme que la poétesse essaie de se concilier par sa poésie ; c’est peut-être là l’origine de la légende. 

Quant au saut de Leucade, il semble que nous ayons affaire à une métaphore en liaison avec un rite propitiatoire lié au culte d’Apollon. Cette image poétique se retrouve chez Stésichore et Anacréon, et elle a très bien pu être aussi utilisée par Sappho. Ce qui est sûr, c’est que les auteurs qui parlent du saut de Leucade de Sappho n’affirment pas vraiment qu’elle soit morte des suites de ce saut. Photius, qui rapporte le mythe étiologique, ne parle pas de mort ; et rien ne dit que cette pierre se trouvait à Leucade, et proche de la mer  (cf. T.2). Et qu'aurait fait Sappho à Leucade ?

Par ailleurs le thème du saut de Leucade est également attribué à toute une série de personnages plus ou moins historiques. Photius, qui les énumère, ne fait pas mention de Sappho (v. T.2), pas plus que la Souda

Enfin, cette légende a tout le caractère d’une fable morale : Sappho, pour avoir dédaigné l’amour des hommes, est punie en aimant sans espoir un homme …

La société de Sappho

À Mytilène, Sappho animait un groupe de jeunes filles, sans doute de bonnes familles, à qui elle apprenait les bonnes manières, mais aussi la musique, la danse, le chant et la poésie.

Une source du 2ème s. apr. rapporte qu’elle avait éduqué « les femmes de meilleure qualité, non seulement parmi les femmes de Lesbos, mais aussi d’Ionie » (fr. S261 LP). Le sens de ce groupe et le rôle qu’y jouait Sappho sont encore l’objet de discussions. Selon certains, ce groupe aurait constitué une espèce de club aristocratique féminin, l’équivalent du club masculin d’Alcée. Selon Lasserre, Sappho aurait été prêtresse d’Aphrodite, et à ce titre, ses activités devaient certainement être sous le contrôle de la Cité. Avec ses amies, Sappho devait sans doute accomplir certains rituels religieux et les actes de culte de la déesse de l’amour, de la beauté et de la jeunesse, Aphrodite, bien que les fragments conservés ne renvoient pas à un système religieux bien défini. Peut-être le cercle de Sappho tissait-il le vêtement rituel de la déesse (cf. fr. 22).

Ce que l'on sait en tout cas, c'est que ces choeurs de jeunes filles participaient aux fêtes de la Cité ; que la beauté féminine était célébrée à Lesbos par des concours de beauté dans le temple d'Héra (v. Hom. Il. 9, 129-130 et la scholie).

δώσω δ' ἑπτὰ γυναῖκας ἀμύμονα ἔργα ἰδυίας 
Λεσβίδας, ἃς ὅτε Λέσβον ἐϋκτιμένην ἕλεν αὐτὸς 
ἐξελόμην, αἳ κάλλει ἐνίκων φῦλα γυναικῶν.


Λεσβίδας:
παρὰ Λεσβίοις ἀγὼν
αἳ κάλλει ἐνίκων : παρὰ Λεσβίοις—Ἔρεσον, Μήθυμναν, Πύρραν, Μυτιλήνην

Sappho préparait aussi ces jeunes filles au mariage et à la vie sociale. Ses conseils étaient d’ordre pratique. Dans un de ses fragments, elle enseigne à Cléis, sa fille, comment soigner sa chevelure : « une jeune fille / dont la chevelure est plus jaune que / la flamme d’une torche ne devrait pas porter / de coiffure mais des fleurs fraîches » (98a LP). 

Ce groupe constituait aussi le public des poèmes de Sappho. Alors que les philosophes de l’époque s’intéressaient aux lois de la nature et au monde physique extérieur, Sappho s’intéressait elle au monde intérieur, à ses propres sentiments. Aristote, citant Alcidamas (T. 10a), a écrit que « chacun honore le sage … et les Mytiléniens ont honoré Sappho, bien qu’elle fût une femme »

La poésie de Sappho était plus personnelle que l’épopée homérique largement lue, ou plutôt récitée à l’époque. Tandis que les poèmes de Sappho semblent avoir été réellement lus - certains vases, dont certains datent du 5ème s., en apportent la preuve (peintre de Brygos, vers 470). Sappho savait probablement lire et écrire.

Saphisme

C’est à partir des poèmes dédiés aux jeunes filles qu’elle avait rassemblées autour d’elle que d’autres poètes comme Anacréon ont accrédité la légende qu’elle était homosexuelle.

Mais dans les Cités doriennes et éoliennes de Grèce, d’Asie et de Grande-Grèce, les femmes n’étaient pas, comme chez les Ioniens, recluses, comme si elles étaient la propriété ou les jouets de leurs seigneurs et maîtres. Elles avaient leur place non seulement dans la société, mais aussi dans la philosophie et les lettres ; elles avaient ainsi la possibilité d’exprimer librement leurs sentiments aussi bien que leurs idées (cf. le cercle de Pythagore, ou la Chanson locrienne). Ce que les Comiques attiques visiblement ne purent comprendre. Sous leur plume, Sappho devint une espèce de figure de répertoire pour leurs pièces licencieuses et la cible favorite de leurs attaques, une simple courtisane. Son nom sert de titre à des pièces d’Ameipsias, Amphis, Antiphanes, Diphilos, Éphippos, Timoclès, dont elle est le personnage principal (v. T.17a) ; c’est là, ainsi que dans le Phaon de Platon, et d’autres œuvres d’autres Comiques, qu’est mise en scène sa passion pour Phaon, mais aussi des amours supposées entre elle et de grands poètes d’autres époques et d’autres Cités, par exemple Archiloque, Hipponax, et Anacréon (cf T.5c ; voir Meineke, Frag. Com. Graec.), séparés de Sappho par plus d’un siècle ...  Mais l'histoire des amours de Sappho, telle qu'on la racontait dans l'Antiquité, ne présente aucun caractère d'authenticité (Croiset). Par ailleurs, il est peu probable que les Mytiléniens eussent confié leurs filles à une femme aussi décriée. Sappho d'ailleurs vante la vertu (fr. 148), elle reçut de grands honneurs à Mytilène, et son image orna des monnaies d'Érésos. Ce n'est donc pas sa moralité dépravée qui a marqué ses contemporains et compatriotes...

Les écrivains tardifs, qui trouvaient là matière facile à calomnies, prirent toutes ces exagérations comiques pour argent comptant, et répandirent la réputation qui reste attachée au nom de Sappho. Certains grammairiens, pour sauver les apparences, entreprirent artificiellement de distinguer plusieurs Sappho (Ath. xiii. 596e ; Elien, VH 12.19 ; Suid. s. v. Φάων ; Phot. s. v. Λευκάτης et Φάων ; Apostol. Proverb. 20.15). Rien d’étonnant enfin à ce que les écrivains chrétiens aient adopté tout ce qui servait leur cause (cf. Tatien, adv. Graec. 52, 53, pp. 113, 114).

Il faudra attendre Welcker pour faire la part des choses (Sappho von einem herrschenden Vorurtheil befreyt, Göttingen, 1816, in Kleine Schriften, vol. ii. p. 80 ; cf. Müller, Lit. of Anc. Greece, pp. 172, etc.). Si la critique allemande s’est portée garante de la pureté de Sappho, l’Anglais Mure a prononcé contre elle un véritable réquisitoire.

Les  compagnes et élèves de Sappho, ἑταῖραι et μαθήτριαι, sont mentionnées par divers auteurs anciens (Suid. s.v. et surtout Maxime de Tyr) et Sappho mentionne elle-même son école comme une maison dédiée au service des Muses (μουσοπόλω οἰκίαν, fr. 150 LP). Selon la Souda, Sappho aurait eu trois compagnes, Atthis (cf. LP 49, 94, 96, 130, 131), Télésippa et Mégara, avec lesquelles elle aurait entretenu une amitié honteuse. Ses élèves furent Anagora ou Anactoria (LP 16) de Milet, Gongyla (LP 22, 95, 213, 260) de Colophon et Euneika de Salamine. On cite également les noms de Gyrinna (LP 48), d’Arignota (LP 96), de Mnasidica (LP 81b, 82a), de Polyanactis (155 LP) et de Pleistodicé (213 LP), de Lato et de Niobé (fr. 142 LP).

Sappho eut des rivales, sans doute des femmes qui, comme elle, dirigeaient des associations du même genre. Parmi elles, Gorgo (144, 213 LP) et Androméda (68a, 131, 133 LP) sont souvent citées dans ses poèmes (cf. Max. Tyr, l.c.). On voit ainsi Sappho se laisser aller à des sarcasmes personnels contre cette dernière (fr. 133), et réprimander une élève pour l’avoir fréquentée (fr. 131). Dans certains cas, elle reproche à ses compagnes des fautes de conduites ou de caractère (fr. 150, 158 LP), et se moque de celles qui préfèrent les plaisirs du monde au service des Muses (fr. 55 LP).

Il n'en reste pas moins que Sappho s'adressait à ses élèves en termes très amoureux, mais guère plus amoureux que les propos qu'adressait Alcée à des éphèbes ou Alcman à Hégésagora. Le cercle de Sappho ne ressemblait ni plus ni moins au cercle de Socrate. "Amitié plus ou moins esthétique et sensuelle, amour plus ou moins platonique, ce sont des nuances fort difficiles à démêler; sans compter qu'en pareille matière il faut se garder de conclure toujours des paroles aux actes et de certaines habitudes de style à des habitudes de conduite." (Croiset)

Par ailleurs, comme le faisait déjà remarquer François Lasserre en 1974 ("Ornements érotiques dans la poésie lyrique archaïque", Serta Turyniana 1974, pp. 5-33),  quelle part de vérité quant aux sentiments de l'auteur comporte une déclaration d'amour exprimée par un choeur, publiquement, et dans le moment unique de la récitation ? et surtout par un choeur de jeunes filles à une jeune fille nommément désignée ? Quand on examine de plus près ces textes, on remarque que le moment amoureux intervient en fin de strophe, au point culminant de l'éloge de la cheffe de choeur. Par exemple la déclaration d'amour d'Alcman n'a rien à voir avec ses propres sentiments ou ceux des choristes, Alcman utilise l'amour comme un motif littéraire.


Kl.Pauly, s.v.
Kroh, s.v.
Smith, s.v.

A. Lesky, Geschichte der griech. Literatur, Bern Francke 19632, pp. 121-141.
André Bonnard, Civilisation grecque, vol. I (Lausanne 1954), pp. 121-145.
A. Croiset, Histoire de la littérature grecque, vol. II (Paris 1898) pp. 226-244.
Bode & Ulrici, Gesch. d. Hellen. Dichtk.

Testimonia


1) Suid., s.v. Σαπφώ :

Σαπφώ, Σίμωνος, οἱ δὲ Εὐμήνου, οἱ δὲ Ἠεριγύου, οἱ δὲ Ἐκρύτου, οἱ δὲ Σήμου, οἱ δὲ Κάμωνος, οἱ δὲ Ἐτάρχου, οἱ δὲ Σκαμανδρωνύμου· μητρὸς δὲ Κλειδός· Λεσβία ἐξ Ἐρεσσοῦ, λυρική, γεγονυῖα κατὰ τὴν μβʹ Ὀλυμπιάδα, ὅτε καὶ Ἀλκαῖος ἦν καὶ Στησίχορος καὶ Πιττακός. ἦσαν δὲ αὐτῇ καὶ ἀδελφοὶ τρεῖς, Λάριχος, Χάραξος, Εὐρύγιος. ἐγαμήθη δὲ ἀνδρὶ Κερκύλᾳ πλουσιωτάτῳ, ὁρμωμένῳ ἀπὸ Ἄνδρου, καὶ θυγατέρα ἐποιήσατο ἐξ αὐτοῦ, ἣ Κλεὶς ὠνομάσθη. ἑταῖραι δὲ αὐτῆς καὶ φίλαι γεγόνασι τρεῖς, Ἀτθίς, Τελεσίππα, Μεγάρα· πρὸς ἃς καὶ διαβολὴν ἔσχεν αἰσχρᾶς φιλίας. μαθήτριαι δὲ αὐτῆς Ἀναγόρα Μιλησία, Γογγύλα Κολοφωνία, Εὐνείκα Σαλαμινία. ἔγραψε δὲ μελῶν λυρικῶν βιβλία θʹ. καὶ πρώτη πλῆκτρον εὗρεν. ἔγραψε δὲ καὶ ἐπιγράμματα καὶ ἐλεγεῖα καὶ ἰάμβους καὶ μονῳδίας. 

Σαπφώ, Λεσβία ἐκ Μιτυλήνης, ψάλτρια. αὕτη δι' ἔρωτα Φάωνος τοῦ Μιτυληναίου ἐκ τοῦ Λευκάτου κατεπόντωσεν ἑαυτήν. τινὲς δὲ καὶ ταύτης εἶναι λυρικὴν ἀνέγραψαν ποίησιν. 

Sappho, fille de Simon, selon d’autres d’Eumènos, ou d’Érigyos, ou d’Ekrytos, de Sèmos, de Kamon, d’Étarchos, ou de Scamandronymos ; sa mère s’appelait Cléis. Originaire de Lesbos, de la cité d’Érésos, poétesse lyrique, née dans la 42e olympiade, contemporaine d’Alcée, de Stésichore et de Pittacos. Elle avait trois frères, Larichos, Charaxos et Eurygios. Elle épousa Cercylas, un homme très riche, originaire d’Andros, dont elle eut une fille, nommée Cléis. Elle eut trois compagnes et amies, Atthis, Télésippa, Mégara ; l’amitié honteuse qu’elle entretint avec elles lui valurent la réprobation. Elle eut pour élèves Anagora de Milet, Gongyla de Colophon, Euneika de Salamine. Elle composa neuf livres de poésie lyrique ; c’est elle qui inventa le plectre. Elle écrivit aussi des épigrammes, des élégies, des iambes et des monodies.

Sappho, de Mytilène de Lesbos, harpiste. Par amour pour Phaon de Mytilène, elle se jeta du haut de la roche de Leucade. Certains auteurs lui attribuent à elle aussi des poèmes lyriques.


2) Photius, Codex 190, page 153a-b Bekker :

Ὡς ἡ Λευκὰς πέτρα ἀπὸ Λεύκου τοῦ Ὀδυσσέως ἑταίρου τὴν κλῆσιν ἔλαβεν, ὃς Ζακύνθιος μὲν γένος ἦν, ἀνῃρέθη δ', ὥς φησιν ὁ ποιητής, ὑπ' Ἀντίφου· τοῦτον ἱδρύσασθαί φασι καὶ ἱερὸν Λευκάτου Ἀπόλλωνος. Τοὺς μὲν οὖν καθαλλομένους ἀπὸ τῆς πέτρας παύεσθαί φασι τοῦ ἔρωτος. Καὶ ἡ αἰτία· μετὰ τὸν Ἀδώνιδός φασι θάνατον περιερχομένη καὶ ζητοῦσα ἡ Ἀφροδίτη εὗρεν αὐτὸν ἐν Ἄργει πόλει τῆς Κύπρου ἐν τῷ τοῦ Ἐριθίου Ἀπόλλωνος ἱερῷ, καὶ ἀνεῖλεν αὐτόν, ἀνακοινωσαμένη Ἀπόλλωνι καὶ τὸν περὶ Ἀδώνιδος ἔρωτα. Ὁ δ' Ἀπόλλων ἀγαγὼν αὐτὴν ἐπὶ τὴν Λευκάδα πέτραν προσέταξε ῥῖψαι κατὰ τῆς πέτρας· ἡ δὲ ἑαυτὴν ῥίψασα ἐπαύσατο τοῦ ἔρωτος. Ζητούσης δὲ τὴν αἰτίαν εἰπεῖν λέγεται τὸν Ἀπόλλωνα, ὡς μάντις ὢν ἐγνώκει διότι ὁ Ζεύς, ἀεὶ ἐρῶν Ἥρας, ἐρχόμενος ἐπὶ τῇ πέτρᾳ ἐκαθέζετο καὶ ἀνεπαύετο τοῦ ἔρωτος. 

Καὶ πολλοὶ δὲ ἄλλοι καὶ πολλαὶ ἔρωτι κάμνουσαι ἀπηλλάγησαν τοῦ ἔρωτος, ἐπεὶ τῆς πέτρας καθήλαντο. Ὡς καὶ Ἀρτεμισία ἡ Λυγδάμιδος, ἡ τῷ Πέρσῃ συστρατεύσασα, ἐρασθεῖσα Δαρδάνου Ἀβυδηνοῦ καὶ ὑπερορωμένη ἐκκόψειε τοὺς ὀφθαλμοὺς κοιμωμένου, τῆς δ' ἐπιθυμίας κατὰ θεῶν μῆνιν ἐπιταθείσης, πορευθεῖσα κατὰ χρησμὸν εἰς Λευκάδα ἔρριψεν ἑαυτὴν κατὰ τῆς πέτρας καὶ ἀναιρεθεῖσα ἐτάφη. Καὶ Ἱππομέδοντά φησιν Ἐπιδάμνιον, παιδὸς ἐγχωρίου ἐρασθέντα καὶ μὴ τυγχάνοντα, ὅτι πρὸς ἕτερον κλίνειεν, ἀνελεῖν, εἰς δὲ τὴν Λευκάδα παραγενόμενον καὶ ῥίψαντα ἑαυτὸν ἀποθανεῖν. Καὶ Νικόστρατον δὲ τὸν κωμικὸν Τεττιγιδαίας τῆς Μυριναίας ἐρασθέντα ῥῖψαι ἑαυτὸν καὶ ἀπαλλαγῆναι τοῦ ἔρωτος. Μάκητα δέ φασι τὸν Βουθρώτιον Λευκοπέτραν ἐπικληθῆναι διότι τετράκις αὑτὸν καταβαλὼν τῶν ἐρωτικῶν κακώσεων ἀπαλλάττοιτο. 

Καὶ πλῆθος ἄλλο οὕτως ἀπαλλαγῆναι λέγεται. Καὶ Βουλαγόραν δὲ τὸν Φαναγορίτην ἐρασθέντα Διοδώρου τοῦ αὐλητοῦ, καταβαλόντα αὑτὸν ἀναιρεθῆναι γηραιὸν ἤδη ὄντα. Ἀναιρεθῆναι δὲ καὶ Ῥοδόπην Ἀμισηνὴν καταβαλοῦσαν ἑαυτήν, διδύμων παίδων σωματοφυλάκων Ἀντιόχου τοῦ βασιλέως ἐρασθεῖσαν, οἷς ὀνόματα Ἀντιφῶν καὶ Κῦρος. Χαρῖνος δὲ ἰαμβογράφος ἠράσθη Ἔρωτος εὐνούχου τοῦ Εὐπάτορος οἰνοχόου, καὶ πιστεύσας τῷ περὶ τῆς πέτρας λόγῳ κατέβαλεν ἑαυτόν· ἐπεὶ δὲ καταβαλὼν τὸ σκέλος κατεάγη καὶ ὑπὸ ὀδύνης ἐτελεύτα, ἀπέρριψε τάδε τὰ ἰαμβεῖα· 

                    ἔρροις πλανῆτι καὶ κακὴ πέτρη Λευκάς, 
                    Χαρῖνον, αἲ αἴ, τὴν ἰαμβικὴν Μοῦσαν 
                    κατῃθάλωσας ἐλπίδος κενοῖς μύθοις. 
                    τοιαῦτ' Ἔρωτος Εὐπάτωρ ἐρασθείη.

Νιρεὺς δὲ Καταναῖος ἠράσθη τῆς Ἀττικῆς Ἀθηναίας, καὶ ἐλθὼν κατέβαλεν ἑαυτὸν ἀπὸ τῆς πέτρας, καὶ ἀπελύθη τοῦ διοχλοῦντος· πεσὼν δ' οὖν, εἰς δίκτυον ἐνέπεσεν ἁλιέως ἐν ᾧ ἀνειλκύσθη σὺν κιβωτῷ χρυσίου· ἐπεδικάζετο δὲ πρὸς τὸν ἁλιέα περὶ τοῦ χρυσίου, ἀλλ' ὁ Ἀπόλλων νυκτερινῇ ὄψει ἀπέστησεν αὐτὸν τοῦἐπιδικάζεσθαι δέον εὐχαριστεῖν ὑπὲρ τῆς ἀπαλλαγῆς, ἀπειλησάμενος, ἀλλὰ μὴ καὶ ἀλλότριον περιεργάζεσθαι χρυσίον. 

