Poétesse grecque (?) d’origine inconnue, avant 50 apr. JC, dont nous n’avons aucun texte. Il n’est pas sûr que l’Acanthis stigmatisée par Properce soit la même.
Testimonia
1) T. Calpurnius Siculus
6,
75 :
Tu
modo nos illis
(iam nunc, Mnasylle, precamur) |
Écoute-moi,
je
t'en prie, Mnasyllos, aussi attentivement |
2) Prop., El. 4, 5 : Contre la corruptrice Acanthis
Terra tuum spinis obducat, lena, sepulcrum, et tua, quod non vis, sentiat umbra sitim; nec sedeant cineri Manes, et Cerberus ultor turpia ieiuno terreat ossa sono∙ docta vel Hippolytum Veneri mollire negantem, concordique toro pessima semper avis, Penelopen quoque neglecto rumore mariti nubere lascivo cogeret Antinoo. illa velit, poterit magnes non ducere ferrum, et volucris nidis esse noverca suis. quippe et, Collinas ad fossam moverit herbas, stantia currenti diluerentur aqua: audax cantatae leges imponere lunae et sua nocturno fallere terga lupo, posset ut intentos astu caecare maritos, cornicum immeritas eruit ungue genas; consuluitque striges nostro de sanguine, et in me hippomanes fetae semina legit equae. exercebat opus tenebris, ceu blatta papyron suffossamque forat sedula talpa viam: « fr. *1 » his animum nostrae dum versat Acanthis amicae, per tenuem ossa mihi sunt numerata cutem. sed cape torquatae, Venus o regina, columbae ob meritum ante tuos guttura secta focos. vidi ego rugoso tussim concrescere collo, sputaque per dentes ire cruenta cavos, atque animam in tegetes putrem exspirare paternas: horruit algenti pergula curva foco. exsequiae fuerunt rari furtiva capilli vincula et immundo pallida mitra situ, et canis, in nostros nimis experrecta dolores, cum fallenda meo pollice clatra forent. sit tumulus lenae curto vetus amphora collo: urgeat hunc supra vis, caprifice, tua. quisquis amas, scabris hoc bustum caedite saxis, mixtaque cum saxis addite verba mala. |
Que la ronce te couvre, infâme corruptrice ; Que la soif que tu crains augmente ton supplice, Et que les aboîments de Cerbère vengeur Fassent trembler ton ombre et croître ta frayeur ! Des tendres unions fléau, peste maudite, Tu plierais sous Vénus le farouche Hippolyte ; Pénélope elle-même, oubliant ses vertus, Céderait aux désirs sans frein d'Antinoüs. A ton gré, sur le fer l'aimant perd sa puissance ; L'oiseau contre son nid exerce sa vengeance. Qu'Acanthis ait mêlé tes herbes des tombeaux, Aussitôt en torrents se déchaînent les eaux ; Son art peut détacher la lune du ciel sombre ; Loup funeste, la nuit, elle erre au sein de l'ombre ; Elle peut aveugler un clairvoyant époux ; Contre moi la corneille a péri sous ses coups. C'est encor contre moi que l'infâme, en sa haine, Enleva l'hippomane à la cavale pleine. Dans le cœur de la vierge, apôtre d'impudeur, Elle instillait le vice et soufflait son ardeur. « fr. *1 » C'est ainsi qu'Achantis, à la peau décharnée, Pervertissait le cœur de ma Cynthie aimée. D'une tendre colombe en ce jour, ô Vénus, Je t'offrirai le sang pour tes bienfaits reçus ! J'ai vu gonfler son cou la toux opiniâtre Et la bile et le sang souiller sa dent jaunâtre. Au foyer paternel, sur un tapis étroit, Elle exhala son âme impure, dans le froid. Et pour honneurs elle eut, à son heure dernière, Quelques rares cheveux, un bandeau, la poussière, Un vieux bonnet sans teint, une chienne aux jaloux Montrant les dents alors qu'ils touchaient aux verrous. Sous un sombre figuier qu'elle reste célée, Dans l'orifice étroit d'une amphore fêlée. Aux malédictions qu'il ne soit nul amant Qui n'ajoute les coups, les pierres, en passant. |
Fragmentum
Fr.*1) Prop.,
El.