La pierre de Leucade doit son nom à Leucos, un compagnon d’Ulysse, un natif de Zakynthos qui fut tué, comme dit le Poète (scil. Homère), par Antiphos ; c’est lui qui aurait fondé le sanctuaire d’Apollon Leucatès. On raconte que ceux qui se jettent du haut de cette pierre sont délivrés de la passion amoureuse. En voici la cause : après la mort d’Adonis, dit-on, Aphrodite erra à sa recherche et le retrouva dans la cité d’Argos de Chypre, dans le sanctuaire d’Apollon Erithios ; elle l’enleva après avoir informé Apollon de son amour pour Adonis. Apollon l’amena alors au sommet de la pierre de Leucade et lui ordonna de se jeter du haut du rocher ; dès qu’elle le fit, elle fut libérée de sa passion. Alors qu’elle en demandait la raison, Apollon, dit-on, lui dit qu’il le savait parce qu’il était devin : Zeus, éperdu d’amour pour Héra, était venu sur cette pierre pour s’y asseoir, et avait été guéri de sa passion.

Bien d’autres hommes et bien d’autres femmes en proie au mal d’amour furent libérés de la passion en se jetant du haut de la pierre. Ainsi Artémise, la fille de Lygdamis, celle qui fit campagne aux côtés du Perse, qui s’était éprise de Dardanos d’Abydos, qui lui la dédaignait, lui aurait crevé les yeux tandis qu’il dormait ; mais sa passion s’aggravant à cause du courroux des dieux, elle se rendit, sur l’ordre d’un oracle, à Leucade et se jeta du haut du rocher ; elle fut tuée dans sa chute et enterrée sur place. Hippomédon d’Épidamne, qui s’était épris d’un garçon du pays, mais qui ne réussit pas à l’enlever, car celui-ci penchait pour un autre homme, se rendit lui aussi à Leucade et se jeta du haut du rocher, ce dont il mourut. Nicostrate le poète comique, fou de Tettigidaia de Myrina se jeta lui aussi du haut du rocher, et fut libéré de sa passion. Makès de Buthrote, dit-on, fut surnommé Leucopétras parce qu’il sauta à quatre reprises pour se débarrasser de ses maladies d’amour.

Et quantité d’autres, dit-on, furent ainsi libérés. Boulagoras de Phanagora, amoureux du flûtiste Diodore, se jeta du haut du rocher et en mourut, alors qu’il était déjà un vieillard. De même, Rhodopè d’Amisos, qui s’était éprise des deux jumeaux gardes du corps du roi Antiochos, Antiphon et Cyrus. Le poète iambique Charinos s’était épris d’Éros, l’échanson eunuque de (Mithridate) Eupator ; donnant foi à ce qu’on racontait sur la pierre de Leucade, il s’en jeta ; dans sa chute, il se brisa la jambe et, mourant de douleur, il prononça ces iambes :

« Va-t-en au diable, roche trompeuse et meurtrière de Leucade !
Ah !, Charinos, ah ! qu’as-tu fait de ta muse iambique :
tu l’as réduite en cendres par de vaines paroles d’espoir.
Puisse Eupator souffrir autant pour Éros. »

Nirée de Catane était épris d’Athénaia d’Athènes ; il vint à Leucade et se jeta du haut de la pierre et fut libéré de son tourment ; or dans sa chute, il atterrit dans le filet d’un pêcheur ; celui-ci le remonta, en même temps qu’un coffre rempli d’or ; et alors qu’il cherchait à intenter un procès au pêcheur au sujet de l’or, Apollon lui apparut en songe et, à force de menaces, le dissuada de le faire, car il devait être reconnaissant d’avoir été libéré, et ne pas convoiter l’or d’autrui.


3a) Strab., 13, 2.3-4 (617 sqq.) :

Σαπφώ, θαυμαστόν τι χρῆμα· οὐ γὰρ ἴσμεν ἐν τῷ τοσούτῳ χρόνῳ τῷ μνημονευομένῳ φανεῖσάν τινα γυναῖκα ἐνάμιλλον οὐδὲ κατὰ μικρὸν ἐκείνῃ ποιήσεως χάριν. ἐτυραννήθη δὲ ἡ πόλις κατὰ τοὺς χρόνους τούτους ὑπὸ πλειόνων διὰ τὰς διχοστασίας, καὶ τὰ στασιωτικὰ καλούμενα τοῦ Ἀλκαίου ποιήματα περὶ τούτων ἐστίν· ἐν δὲ τοῖς τυράννοις καὶ ὁ Πιττακὸς ἐγένετο. Ἀλκαῖος μὲν οὖν ὁμοίως ἐλοιδορεῖτο καὶ τούτῳ καὶ τοῖς ἄλλοις, Μυρσίλῳ καὶ Μελάγχρῳ καὶ τοῖς Κλεανακτίδαις καὶ ἄλλοις τισίν, οὐδ' αὐτὸς καθαρεύων τῶν τοιούτων νεωτερισμῶν. Πιττακὸς δ' εἰς μὲν τὴν τῶν δυναστειῶν κατάλυσιν ἐχρήσατο τῇ μοναρχίᾳ καὶ αὐτός, καταλύσας δὲ ἀπέδωκε τὴν αὐτονομίαν τῇ πόλει.

            …

ἐξ Ἐρέσου δ' ἦσαν Θεόφραστός τε καὶ Φανίας οἱ ἐκ τῶν περιπάτων φιλόσοφοι, Ἀριστοτέλους γνώριμοι. ... καὶ Τέρπανδρον δὲ τῆς αὐτῆς μουσικῆς τεχνίτην γεγονέναι φασὶ καὶ τῆς αὐτῆς νήσου, τὸν πρῶτον ἀντὶ τῆς τετραχόρδου λύρας ἑπταχόρδῳ χρησάμενον, καθάπερ καὶ ἐν τοῖς ἀναφερομένοις ἔπεσιν εἰς αὐτὸν λέγεται „σοὶ δ' ἡμεῖς τετράγηρυν ἀποστρέψαντες ἀοιδὴν ἑπτατόνῳ φόρμιγγι νέους κελαδήσομεν ὕμνους.” καὶ Ἑλλάνικος δὲ Λέσβιος ὁ συγγραφεὺς καὶ Καλλίας ὁ τὴν Σαπφὼ καὶ τὸν Ἀλκαῖον ἐξηγησάμενος. 

Sappho est une merveille ; on chercherait en vain, dans toute la suite de l’histoire, une femme qui puisse, même de loin, lui être comparée pour la poésie. La Cité fut à cette époque gouvernée par une majorité tyrannique à cause des mouvements de dissidence, et les poèmes d’Alcée intitulés Poèmes de sédition concernent ces événements ; Pittacos fit partie de ces tyrans. Or Alcée se moquait tout aussi bien de lui que des autres, Myrsilos, Mélanchros, les Kléanactides et d’autres, sans se tenir lui-même à écart de ces révolutions. Pittacos eut recours lui aussi à la monarchie pour abattre les grandes familles, et cet objectif une fois atteint, il rendit la liberté à la Cité…
D’Érésos venaient également Théophraste et Phanias, philosophes de l’école péripatéticienne, amis d’Aristote. … On raconte aussi que Terpandre, le spécialiste de cette musique, était né dans cette île, lui qui fut le premier à utiliser une lyre à sept cordes au lieu d’un instrument à quatre cordes, comme il est dit dans les vers en hexamètres qui le mentionnent : « Et nous, délaissant le chant à quatre voix, nous chanterons pour toi des hymnes nouveaux sur la phorminx à sept tons ». De Lesbos également, Hellanicos et Callias, qui a laissé un commentaire à Sappho et à Alcée.


3b) Strab., 17, 1.33 (808) :

λέγεται δὲ τῆς ἑταίρας τάφος γεγονὼς ὑπὸ τῶν ἐραστῶν, ἣν Σαπφὼ μὲν ἡ τῶν μελῶν ποιήτρια καλεῖ Δωρίχαν, ἐρωμένην τοῦ ἀδελφοῦ αὐτῆς Χαράξου γεγονυῖαν, οἶνον κατάγοντος εἰς Ναύκρατιν Λέσβιον κατ' ἐμπορίαν, ἄλλοι δ' ὀνομάζουσι Ῥοδῶπιν·
On raconte que c'est (scil. l’une des trois pyramides de Gizeh) le tombeau qu’élevèrent ses amants à la courtisane que Sappho la poétesse appelle Doricha, et qui avait été la favorite de son frère Charaxos, quand il avait débarqué à Naucratis pour y vendre du vin de Lesbos, mais que d’autres appellent Rhodopis.


3c) Strab. 10, 2.9 (452) :

Ἔχει δὲ τὸ τοῦ Λευκάτα Ἀπόλλωνος ἱερὸν καὶ τὸ ἅλμα τὸ τοὺς ἔρωτας παύειν πεπιστευμένον· „οὗ δὴ λέγεται πρώτη Σαπφώ” ὥς φησιν ὁ Μένανδρος „τὸν ὑπέρκομπον θηρῶσα Φάων' οἰστρῶντι πόθῳ ῥῖψαι πέτρας ἀπὸ τηλεφανοῦς ἅλμα κατ' εὐχὴν σήν, δέσποτ' ἄναξ.” ὁ μὲν οὖν Μένανδρος πρώτην ἁλέσθαι λέγει τὴν Σαπφώ, οἱ δ' ἔτι ἀρχαιολογικώτεροι Κέφαλόν φασιν ἐρασθέντα Πτερέλα τὸν Δηιονέως. ἦν δὲ καὶ πάτριον τοῖς Λευκαδίοις κατ' ἐνιαυτὸν ἐν τῇ θυσίᾳ τοῦ Ἀπόλλωνος ἀπὸ τῆς σκοπῆς ῥιπτεῖσθαί τινα τῶν ἐν αἰτίαις ὄντων ἀποτροπῆς χάριν, ἐξαπτομένων ἐξ αὐτοῦ παντοδαπῶν πτερῶν καὶ ὀρνέων ἀνακουφίζειν δυναμένων τῇ πτήσει τὸ ἅλμα, ὑποδέχεσθαι δὲ κάτω μικραῖς ἁλιάσι κύκλῳ περιεστῶτας πολλοὺς καὶ περισώζειν εἰς δύναμιν τῶν ὅρων ἔξω τὸν ἀναληφθέντα.

Sur ce rocher se dresse le sanctuaire d’Apollon de Leucate ; c’est là que se trouve également l’emplacement du saut qui passe traditionnellement pour gérir le mal d’amour : « En ces lieux où l’on dit que Sappho la première, comme dit Ménandre, quand elle poursuivait le dédaigneux Phaon, sous le cruel aiguillon du désir, se jeta du sommet d’une falaise visible de très loin en t’implorant, ô prince souverain ». Ménandre affirme donc que Sappho aurait été la première à faire le saut ; mais les spécialistes des antiquités l’attribuent à Céphalos, le fils de Déioneus, quand il fut amoureux de Ptérélas. Les Leucadiens avaient aussi coutume chaque année, à l’occasion du sacrifice en l’honneur d’Apollon, de jeter du haut de ce poste de guet, en guise de victime apotropaïque, un homme sur lequel pesait quelque faute ; on lui attachait toutefois des plumes et des oiseaux de toutes sortes susceptibles de ralentir la chute en battant des ailes, tandis qu’une affluence importante montée sur de petites barques de pêche faisait cercle au pied de la falaise, pour lui porter secours le cas échéant et le conduire hors du territoire.


4a) Max. Tyr 18, 7b :

Σαπφοῦς τῆς καλῆς (οὕτω γὰρ αὐτὴν ὀνομάζων χαίρει διὰ τὴν ὥραν τῶν μελῶν, καίτοι μικρὰν οὖσαν καὶ μέλαιναν)
la belle Sappho (il [scil. Socrate] l’appelle ainsi pour la beauté de ses poèmes, bien qu’elle fût petite et basanée) …


4b) Max. Tyr., 18, 9 c-g :

Ὁ δὲ τῆς Λεσβίας (εἴτοι χρὴ πρεσβύτερα τοῖς νέοις εἰκάσαι) τί ἂν εἴη ἄλλο, ἢ αὐτό, ἡ Σωκράτους τέχνη ἐρωτική; Δοκοῦσιν γάρ μοι τὴν καθ' αὑτὸν ἑκάτερος φιλίαν, ἡ μὲν γυναικῶν, ὁ δὲ ἀρρένων, ἐπιτηδεῦσαι. Καὶ γὰρ πολλῶν ἐρᾶν ἔλεγον, καὶ ὑπὸ πάντων ἁλίσκεσθαι τῶν καλῶν· ὅ, τι γὰρ ἐκείνῳ Ἀλκιβιάδης καὶ Χαρμίδης καὶ Φαῖδρος, τοῦτο τῇ Λεσβίᾳ Γύριννα καὶ Ἀτθὶς Ἀνακτορία· καὶ ὅ,τιπερ Σωκράτει οἱ ἀντίτεχνοι, Πρόδικος καὶ Γοργίας καὶ Θρασύμαχος καὶ Πρωταγόρας, τοῦτο τῇ Σαπφοῖ Γοργὼ καὶ Ἀνδρομέδα· νῦν μὲν ἐπιτιμᾷ ταύταις, νῦν δὲ ἐλέγχει, καὶ εἰρωνεύεται αὐτὰ ἐκεῖνα τὰ Σωκράτους·

τὸν Ἴωνα χαίρειν

φησὶν ὁ Σωκράτης·

πολλά μοι τὰν

Πολυανακτίθαο παῖδα χαίρειν, 

       Σαπφὼ λέγει·

La passion de Sappho (s’il est permis de tirer des conclusions sur des faits anciens à partir de faits plus récents) n’est rien d’autre que l’art amoureux de Socrate. L’un et l’autre en effet, à mon avis, ont cultivé l’amour en soi, la première pour les femmes, le second pour les hommes. N’ont-ils pas dit éprouver de la passion pour beaucoup, et être pris par tout ce qui est beau ; car ce que furent pour Socrate Alcibiade, Charmide et Phèdre, le furent pour Sappho Gyrinna, Atthis et Anactoria ; et ce que furent pour Socrate ses rivaux Prodicos, Gorgias, Thrasymaque et Protagoras, c’est exactement ce que furent pour Sappho Gorgo et Andromède.  Tantôt elle leur fait des reproches, tantôt elle les réfute, et utilise les mêmes formes d’ironie que Socrate. Par exemple, Socrate [scil. au début d’une discussion où il va le réfuter] dit « Le bon jour à Ion » et Sappho [scil. dans des circonstances similaires] commence: (fr. 155)


5a) Athen., 10, 24 Kaibel (424) :

Σαπφώ τε ἡ καλὴ πολλαχοῦ Λάριχον τὸν ἀδελφὸν ἐπαινεῖ ὡς οἰνοχοοῦντα ἐν τῷ πρυτανείῳ τοῖς Μυτιληναίοις.
La belle Sappho vante en plusieurs endroits son frère Larichos comme échanson au prytanée des Mytiléniens.


5b) Athen., 13, 69 Kaibel (596 b) :

ἐνδόξους δὲ ἑταίρας καὶ ἐπὶ κάλλει διαφερούσας ἤνεγκεν καὶ ἡ Ναύκρατις· Δωρίχαν τε, ἣν ἡ καλὴ Σαπφὼ ἐρωμένην γενομένην Χαράξου τοῦ ἀδελφοῦ αὐτῆς κατ' ἐμπορίαν εἰς τὴν Ναύκρατιν ἀπαίροντος διὰ τῆς ποιήσεως διαβάλλει ὡς πολλὰ τοῦ Χαράξου νοσφισαμένην. Ἡρόδοτος δ' αὐτὴν Ῥοδῶπιν καλεῖ, ἀγνοῶν ὅτι ἑτέρα τῆς Δωρίχης ἐστὶν αὕτη, ἡ καὶ τοὺς περιβοήτους ὀβελίσκους ἀναθεῖσα ἐν Δελφοῖς, ὧν μέμνηται Κρατῖνος διὰ τούτων ... εἰς δὲ τὴν Δωρίχαν τόδ' ἐποίησε τοὐπίγραμμα Ποσείδιππος, [καίτοι] καὶ ἐν τῇ Αἰθιοπίᾳ πολλάκις αὐτῆς μνημονεύσας. ἐστὶ <δὲ> τόδε· 

Δωρίχα, ὀστέα μὲν σὰ πάλαι κόνιν, ἕσσατο δ' ἑσμὸς 
χαίτης ἥ τε μύρων ἔκπνοος ἀμπεχόνη, 
ᾗ ποτε τὸν χαρίεντα περιστέλλουσα Χάραξον 
σύγχρους ὀρθρινῶν ἥψαο κισσυβίων. 
Σαπφῷαι δὲ μένουσι φίλης ἔτι καὶ μενέουσιν 
ᾠδῆς αἱ λευκαὶ φθεγγόμεναι σελίδες. 
οὔνομα σὸν μακαριστόν, ὃ Ναύκρατις ὧδε φυλάξει, 
ἔστ' ἂν ἴῃ Νείλου ναῦς ἐφ' ἁλὸς πελάγη. 

Naucratis produisit également de célèbres courtisanes, remarquables de beauté, telles que Doriché, qui devint la maîtresse de Charaxos, frère de la belle Sappho, lorsque celui-ci se rendit à Naucratis pour affaires. Sappho a d’ailleurs dénoncé cette liaison avec vigueur, accusant cette femme d'avoir soutiré beaucoup d’argent à son frère. Hérodote l’appelle Rhodopis (II 135), tout en étant incapable de dire s’il s’agit en fait de Doriché, celle qui érigea à Delphes les deux fameux obélisques dont Cratinos a parlés dans les vers suivants (I 110 K) … (lacune). Posidippe, qui a si souvent évoqué Doriché dans son Éthiopienne, composa cette épigramme en son honneur :

« Ô Doriché, tes os, depuis longtemps, ne sont plus que cendre, comme tes couronnes et ta tunique embaumée de parfums, toi qui naguère, serrant dans tes bras le beau Charaxos et partageant sa couche, buvais jusqu’à la lie la coupe du matin. Mais les vers sublimes de Sappho vivent encore et vivront à jamais pour faire résonner ton nom. Et ton nom est glorieux, car Naucratis en gardera le souvenir, tant que les vaisseaux, venant du Nil, vogueront en pleine mer. »


5c) Athen., 13, 72 Kaibel (599c) :

ἐν τούτοις ὁ Ἑρμησιάναξ σφάλλεται συγχρονεῖν οἰόμενος Σαπφὼ καὶ Ἀνακρέοντα, τὸν μὲν κατὰ Κῦρον καὶ Πολυκράτην γενόμενον, τὴν δὲ κατ' Ἀλυάττην τὸν Κροίσου πατέρα. Χαμαιλέων δ' ἐν τῷ περὶ Σαπφοῦς (fr. 10 Koepke) καὶ λέγειν τινάς φησιν εἰς αὐτὴν πεποιῆσθαι ὑπὸ Ἀνακρέοντος τάδε·

σφαίρῃ δεῦτέ με πορφυρέῃ
βάλλων χρυσοκόμης Ἔρως
νήνι ποικιλοσαμβάλῳ
συμπαίζειν προκαλεῖται.
ἣ δ' (ἐστὶν γὰρ ἀπ' εὐκτίτου
Λέσβου) τὴν μὲν ἐμὴν κόμην
(λευκὴ γάρ) καταμέμφεται,
πρὸς δ' ἄλλην τινὰ χάσκει. 

καὶ τὴν Σαπφὼ δὲ πρὸς αὐτὸν ταῦτά φησιν εἰπεῖν· 

κεῖνον, ὦ χρυσόθρονε Μοῦσ', ἔνισπες
ὕμνον, ἐκ τᾶς καλλιγύναικος ἐσθλᾶς
Τήιος χώρας ὃν ἄειδε τερπνῶς
πρέσβυς ἀγαυός. 

ὅτι δὲ οὔκ ἐστι Σαπφοῦς τοῦτο τὸ ᾆσμα παντί που δῆλον. ἐγὼ δὲ ἡγοῦμαι παίζειν τὸν Ἑρμησιάνακτα περὶ τούτου τοῦ ἔρωτος. καὶ γὰρ Δίφιλος ὁ κωμῳδιοποιὸς πεποίηκεν ἐν Σαπφοῖ δράματι Σαπφοῦς ἐραστὰς Ἀρχίλοχον καὶ Ἱππώνακτα. 

Dans ces lignes, Hermésianax commet une erreur flagrante en supposant que Sappho et Anacréon étaient contemporains : le poète vécut à l’époque de Cyrus et de Polycrate, tandis que Sappho écrivit au temps d'Alyatte, le père de Crésus. Pourtant Chaméléon, dans son livre sur Sappho (II 564 K), déclare que les vers suivants furent bien composés par Anacréon pour la Lesbienne ; bien des auteurs, selon lui, en sont persuadés (fr. 14 B4) :

« Maintenant Éros aux cheveux d’or, qui me lance sa balle pourpre, m'invite à folâtrer avec la jeune fille à la sandale brodée. Mais elle, native de la charmante Lesbos, se moque de mes cheveux, parce qu’ils sont blancs, et elle s’émerveille pour un autre… une femme ! »

Et, dans ces vers, Chaméléon prétend que Sappho aurait ainsi répondu (fr. 26 B4) :

« L'hymne que tu vas prononcer, ô muse au trône d'or, est celui que l'homme de Téos, vieil homme glorieux de la terre hospitalière aux belles femmes, chanta pour notre seul plaisir. »

Mais, d’évidence, ce chant n'est point de la main de Sappho : il peut être adressé à n’importe qui. Pour ma part, je m’accorde à penser que c'est uniquement par jeu littéraire qu’Hermésianax évoque de telles amours. Car, rappelons-le, le poète comique Diphilos, dans sa Sappho, ne donne à la poétesse que deux amants : Archiloque et Hipponax.

5d) Athen., 13, 70 Kaibel :

Σαπφὼ τοῦ καλοῦ Φάωνος ἐρασθεῖσα περιβόητος ἦν, ὥς φησι Νύμφις ἐν Περίπλῳ Ἀσίας.
Sappho fut célèbre pour s’être prise de passion pour le beau Phaon, ainsi que le rapporte Nymphis dans son Périple de l’Asie (FHG III 16).



5e) Athen., 14, 36 Kaibel :

Μέναιχμος δ' ἐν τοῖς περὶ Τεχνιτῶντὴν πηκτίδα, ἣν τὴν αὐτὴν εἶναι τῇ μαγάδιδι, Σαπφώ φησιν εὑρεῖν.
Ménechme, dans son ouvrage sur les artistes, dit (fr. 5 M) que ce fut Sappho qui inventa la pectis, même instrument que la magadis.

5f) Athen., 14, 43 Kaibel :

Κλέαρχος δὲ ἐν δευτέρῳ Ἐρωτικῶν  τὰ ἐρωτικά φησιν ᾄσματα καὶ τὰ Λοκρικὰ καλούμενα οὐδὲν τῶν Σαπφοῦς καὶ Ἀνακρέοντος διαφέρειν.
Cléarque, dans le livre II des Erotika (FHG II 316), dit que les chansons d’amour et les chants qu’on appelle locriens ne diffèrent en rien de ceux de Sappho et d’Anacréon.


6a) Hérod. 2, 135 :

Ῥοδῶπις δὲ ἐς Αἴγυπτον ἀπίκετο Ξάνθεω τοῦ Σαμίου κομίσαντός [μιν], ἀπικομένη δὲ κατ' ἐργασίην ἐλύθη χρημάτων μεγάλων ὑπὸ ἀνδρὸς Μυτιληναίου Χαράξου τοῦ Σκαμανδρωνύμου παιδός, ἀδελφεοῦ δὲ Σαπφοῦς τῆς μουσοποιοῦ. Οὕτω δὴ ἡ Ῥοδῶπις ἐλευθερώθη καὶ κατέμεινέ τε ἐν Αἰγύπτῳ καὶ κάρτα ἐπαφρόδιτος γενομένη μεγάλα ἐκτήσατο χρήματα ὡς ἅλις εἶναι Ῥοδώπι, ἀτὰρ οὐκ ὥς γε ἐς πυραμίδα τοιαύτην ἐξικέσθαι. Τῆς γὰρ τὴν δεκάτην τῶν χρημάτων ἰδέσθαι ἔστι ἔτι καὶ ἐς τόδε παντὶ τῷ βουλομένῳ, οὐδὲν δεῖ μεγάλα οἱ χρήματα ἀναθεῖναι. Ἐπεθύμησε γὰρ Ῥοδῶπις μνημήιον ἑωυτῆς ἐν τῇ Ἑλλάδι καταλιπέσθαι, ποίημα ποιησαμένη τοῦτο τὸ μὴ τυγχάνοι ἄλλῳ ἐξευρημένον καὶ ἀνακείμενον ἐν ἱρῷ, τοῦτο <δ'> ἀναθεῖναι ἐς Δελφοὺς μνημόσυνον ἑωυτῆς. Τῆς ὦν δεκάτης τῶν χρημάτων ποιησαμένη ὀβελοὺς βουπόρους πολλοὺς σιδηρέους, ὅσον ἐνεχώρεε ἡ δεκάτη οἱ, ἀπέπεμπε ἐς Δελφούς· οἳ καὶ νῦν ἔτι συννενέαται ὄπισθε μὲν τοῦ βωμοῦ τὸν Χῖοι ἀνέθεσαν, ἀντίον δὲ αὐτοῦ τοῦ νηοῦ. 

Φιλέουσι δέ κως ἐν τῇ Ναυκράτι ἐπαφρόδιτοι γίνεσθαι αἱ ἑταῖραι. Τοῦτο μὲν γὰρ αὕτη, τῆς πέρι λέγεται ὅδε ὁ λόγος, οὕτω δή τι κλεινὴ ἐγένετο ὡς καὶ οἱ πάντες Ἕλληνες Ῥοδώπιος τὸ οὔνομα ἐξέμαθον, τοῦτο δὲ ὕστερον ταύτης <ἑτέρη> τῇ οὔνομα ἦν Ἀρχιδίκη ἀοίδιμος ἀνὰ τὴν Ἑλλάδα ἐγένετο, ἧσσον δὲ τῆς προτέρης περιλεσχήνευτος. 

Χάραξος δὲ ὡς λυσάμενος Ῥοδῶπιν ἀπενόστησε ἐς Μυτιλήνην, ἐν μέλεϊ Σαπφὼ πολλὰ κατεκερτόμησέ μιν. Ῥοδώπιος μέν νυν πέρι πέπαυμαι.

Rhodopis vint en Égypte en compagnie du Samien Xanthès ; elle vint y exercer le métier de courtisane et fut affranchie pour une somme considérable par un Mytilénien, Charaxos, fils de Scamandronymos et frère de la poétesse Sappho. Elle devint libre ainsi, mais demeura en Égypte où le pouvoir de ses charmes lui fit amasser une fortune énorme, certes, et suffisante pour une Rhodopis, mais insuffisante pour faire édifier semblable pyramide. On peut voir aujourd’hui encore la dixième partie de ses richesses, si on le désire, et rien ne permet de lui attribuer une fortune colossale : elle voulut en effet laisser en Grèce un monument qui rappelât son nom, et pour cela faire quelque objet que nul n’eût encore imaginé et qu’on ne pût trouver dans aucun sanctuaire, pour le consacrer à Delphes en mémoire d’elle. Avec la dixième partie de sa fortune, elle fit donc fabriquer un bon nombre de broches en fer, de taille à transpercer un bœuf entier, autant qu’en put payer la dîme prélevée sur ses biens, et elle les envoya à Delphes. Elles y sont encore aujourd’hui, entassées derrière l’autel que les gens de Chios ont élevé, en face du temple. Les courtisanes de Naucratis sont d’ailleurs en général charmantes. Celle dont il s’agit ici devint même si fameuse que tous les Grecs ont appris le nom de Rhodopis ; plus tard, une autre, qui s’appelait Archidicè, fut chantée dans toute la Grèce, quoiqu’elle eût moins fait parler d’elle. Pour Charaxos, quand il revint à Mytilène après avoir affranchi Rhodopis, Sappho lui fit en vers les reproches les plus violents. Mais sur cette Rhodopis, en voilà assez.


6b) Hérod. 2, 134 :

Τὴν δὴ μετεξέτεροί φασι Ἑλλήνων Ῥοδώπιος ἑταίρης γυναικὸς εἶναι, οὐκ ὀρθῶς λέγοντες. Οὐδὲ ὦν οὐδὲ εἰδότες μοι φαίνονται λέγειν οὗτοι ἥτις ἦν ἡ Ῥοδῶπις (οὐ γὰρ ἄν οἱ πυραμίδα ἀνέθεσαν ποιήσασθαι τοιαύτην, ἐς τὴν ταλάντων χιλιάδες ἀναρίθμητοι ὡς λόγῳ εἰπεῖν ἀναισίμωνται), πρὸς δὲ ὅτι κατὰ Ἄμασιν βασιλεύοντα ἦν ἀκμάζουσα Ῥοδῶπις, ἀλλ' οὐ κατὰ τοῦτον. Ἔτεσι γὰρ κάρτα πολλοῖσι ὕστερον τούτων τῶν βασιλέων τῶν τὰς πυραμίδας ταύτας λιπομένων ἦν Ῥοδῶπις, γενεὴν μὲν ἀπὸ Θρηίκης, δούλη δὲ ἦν Ἰάδμονος τοῦ Ἡφαιστοπόλιος ἀνδρὸς Σαμίου, σύνδουλος δὲ Αἰσώπου τοῦ λογοποιοῦ. Καὶ γὰρ οὗτος Ἰάδμονος ἐγένετο, ὡς διέδεξε τῇδε οὐκ ἥκιστα· ἐπείτε γὰρ πολλάκις κηρυσσόντων Δελφῶν ἐκ θεοπροπίου ὃς βούλοιτο ποινὴν τῆς Αἰσώπου ψυχῆς ἀνελέσθαι, ἄλλος μὲν οὐδεὶς ἐφάνη, Ἰάδμονος δὲ παιδὸς παῖς ἄλλος Ἰάδμων ἀνείλετο. Οὕτω καὶ Αἴσωπος Ἰάδμονος ἐγένετο.

(à propos de la pyramide de Mykérinos)… Quelques Grecs l’attribuent à la courtisane Rhodopis, mais c’est une erreur. Ces gens parlent, je crois, sans même savoir qui était cette Rhodopis, -- sans quoi ils ne lui auraient pas imputé la construction d’une semblable pyramide qui a coûté, peut-on dire, des milliers et des milliers de talents --, et sans même savoir qu’elle florissait sous le règne d’Amasis et non de Mykérinos. Car elle a vécu un très grand nombre d’années après les rois qui ont laissé ces pyramides, cette Rhodopis, qui était d’origine thrace, esclave d’Iadmon fils d’Héphaistopolis, un Samien, et compagne d’esclavage d’Ésope le fabuliste. Car Ésope appartint lui aussi à Iadmon, en voici la meilleure preuve : lorsque, pour obéir à l’oracle, les Delphiens firent à plusieurs reprises demander par des hérauts qui voulait recevoir le prix du sang dû pour le meurtre d’Ésope, la seule personne qui seprésnta pour le réclamer fut un autre Iadmon, fils d’un fils du premier. Donc Ésope fut lui aussi esclave d’Iadmon.


7a) Elien, VH 12, 19 :

Τὴν ποιήτριαν Σαπφώ, τὴν Σκαμανδρωνύμου θυγατέρα, ταύτην καὶ Πλάτων ὁ Ἀρίστωνος σοφὴν ἀναγράφει. πυνθάνομαι δὲ ὅτι καὶ ἑτέρα ἐν τῇ Λέσβῳ ἐγένετο Σαπφώ, ἑταίρα, οὐ ποιήτρια.
La poétesse Sappho, fille de Scamandronymos, est qualifiée de talentueuse aussi par Platon, le fils d’Ariston ; mais j’ai découvert qu’il y a eu une autre Sappho à Lesbos, qui fut une courtisane, et non une poétesse.


7b) Elien, VH 13, 33 :

Ῥοδῶπίν φασιν Αἰγυπτίων λόγοι ἑταίραν γενέσθαι ὡραιοτάτην. καί ποτε αὐτῆς λουομένης ἡ τὰ παράδοξα καὶ τὰ ἀδόκητα φιλοῦσα ἐργάζεσθαι τύχη προυξένησεν αὐτῇ οὐ τῆς γνώμης ἀλλὰ τοῦ κάλλους ἄξια. λουομένης γὰρ καὶ τῶν θεραπαινίδων τὴν ἐσθῆτα φυλαττουσῶν, ἀετὸς καταπτάς, τὸ ἕτερον τῶν ὑποδημάτων ἁρπάσας, ἀπιὼν ᾤχετο· καὶ ἐκόμισεν ἐς Μέμφιν δικάζοντος Ψαμμιτίχου, καὶ ἐς τὸν κόλπον ἐνέβαλε τὸ ὑπόδημα. ὁ δὲ Ψαμμίτιχος θαυμάσας τοῦ ὑποδήματος τὸν ῥυθμὸν καὶ τῆς ἐργασίας αὐτοῦ τὴν χάριν καὶ τὸ πραχθὲν ὑπὸ τοῦ ὄρνιθος προσέταξεν ἀνὰ πᾶσαν τὴν Αἴγυπτον ἀναζητεῖσθαι τὴν ἄνθρωπον, ἧς τὸ ὑπόδημά ἐστι· καὶ εὑρὼν γαμετὴν ἠγάγετο.

Des récits égyptiens racontent que Rhodopis fut une courtisane très belle. Un jour qu’elle prenait son bain, la Fortune qui se plaît à ourdir des choses invraisemblables et inattendues lui accorda une faveur qu'elle devait moins à ses qualités qu’à ses charmes. Tandis qu’elle se baignait, et que ses servantes gardaient ses vêtements, un aigle fondit sur l’un de ses souliers et l'enleva ; l'ayant porté à Memphis, dans le lieu où Psammétique était occupé à rendre la justice, il le laissa tomber dans le sein du pharaon. Psammétique, frappé de la délicatesse de ce soulier, de l'élégance du travail, et de l'action de l'oiseau, ordonna qu'on cherchât par toute l'Égypte la femme à qui il appartenait : dès qu'on l'eut trouvée, il l'épousa.


8) Schol. (vet.) ad Plat. Phaedr. (235c Stephanus = 312 Bekker) :

Σαπφὼ λυρικὴ ποιήτρια, Σκαμανδρωνύμου, Μιτυληναία.
Sappho, poétesse lyrique, fille de Scamandronymos, de Mytilène.


9) Euseb.

Ol. 45. (1)2 : Sappho et Alcaeus poetaeclari habentur.
(première) Deuxième année de la 45e Olympiade : acmé des poètes Alcée et Sappho.


10a) Arist., Rhet. 1398 b :

καὶ ὡς Ἀλκιδάμας, ὅτι πάντες τοὺς σοφοὺς τιμῶσιν· "Πάριοι γοῦν Ἀρχίλοχον καίπερ βλάσφημον ὄντα τετιμήκασι, καὶ Χῖοι Ὅμηρον οὐκ ὄντα πολίτην, καὶ Μυτιληναῖοι Σαπφῶ καίπερ γυναῖκα οὖσαν, καὶ Λακεδαιμόνιοι Χίλωνα καὶ τῶν γερόντων ἐποίησαν ἥκιστα φιλόλογοι ὄντες, καὶ Ἰταλιῶται Πυθαγόραν, καὶ Λαμψακηνοὶ Ἀναξαγόραν ξένον ὄντα ἔθαψαν καὶ τιμῶσι ἔτι καὶ νῦν, καὶ Ἀθηναῖοι τοῖς Σόλωνος νόμοις χρησάμενοι εὐδαιμόνησαν καὶ Λακεδαιμόνιοι τοῖς Λυκούργου, καὶ Θήβησιν ἅμα οἱ προστάται φιλόσοφοι ἐγένοντο καὶ εὐδαιμόνησεν ἡ πόλις".

Comme le dit aussi Alcidamas, tous honorent les sages : « Les Pariens ont honoré Archiloque, malgré ses propos injurieux, les habitants de Chios Homère, bien qu’il ne fût pas citoyen de leur Cité, et les Mytiléniens Sappho bien qu’elle fût une femme, les Lacédémoniens ont admis Chilon au sénat, bien qu’ils fussent très peu amis des lettres ; les Italiotes et les habitants de Lampsaque accordèrent les honneurs funèbres à Pythagore et Anaxagore, tout étrangers qu’ils étaient, et les honorent encore aujourd’hui ; les Athéniens furent heureux grâce aux lois de Solon, et les Lacédémoniens grâce à celles de Lycurgue ; à Thèbes, dès que les philosophes furent au pouvoir, la cité prospéra. »


10b) Arist., Rhet. 1398 b, l.30 :

ἢ ὥσπερ Σαπφώ, ὅτι τὸ ἀποθνῄσκειν κακόν· οἱ θεοὶ γὰρ οὕτω κεκρίκασιν· ἀπέθνησκον γὰρ ἄν.
ou encore l’argument de Sappho : « La mort est un mal, car les dieux en ont jugé ainsi ; autrement, ils seraient mortels ».


11) Poll. 9. 84 :

Μιτυληναῖοι μὲν Σαπφὼ τῷ νομίσματι ἐνεχαράξαντο, Χῖοι δὲ Ὅμηρον ...
Les Mytiléniens représentèrent Sappho sur leurs monnaies, et Chios, Homère.


12a) Ps-Plut., Mus. 16 (1136) :

Ἀριστόξενος δέ φησι (fr. 81 Wehrli) Σαπφὼ πρώτην εὕρασθαι τὴν Μιξολυδιστί, παρ' ἧς τοὺς τραγῳδοποιοὺς μαθεῖν· λαβόντας γοῦν αὐτὴν συζεῦξαι τῇ Δωριστί, ἐπεὶ ἡ μὲν τὸ μεγαλοπρεπὲς καὶ ἀξιωματικὸν ἀποδίδωσιν, ἡ δὲ τὸ παθητικόν, μέμικται δὲ διὰ τούτων τραγῳδία.
Aristoxène attribue l'invention du mixolydien à Sappho, de qui les poètes tragiques en auraient appris l'usage ; en l'adoptant, ils l'associèrent avec le mode dorien, attendu que celui-ci a de la magnificence et de la dignité, celui-là du pathétique, et que c'est du mélange de ces deux éléments qu'est formée la tragédie. Mais dans l'Histoire de l'harmonique, on en attribue l'invention à Pythocleidès l'aulète. 


13) Longin, Du sublime 10, 3 :

οἷον ἡ Σαπφὼ τὰ συμβαίνοντα ταῖς ἐρωτικαῖς μανίαις παθήματα ἐκ τῶν παρεπομένων καὶ ἐκ τῆς ἀληθείας αὐτῆς ἑκάστοτε λαμβάνει. ποῦ δὲ τὴν ἀρετὴν ἀποδείκνυται; ὅτι τὰ ἄκρα αὐτῶν καὶ ὑπερτεταμένα δεινὴ καὶ ἐκλέξαι καὶ εἰς ἄλληλα συνδῆσαι· 

φαίνεταί μοι κῆνος ἴσος θέοισιν (fr. 31 LP)

οὐ θαυμάζεις ὡς ὑπὸ τὸ αὐτὸ τὴν ψυχὴν τὸ σῶμα, τὰς ἀκοὰς τὴν γλῶσσαν, τὰς ὄψεις τὴν χρόαν, πάνθ' ὡς ἀλλότρια διοιχόμενα ἐπιζητεῖ, καὶ καθ' ὑπεναντιώσεις ἅμα ψύχεται καίεται, ἀλογιστεῖ φρονεῖ †ἢ γὰρ† φοβεῖται †ἢ παρ' ὀλίγον τέθνηκεν ἵνα μὴ ἕν τι περὶ αὐτὴν πάθος φαίνηται, παθῶν δὲ σύνοδος; πάντα μὲν τοιαῦτα γίνεται περὶ τοὺς ἐρῶντας, ἡ λῆψις δ' ὡς ἔφην τῶν ἄκρων καὶ ἡ εἰς ταὐτὸ συναίρεσις ἀπειργάσατο τὴν ἐξοχήν.

Ainsi, quand Sapho veut exprimer les fureurs de l'amour, elle ramasse de tous cotés les accidents qui suivent & qui accompagnent en effet cette passion: mais où son adresse paraît principalement, c’est à choisir de tous ces accidents ceux qui marquent davantage l'excès & la violence de l'amour, & à bien lier tout cela ensemble.

Heureux ! qui près de toi, pour toi seule soupire ; 
Qui jouit du plaisir de t’entendre parler : 
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire. 
Les Dieux, dans son bonheur peuvent-ils l’égaler ? 
Je sens de veine en veine une subtile flamme 
Courir par tout mon corps, si tôt que je te vois : 
Et dans les doux transports, où s'égare mon âme
Je ne saurais trouver de langue, ni de voix 
Un nuage confus se répand sur ma vue 
Je n’entends plus, je tombe en de douces langueurs
Et passe y sans haleine, interdite, éperdue, 
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs.
Mais quand on n’a plus rien, il faut tout hasarder, &c. 

N'admirez-vous point comment elle ramasse toutes ces choses, l’âme, le corps, l'ouïe, la langue, la vue, la couleur, comme si c'étaient autant de personnes différentes & prêtes à expirer ? Voyez de combien de mouvements contraires elle est agitée, elle gèle, elle brûle, elle est folle, elle est sage ; ou elle est entièrement hors d'elle-même, ou elle va mourir : en un mot on dirait quelle n'est pas éprise d'une simple passion, mais que son âme est un rendez-vous de toutes les passions & c'est en effet ce qui arrive à ceux qui aiment. Vous voyez donc bien, comme j'ai déjà dit, que ce qui fait la principale beauté de son discours, ce sont toutes ces grandes circonstances marquées à propos, & ramassées avec choix. (trad. Boileau)


14) Anth. Gr. 9, 506 :

ΠΛΑΤΩΝΟΣ

Ἐννέα τὰς Μούσας φασίν τινες· ὡς ὀλιγώρως·

ἠνίδε καὶ Σαπφὼ Λεσβόθεν ἡ δεκάτη.