4, 5, vv. 21-60 :
chrysolithus si te Eoa iuvat aurea ripa, et quae sub Tyria concha superbit aqua, Eurypylisve placet Coae textura Minervae, sectaque ab Attalicis putria signa toris, seu quae palmiferae mittunt venalia Thebae, murreaque in Parthis pocula cocta focis: sperne fidem, provolve deos, mendacia vincant, frange et damnosae iura pudicitiae∙ in mores te verte viri: si cantica iactat, i comes et voces ebria iunge tuas. si tibi forte comas vexaverit, utilis ira: post modo mercata pace premendus erit. denique ubi amplexu Venerem promiseris empto, fac simules puros Isidos esse dies. ingerat Apriles Hyale tibi, tundat Omichle natalem Maiis Idibus esse tuum. supplex ille sedet: posita tu scribe cathedra quidlibet: has artes si pavet ille, tenes∙ semper habe morsus circa tua colla recentis, dentibus alterius quos putet esse datos. nec te Medeae delectent probra sequacis (nempe tulit fastus ausa rogare prior), sed potius mundi Thais pretiosa Menandri, cum ferit astutos comica moecha Getas. et simulare virum pretium facit: utere causis∙ maior dilata nocte recurret amor. ianitor ad dantis vigilet: si pulsat inanis, surdus in obductam somniet usque seram. nec tibi displiceat miles non factus amori, nauta nec attrita si ferat aera manu, aut quorum titulus per barbara colla pependit, cretati medio cum saluere foro. aurum spectato, non quae manus afferat aurum∙ versibus auditis quid nisi verba feres ? qui versus, Coae dederit nec munera vestis, istius tibi sit surda sine aere lyra. dum vernat sanguis, dum rugis integer annus, utere, ne quid cras libet ab ore dies∙ vidi ego odorati victura rosaria Paesti sub matutino cocta iacere Noto. |
Veux-tu tous les trésors des indiens rivages, Disait-elle, ou de Tyr les riches coquillages ? Désires-tu de Cos les tissus précieux ; D'Attale les tapis foulés par ses aïeux ; Ce que Thèbes possède et de riche et de rare, Et les vases de prix que le Parthe prépare ? Dédaigne la constance et méprise les dieux : Brise de la pudeur les liens odieux ; Feins un mari ; prétexte ou crainte ou défiance ; Résiste et de l'amour accrois la violence. Un amant, de sa main froisse-t-il tes cheveux, Qu'il paye au poids de l'or son dépit amoureux, Et lorsque du bonheur il croit toucher à l'heure, Pour les fêtes d'Isis sois chaste en ta demeure. D'avril qu'Iole parle, et qu'Amycle, à son tour, De mai qui te vit naître annonce le retour. Si ton amant supplie, écris et sois distraite. S'il tremble, alors ta ruse annonce sa défaite. Que sur ton cou toujours il lise de ses yeux Les indices certains de combats amoureux. En tout temps de Médée évite la bassesse. Jason, qu'elle prévient, la traite avec rudesse, Dans Ménandre Thaïs triomphe des fripons, De Thaïs suis plutôt les utiles leçons, Sache de ton amant flatter le caractère ; Marier à sa voix tes accents, pour lui plaire. Qu'un prodigue jamais ne te
recherche en vain : Que ton portier soit sourd pour qui n'a rien en main. S'ils apportent de l'or, accueille la rudesse Du marin, le soldat peu fait pour la tendresse, L'esclave même qui l'écriteau supportait Et, les pieds blancs de craie, au Forum s'élançait. Ne regarde que l'or, de quelque part qu'il vienne ; À des vers, sots discours, est-il bon que l'on tienne ! À quoi servent les chants sans beaux tissus de Cos ! D'un poète sans or méprise les propos. Sans attendre l'affront des rides au visage, Mets à profit tes traits, le
printemps de ton âge, Les rosiers de Paestum, au souffle du Notus, Sont, en un seul matin, de roses dépourvus. |
Alcinoé (Ἀλκινόη) de Thronion en Locride
Poétesse épique itinérante de la fin du 3e s. av. J.C. Grâce à une inscription provenant de Ténos (T. 1), nous savons qu’elle avait composé à la demande de cette Cité, probablement pour une fête du genre des Panathénées, un hymne à Zeus, Poséidon et Amphitrite.
Testimonia
1) IG XII/5, 812 (Ténos, fin IIIe s. av.] :
Cf.
Anne Bielman, Femmes en
public dans le monde hellénistique, Paris, 2002, n° 42.