Les muses, dit-on, sont au nombre de neuf. Quelle erreur !

Voici encore Sappho de Lesbos qui fait dix.


15) Plut., Amat. 762a

Ἄξιον δὲ Σαπφοῦς παρὰ ταῖς Μούσαις μνημονεῦσαι·
Sappho mérite d’être rangée parmi les Muses.


16a) Luc., Imag. 18 :

Δεύτερον δὲ καὶ τρίτον παράδειγμα Θεανώ τε ἐκείνη καὶ ἡ Λεσβία μελοποιός, καὶ Διοτίμα ἐπὶ ταύταις, ἡ μὲν τὸ μεγαλόνουν ἡ Θεανὼ συμβαλλομένη εἰς τὴν γραφήν, ἡ Σαπφὼ δὲ τὸ γλαφυρὸν τῆς προαιρέσεως·
Deuxième et troisième exemples, Théanô et la poétesse de Lesbos, sans oublier Diotime, la première, Théanô, qui a mêlé la grandeur à l’écriture, tandis que Sappho y mêlait l’élégance de la composition.


16b) Sch. (vetera et recentiora Arethae) ad loc. :

Σαπφώ] ὅσον εἰς σῶμα εἰδεχθεστάτη Σαπφώ, μικρά τε καὶ μέλαινα ὁρωμένη, καὶ τί γὰρ ἄλλο ἢ ἀηδὼν ἀμόρφοις τοῖς πτίλοις ἐπὶ σμικρῷ τῷ σώματι περιειλημένη.
Autant Sappho était des plus hideuses physiquement, de petite taille et le teint basané, autant ne fut-elle rien d’autre sinon un rossignol dans un petit corps entouré de plumes sans beauté…


17a) Athen., 8, 12 ; 10, 73 ; 11, 73 ; 13, 72 ; 13, 30 :

καὶ Τιμοκλῆς δ' ἐν Σαπφοῖ φησιν
et Timoclès dans sa Sappho

ἐν δὲ Σαπφοῖ ὁ Ἀντιφάνης αὐτὴν τὴν ποιήτριαν προβάλλουσαν
Antiphane dans Sappho

Δίφιλος Σαπφοῖ
Diphilos dans Sappho

καὶ γὰρ Δίφιλος ὁ κωμῳδιοποιὸς πεποίηκεν ἐν Σαπφοῖ δράματι
Diophilos dans la pièce intitulée Sappho

καλῶς δὲ περὶ τῶν τοιούτων Ἔφιππος ἐν Σαπφοῖ φησιν
Ephippos dans sa Sappho



17b) Athen., 13, 72 :

Χαμαιλέων δ' ἐν τῷ περὶ Σαπφοῦς
Chamaeléon, dans son ouvrage sur Sappho


naples Sappho (?)
buste du 4ème siècle av.
Musée de Naples.


20) = fr. S.261.a1 LP :

. . .
[  ]∙∙υ̣∙χ̣[
[∙∙]∙∙∙∙μενα̣∙∙[
 
[ ]∙[ ]∙ [
ζ̣οσιν∙∙∙θε̣ραις[ ] [
κρατοῦσι∙∙ε̣∙[
μων· ἡ δ' ἐφ' ἡσυχία[ς
παιδεύουσα τὰς ἀρί-
στας οὐ μόνον τῶν
ἐγχωρίων ἀλλὰ καὶ
τῶν ἀπ' Ἰωνίας· καὶ
ἐν τοσαύτηι παρὰ
τοῖς πολίταις ἀποδο-
χῆι ὥστ' ἔφη Καλλίας
ὁ Μυτιληναῖος ἐν

[∙]∙∙∙[      ] Ἀφροδι-
[τ­       ]∙∙[
. . . 
éduquant les femmes
de meilleure qualité,
non seulement parmi
les femmes de Lesbos,
mais aussi d’Ionie ;

et elle
jouit d’un tel renom
auprès de ses concitoyens
que Callias de Mytilène
dit dans …


21) = fr. S.260 LP :

[ ]  π̣(ερὶ) γήρ̣[ως
[]         [
[]         [
[]         [
[] η περὶ Γογγ[ύλης
[] μήλωι βα̣λ̣[]∙∙[
[ ]κα̣ὶ ἡ Σαπφὼ [
[    ]∙α̣οταυ̣ρ[
[   ]ς̣ φρ̣ένας ε∙[
[     ]∙εμ∙[
[   Καλ]λ̣ι̣όπη̣ς̣ [
[     ]∙παθειτ[
[      ]∙ειη τ]
. . . 
        De la vieillesse


… au sujet de Gongyla
… frappée d’une pomme ...
… et Sappho ...




Calliopè ...




22) = fr. 213 : Archéanassa-Pléistodicé

. . .
[  ]∙∙[∙]∙τ∙∙∙[
∙ ∙∙[∙∙]∙σε εμα κ’ Ἀρχ̣εάνα[σ-
σα Γόργω<∙> σύνδυγο(ς)· ἀν̣τὶ τοῦ
σ̣[ύν]ζυξ· ἡ Πλειστοδίκη
[ τ]ῆ̣ι̣ Γ̣[ο]ρ̣γ̣οῖ σύνζυξ μ̣ε-
τ̣ὰ τ̣[ῆς] Γ̣ογγύλης ὀν[ο]μασθή-
σετ[αι· κ]οινὸν γὰρ τὸ ὄν̣ο-
μ[α ∙]ε̣δ∙ται η κατὰ τῆσ̣[∙]∙∙∙
α̣[∙∙∙] Πλ[ε]ι̣σ̣τοδ̣ίκη[∙∙]ν
[    ὀνομ]α̣σθησ̣ετ̣[αι] κυ-
[    ]η̣[ ]∙ατ̣ε̣τ̣ουτ
[        ]∙νο̣ αν
. . . 
 

Archéanassa
Gorgô ; syndygos au lieu de
synzyx ; Pléistodicè
sera appelée compagne de Gorgô
après Gongyla ;
car il s'agit d'un nom commun

Pléistodicè





22) Jérôme, Préface du Commentaire à Sophonie

 

Histoire de l’édition                        biographie | œuvre | recueil restitué | fragments

Le premier fragment publié de Sappho fut l’hymne à Aphrodite, par H. Estienne, dans son édition d’Anacréon, 1554, 4to. Les éditions suivantes d’Anacréon, en 1556, 1660, 1680, 1681, 1684, 1690, 1699, 1700, 1710, 1712, 1716, 1733, 1735, 1740, 1742, 1744, 1751, 1754, etc., contiennent également des fragments de Sappho plus ou moins complets.

Autres éditions anciennes

Éditions couramment utilisées

C : D.A. Campbell, Greek lyric poetry, vol. I, Londres 1982 (coll. Loeb 142).
V : E.M. Voigt, Sappho and Alceaus, Amsterdam 1971.
LP : E. Lobel and D.L. Page, Poetarum Lesbiorum fragmenta (Oxford, Clarendon Press, 1955, repr. 1968 (1e éd. corr.), 2e éd. 1963).

Littérature secondaire, traductions, anthologies

 

Œuvre                          biographie | bibliographierecueil restitué | fragments

Sappho était déjà célèbre dans l’Antiquité : elle était considérée par les Grecs comme égale à Homère ; Platon en a fait la dixième muse (Anth. Pal. 9, 506 ; cf. Plut. Amat. 18). Antipater de Thessalonique au second siècle avant J.C. rangeait Sappho dans la liste des neuf poétesses. Méléagre la cite dans son Canon. Strabon (xiii. p. 617) dit d’elle Θαυμαστόν τι χρῆμα  « une merveille ».

À son époque déjà, s’il faut en croire la tradition, la récitation de l’un de ses poèmes créa une telle impression sur Solon qu’il exprima le désir de l’apprendre avant que de mourir (ἵνα μαθὼν αὐτὸ ἀποθάνω, Élien apud Stob. Serm. 29.58).

Ses poèmes étaient présentés au public en diverses occasions et à plusieurs reprises; c’est ainsi qu’ils furent mémorisés et préservés pendant plusieurs siècles avant d’être rassemblés trois cents ans après sa mort à Alexandrie, en 9 livres. La poésie de Sappho fut traduite avec respect en latin et beaucoup de ses poèmes avaient survécu jusqu’à la fin de l’Antiquité. Des poètes latins comme Catulle et Horace connaissaient son oeuvre. Horace utilise fréquemment la strophe saphique. Sans parler des imitations par Horace ou Catulle.

Les livres de Sappho auraient été brûlés par les Chrétiens en 380 à l’instigation de Grégoire de Nazianze. Puis de nouveau en 1073, à Byzance, l’évêque Grégoire VII aurait fait déchirer ses neuf livres et disparaître les dernières traces de son oeuvre.

Muse accordant deux cithares
(coupe attique à fond blanc du peintre d'Hésiode, prov. d'Érétrie, vers 470-460)
(Musée du Louvre CA482)

Certains de ses poèmes comptaient plus de cent lignes (par ex. l'ode de 130 vers qui ouvrait le livre VIII, fr. 103 LP), mais nous n’en avons conservé que des fragments, le plus important comptant une trentaine de vers, grâce à des papyrus d’Égypte. Le fr. 1 semble le seul complet. En 2004, on a découvert un nouveau poème de Sappho sur un papyrus de Cologne. Mais la recherche papyrologique apporte tous les jours de nouvelles découvertes (par ex. le fr. 29.25a qui recolle avec le fr. 24a).

Sappho  a écrit un grand nombre d’odes, d’épigrammes, d’élégies, d’épithalames et inventé la strophe appelée saphique. La Souda lui attribue des épigrammes, des élégies, des iambes et des monodies. Ce dernier terme désigne des poèmes destinés à être chantés par un chœur, mais par un seul récitant, caractéristique de la plus grande partie de la lyrique éolienne, tandis que la lyrique dorienne était essentiellement chorale (Alcman). Quant aux iambes mentionnés par la Souda, s’il est vrai que l’on trouve des mètres iambiques dans l’œuvre de Sappho, ce terme n’a rien à voir avec Archiloque par exemple.

Ses hymnes aux dieux (οἱ κλητικοὶ ὕμνοι, c’est-à-dire en fait des prières) sont mentionnés par le rhétoricien Ménandre (Encom. 1.2), qui nous rapporte qu’ils s’adressaient surtout à Artémis et à Aphrodite (cf. frr. 1 et 2), et qu’ils mentionnaient les divers endroits de leurs cultes. Un de ses hymnes à Artémis fut imité par Damophylè (Philostr. Vit. Soph. 1.30). Les deux fr. où il est question d’Adonis (140 et 168 LP) peuvent avoir appartenu eux aussi à des hymnes.

En ce qui concerne les élégies et les épigrammes, Sappho avait sa place dans la Couronne de Méléagre, qui contenait « peu de choses de Sappho, mais ce sont des roses » ; cela ne signifie toutefois pas que ces vers fussent en distiques élégiaques. L’Anthologie grecque contient trois épigrammes atttribuées à Sappho (frr. 157, 158 et 159 D), mais leur authenticité est contestée. Dionysius (5.23) citait Sappho comme le meilleur exemple de composition fleurie et élégante (γλαφυρᾶς καὶ ἀνθηρᾶς συνθέσεως).

L’epithalamium, une espèce de chant improvisé à la porte des jeunes mariés, acquiert une forme littéraire avec Sappho. Il vaut la peine de noter que le livre IX regroupait 14 épithalames de mètres variés (frr. 104-117), et était intitulé Épithalames. Mais le livre VIII contient 9 épithalames sur 10 odes (v. fr. 103 LP). On a aussi un épithalame au fr. 44 LP du livre II et peut-être au fr. 127. Ce genre constitue plus du quart de l'oeuvre (conservée) de Sappho.

Plusieurs grammairiens antiques ont écrit sur Sappho et son œuvre, parmi lesquels Chamaeléon (Ath. xiii, 599c) et Callias, qui fut aussi un commentateur d’Alcée (Strab. xiii, 618). Dracon de Stratonice écrivit sur la métrique de Sappho (Suid. s.v. Δράκων) ; et Alexandre le Sophiste fit des conférences sur sa poésie (Aristid. Epitaph. 85). Il y avait également quelques commentaires (ὑπομνήματα) anonymes (cf. frr. 103, 261). Une partie de ses huit livres firent l’objet d’une anthologie (Eclogae) par un certain Sopater (Phot. Bibl. Cod. 161).

*    *    *    *    *

Sa poésie puise à deux traditions : d’une part Terpandre (cf. T.3a), d’autre part une certaine culture féminine dans une société qui doit beaucoup à la Lydie toute proche et donc assez différente des autres sociétés grecques. Entre l’enfance et le mariage, les jeunes filles aristocratiques étaient confiées à des femmes en vue qui les préparaient à leurs futures tâches ménagères et sociales (cf. frr. 27, 133 LP).

Sappho fut une poétesse lyrique, et on lui a attribué la direction d’un mouvement esthétique qui s’éloignait des thèmes classiques traitant des dieux pour s’intéresser à des thèmes de l’expérience humaine individuelle. La plupart de ses poèmes (en dialecte éolien), à l’origine accompagnés de musique, décrivent certes la passion amoureuse et ses conséquences, comme dans le célèbre fr. 31. Longin, dans son traité du Sublime, a loué ce poème : « Elle est tour à tour glacée et brûlante, insensée et raisonnable, effrayée et près de mourir ... Les amants éprouvent tout cela ; mais la supériorité de Sappho, comme je l’ai dit, réside dans le fait d’avoir adopté et combiné les détails les plus frappants. »

Certes au fr. 16 LP, Sappho déclare que ce qui l’intéresse avant tout, voire exclusivement, c’est l’être aimé. Il est un fait que Sappho parle à la première personne et décrit des expériences personnelles : « Sitôt que je te vois, ne fût-ce qu’un instant, aucun son ne passe plus mes lèvres, mais ma langue se sèche » (fr. 31 LP, où elle dépeint la jalousie qu’elle ressent pour l’homme qui, assis en face d’une jeune fille, entend sa « voix si douce et ce rire charmant »).

Mais une étude plus approfondie de son œuvre montre qu’elle suivait les lois d’autres genres conventionnels, comme l’épinicie (fr. 16), l’encomion (ép. II du livre VIII, fr. 103), les poèmes d’adieu (fr. 24a, 25, 31, 27, 92, 94, 95), d’absence (fr. 96) ; elle a également consacré des odes et des prières aux dieux (frr.1, 2, mais aussi 5, 15, 17, 20 ?, 33, 35, 40 ; 53, 60, 65, 86, 101, 124, 127 et 159). Elle a enfin touché à la poésie gnomique (frr. 148, 16, 2650, 58, v. 18; 35B).

Et dans le cadre social de ses poèmes, récités lors des fêtes religieuses de la Cité et dans les fêtes de famille des notables, à l’image d’Alcman, c’est avant tout le chœur qui s’exprime, parfois par la bouche de la cheffe de chœur, qui n’est pas nécessairement Sappho, mais peut être l’une de ses élèves, « major » de la promotion. Le « je » employé par Sappho est dès lors un « je » de convention, comme dans les poèmes d’Alcman. Même les poèmes monodiques de Sappho ont été interprétés par certains comme des espèces de représentations mimées, où le « je » est une nouvelle fois conventionel ; par exemple les adieux de la jeune mariée à sa mère (fr. 102). Le cas est évident dans les chants alternés (fr. 140) de la fête d’Adonis, ou les chants alternés garçons-filles du fr. 114 lors d’un mariage, voire dans le fr. 137, où l’on a voulu voir Alcée et Sappho, et où il peut très bien s’agir d’une espèce de jeu entre le fiancée et la jeune mariée. Bien d’autres poèmes où Sappho parle à la première personne ont été des prologues à des fêtes, soit religieuses (frr. 2, 17, 35, 53, 103, 128) soit sociales (27, 30, 43, 112, 116). Même le fr. 1, à Aphrodite, ou le fr. 31 peuvent être interprétés dans ce sens : la description des symptômes de la passion érotique serait une manière de rendre hommage à la mariée qui les déclenche.

Si tel n’était pas le cas, comment expliquer qu’elle ait eu des concurrentes dont elle a tenu à se démarquer (frr. 55, 57, 133).

Car Sappho avait une haute idée de son travail poétique. Elle est fière de son art et de son génie. Les Muses lui ont donné la gloire (fr. 32). Quand la vie lui sera ôtée, elle ne veut pas que sa fille la pleure : « Les thrènes ne conviennent pas à la demeure des poètes » (fr. 150). Son souvenir ne périra pas (fr. 147). Elle vante une jeune fille pour son talent (σοφία, fr. 56), elle en menace une autre de l’oubli pour le motif contraire (fr. 55) : « Tu mourras, et de toi, alors et à jamais, rien ne subsistera, parce que tu n’as point de part aux roses de la Piérie ; obscure habitante des demeures d’Hadès, tu voltigeras parmi les morts inconnus ».

*    *    *    *    *

Quelques remarques sur la musique et le mètre de Sappho.

Hérodote appelle Sappho μουσοποιός, la Souda utilise les termes plus précis de λυρική et de ψάλτρια. Ce qui veut dire que l’instrument de Sappho était la harpe, soit sous sa forme éolienne (barbiton) soit sous sa forme lydienne (pectis), toutes deux jouées avec les doigts seulement. Athénée (xiv, 635b. c.) d’ailleurs attribue l’invention de cette dernière à Sappho (cf. l’invention du plectrum dont parle Suid., sans doute due à une confusion pectis / plectrum, ou à une mauvaise compréhension du mot pectis, le plectrum ne s’employant que pour la phorminx).

Sappho devait utiliser essentiellement le mixolydien, dont le caractère tendre et plaintif état admrablement adapté à ses poèmes, et dont l’invention lui est attribuée par Aristoxène, bien que d’autres l’attribuent à Pythocléidès, ou à Terpandre (Plut. de Mus. 16, 28, pp. 1136e, 1140f).

Le mètre de Sappho différe du mètre alcaïque essentiellement par le fait qu’une syllabe courte termine le vers, alors qu’elle commence le vers alcaïque. Ce qui lui donne un rythme trocaïque et non iambique. Pour le détail, voir ci-dessous.


Recueil                           biographie | bibliographie | oeuvre | fragments
 
Vu le nombre des fragments de Sappho, nous avons renoncé à les reproduire ici. Nous ne donnons que les frr. cités dans le texte.
Nous suivons l’édition de base de
* E. Lobel and D.L. Page, Poetarum Lesbiorum fragmenta. Oxford, Clarendon Press, 1955 (repr. 1968, 1st ed. corr.) = LP.

Nous n’avons consulté que la version électronique, sans introduction, ni notes, ni commentaires, ni testimonia. Pour cela, nous avons eu recours à l’édition de
* E. Diehl, Anthologia lyrica, Leipzig 1937 = D.
Pour reconstituer la forme générale de l’œuvre et l’interprétation qu’il faut en donner, avec quelques restitutions éclairantes, nous suivons
* François Lasserre, Sappho, une autre lecture ; Padova, Antenore, 1989. = Lass.

Pour une concordance entre les différentes éditions, cliquer ici.



Nous savons par la Souda que l’œuvre de Sappho, dans son édition alexandrine, était composée de 9 livres. Les 8 premiers livres sont constitués sur la base du mètre, le 9e regroupant des épithalames de mètres variés. Il y avait sans doute aussi des livres d'élégies et d'hymnes (Croiset).

Livre Ι (LP frr. 1-42)

Il regroupait tous les poèmes en strophes saphiques, totalisant 1320 vers longs, ou 1760 vers courts,
en hendécasyllabes saphiques   ˉ ˘ ˉ x | ˉ ˘ ˘ ˉ   ˘ ˉ x 
les 3e et 4e vers de la strophe constituant, dans l’édition alexandrine, un vers long de 16 syllabes
ˉ ˘ ˉ x | ˉ ˘ ˘ ˉ   ˘ ˉ x  ||  ˉ ˘ ˘ ˉ  x   (cf. Dain, Métrique 137, 265, 266).

Le fr. 1 semble complet ; il compte 28 vers.

Le livre devait ainsi compter 50-60 poèmes. Selon Lasserre, les frr. 1, 2, 5, 15 et 20 seraient des prières.

Diehl, introduction au fr. 1 : Sacerd. gramm. VI, 546, 8 : genus est illud asynartetum, quo usa est Sappho per totum librum suum primum. Cf. Scholia (vetera) in Pind., Pyth. 1, scholion metr, l. 13 : τὸ γʹ ἑνδεκασύλλαβον Σαπφικόν, ᾧ τὸ πρῶτον ὅλον Σαπφοῦς γεγραμμένον.

Diehl, introduction au fr. 19 (LP 36) : Ἄμμε Αἰολεῖς· « ὄπταις ἄμμε », Σαπφὼ πρώτῳ (Apoll. Dysc., De pron. 1,1, 100, 7).

Après le fr. 30 LP, on peut lire : μελῶν αʹ  ΧΗΗΗΔΔ « premier livre : 1320 vers ». Ce fr. devait donc être le dernier du livre I (comme Diehl l’avait déjà considéré, fr. 39).

Lasserre lui (pp. 132-133), considère que le dernier poème du livre I est le fr. 27 LP.

Livre IΙ (LP frr. 43-52)

Tout entier écrit en pentamètres dactyliques acatalectiques ou pentamètres éoliens, de 14 syllabes

xx   ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ x     (cf. Dain, Métrique 127).

Diehl, introduction au fr. 40 (LP 49) : Heph., Ench. de metris 23, 16 : Τῶν δὲ ἀκαταλήκτων (δακτυλικῶν) τὸ μὲν πεντάμετρον καλεῖται Σαπφικὸν τεσσαρεσκαιδεκασύλλαβον, ὧ τὸ δεύτερον ὅλον Σαπφοῦς γέγραπται.

Diehl, introduction au fr. 42 (LP 46) : Αἰολεῖς ὔμμες· « οὔ τί μοι ὔμμες »· « ἃς θέλετ' ὔμμες », ἐν δευτέρῳ Σαπφώ (Apoll. Dysc., De pron. 1,1,  93, 26).

Diehl, introduction aux frr. 43-44 (LP 45) : ἀλλὰ μέμνηται Σαπφὼ ἐν δευτέρῳ « ἔγω δ' ἐπὶ μαλθάκαν … » (Herod., Περὶ μονήρους λέξεως 3,2, 945, 9).

Diehl, introduction au fr. 55 (LP 44 = épithalame) : καὶ Σαπφὼ δ' ἐν τῷ βʹ ἔφη · « πολλὰ δ' ἀνάριθμα ποτήρια » (Athen. 11, 2, 21 Kaibel).

Le vers 1 du fr. 49 est certainement le vers initial du premier poème du livre II, car il est cité comme exemple métrique par Héphestion, De metr. 7.7, p. 23.17 (cf. Lasserre p. 118).

Diehl, fin du fr. 55c (LP 44) : Σαφοῦς μέλη indique certainement la fin du livre, comme l’admettent aussi Edmonds, Lobel-Page et Lasserre.


Livre IIΙ (LP frr. 53-57)

Tout entier en vers asclépiades majeurs de 16 syllabes   xx   ˉ ˘ ˘ ˉ    ˉ ˘ ˘ ˉ    ˉ ˘ ˘ ˉ    ˘ ˉ

(v. Dain, Métrique 131). 

Diehl, introduction au fr. 56 (LP 54) : Hephaest., Enchiridion de metris 34, 13 : Τὸ δὲ ἀκατάληκτον (ἀντισπαστικὸν τετράμετρον) καλεῖται Σαπφικὸν ἑκκαιδεκασύλλαβον, ᾧ τὸ τρίτον ὅλον Σαπφοῦς γέγραπται, πολλὰ δὲ καὶ Ἀλκαίου ᾄσματα.

Livre ΙV ? (LP frr. 58-91; cf. P.Oxy. 15.1787) 

fr. 82a : tétramètres ioniques majeurs, de 16 syll.  xx   ˉ ˉ ˘ ˘    ˉ ˉ ˘ ˘    ˉ ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˉ x

(v. Dain, Métrique 217).

Diehl, introduction au fr. 63 (LP 82) : Hephaestion, Enchiridion de metris 36, 16 : καὶ τετράμετρα δὲ (ἰωνικὰ ἀπὸ μείζονος) ἀκατάληκτα διαφόρως συνέθεσαν (οἱ Αἰολεῖς)· ἢ γὰρ τρισὶν ἰωνικαῖς μίαν τροχαϊκὴν τὴν τελευταίαν ἐπήγαγον—καλεῖται δὲ Αἰολικόν, ὅτι Σαπφὼ πολλῷ αὐτῷ ἐχρήσατο—οἷον ...

D.84a (LP 60): la mention Σαπ[φοῦς] με[λῶν δ ?] indique sans doute la fin du livre (IV ?).

Livre V ? (LP frr. 92-101)

Le livre V regroupait, croit-on, les pièces composées d’une série de distiques de deux tétramètres ioniques majeurs (ou parasclépiades) de 16 syll. 

x ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˉ x    x ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˉ x     (v. Dain, Métrique 239).

Diehl, introduction au fr. 85 (LP 100) : Fortun. 295, 2 (de Asclepiadeo metro) Sappho hoc integro usa est libro quinto. Pollux 7, 73 : ἐν δὲ τῷ πέμπτῳ τῶν Σαπφοῦς μελῶν ἔστιν εὑρεῖν « ἀμφὶ λάβροις … ». Ce fragment est sans doute le premier du livre.

Diehl, introduction au fr. 99 (LP 101) : Σαπφὼ δ' ὅταν λέγῃ ἐν τῷ πέμπτῳ τῶν μελῶν πρὸς τὴν Ἀφροδίτην · « χειρόμακτρα δὲ καγγονων » (Athen. 9, 79, 29 Kaibel).

Mais on trouve aussi dans ce livre des Hendécasyllabes phaléciens   xx   ˉ ˘ ˘ ˉ   ˘ ˉ ˘ ˉ ˉ (v. Dain, Métrique 140).

Diehl, introduction au fr. 85 (LP 100) : Caes. Bass. gramm. VI, 258, 5 (hendecasyllbus phalaecius) apud Sappho frequens est, cuius in quinto libro complures huius generis et continuati et dispersi leguntur.

Quant au fr. 94, vv. 3, 6, etc., il est en tétramètres dactyliques éoliens de 11 syll. 

xx   ˉ ˘ ˘   ˉ ˘ ˘   ˉ ˘ x    (v. Dain, Métrique 126).

fr. 96 (v. Dain, Métrique 267) : strophe faite d’un seul grand vers en trois κῶλα, avec synaphie complète (glyconien précédé d’un crétique, glyconien, phalécien).

Livre VI ???

Livre VIΙ  (LP fr. 102)

Tétramètres iambiques catalectiques (tétramètre lyrique) de 15 syllabes 

˘ ˉ ˘ ˉ    ˘ ˉ ˉ    ˘ ˘ ˉ ˘ ˉ   ˘ ˉ ˉ    (v. Dain, Métrique 209).

Diehl, introduction au fr. 114 (LP 102) : Hephaest., 34, 9 : ἔστι δὲ πυκνὸν (ἐν τοῖς ἀντισπαστικοῖς τετραμέτροις καταληκτικοῖς) καὶ τὸ τὴν δευτέραν μόνην ἀντισπαστικὴν ἔχον, ᾧ μέτρῳ ἔγραψεν ᾄσματα καὶ Σαπφὼ ἐπὶ † τῆς τοῦ ἑβδόμου «γλυκῆα μᾶτερ».

Ce fragment devait sans doute être le premier du livre puisqu’il est cité comme exemple de la versification de ce livre par Héphestion.

Le fragment 102 est sans doute le dernier de ce livre.

Livre VIΙI  (LP fr. 103)

Livre composé de 10 odes, dont la première comptait 13n vers (cf. les 1320 vers du livre I).

Les odes 2-10 étaient intitulées Épithalames, avec le schéma métrique suivant :

ˉ ˘ ˘ ˉ    ˉ ˘ ˘ ˉ    ˉ ˘ ˘ ˉ    ˘ ˉ ˉ (tétramètres choriambiques catalectiques de 15 syllabes)

cf. Lasserre pp. 17 sqq.

[          Εἰς τὸ τῶν Σαπφοῦς] μελ̣̣[ῶν η
[Στίχοι μὲν ἐγράφ]η̣σαν ἐν τῷ κ̣[εφαλαίῳ
[····, ᾠδ]α̣ὶ δὲ (δέκα) κ(αὶ) ἑκάστης ὁ (πρῶτος) [στίχ(ος) ὅδε·

[            Εἰς τὴν ᾠδῶν] α  στίχ(ων) ρλ[̣ ]
[Οὐκ ἐπιγράφεται· αἱ δὲ] μετὰ τὴν πρώτην̣ [τεταγ-
[μέναι ἐννέα ᾠδαὶ ἐπι]φέρονται ἐπιγεγραμ̣[μέναι
[               Ἐπιθα]λάμια

Commentaire au livre VIII des Chants de Sappho.
Furent écrits, au total, … vers, et 10 odes.
Et de chacune, voici le premier vers.

...
Commentaire à l’ode 1, de 13(0) vers. Elle ne porte pas de titre.

En revanche, les neuf qui ont été placées après la première lui font suite sous le titre Épithalames.

Livre IX Épithalames (LP frr. 104-117)

Diehl, introduction au fr D.115 (LP 106) : Schol. Virg. Georg. 1, 31 : Sappho … in libro qui inscribitur  Ἐπιθαλάμια ait (LP 116).

Cf. Lasserre p. 33.

fr. 113 : parasclépiade majeur de 15 syllabes (v. Dain, Métrique 131).

ˉ ˘    ˉ ˘ ˘ ˉ    ˉ ˘ ˘ ˉ   ˉ ˘ ˘ ˉ   ˉ

Incerti loci (LP 118-)

Sappho a également écrit des ithyphalliques (fr. LP 127 : cf. Hephaestion, Enchiridion de metris 55, 21 : Καὶ τὸ ἐξ ἰθυφαλλικῶν δύο ἡ Σαπφὼ πεποίηκε : « δεῦρο δηῦτε Μοῖσαι… »)

Le fr. D.94 (LP adesp.) est en tétramètre ionique majeur (ou parasclépiade)  de 16 syllabes

x ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˉ x  |  x ˉ ˘ ˘    ˉ ˘ ˉ x   (v. Dain, Métrique 239). Cf. livre 5.

v. aussi Dain, Métrique 139 : décasyllabe saphique, ennéasyllabe saphique.

Reconstitution de l’œuvre

Livre I (LP frr. 1-42)

Commençait sans doute par le fr. 1.
Se terminait par le fr. 30 LP.

Livre II (LP frr. 43-52)

Commençait par le fr. 49.
On peut reconstituer la série finale suivante

            44A Lass. = Alcée fr. 304, mais réattribué à Sappho, après LP, par Treu et Voigt, et admis comme tel par Lass.
            43 LP
            44 LP, un épithalame qui terminait le livre II.

Livre III (LP frr. 53-57)

Livre IV (LP frr. 58-91)

            Se terminait peut-être par le fr. LP 60.

Livre V (LP frr. 92-101)

Livre VI

Livre VII (LP fr. 102)

            Ce fr. était sans doute le premier du livre

Livre VIII (LP fr. 103)

1 ode
9 épithalames

Livre IX : Épithalames (LP frr. 104-117)



Quelques fragments                          biographie | bibliographie | oeuvre | recueil restitué

Nous n'avons pu résister au plaisir de donner ici les traductions d'André Bonnard (Civilisation grecque). Nous citons également, en hommage, des traductions de Fr. Lasserre ou de Ph. Brunet, ainsi que d'autres traductions, parfois très conjecturales, pour servir à l'histoire de Sappho après Sappho...

fr. 1) Prière à Aphrodite

πο]ικιλόθρο[ν' ἀθανάτ' Ἀφρόδιτα,
παῖ] Δ[ί]ος δολ[όπλοκε, λίσσομαί σε,
μή μ'] ἄσαισι [μηδ' ὀνίαισι δάμνα,
     πότν]ια, θῦ[μον,
ἀλλ]ὰ τυίδ' ἔλ[θ', αἴ ποτα κἀτέρωτα
τὰ]ς ἔμας αὔ[δας ἀίοισα πήλοι
ἔκ]λυες, πάτρο[ς δὲ δόμον λίποισα
     χ]ρύσιον ἦλθ[ες
ἄρ]μ' ὐπασδε[ύξαισα· κάλοι δέ σ' ἆγον
ὤ]κεες στροῦ[θοι περὶ γᾶς μελαίνας
πύ]κνα δίν[νεντες πτέρ' ἀπ' ὠράνω ἴθε-
     ρο]ς διὰ μέσσω·
αἶ]ψα δ' ἐξίκο[ντο· σὺ δ', ὦ μάκαιρα,
μειδιαί[σαισ' ἀθανάτωι προσώπωι
ἤ]ρε' ὄττ[ι δηὖτε πέπονθα κὤττι
     δη]ὖτε κ[άλ]η[μμι
κ]ὤττι [μοι μάλιστα θέλω γένεσθαι
μ]αινόλαι [θύμωι· τίνα δηὖτε πείθω
λᾶ]ις ἄγην [ἐς σὰν φιλότατα; τίς σ', ὦ  Lasserre
    Ψά]πφ', [ἀδικήει;
κα]ὶ γ[ὰρ αἰ φεύγει, ταχέως διώξει,
<αἰ δὲ δῶρα μὴ δέκετ', ἀλλὰ δώσει,>
<αἰ δὲ μὴ φίλει, ταχέως φιλήσει>
       <κωὐκ ἐθέλοισα.>
<ἔλθε μοι καὶ νῦν, χαλέπαν δὲ λῦσον>
<ἐκ μερίμναν, ὄσσα δέ μοι τέλεσσαι>
<θῦμος ἰμέρρει, τέλεσον, σὺ δ' αὔτα>
      <σύμμαχος ἔσσο.> 
Parée de couleurs brillantes, immortelle Aphrodite, fille de Zeus, ourdisseuse de séductions, je te supplie, ô souveraine, de ne pas accabler mon coeur de dépits et de chagrins.

Au contraire, viens ici, s'il est vrai qu'un jour déjà, en une autre occasion, entendant de loin ma voix tu m'exauças et tu abandonnas le palais doré de ton père pour atteler ton char et venir.

Battant des ailes à coups pressés, par le milieu des airs de beaux et rapides passereaux te menèrent du ciel jusqu'à la noire terre ;

bientôt ils y parvinrent, et toi, ô bienheureuse, souriant de ton divin visage, tu me demandas ce qui, de nouveau, m'arrivait, pourquoi, de nouveau, je t'appelais

et ce que je souhaitais d'un coeur si passionné voir plus que tout s'accomplir: "Qui veux-tu de nouveau que Péitho amène à t'aimer ? Qui, ô Sappho, te fait injustice ?

En vérité, si l'on te fuit, bientôt on te recherchera ; si l'on n'accepte pas tes cadeaux, à l'inverse on t'en donnera ; si l'on ne t'aime pas, bientôt on t'aimera, même sans le vouloir".

Viens à mon appel aujourd'hui encore, délivre-moi du tourment qui me pèse, et tout ce que mon coeur désire voir s'accomplir, accomplis-le : sois toi-même mon alliée!

(trad. Fr. Lasserre)

fr. 2 + 2.1a) Prière à Aphrodite-Cypris

                                      ] καράνο-
     θεν κατίοι
[σα,
δεῦρύ μ΄ ᾆ Κρήτεσ<σ>ι πρ[ὶν ἔλ]θ΄ ἔναυλον 
    Lasserre
ἄγνον ὄππ[αι τοι ] χάριεν μὲν ἄλσος
μαλί[αν], βῶμοι δ΄ἔ<ν>ι θυμιάμε-       Lasserre
     νοι [λι]βανώτωι·
ἐν δ' ὔδωρ ψῦχρον κελάδει δι' ὔσδων
μαλίνων, βρόδοισι δὲ παῖς ὀ χῶρος
ἐσκίαστ', αἰθυσσομένων δὲ φύλλων
     κῶμα κατέρρει·
ἐν δὲ λείμων ἰππόβοτος τέθαλε
†τω̣τ∙∙∙ι̣ριννοισ† ἄνθεσιν, αἰ δ' ἄηται
μέλλιχα πνέοισιν [
     [       ]
ἔνθα δὴ σὺ στέμ<ματ'> ἔλοισα Κύπρι
χρυσίαισιν ἐν κυλίκεσσιν ἄβρως
ὀμ<με>μείχμενον θαλίαισι νέκταρ 
     οἰνοχόαισον .
... descendant du sommet du ciel,

viens à mon appel, là où autrefois tu venais pour les Crétois, dans ce vallon sacré, ce bois charmant de cognassiers où l'encens fume sur les autels.

Là, une eau fraîche murmure entre les rameaux chargés de coings, les roses ombragent toute la place et le sommeil ruisselle des frondaisons mobiles.

Là, dans la prairie des cavales, s'épanouit la fleur du thym et les souffles de la brise exhalent un parfum de miel ...

En ce lieu, ô Cypris, parée de bandeaux sacrés, verse dans les coupes d'or le nectar de ce vin voluptueusement mêlé à nos fêtes.

(trad. Fr. Lasserre)


fr. 5) prière pour Charaxos
Κύπρι καὶ] Νηρήιδες ἀβλάβη[ν μοι
τὸν κασί]γνητον δ[ό]τε τυίδ' ἴκεσθα[ι
κὤσσα Ϝ]ο̣ι̣ θύμωι κε θέληι γένεσθαι
       πάντα τε]λέσθην,
ὄσσα δὲ πρ]όσθ' ἄμβροτε πάντα λῦσα[ι
καὶ φίλοισ]ι Ϝοῖσι χάραν γένεσθαι 
κὠνίαν ἔ]χθροισι, γένοιτο δ' ἄμμι      Lasserre
[       μήκετ΄ ἀκδεις·       Lasserre
τὰν κασιγ]νήταν δὲ θέλοι πόησθαι̣ 
[ἔμμορον] τίμας, [ὀν]ίαν δὲ λύγραν       Lasserre
[κουφίσαιτ]ο τὸῖσι π[ά]ροιθ' ἀχεύων      Lasserre
[       θῦμον ἐδάμ
]να·       Lasserre
[« μὴ ΄ξίω βάξεισ ἀΐω[ν] τὸ κέγχρω       Lasserre
[χέρρον, ἀλ]λ’ ἐπαγ̣[ορί]α πολίταν       Lasserre
[περρέχοις ἄ]λλως, [ἐπό]νηκε δ' αὖτ' οὐ       Lasserre
[       θην διὰ μά
]κρω·       Lasserre
[τἆμ’ ἄκουσ]ον αἰ κ[λ]έο[ς ἀξιώ]ει »       Lasserre
[Ἄ μέν ἐστ’] εὔχα· σὺ [δ]ὲ̣ Κύπ̣[ρ]ι σ[έμ]να       Lasserre
[δόξαν αὖτις εὖ] θεμ[έν]α κάκαν      Lasserre
[              ]ι. 
O Cypris et vous, Néréides, accordez-moi que mon frère revienne ici sain et sauf, que s'accomplisse tout ce dont son coeur souhaite pour lui la réalisation,

que s'effacent toutes les fautes qu'il a commises auparavant et qu'il soit à ses amis sujet de joie, mais de trouble à ses ennemis ! Et puisse-t-il cesser de n'avoir cure de nous !

À sa soeur puisse-t-il témoigner du respect, et à ceux dont il brisait jusqu'à présent le coeur puisse-t-il enlever le poids d'une peine qui les afflige !

« Ne prends pas au sérieux les commérages qui parviennent à tes oreilles : cela vaut moins qu'un grain de mil. Mais montre-toi de beaucoup supérieur à tes concitoyens dans tes accusations ! Et reviens-nous avant qu'il soit longtemps !

Entends ce que je dis, si tu te soucies de ton bon renom !
 » Telle est ma prière. Et toi, vénérable Cypris, sois-nous favorable, en rétablissant une réputation diffamée !
(trad. Fr. Lasserre)
Ce fragment a été complété par un nouveau papyrus publié en 2014.

fr. 15b) Prière à Cypris en faveur de son frère Charaxos
[           ]α̣ μάκαι̣[ραι                 Lasserre
[           ] ε̣ὐπλόϊ[α
[        ὠνύ]ματος κα[ 
      [             ] 
[ὄσσα δὲ πρ]όσθ΄ [ἄμ]βροτε κῆ[να λῦσαι 
[οὐριω]άταις [δ΄ ἀ]ν̣έμ̣[ων ἀήται]ς
[εὖθυ σὺν] τύχᾳ λίμε̣νος κλ[εΐθρω
[       τυίδε λά]β[εσθαι,] 
Κύ]πρι κα[ί σ]ε πι[κροτάτ]α̣ν ἐπεύρ[οι 
μη]δὲ καυχάσ[α]ι̣το τόδ' ἐννέ[ποισα 
Δ]ω̣ρίχα τὸ δεύ[τ]ερον ὠς πόθε[ννος
        εἰς] ἔρον ἦλθε.    <marque de fin de poème>
Bienheureuses ...
et toi déesse bienveillante aux navigateurs ... accordez-moi ...
de son nom ...

et qu'il répare toutes les fautes qu'il a commises auparavant,
et qu'au souffle des vents les plus favorables
il gagne ici, tout droit, la chaîne du port,
ô Cypris !
Et de plus, que Doricha te trouve la dureté même
et qu'elle ne puisse proclamer en se vantant
que pour la seconde fois son bien-aimé
s'est rendu à ses désirs.