[ἔδοξεν
τεῖ βουλεῖ
καὶ τῶι] δ̣ή̣μ̣ω̣ι,
Πατροκλῆς |
Il a plu au Conseil et au Peuple ; Patroclès était président ; [Untel] fils de Phaullos a dit : Attendu qu’Alkinoé fille de Démétrios Étolienne, la poétesse, alors qu’elle se trouvait dans notre Cité, a écrit un hymne à Zeus, à Poséidon et Amphitrite, les dieux protecteurs de notre territoire et de notre Cité, et que durant son séjour elle s’est comportée honorablement, digne ressortissante de la Cité de Thronion ; à la Bonne Fortune ; plaise au Peuple : de louer Alkinoé fille de Démétrios, Étolienne de Thronion, et de la couronner d’une couronne de feuilles d’olivier pour sa valeur et sa bienveillance envers la Cité, et que proclamation de cette couronne soit faite par l’archonte, etc… |
Thronion se trouve en Locride, à une quinzaine de km à l’est des Thermopyles ; ce fut une place forte importante de la Locride Épicnémidienne entre 260 et 235. Mais entre 230 et 189, la Locride fit partie de la Ligue étolienne, d’où l’ethnique donné à Alkinoé. Cette inscription nous fournit donc aussi une bonne datation. Le patronyme se restitue à partir de l’inscription suivante.
2) IG IX,1, 309 = SGDI II, 1510 = CIG 1971 (Thronion) :
ἀγαθᾶι
τύχαι. ἄρχοντος
Ἀλεξίου, γραμμ-
ατέως
Εὐφράνορος, ταμία
Ἀριστ<ομ>ένους,
ἔδοξε
τᾶι βουλᾶι καὶ τῶι
δάμωι Θρονιέων,
4
Ἀλκῖνο>ν<
Δημητρίου Ἐφ[έσιον — — —] Ὀπ-
ου<ν>τίων
[— — —
ἰσ]ολόγχητον — — —
Ἀστέα,
Ζήνων,
χαίρετε.
À la l. 4, les IG, sur la base du Ἐφ[-] restitué Ἐφ[έσιον] comme étant l’ethnique de Ἀλκῖνο, et admettant une faute du scribe, proposent
Ἀλκῖνο>ν< Δημητρίου Ἐφ[έσιον].
Or l’editio princeps indique clairement un A après le O. L’inscription étant rédigée en dorien, il faut donc lire :
Ἀλκινόα Δημητρίου Ἐφ[— — — —] Ὀπ-
et éventuellement lire un accusatif, en admettant un oubli du scribe :
Ἀλκινόα<ν> Δημητρίου Ἐφ[— — — —] Ὀπ-
Mais on peut aussi admettre un nominatif.
À
la
Bonne Fortune. Alexias
était président,
Euphranor
secrétaire,
Aristomène trésorier,
il
a
plus au Conseil et au
Peuple de Thronion,
(d’honorer)
Alkinoé fille
de Démétrios … de Locride Opuntia.
ou
Alkinoé
fille de Démétrios [a ---].
Femme de lettres et poétesse de qualité originaire de Milet, appelée aussi Apagora. Elle fut l’élève de Sapphô.
Page proposait de lire son nom Anactoria, d’après Sapphô, fr. 16, 12.
Smith, s.v. Sappho.
Testimonia
μαθήτριαι δὲ αὐτῆς Ἀναγόρα Μιλησία, Γογγύλα Κολοφωνία, Εὐνείκα Σαλαμινία.
Ses élèves furent Anagora de Milet, Gongyla de Colophon, Euneika de Salamine.
Androméda (Ἀνδρομέδα) et Gorgo (Γοργώ)
Poétesses rivales de Sappho, sans doute dans le même genre, et sans doute de Mytilène elles aussi.