(trad. Lasserre)

fr. 16) Épinicie pour Anactoria

ο]ἰ μὲν ἰππήων στρότον οἰ δὲ πέσδων
οἰ δὲ νάων φαῖσ' ἐπ[ὶ] γᾶν μέλαι[ν]αν
ἔ]μμεναι κάλλιστον, ἔγω δὲ κῆν' ὄτ-
       τω τις ἔραται·
πά]γχυ δ' εὔμαρες σύνετον πόησαι
π]άντι τ[ο]ῦ̣τ', ἀ γὰρ πόλυ περσκέ̣θ̣ο̣ι̣σ̣α
κ̣άλ̣λο̣ς̣ [ἀνθ]ρ̣ώπων Ἐλένα [τὸ]ν ἄνδρα
       τ̣ὸν̣ [μέγ΄ ἄρ]ιστον      Lasserre
κ̣αλλ[ίποι]σ̣' ἔβα 'ς Τροΐαν πλέοι̣[σα
κωὐδ[ὲ πα]ῖδος οὐδὲ φίλων το[κ]ήων
π̣ά[μπαν] ἐμνάσθη, ἀλλὰ παράγ̣α̣γ̣' α̣ὔταν
       [Πείθω ἔκοι]σαν      Lasserre
[εὔθυς εὔκ]αμπτον γὰρ [ἔχοισα θῦμο]ν      Lasserre
[ἐν φρέ]σιν κούφως τ[ὰ φίλ΄ ἠγν]όη[ε]ν̣      Lasserre
] μ̣ε̣ νῦν Ἀνακτορί[ας ὀ]ν̣έ̣μναι-      Lasserre
       σ' οὐ ] παρεοίσας,
τᾶ]ς τε βολλοίμαν ἔρατόν τε βᾶμα      Lasserre
κἀμάρυχμα λάμπρον ἴδην προσώπω
ἢ τὰ Λύδων ἄρματα κἀν ὄπλοισι      Lasserre
       [πεσδομ]άχεντας.      Lasserre
[    ]∙μεν οὐ δύνατον γένεσθαι
[    ]∙ν ἀνθρωπ[∙∙∙π]εδέχην δ' ἄρασθαι
[                    ]
       [                    ]
[                    ]
[                    ]
[                    ]
       προσ[
̣ς δ[      Lasserre
∙∙]∙[
∙]∙[∙]ω̣λ̣∙[ 
       τ' ἐξ ἀδοκή[τω΄      Lasserre
La plus belle chose au monde, les uns disent que c'est un troupe de cavaliers, d'autres de fantassins, d'autres encore, une flotte de navires. Mais je dis, moi, que c'est ce qui vous attire.

Rien de plus facile que de le faire comprendre à chacun ! Qu'on pense à celle qui l'emporta de beaucoup par sa beauté sur tout le genre humain, Hélène : elle abandonna son époux, l'homme de loin le plus valeureux qui fût,

pour traverser la mer et se rendre à Troie, sans même une pensée pour sa fille ni pour ses propres parents et séduite, tout au contraire, sur-le-champ et de bon gré par Péitho,

car en son sein elle abritait un esprit inconstant qui lui fit aisément ignorer les siens. Péitho aujourd'hui me fait souvenir d'Anactoria, loin de moi,

elle dont je voudrais contempler la démarche séduisante et le visage éclatant de lumière plutôt que des Lydiens les chars de course et les soldats luttant tout armés.

Mais s'il est impossible à l'homme de devenir ... il peut, en revanche, prier les dieux d'avoir part ...
...
...
...
... sans qu'on s'y attendît.

(trad. Fr. Lasserre)
vv. 15-18
Aujourd’hui personne ne se souvient plus
D’Anactoria absente.
Ah ! j’aimerais contempler sa démarche ravissante
Et l’éclat éblouissant de son visage.
(trad. A. Bonnard)

fr. 17) Prière à Héra

πλάσιον δη μ[ 
πότνι' Ἠρα σὰ χ[ 
τὰν ἀράταν Ἀτ[ρέιδαι 
       τοι βασίληες· 
ἐκτελέσσαντες μ[ 
πρῶτα μὲν περι̣∙[ 
τυίδ' ἀπορμάθεν[τες 
       οὐκ ἐδύναντο 
πρὶν σὲ καὶ Δί' ἀντ[ 
καὶ Θυώνας ἰμε̣[ 
νῦν δὲ κ[ 
       κὰτ τὸ πάλ̣[αιον 
ἄγνα καὶ κα̣[ 
π]αρθ[εν 
ἀ]μφι∙[ 
       [       ]
[               ]
∙[∙]∙νιλ[ 
ἔμμενα̣[ 
       [∙?]ρ̣ἀπικε[ 
Qu’à l’instant s’approche de moi …
souveraine Héra, ta (gracieuse) …
que les fils d’Atrée invoquèrent … ces
           princes (illustres) ;
Lorsque, ayant mis fin (aux labeurs) …
tout d’abord …
puis, venus ici, (et voulant partir), ne
            purent le faire,
qu’ils ne t’aient (priée), toi, et Zeus (propice)
et de Thyonè la joyeuse (race) !
Maintenant …
            comme jadis …
purs et (beaux)…
les vierges …
à l’entour …
            …
...
...
...
     ...
(trad. Ph. Brunet)

fr. 22) à Gongyla      

∙]∙ε̣∙[∙∙∙∙]∙[∙∙∙κ]έλομαι σ∙[ 
Γο]γγύλα∙[∙∙∙]α̣νθι λάβοισα∙α∙[ 
πᾶ]κτιν, ἆς̣ σε δηὖτε πόθος τ̣∙[ 
       ἀμφιπόταται 
τὰν κάλαν· ἀ γὰρ κατάγωγις αὔτ̣α[ 
ἐπτόαισ' ἴδοισαν, ἔγω δὲ χαίρω, 
καὶ γ̣ὰρ αὔτ̣α δήπο̣[τ'] ἐμεμφ[ 
       Κ]υπρογεν[ηα 
ὠ̣ς ἄραμα̣[ι 
τοῦτο τῶ[ 
β]όλλομα̣[ι 
... je t'invite ...
Gongyla, ... en prenant la lyre,
tant qu'autour de toi, le Désir voltige
       et qu'il t'auréole,
ô ma belle ! Dès qu'elle vit ta robe,
elle fut séduite. J'en suis heureuse :
la déesse m'a reproché jadis, la
        fille de Chypre,
de prier ...
ce ...
je souhaite

(trad. Ph. Brunet)

fr. 26)
          [          ὄ]ττινα[ς γὰρ
εὖ θέω, κῆνοί με μά]λ̣ιστα πά[ντων
          [      σίνοντα]ι̣ 
car ce sont ceux
que je traite le mieux qui cherchent à me nuire
plus que tous ...


fr. 27) Poème d'adieu
. . .
[             ]κ̣αιπ̣[
[         ]∙[∙]∙[∙]ν̣ος[
       [        ]σι·
∙∙∙]∙καὶ γὰρ ∙η σὺ πάις ποτ’ [ῆσθα       Lasserre
εὐ]ίκ̣ης μέλπεσθ' ἄγι ταῦτα [       Lasserre
∙∙] ζάλεξαι, κἄμμ' ἀπὺ τῶδε κ[ῆρος       Lasserre
       ]δρα χάρισσαι·       Lasserre
σ]τείχομεν γὰρ ἐς γάμον· εὖ δέ [ γ’ οῖσθα       Lasserre
κα]ὶ σὺ τοῦτ', ἀλλ' ὄττι τάχιστα [
πα]ρ̣[θ]ένοις ἄπ[π]εμπε, θέοι [
       [   ]εν ἔχοιεν.
[          ] ὄδος̣ μ[έ]γαν εἰς Ὄλ[υμπον
[          ἀ]νθρω[π   ]αίκ∙[
. . .
...
...
...
Et en effet, tu étais autrefois une enfant prompte à chanter. Allons, pense bien à cela, et, d'un cœur ainsi disposé, sois m'en pleinement reconnaissante !

Car nous marchons vers le mariage, tu le sais bien, toi aussi. Mais, au plus vite, sépare-toi de tes jeunes compagnes, et que les dieux en conçoivent ... !

Le chemin qui mène au grand Olympe est ...
aux mortels
...
(trad. Fr. Lasserre)

frr. 29(25a) et 24a recollent !!!

[     ]∙[ ]ανάγα̣[ 
[  ]∙[   ]ε μνάσεσθ' ἀ[ 
κ]αὶ γὰρ ἄμμες ἐν νεό[τατι      Lasserre
          ταῦτ' ἐπόημμεν. 
πόλλ[α μ]ὲν γὰρ καὶ κά[λα       Lasserre 
]∙∙∙η̣∙[   ]μεν, πόλι[ 
∙]μμε̣[]ο[∙]είαισδ̣[ 
         [∙]∙∙[∙]∙∙[
...
te souvenir, plus tard ;
et en effet, c'est cela que nous faisions
          dans ta jeunesse.
Oui, beaucoup de belles choses
...

(trad. Fr. Lasserre)


fr. 30) Épithalame

. . .
       νύκτ[∙∙∙]∙[
πάρθενοι δ[
παννυχισδοι[σ]α̣ι [                                   Lasserre
σὰν ἀείδοιε̣ν φ[ιλότατα καὶ νύμ-
       φας ἰοκόλπω.
ἀλλ' ἐγέρθε̣ι̣ς, ἠϊθ[έοις
στεῖχε σοὶς ὐμάλικ̣[ας, ἠδ’ ἐλάσσω
ἤπερ ὄσσον ἀ λιγ̣ύφω̣[νος ἄδων
       ὔπνον [ἴ]δωμεν.
Que les jeunes filles ...
dans une fête de toute la nuit ...
chantent ton amour et celui de la mariée
au sein de violettes.
Mais à ton réveil,
rends-toi vers les jeunes hommes, tes compagnons ...
Et nous, cédons moins encore au sommeil
que le rossignol à la voix mélodieuse !

(trad. Fr. Lasserre)

fr. 31) épithalame ?

       φαίνεταί μοι κῆνος ἴσος θέοισιν
        ἔμμεν' ὤνηρ, ὄττις ἐνάντιός τοι
        ἰσδάνει καὶ πλάσιον ἆδυ φωνεί-
            σας ὐπακούει
        καὶ γελαίσας ἰμέροεν, τό μ' ἦ μὰν
        καρδίαν ἐν στήθεσιν ἐπτόαισεν,
        ὠς γὰρ ἔς σ' ἴδω βρόχε' ὤς με φώναι-
            σ' οὐδ' ἒν ἔτ' εἴκει,
       ἀλλ' ἄκαν μὲν γλῶσσα †ἔαγε λέπτον
       δ' αὔτικα χρῶι πῦρ ὐπαδεδρόμηκεν,
       ὀππάτεσσι δ' οὐδ' ἒν ὄρημμ', ἐπιρρόμ-
              βεισι δ' ἄκουαι,
       †έκαδε μ' ἴδρως ψῦχρος κακχέεται† τρόμος δὲ
       παῖσαν ἄγρει, χλωροτέρα δὲ ποίας
       ἔμμι, τεθνάκην δ' ὀλίγω 'πιδεύης
              φαίνομ' ἔμ' αὔται· 
       ἀλλὰ πὰν τόλματον ἐπεὶ †καὶ πένητα†
Il me paraît égal aux dieux
celui qui, face à face,
assis tout près de toi,
entend ta voix si douce,
et ce rire charmant qui, je le jure,
dans ma poitrine affole mon cœur.
Sitôt que je te vois, ne fût-ce qu’un instant,
aucun son ne passe plus mes lèvres,
mais ma langue se sèche,
un feu subtil court soudain sous ma peau,
mes yeux ne voient plus rien,
mes oreilles bourdonnent,
je ruisselle de sueur,
un tremblement me saisit toute,
je deviens plus verte que l’herbe.
Peu s’en faut que je me sente morte.
Mais il faut tout supporter, car même un mendiant...
(trad. A. Bonnard)
v. Philippe Brunet : Sappho. L'égal des dieux, cent versions d'un poème ; Paris, Allia, 1998.


fr. 34) épithalame ?

ἄστερες μὲν ἀμφὶ κάλαν σελάνναν
ἂψ ἀπυκρύπτοισι φάεννον εἶδος,
ὄπποτα πλήθοισα μάλιστα λάμπηι
γᾶν ..
ἀργυρία
Les étoiles autour de la lune radieuse
Voilent de nouveau leur clair visage,
Lorsque, dans son plein, elle illumine la terre
De son plus vif éclat.

(trad. A. Bonnard)


fr. 35) à Aphrodite

ἤ σε Κύπρος καὶ Πάφος ἢ Πάνορμος

Chypre, Paphos ou Panormos te (vénèrent)

fr. 42)

ταῖσι .. ψῦχρος μὲν ἔγεντ' ὀ θῦμος
πὰρ δ' ἴεισι τὰ πτέρα 
Il s’est refroidi le cœur des colombes,
et leurs ailes défaillent.

(trad. A. Bonnard)


frr. 44A-43-44)

           fr. 44A = P.Fouad 239 = Alcée fr. 304 coll. a et b, avant 43.
           fr. 43 : immédiatement avant le fr. 44, sur le même papyrus.
           44 Épithalame (les noces d'Hector et d'Andromaque)
. . .
[                        ]σανορες ∙∙[
[Φοίβῳ χρυσοκό]μαι τὸν ἔτικτε Κόω κ̣[ὀρα
[μίγεισ’ εὐρυβίᾳ Κρ]ονίδαι μεγαλωνύμω̣<ι>
[               ]μέγαν ὄρκον ἀπώμοσε
[       κεφά]λαν· ἄϊ πάρθενος ἔσσομαι
[       μεγά]λ̣ων ὀρέων κορύφα̣ι̣σ' ἔπι
[            τό]δ̣ε νεῦσον ἔμαν χάριν·.»
[          -ένευ]σε θέων μακάρων πάτηρ·
[      ἐλαφάβ]ολον ἀγροτέραν θέο̣ι
[        καλέο]ι̣σιν ἐπωνύμιον μέγα·
[              ] ἔρος οὐδάμα πίλναται·
[                ]∙[∙]∙∙∙μ̣α̣ φόβε[∙∙]´̣έρω·
manquent environ 22 vers
Μοίσαν ἄγλα[α δῶρα
πόει καὶ Χαρίτων [
βραδίνοις ἐπεβ∙[
ὄργας μὴ 'πιλάθεσ̣θαι[
θ̣ν̣άτοισιν· πεδέχ[ην
[          ]δ̣αλίω[ 
. . . 
...
Phoebus aux cheveux d'or qu'enfanta la fille de Coos,
s'étant unie au tout puissant fils de Cronos, au nom illustre.
Sur la tête de son père, Artémis prêta le grand serment des dieux.
"Toujours je serai vierge
... sur les sommets des hautes montagnes
... Acquiesce à cette prière par égard pour moi !"
 ... Et le père des dieux bienheureux fit le signe de l'acquiescement
... Les dieux et les mortels l'appellent du grand nom
de chasseresse tueuse de cerfs
... et jamais le désir ne s'approche d'elle ...
...
...
...
Des Muses les splendides dons ...
font, et des Grâces ...
gravir de ses pieds agiles ...
ne pas oublier la colère ...
aux mortels, et participer...

(trad. Fr. Lasserre)
. . .
[         ]α̣ι̣·
[         ]
       [        ]λ̣ετ̣αι̣
[        ][[κ]]αλος
       [      ]∙ ἄκαλα κλόνει
[      ] κάματος φρένα[[ς]]
       [      ὄσσ]ε̣ κ̣ατισδάνε[ι]       Lasserre
[      ] ἀλλ' ἄγιτ', ὦ φίλαι,
       [      ], ἄγχι γὰρ ἀμέρα.
<   vacat   > 
<   vacat   >
[ΕΠΙΘΑΛΑΜΙΟ]Σ̣
[     ΩΙΔΗ    ]  i.e. fr. 44 LP
<   vacat   > 
<   vacat   > 
[desunt 14 versus ]
mais quelques notes marginales ont survécu !! 
 
Provoque un doux tumulte...
la fatigue dompte ses sens...
le sommeil s'installe sur ses yeux...
Eh bien ! amies, allez-y...
car proche est le point du jour !

(trad. Fr. Lasserre)

ÉPITHALAME
[desunt 2 versus ] 
Κυπροτ̣[ευκτ(ος)     c. xxii litt.  ]ας·       Lasserre
κάρυξ ἦλθε θε̣[ων ἀνύτεις τ']ἔλε̣[γε στ]άθεις
Ἴδαος τὰ δ' ἔκασ̣τ̣α φ[άν]εις τάχυς ἄγγελος·
< «Ὦναξ Πέρραμε, Μαονίας τ΄ ὀνὰ πείρα>τα        Lasserre
τάς τ' ἄλλας Ἀσίας τ[ό]δε∙αν κλέος ἄφθιτον·
Ἔκτωρ καὶ συνέταιρ̣[ο]ι ἄγ̣οι̣σ' ἐλικώπιδα >
Θήβας ἐξ ἰέρας Πλακίας τ' ἀπ' ἀϊννάω
ἄβραν Ἀνδρομάχαν ἐνὶ ναῦσιν ἐπ' ἄλμυρον
πόντον· πόλλα δ' ἐλίγματα χρύσια κἄμματα
πορφύρα καταΰτμενα, ποί̣κ̣ι̣λ' ἀθύρματα,
ἀργύρα̣ τ̣' ἀνά̣ριθ̣μα ποτήρια κἀλέφαις.»
ὢς εἶπ'· ὀτραλέως δ' ἀνόρουσε πάτηρ̣ φίλος·
φάμα δ' ἦλθε κατὰ πτ̣όλιν εὐρύχο̣ρ̣ο̣ν φίλοις.
αὔτικ' Ἰλίαδαι σατίνας] ὐπ' ἐυτρόχοις
ἆγον αἰμιόνοις, ἐ̣π̣έβαινε δὲ παῖς ὄχλος
γυναίκων τ' ἄμα παρθενίκαν τ’ ἀπ[αλ]οσφύρων,
χῶρις δ' αὖ Περάμοιο θυγ[α]τρες [ἐπήϊσαν
ἴπποις δ' ἄνδρες ὔπαγον ὐπ' ἄρ̣ματα [κάμπυλα
π[άντ]ες ἠίθ̣εοι, μεγάλω[σ]τι δ̣[
δ[ίφροι]ς ἀνίοχοι φ[∙∙∙∙∙]∙[
π̣[                ]ξαγο[ν
<    desunt aliquot versus       >
[                                                      ἴ]κελοι θέοι[ς
[                                                      ] ἄγνον ἀολ[λε
ὄ̣ρ̣ματ̣' α̣ι̣[                                         ]νον ἐς Ἴλιο[ν
αὖλος δ' ἀδυ[μ]έλης ̣[                   ] τ' ὀνεμίγνυ[το
καὶ ψ[ό]φο[ς κ]ροτάλ[ὢν, λιγέ]ως δ' ἄρα πάρ[θενοι
ἄειδον μέλος ἄγν̣[ον ἴκα]νε δ' ἐς α̣ἴ̣θ̣[ερα
ἄχω θεσπεσία̣ γελ̣[
πάνται δ' ἦς κὰτ ὄδο[ις
κράτηρες φίαλαί τ' ὀ[νεθ]υε δὲ [κ]ρ̣έα κά̣[λα
μύρρα καὶ κασία λίβανός τ' ὀνεμείχνυτο
γύναικες δ' ἐλέλυσδον ὄσαι προγενέστεραι
πάντες δ' ἄνδρες ἐπήρατον ἴαχον ὄρθιον
Πάον' ὀνκαλέοντες ἐκάβολον εὐλύραν,
ὔμνην δ' Ἔκτορα κ' Ἀνδρομάχαν θεοεικέλο[ις.
       (7 li. vides)
Σα[[φ]]πφο[ῦς
μελῶ[ν β ]

Ouvrage fait à Chypre...
Le héraut s'en vint tout courant, et sitôt arrêté, il disait avec hâte,
Idaios, se montrant en chacun de ses actes rapide messager :

"O roi Priam, jusqu'aux extrémités de la Méonie
et du reste de l'Asie, gloire indestructible sera tout ce que voici :
sur leurs vaisseaux, par la mer salée, Hector et ses compagnons
amènent de la sainte Thèbe et de la source intarissable de Placia
l'étincelante et souple Andromaque. À profusion bracelets d'or,
étoffes de pourpre légères comme le souffle, parures chatoyantes ;
innombrables, les coupes d'argent et les ivoires."

Ainsi dit-il, et vivement se leva d'Hector le père chéri,
puis la nouvelle atteignit les siens, à travers la  vaste cité.
Aussitôt les Troyens attellent les mules
aux chars rapides et toutes ensemble, en foule,
y montent les femmes et les jeunes filles aux chevilles délicates,
tandis qu'en un autre endroit les filles de Priam ...
Aux timons de leurs chars, à leur tour,
les guerriers attellent les chevaux, tous de jeunes hommes,
et en grande pompe ... les cochers ...
...
... Pareils à des dieux
... sacré, tous en foule
ils s'élancent ... vers la sainte Troie,
et la flûte au chant mélodieux, la cithare
et le cliquetis des castagnettes mêlent leurs voix. Alors, harmonieusement,
les jeunes filles chantent un hymne sacré et leur merveilleuse rumeur
s'élève jusqu'au sommet du ciel...
Partout dans les rues ...
cratères et coupes, et s'élève la fumée des beaux morceaux de viande,
et se mêlent la myrrhe, la cassie et l'encens.
Et les femmes poussent le cri du triomphe, les plus avancées en âge,
tandis que les hommes font retentir l'appel aigu et bien-aimé
du péan, invoquant le seigneur de la lyre dont la flèche frappe loin ;
ils glorifient dans leurs hymnes Hector et Andromaque pareils à des dieux.


fin du livre II
de Sappho
(trad. Fr. Lasserre)

fr. 47)

                    Ἔρος δ' ἐτίναξέ <μοι>
φρένας, ὠς ἄνεμος κὰτ ὄρος δρύσιν ἐμπέτων. 
                                     Éros a ébranlé mon âme,
comme le vent de la montagne qui s’abat sur les chênes.
(trad. A. Bonnard)

fr. 48) à Atthis ? (cf. 48b D)

ἦλθες, †καὶ† ἐπόησας, ἔγω δέ σ' ἐμαιόμαν,
ὂν δ' ἔψυξας ἔμαν φρένα καιομέναν πόθωι. 
Tu es venue, tu as bien fait ; je te désirais,
telle une eau, tu as jailli dans mon âme incendiée par le désir.
(trad. A. Bonnard)

fr. 49) à Atthis (cf. frr. 48, 57 et 130)

ἠράμαν μὲν ἔγω σέθεν, Ἄτθι, πάλαι ποτά
<  ..  >
σμίκρα μοι πάις ἔμμεν' ἐφαίνεο κἄχαρις
Atthis, voici longtemps que je t’aimais.
Tu n’étais pour moi qu’une enfant petite et sans grâce.
(trad. A. Bonnard)

fr. 50)

ὀ μὲν γὰρ κάλος ὄσσον ἴδην πέλεται <κάλος>,
ὀ δὲ κἄγαθος αὔτικα καὶ κάλος ἔσσεται.
Le beau n’est beau que pour les yeux,
Le bien est beau de lui-même.


fr. 51)

οὐκ οἶδ' ὄττι θέω· δίχα μοι τὰ νοήμματα
je ne sais pas ce que je veux : mes pensers sont divisés


fr. 52)

ψαύην δ' οὐ δοκίμωμ' ὀράνω †δυσπαχέα† Mais je ne m’essaie pas à toucher le ciel


fr. 53) aux Grâces

βροδοπάχεες ἄγναι Χάριτες δεῦτε Δίος κόραι 
Ô pures Charites aux bras de roses, filles de Zeus

fr. 55) à une inconsciente

κατθάνοισα δὲ κείσηι οὐδέ ποτα μναμοσύνα σέθεν
ἔσσετ' οὐδὲ †ποκ'†ὔστερον· οὐ γὰρ πεδέχηις βρόδων
τὼν ἐκ Πιερίας· ἀλλ' ἀφάνης κἀν Ἀίδα δόμωι
φοιτάσηις πεδ' ἀμαύρων νεκύων ἐκπεποταμένα.
Tu mourras, et de toi,  jamais ne subsistera le souvenir, jamais plus,
parce que tu n’as point de part aux roses
de Piérie ;  habitante inconnue des demeures d’Hadès,
tu voltigeras parmi les morts obscurs.


fr. 56)

οὐδ'  ἴαν δοκίμωμι προσίδοισαν φάος ἀλίω 
ἔσσεσθαι σοφίαν πάρθενον εἰς οὐδένα πω χρόνον 
τεαύταν 
Je ne crois pas qu'il y aura jamais
sous la lumière du soleil une jeune fille
aussi talentueuse que toi


fr. 57) à Atthis ? (Lasserre), cf. fr. 49

τίς δ' ἀγροΐωτις θέλγει νόον ...
ἀγροΐωτιν ἐπεμμένα σπόλαν ...
οὐκ ἐπισταμένα τὰ βράκε' ἔλκην ἐπὶ τὼν σφύρων;
Quelle rustaude pourrait charmer ...
en laissant tomber un vêtement grossier ...
elle ne sait pas faire tomber une robe sur les talons


fr. 58) complété grâce au Papyrus de Cologne (voir ici ou)

. . .
[                      ]∙[
       [                    ]∙δα[
[                    ]
       [                     ]∙α
[                    ]ύ̣γοισα̣[  ]
       [            ]∙[∙∙]∙∙[     ]ι̣δάχθην
[          ]χ̣υ θ[´̣]ο̣ι̣[∙]αλλ[∙∙∙∙∙∙∙]ύταν
       [           ]∙χθο∙[∙]ατί∙[∙∙∙∙∙]εισα
[           ]μένα ταν[∙∙∙∙ώ]νυμόν σε̣
10     [           ]νι θῆται στ[ύ]μα[τι] πρό̣κοψιν
le pap. de Köln (col. 1) donne un autre texte avant le vers 11
                       ] ̣ο ̣[
                    ]εχ̣ομ̣̣̣[
                      ] νῦν θ̣αλ[ί]α̣ π̣α̣[ρέστω
                       ] ̣ ν̣έρθε δὲ γᾶς περ̣[ίσχ]ο̣ι̣
5     κλέος μέγα Μοίσει]ο̣ν ἔχο̣ι̣σαν γέρας ὠς̣ [ἔ]ο̣ι̣κε̣ν,̣
πάνται δέ με θαυμά]ζοιεν, ὠς νῦν ἐπὶ γᾶς ἔοισαν
     κάλεισι χελίδω] λιγύ̣ραν, [α]ἴ̣ κεν ἔλοισα πᾶκτιν
ἢ βάρβιτον ἢ τάνδε χε]λύ̣ν̣ν̣αν̣ θ̣αλάμοισ' ἀείδω.
5     ῆ μοισοπόλων ἔσ]λο̣ν ἔχο̣ι̣σαν γέρας ὠς̣ [ἔ]ο̣ι̣κε̣ν,̣
ψῦχαι κέ με θαυμά]ζοιεν, ὠς νῦν ἐπὶ γᾶς ἔοισαν
     φαίνην δὸς ἀοιδὰν] λιγύ̣ραν, [α]ἴ̣ κεν ἔλοισα πᾶκτιν
ἔμαισι φίλαισι(ν)] ….α. κάλα, Μοῖσ', ἀείδω.

Conjectures West 2005, De Benedetto 2006   Bierl
Le vers 11 était donc sans doute le premier d’un poème
Nouveautés du papyrus de Cologne par rapport au fr. de LP


11   [ὔμμες πεδὰ Μοίσαν  ἰ]ο̣κ[ό]λ̣πων κάλα δῶρα παῖδες,
    [ὄρχησθέ  τε καὶ τὰ]ν̣ φιλάοιδον λιγύραν χελύνναν·
[ἔμοι δ' ἄπαλον πρίν] π̣οτ̣’ [ἔ]ο̣ντα χρόα γῆρας ἤδη
    [ἐπέλλαβε, λεῦκαι δ' ἐγ]ένοντο τρίχες ἐκ μελαίναν·
βάρυς δε μ’ ὀ [θ]ῦμο̣ς̣ πεπόητα̣ι, γόνα δ' [ο]ὐ φέροισι
   τὰ δή ποτα λαίψηρ’ ἔον ὄρχησθ' ἴσα νεβρίοισιν.
τὰ <μὲν> στεναχίσδω θαμέως· ἀλ̣λὰ τί κεν ποείην;
    ἀγηραον ἄνθρωπον ἔοντ’ οὐ δύνατον γένεσθαι. 
καὶ γάρ π̣[ο]τ̣α̣ Τίθωνον ἔφαντο βροδόπαχυν Αὔων
20   ἔρωι φ··α̣θ̣ε̣ισαν βάμεν’ εἰς ἔσχατα γᾶς φέροισα[ν, 
ἔοντα̣ [κ]ά̣λ̣ο̣ν καὶ νέον, ἀλλ’ αὖτο̣ν ὔμως ἔμαρψε
   χρόνωι π̣ο̣λ̣ι̣ο̣ν̣ γῆρας, ἔχ[ο]ν̣τ̣’ ἀθανάταν ἄκοιτιν.
[θάνοισαν ἄοιδον τὸ πὰν οὐδεὶς φθ]ι̣μέναν νομίσδει
    [ἄλλοισι τύχην ὄσσα θέλωσι Κρονίδ]αις ὀπάσδοι
ἔγω δὲ φίλημμ' ἀβροσύναν,] τοῦτο καί μοι
    τὸ λά[μπρον ἔρος τὠελίω καὶ τὸ κά]λον λέ[λ]ογχε.    











il applique à ma bouche le succès


... je prie ...
... joie et fête ...
... puissé-je disparaître sous terre,
et là-bas, jouissant de l'honneur sans doute des serviteurs des Muses,
puissé-je être admirée par les âmes trépassées autant qu'aujourd'hui sur terre.
Donne-moi de lancer le chant retentissant, quand je prends ma harpe
pour mes amies ... et que je chante, Muse, de beaux ...











Jeunes filles, exercez les beaux dons des Muses au sein de violette,
dansez au son mélodieux de la lyre qui se plaît au chant;
Le corps souple qui était le mien jadis, la vieillesse aujourd'hui
l'a frappé, mes cheveux de noirs sont devenus blancs.
Mon entrain s'est alourdi, mes genoux ne me portent plus,
eux qui jadis me faisaient danser avec l'agilité d'un faon.
Cela m'afflige, mais que faire ?
Il n'est pas possible à l'homme d'être à l'abri de la vieillesse.
Ainsi jadis, à ce qu'on dit, l'Aurore aux bras de rose,
éperdue de Tithon, l'avait transporté jusqu'aux confins de la terre,
alors qu'il était jeune et beau; mais la vieillesse chenue
avec le temps l'avait flétri, alors qu'il avait une épouse immortelle.

vv. 25-26 :
J’aime la fleur de la jeunesse…
Un amour m’est échu en partage,
c’est l’éclat du soleil, c’est la beauté.

(trad. A. Bonnard)

cf. trad. libre de Marguerite Yourcenar :
N'insultez pas, enfants, la Muse à la voix pure
En m'offrant vos présents et vos verts diadèmes :
L'âge a ridé ma peau, et sous mes lèvres blêmes
Peu de dents tiennent bon ; quant à ma chevelure,
Ses épis noirs jadis sont aujourd'hui tout blancs.
Je ne me soutiens plus sur mes jarrets tremblants,
Moi qui jadis dansais parmi vous, ô mes soeurs,
Vive comme un faon, le plus vif des danseurs.
Mais, ô belles, qu'y puis-je? Hélas l'ombre étoilée
Et le jour qui la suit ou bien qui la précède
Nous traînent à la mort. À la mort chacun cède.
Mais je désire encore...


fr. 68)

[   ]ι̣ γάρ μ' ἀπὺ τὰς ἐ∙[
[       ὔ]μως δ' ἔγεν[το
[        ] ἴσαν θέοισιν 
[       ]ασαν ἀλίτρα[
[      Ἀν]δρομέδαν[∙]∙αξ[
[     ]αρ[∙∙∙]∙α∙∙κ∙[∙]α
[    ]ε̣ον δὲ τρόπον α[∙]∙ύνη[
[       ]κ̣ορο̣ν οὐκατισ∙ε∙[
[]κ̣α[∙∙∙∙∙]∙Τυνδαρίδαι[ς
[]ασυ[∙]∙∙∙κα[∙] χαρίεντ' ἀ∙[
[ ]κ' ἄδολον [μ]ηκέτι συν[
[ ]μεγαρα∙[∙∙]ν̣α[∙∙∙]α}·β· ·κη·[ 
. . . 
car loin de ...

... pareille aux dieux
... criminelle ...
Andromède ...










fr. 81b) à Dika (Mnésidika ?)

σὺ δὲ στεφάνοις, ὦ Δίκα, πέρθεσθ' ἐράτοις φόβαισιν
ὄρπακας ἀνήτω συναέρραισ' ἀπάλαισι χέρσιν·
εὐάνθεα †γὰρ† πέλεται καὶ Χάριτες μάκαιραι
μᾶλλον †προτερην†, ἀστεφανώτοισι δ' ἀπυστρέφονται.
O Dicé, ceins de guirlandes les boucles de tes cheveux charmants,
tresse les tiges d’angélique de tes tendres mains.
Les déesses bienheureuses comblent de grâce les prières fleuries,
elles se détournent d’un front sans couronnes.

(trad. A. Bonnard)

fr. 82a) à Mnésidika

εὐμορφοτέρα Μνασιδίκα τὰς ἀπάλας Γυρίννως  Mnasidika plus belle que la tendre Gyrinno

fr. 94) Poème d'adieu (à Atthis ?)

. . .
τεθνάκην δ' ἀδόλως θέλω·»      Lasserre
     ἄ με ψισδομένα κατελίμπανεν 
πόλλα καὶ τόδ' ἔειπέ [ μοι·
« ὤιμ' ὠς δεῖνα πεπ[όνθ]αμεν, 
     Ψάπφ', ἦ μάν σ' ἀέκοισ' ἀπυλιμπάνω.»
τὰν δ' ἔγω τάδ' ἀμειβόμαν· 
«χαίροισ' ἔρχεο κἄμεθεν 
     μέμναισ', οἶσθα γὰρ ὤς σε πεδήπομεν· 
αἰ δὲ μή, ἀλλά σ' ἔγω θέλω 
ὄμναισαι [σὺ] δ[ὲ] λ[ά]θεαι 
     ὄσ[σα πόλλα τε] καὶ κάλ' ἐπάσχομεν· 
πο̣[λλοις γὰρ στεφάν]οις ἴων 
καὶ βρ[όδων κρο]κ̣ίων τ' ὔμοι 
     κἀν[θρύσκων] πὰρ ἔμοι περεθήκαο
καὶ πό̣[λλαις ὐπα]θύμιδας
πλέκ[ταις ἀμφ' ἀ]πάλαι δέραι 
     ἀνθέων ἔ[βαλες] πεποημμέναις
καὶ πόλλῳ λ[ιπάρω]ι μύρωι
βρενθείωι̣ τ[ε κόμαν] ῥ̣ύ[δο]ν
     ἐξαλείψαο κα̣[ὶ] βασι̣ληίωι
καὶ στρώμν[αν ἐ]πὶ μολθάκαν
ἀπάλαν παρ[ὰ πλ]αγ[γ]όνων
     ἐξίης πόθο̣[ν ὦκα νε]ανίδων
κωὔτε τις[    οὔ]τε τι
ἶρον οὐδ΄ ὔ[δατος ῥόα
     ἔπλετ' ὄππ̣[οθεν ἄμ]μες ἀπέσκομεν,
οὐκ ἄλσος ∙[    ]∙ρος
[         ]ψοφος
     [         ἐπαοιδίαι 
. . .

La voilà donc partie à jamais ;
et sans mentir je voudrais mourir.
Elle m’a quittée, pleurant à chaudes larmes,
et disant : « Hélas, Sapho, quel sort cruel !
Je te jure que c’est malgré moi que je te quitte. »
Et je lui répondais : « Pars joyeuse,
et souviens-toi de moi.
car tu sais combien je t’aimais.
Si tu l’as oublié, je veux te rappeler
toutes les heures douces et belles
qu’ensemble nous avons vécues,
toi qui, à côté de moi, disposais
sur tes cheveux tant de couronnes
de roses, de violettes et de safrans mêlés !
Et tu nouais autour de ton tendre col
d’enivrantes guirlandes de fleurs ravissantes.
La myrrhe en abondance, précieuse essence,
digne d’un roi, parfumait ta tête bouclée.

(trad. A. Bonnard)












fr. 95) Poème d'adieu à Gongyla et prière à Hermès Psychopompe

. . .
       ∙ου[
ἦ̣ρ' ἀ[
δηρατ∙[
       Γόγγυλα∙[
ἦ τι σᾶμ' ἐθέσ[πισδε              Lasserre
παισι μάλιστα∙[
       μας γ' εἴσηλθ' ἐπ∙[
εἶπον· ὦ δέσποτ', ἐπ∙[
ο]ὐ μὰ γὰρ μάκαιραν̣ [
       ο]ὐδὲν ἄδομ' ἔπαρθ' ἀγα[
κατθάνην δ' ἴμερός τις [ἔχει με καὶ
λωτίνοις δροσόεντας [ ὄ-
       χ̣[θ]οις ἴδην Ἀχερ[
∙]∙∙δεσαιδ'∙[
∙]∙∙δετο∙[
       μητι∙∙[
. . .




    Gongyla ...
il a rendu son oracle ...


Je répondis: "O souverain, ...
non, par la Bienheureuse....

une envie de mourir me prend et
de voir les lotus humides
       des berges de l'Achéron
...
...
       ...

fr. 96) Poème d'adieu à Atthis et Arignota

. . .
[      ] Σαρδ∙[∙∙] 
[     πό]λλακι τυίδε̣ [ν]ῶν ἔχοισα 
ὤς πο[τ΄ ε]ζώομεν, γ[ε]ν[έα] δ΄ ἔφα            Lasserre
σε θέας ἰκέλαν ἀρι-
     γνωτα<ς>ᾷ δὲ μάλιστ' ἔχαιρε μόλπαι̣· 
νῦν δὲ Λύδαισιν ἐμπρέπεται γυναί-
κεσσιν ὤς ποτ' ἀελίω 
     δύντος ἀ βροδοδάκτυλος <σελάννα>
πάντα περ<ρ>έχοισ' ἄστρα· φάος δ' ἐπί-
σχει θάλασσαν ἐπ' ἀλμύραν 
     ἴσως καὶ πολυανθέμοις ἀρούραις· 
ἀ δ' <ἐ>έρσα κάλα κέχυται τεθά-
λαισι δὲ βρόδα κἄπαλ' ἄν-
     θρυσκα καὶ μελίλωτος ἀνθεμώδης· 
πόλλα δὲ ζαφοίταισ' ἀγάνας ἐπι-
μνάσθεισ' Ἄτθιδος ἰμέρωι
     λέπταν fοι φρένα καρδία βόρηται·
κῆθι δ' ἔλθην ἀμμ΄ ὄξυ βόᾳ·  τό̣ δ' οὐ
νῶν  ἀκ[οως] πόλυς
     γαρύει̣ [κέ]λαδος  Ϝ[οι ὂ]ν το̣ μέσσον.

ε]ὔ̣μαρ[ες μ]ὲ̣ν οὐκ̣ α∙μι θέαισι μόρ-
φαν ἐπή[ρατ]ον ἐξίσω-
     σθ̣αι συ[∙∙]ρ̣ο̣ς ἔχηισθ' ἀ[∙∙∙]∙νίδηον
[        ]το̣[∙∙∙∙]ρατι-
μαλ[     ]∙ερος
     καὶ δ[∙]μ̣[   ]ος Ἀφροδίτα 
καμ̣[      ] νέκταρ ἔχευ' ἀπὺ 
χρυσίας [    ]ν̣αν 
     ∙∙∙∙]απουρ̣[   ] χέρσι Πείθω
[      ]θ[∙∙]η̣σενη
[        ]ακις
     [        ]∙∙∙∙∙∙αι
[        ]ες τὸ Γεραίστιον
[       ]ν̣ φίλαι
     [       ]υ̣στον οὐδενο[
[        ]ερον ἰξο[μ
 . . . 
Souvent, dans la lointaine Sardes,
La pensée de la chère Arignota, ô Atthis,
Vient nous chercher jusqu’ici, toi et moi.

Au temps où nous vivions ensemble,
Tu fus vraiment pour elle une déesse,
Et de ton chant elle faisait ses délices.

Maintenant, entre les femmes de Lydie,
Elle brille, comme après le coucher du soleil,
Brille la lune aux rayons roses,

Parmi les étoiles qu’elle efface.
Elle répand sa lumière sur les flots marins,
Elle éclaire les près en fleur.

C’est l’heure où tombent les belles gouttes de rosée,
Où renaissent la rose, la délicate angélique,
Et le parfum du mélilot.

Alors dans ses longues courses errantes,
Arignota se souvient de la douce Atthis,
L’âme lourde de désirs, le cœur gonflé de chagrins.

Et là-bas son appel perçant nous invite à la rejoindre,
Et la nuit aux subtiles oreilles
Cherche à transmettre au delà des flots qui nous séparent

Ces mots qu’on ne comprend pas,
Cette voix mystérieuse.

...
...

(trad. A. Bonnard)

fr. 98a) Cléis

       ∙∙]∙θος· ἀ γάρ με γέννα̣[
∙]∙ας ἐπ' ἀλικίας μεγ[
κ]όσμον αἴ τις ἔχη<ι> φόβα<ι>[ς        Lasserre
       π̣ορφύρ̣ωι κατελιξαμε[να πλόκῳ  ou στέφει   Vogliano
ἔ̣μμεναι μά̣λα τοῦτο ∙[
ἀ̣λλα ξανθοτέρα<ι>ς ἔχη[
       τ̣α<ὶ>ς κόμα<ι>ς δάιδος προ[
σ]τεφάνοισιν ἐπαρτια[
ἀ̣νθέων ἐριθαλέων· [
       μ]ι̣τράναν δ' ἀρτίως κλ[
π̣οικίλαν ἀπὺ Σαρδίω[ν
∙∙∙]∙αονιας πολεις [


si elle a sur ses boucles un bijou
    enroulées en une tresse de pourpre

mais une jeune fille dont la chevelure
   est plus jaune que la flamme d’une torche
ne devrait pas porter de couronnes
mais des fleurs fraîches ;
   un turban bien ajusté ...
aux vives couleurs, de Sardes, ...

fr. 99) à  Cléis

σοὶ δ' ἔγω Κλέι ποικίλαν [
οὐκ ἔχω πόθεν ἔσσεται [
       μιτράν<αν>· ἀλλὰ τὼι Μυτιληνάωι [
. . .
[      ]∙[
παι∙α∙ειον ἔχην πο∙[
       αἰκε̣∙η̣ ποικιλασκ∙∙∙∙[
ταῦτα τὰς Κλεανακτιδα̣[
φύγας̣ †∙∙ι̣σα πολις εχει†
       μνάματ'· ∙ἴδε γὰρ αἶνα διέρρυε̣[ν 
Pour toi, Cléis, je ne sais où trouver
de turban barriolé ;
       mais pour le Mytilénien ...
...
...
...
...
cela convient à Cléanactida...
...
en souvenir ; car voici que des nouvelles terribles se sont répandues

fr. 102) chanson de toile

γλύκηα μᾶτερ, οὔτοι δύναμαι κρέκην τὸν ἴστον
πόθωι δάμεισα παῖδος βραδίναν δι' Ἀφροδίταν
Douce mère, je ne puis tisser cette toile :
sous l'empire de la tendre Aphrodite l'amour d'un garçon m'oppresse.

(trad. Fr. Lasserre)

fr. 103) Livre VIII : 1 Ode et 9 Épithalames

  . . .             restitutions Lasserre
[        Εἰς τὸ τῶν Σαπφοῦς] μελ̣̣[ῶν η
[Στίχοι μὲν ἐγράφ]η̣σαν ἐν τῷ κ̣[εφαλαίῳ
[····, ᾠδ]α̣ὶ δὲ (δέκα) κ(αὶ) ἑκάστης ὁ (πρῶτος) [στίχ(ος) ὅδε·
[Ἄρξω]μὲν· τὸ γὰρ ἐννέπετ’ ἦ προβ[αλούμεναι ὐμμέων
[Κλήισ]σ̣ατε τὰν εὔποδα νύμφαν [
[   πο]τα παῖδα Κρονίδα τὰν ἰόκ[ολπ]ον [Ἄβαν
[Πόλλακ]ι̣ς ὄργαν θεμένα τὰν ἰόκ[ολ]πος Ἄ[βα
[Δεῦτέ ν]υ̣ν̣ ἄγναι Χάριτες Πιέριδέ[ς τε] Μοῖ[σαι
[(·)········]α̣[ς ὄ]πποτ' ἀοιδαι φρέν’[ἔμ]ἂν ἔ̣θ̣[ ελξαν
[̣Κῆρι χαρά μ’ ἦρ]π̣’ ἀϊοίσα̣ λιγύραν [ἀοί]δαν
[Κλήισσατε τὸν γά]μβρον, ἄσαροι γ̣ὰρ̣ ὐμαλίκ[ων Ϝοι | ὔμνοι, ἔταιραι
[       ]σε φόβαισι θεμένα· λύραι γ[άρ
[ὔμμ’ ὀνίοισ’ ἆς κε]ν̣ ἴ̣δ̣η χρυσοπέδιλ[ο]ς Αὔως

[        Εἰς τὴν ᾠδῶν] α στίχ(ων) ρλ[̣·]
[Οὐκ ἐπιγράφεται· αἱ δὲ] μετὰ τὴν πρώτην̣ [τεταγ-
[μέναι ἐννέα ᾠδαὶ ἐπι]φέρονται ἐπιγεγραμ̣[μέναι
[        Ἐπιθα]λάμια
[αὕτη δὲ προετάχθη τοῦ βυβλίου καὶ βέλτ[[ε]]ιο[ν καὶ κάλλιον
[ἔχουσα κατὰ τὸν] τ̣ρόπον̣ π̣[οιή]σ̣εων π̣[ασῶν
. . .
 ...
Commentaire au livre VIII des Chants de Sappho.
Furent écrits, au total, … vers,
et 10 odes. Et de chacune, voici le premier vers.

Commençons ! car ce que vous annoncez pour vous surpasser ...
Célébrez la jeune épouse au pied assuré ...
La fille du Cronide, Hébé au sein de violette ...
Souvent, en te livrant aux sentiments qu'inspire Hébé au sein de violette
Ici, donc, Charites et vous, Muses de Piérie ...
... lorsque les chants ont séduit mon coeur ...
En mon coeur la joie est venue quand j'entendis le chant mélodieux ...
Compagnes, célébrez l'époux, car il en a assez des chants de ses compagnons ...
... posant sur tes cheveux, car les lyres ...
Jusqu'à ce que, se levant, vous voie Aurore aux sandales d'or
...

Commentaire à l’ode 1, de 13(.) vers.
Elle ne porte pas de titre. En revanche, les neuf qui ont été placées
après la première lui font suite sous le titre
Épithalames.

Cette ode a été placée en tête du livre parce qu'elle est et meilleure et plus belle, quant au style, que tous les autres poèmes.
...


fr. 104a) Épithalame

Ἔσπερε πάντα φέρων ὄσα φαίνολις ἐσκέδασ' Αὔως,
†φέρεις ὄιν, φέρεις αἶγα, φέρεις ἄπυ† μάτερι παῖδα.
Étoile du soir, tu ramènes tout ce que l’aurore a dispersé ;
tu ramènes la brebis, tu ramènes la chèvre –
voici qu’à la mère tu enlèves son enfant…

(trad. A. Bonnard)

fr. 105a) Épithalame

οἶον τὸ γλυκύμαλον ἐρεύθεται ἄκρωι ἐπ' ὔσδωι,
ἄκρον ἐπ' ἀκροτάτωι, λελάθοντο δὲ μαλοδρόπηες,
οὐ μὰν ἐκλελάθοντ', ἀλλ' οὐκ ἐδύναντ' ἐπίκεσθαι
Pareille à la pomme douce qui rougit au bout de la branche,
au plus fin sommet de l’arbre – l’ont-ils oubliée les cueilleurs de pomme ?
Non, ils ne l’ont pas oubliée, mais ils n’ont pas pu l’atteindre.

(trad. A. Bonnard)


fr. 106) épithalame

πέρροχος, ὠς ὄτ' ἄοιδος ὀ Λέσβιος ἀλλοδάποισιν  supérieur, comme l’est un aède lesbien sur les étrangers


fr. 110) Épithalame

θυρώρωι πόδες ἐπτορόγυιοι,
τὰ δὲ σάμβαλα πεμπεβόηα,
πίσσυγγοι δὲ δέκ' ἐξεπόναισαν
Le portier a des pieds longs de sept toises,
et des sandales faites de cinq cuirs de boeuf ;
dix cordonniers y ont travaillé.


fr. 111) Épithalame

ἴψοι δὴ τὸ μέλαθρον·
ὐμήναον·
ἀέρρετε τέκτονες ἄνδρες·
ὐμήναον.
γάμβρος †εἰσέρχεται ἴσος† Ἄρευι,
ἄνδρος μεγάλω πόλυ μέζων. 
Élevez le toit de la demeure,
     Ô hyménée,
Élevez-le haut, charpentiers,
     Ô hyménée,
L'époux arrive, égal à Arès,
     <Ô hyménée,>
Bien plus grand qu'un homme de grande taille,
     <Ô hyménée.>

fr. 112) Épithalame
ὄλβιε γάμβρε, σοὶ μὲν δὴ γάμος ὠς ἄραο
ἐκτετέλεστ', ἔχηις δὲ πάρθενον †ἂν† ἄραο ..
σοὶ χάριεν μὲν εἶδος, ὄππατα δ' ..
μέλλιχ', ἔρος δ' ἐπ' ἰμέρτωι κέχυται προσώπωι
..... τετίμακ' ἔξοχά σ' Ἀφροδίτα 
Bienheureux fiancé, l’hymen que tu souhaitais
S’est réalisé ; la vierge que tu désirais est tienne.
Charmante est ta beauté, épouse,
tes yeux ont l’éclat du miel,
l’amour s’épanche sur ton ravissant visage,
Aphrodite t’a comblée entre toutes.

(vv. 3-5 : trad. A. Bonnard)

frr. 114-117) Épithalames (sans doute quatre débuts)

(νύμφη). παρθενία, παρθενία, ποῖ με λίποισα †οἴχηι; 
(παρθενία). †οὐκέτι ἤξω πρὸς σέ, οὐκέτι ἤξω†.
----
τίωι σ', ὦ φίλε γάμβρε, κάλως ἐικάσδω;
ὄρπακι βραδίνωι σε μάλιστ' ἐικάσδω.
----
χαῖρε, νύμφα, χαῖρε, τίμιε γάμβρε, πόλλα ..
----
†χαίροις ἀ νύμφα†, χαιρέτω δ' ὀ γάμβρος 
(la mariée) Enfance, enfance ! Où t’en vas-tu ?
(l’enfance) Plus jamais je ne serai auprès de toi, plus jamais.
---
À qui, cher époux, te bien comparer ?
Je te compare surtout, au tronc souple d'un jeune arbre.
---
Salut, épouse, salut noble époux, saluts multipliés

---
L’épouse est réjouie, que l’époux se réjouisse.


fr. 120)

ἀλλά τις οὐκ ἔμμι παλιγκότων
ὄργαν, ἀλλ' ἀβάκην τὰν φρέν' ἔχω .. 
Aucun ressentiment ne gonfle ma poitrine,
j’ai le cœur d’un enfant


fr. 121) Vieillesse amère
ἀλλ' ἔων φίλος ἄμμι
λέχος ἄρνυσο νεώτερον·
οὐ γὰρ τλάσομ' ἔγω συνοί-
κην ἔοισα γεραιτέρα .. 
Mais si tu m'aimes,
cherche une compagne plus jeune ;
Car je ne puis supporter de vivre avec quelqu'un
de plus jeune que moi...

fr. 128) aux Grâces et aux Muses (cf. 103.8)

δεῦτέ νυν ἄβραι Χάριτες καλλίκομοί τε Μοῖσαι  Ici, donc, souples Charites et vous, Muses aux beaux cheveux


fr. 129) Reproches
     ἔμεθεν δ’ ἔχεισθα λάθαν
ἤ τιν' ἄλλον ἀνθρώπων ἔμεθεν φίληισθα .. 
… tu m’avais oubliée,
Ou tu aimais quelqu’un d’autre que moi


fr. 130-131) à Atthis (cf. fr. 49)
Ἔρος δηὖτέ μ' ὀ λυσιμέλης δόνει,
γλυκύπικρον ἀμάχανον ὄρπετον
-----
Ἄτθι, σοὶ δ' ἔμεθεν μὲν ἀπήχθετο
φροντίσδην, ἐπὶ δ' Ἀνδρομέδαν πόται
De nouveau Éros qui dissout les membres me torture,
Doux et amer, monstre invincible,
Ô Atthis ! Et toi, lasse d’attacher à moi
Ton souci, tu t’envoles vers Andromède.

(trad. A. Bonnard)

fr. 132) à Cléis

ἔστι μοι κάλα πάις χρυσίοισιν ἀνθέμοισιν
ἐμφέρην ἔχοισα μόρφαν Κλέις ἀγαπάτα,
ἀντὶ τᾶς ἔγωὐδὲ Λυδίαν παῖσαν οὐδ' ἐράνναν ..
Je possède une jolie petite fille, pareille
à un bouquet de fleurs d’or, ma Cléis chérie,
que je ne donnerais ni contre toute la Lydie
ni contre l’aimable…

(trad. A. Bonnard)

fr. 133) Androméda

ἔχει μὲν Ἀνδρομέδα κάλαν ἀμοίβαν ..
Ψάπφοι, τί τὰν πολύολβον Ἀφροδίταν .. ;
- Andromède a une belle récompense …
- Sappho, pourquoi (t'en prendre à ?) la bienheureuse Aphrodite ?

fr. 137) à Alcée ? -- ou peut-être un mime entre groupes de jeunes filles

θέλω τί τ' εἴπην, ἀλλά με κωλύει
αἴδως ........
αἰ δ' ἦχες ἔσλων ἴμερον ἢ κάλων
καὶ μή τί τ' εἴπην γλῶσσ' ἐκύκα κάκον,
αἴδως †κέν σε οὐκ† ἦχεν ὄππα-
τ' ἀλλ' ἔλεγες †περὶ τὼ δικαίω†
- Je veux te dire quelque chose, mais la honte
me retient ...
- Si tu ne désirais que des choses bonnes et belles
et ne laissais pas ta langue remuer de vilains mots,
la honte ne te monterait pas au visage
et tu saurais l'exprimer avec franchise.


fr. 140) Hymne chorodique sur la mort d'Adonis, évoqué par Dioscoride

κατθνα<ί>σκει, Κυθέρη', ἄβρος Ἄδωνις· τί κε θεῖμεν;
καττύπτεσθε, κόραι, καὶ κατερείκεσθε κίθωνας. 
- Il se meurt, Cythérée, le tendre Adonis :  que faire ?
- Frappez-vous la poitrine, jeunes filles, et déchirez vos robes.

fr. 142) Amitié brisée

Λάτω καὶ Νιόβα μάλα μὲν φίλαι ἦσαν ἔταιραι  Lato et Niobé étaient pourtant de bonnes compagnes


fr. 144)
            μάλα δὴ κεκορημένοις
Γόργως 
          en ayant assez de
Gorgo


fr. 147) le rôle du poète

μνάσεσθαί τινά φαιμι κἄτερον ἀμμέων    Lasserre 

J'affirme que tout le monde se souviendra de nous.


fr. 148)
ὀ πλοῦτος ἄνευ † ἀρέτας οὐκ ἀσίνης πάροικος
ἀ δ' ἀμφοτέρων κρᾶσις †εὐδαιμονίας ἔχει τὸ ἄκρον† 
La richesse sans la qualité morale n’est pas sans danger,
C’est le mélange des deux qui apporte le plus de bonheur.

fr. 150) à sa fille ?

οὐ γὰρ θέμις ἐν μοισοπόλων †οἰκίαι   δόμῳ   Lasserre
θρῆνον ἔμμεν'· οὔ κ' ἄμμι τάδε πρέποι
 Car dans la maison des servantes des Muses, il n'est pas permis
que retentisse le chant du deuil; ceci ne nous siérait pas.

fr. 154)

πλήρης μὲν ἐφαίνετ' ἀ σελάννα
αἰ δ' ὠς περὶ βῶμον ἐστάθησαν
 La lune brillait dans sa splendeur
Et les vierges, debout autour de l’autel…

(trad. A. Bonnard)

fr. 155) Polyanaktis

πόλλα μοι τὰν Πωλυανάκτιδα παῖδα χαίρην   Le bon jour à la jeune Polyanaktis

fr. 158) Conseil

σκιδναμένας ἐν στήθεσιν ὄργας
πεφύλαχθαι γλῶσσαν μαψυλάκαν 
quand la colère gonfle ton cœur,
retiens ta langue de parler à tort et à travers

*    *    *

PMG, Adesp. Fr. 58 = 976 adesp. LP (Sappho 94 D = 111 E = Sapho-Alcée des BL, fr. 74)

δέδυκε μὲν ἁ σελάνα
καὶ Πληϊάδες, μέσαι δὲ
νύκτες, παρὰ δ' ἔρχεθ' ὥρα·
ἐγὼ δὲ μόνα καθεύδω.

La lune s’est couchée, et les Pléiades.
Il est minuit. L’heure passe, et je dors seule.
(trad. Bonnard)
La Lune et les Pléiades ont plongé,
c'est le milieu de la nuit,
Saison, heure et jeunesse s'en vont,
et moi je couche seule.
(trad. Corn. Castoriadis)
La lune est couchée,
et les Pléïades, pleine est
la nuit, l’heure s’en est allée,
et je dors esseulée.

À noter qu'en grec, ὥρα désigne d'abord "la saison; l'année", mais aussi "la fleur de l'âge, la jeunesse". Par conséquent, ce fragment, s'il est bien de Sappho, pourrait être mis en parallèle avec le fr. 121 où Sappho se décrit comme γεραιτέρα. Ce fragment pourrait donc avoir un sens moins érotique, et plus philosophique (cf. trad. Castoriadis).

Date de composition d'après les astronomes...


fr. D. 48b) à Gyrinna

χαῖρε πόλλα, <Γύρινν’>, ἰσάριθμά τε τῶι χρόνωι.  Salut, ô Gyrinna, d’un nombre de saluts égal à la durée…
(trad. A. Bonnard)

fr. 35 B (= Poetarum Lesbiorum fragmenta fr. 5, v. 1, de Sappho ou d'Alcée) à une inconsciente
ἄλλα, μὴ μεγαλύνεο δακτυλίω πέρι

LP †δ' ἀλλ' ἄν μοι† μεγαλύννεο δακτυλίωι πέρι
Ne fais pas la fière pour une bague ...

Épigrammes de l'Anthologie grecque

Anth.Gr. 6, 269 (Diehl, fr. 157)

ΩΣ ΣΑΠΦΟΥΣ
Παῖδες, ἄφωνος ἐοῖσα τότ' ἐννέπω, αἴ τις ἔρηται, 
     φωνὰν ἀκαμάταν κατθεμένα πρὸ ποδῶν·
Αἰθοπίᾳ με κόρᾳ Λατοῦς ἀνέθηκεν Ἀρίστα
     Ἑρμοκλειδαία τῶ Σαϋναϊάδα, 
σὰ πρόπολος, δέσποινα γυναικῶν· ᾇ σὺ χαρεῖσα
     πρόφρων ἁμετέραν εὐκλέισον γενεάν.
Dans le goût de Sappho
Enfants, quoique sans voix, je réponds quand on m’interroge ;
   car j’ai devant mes pieds une voix qui ne se lasse jamais : 
« Celle qui m’a, moi, Arista, consacrée à la vierge au visage resplendissant,
     fille de Lêto, c’est Hermô, fille de Cleitagoras, fils de Saünaïadès, 
ta prêtresse, souveraine des femmes ; aime-la, 
    sois-nous propice et fais prospérer notre race. »
(trad. CUF)


Anth. Gr. 7, 489  (Diehl, fr. 158)

ΣΑΠΦΟΥΣ
Τιμάδος ἅδε κόνις, τὰν δὴ πρὸ γάμοιο θανοῦσαν
     δέξατο Φερσεφόνας κυάνεος θάλαμος,
ἇς καὶ ἀποφθιμένας πᾶσαι νεοθᾶγι σιδάρῳ
     ἅλικες ἱμερτὰν κρατὸς ἔθεντο κόμαν.
De Sappho
Ci-gît la cendre de Timas, que, morte avant l’hymen,
      a reçue le sombre séjour de Perséphone. 
À son trépas toutes ses compagnes ont, d’un fer fraîchement aiguisé, 
      déposé de leur tête leur aimable chevelure.
(trad. CUF)


Anth. Gr. 7, 505 (Diehl, fr. 159)

ΣΑΠΦΟΥΣ
Τῷ γριπεῖ Πελάγωνι πατὴρ ἐπέθηκε Μενίσκος
     κύρτον καὶ κώπαν, μνᾶμα κακοζοΐας.
De Sappho
Sur la tombe du pêcheur Pélagon, son père Méniscos a placé
Une nasse et une rame, en souvenir de sa vie pénible.
          (trad. CUF)