Croiset, HLG II, pp. 233-234.Testimonia
Ὁ δὲ τῆς Λεσβίας (εἴτοι χρὴ πρεσβύτερα τοῖς νέοις εἰκάσαι) τί ἂν εἴη ἄλλο, ἢ αὐτό, ἡ Σωκράτους τέχνη ἐρωτική; Δοκοῦσιν γάρ μοι τὴν καθ' αὑτὸν ἑκάτερος φιλίαν, ἡ μὲν γυναικῶν, ὁ δὲ ἀρρένων, ἐπιτηδεῦσαι. Καὶ γὰρ πολλῶν ἐρᾶν ἔλεγον, καὶ ὑπὸ πάντων ἁλίσκεσθαι τῶν καλῶν· ὅ, τι γὰρ ἐκείνῳ Ἀλκιβιάδης καὶ Χαρμίδης καὶ Φαῖδρος, τοῦτο τῇ Λεσβίᾳ Γύριννα καὶ Ἀτθὶς Ἀνακτορία· καὶ ὅ,τιπερ Σωκράτει οἱ ἀντίτεχνοι, Πρόδικος καὶ Γοργίας καὶ Θρασύμαχος καὶ Πρωταγόρας, τοῦτο τῇ Σαπφοῖ Γοργὼ καὶ Ἀνδρομέδα·
Car ce que furent pour Socrate Alcibiade, Charmide et Phèdre, le furent pour Sappho Gyrinna, Atthis et Anactoria ; et ce que furent pour Socrate ses rivaux Prodicos, Gorgias, Thrasymaque et Protagoras, c’est exactement ce que furent pour Sappho Gorgo et Andromède.
2) Sappho, fr. 131 :
Ἄτθι, σοὶ
δ'
ἔμεθεν μὲν ἀπήχθετο
φροντίσδην,
ἐπὶ δ' Ἀνδρομέδαν πόται
3) Sappho, fr. 133 :
ἔχει μὲν
Ἀνδρομέδα
κάλαν ἀμοίβαν ...
Ψάπφοι,
τί τὰν
πολύολβον Ἀφροδίταν ...;
4) Sappho, fr. 213 :
.
.
.
[
]∙∙[∙]∙τ∙∙∙[
∙
∙∙[∙∙]∙σε
εμα κ Ἀρχ̣εάνα[σ-
σα
Γόργω<∙> σύνδυγο(ς)· ἀν̣τὶ τοῦ
σ̣[ύν]ζυξ·
ἡ
Πλειστοδίκη
[ τ]ῆ̣ι̣
Γ̣[ο]ρ̣γ̣οῖ σύνζυξ μ̣ε-
τ̣ὰ
τ̣[ῆς]
Γ̣ογγύλης ὀν[ο]μασθή-
σετ[αι·
κ]οινὸν γὰρ τὸ ὄν̣ο-
μ[α
∙]ε̣δ∙ται
η κατὰ τῆσ̣[∙]∙∙∙
α̣[∙∙∙]
Πλ[ε]ι̣σ̣τοδ̣ίκη[∙∙]ν
[
ὀνομ]α̣σθησ̣ετ̣[αι] κυ-
[
]η̣[ ]∙ατ̣ε̣τ̣ουτ
[
]∙νο̣ αν
. .
.
une jeune fille Anonyme de Locres Épizéphyriennes
Pindare évoque dans sa 2e Pythique une jeune fille de Locres chantant devant sa maison la gloire de Hiéron, tyran de Syracuse, qui avait protégé sa patrie en 477/76 contre les ambitions d’Anaxilas, tyran de Rhégion. On ne sait pas si son chant était de sa composition ou pas. Mais à Locres, la tradition littéraire féminine était florissante (v. Lambin p. 37 et n. 30 avec biblio sur la culture littéraire féminine de Locres Épizéphyriennes, et de façon générale, ses pages 33-37 ; p. 207 et n. 139).
Testimonia
σὲ
δ', ὦ Δεινομένειε παῖ,
Ζεφυρία πρὸ δόμων
Λοκρὶς
παρθένος ἀπύει,
« Et
toi, fils de
Deinoménès, au seuil de sa maison,
une
vierge Locrienne
invoque ton nom. »
2) Scholia vetera in Pindari Pyth. II, 19 (schol. 36c) :
Ἀναξίλα τοῦ Μεσσήνης καὶ Ῥηγίου τυράννου πολεμοῦντος Λοκροῖς Ἱέρων πέμψας Χρόμιον τὸν κηδεστὴν διηπείλησεν αὐτῷ, εἰ μὴ καταλύσαιτο τὸν πρὸς αὐτοὺς πόλεμον, αὐτὸν πρὸς τὸ Ῥήγιον στρατεύειν· οὗπερ δὴ πρὸς τὴν ἀπειλὴν ἐνδόντος ἐν εἰρήνῃ διήγαγον οἱ Λοκροί. ἐφ' οἷς οὖν ἔπαθον, αἱ Λοκρίδες ᾖδον καὶ καθύμνουν τὸν Ἱέρωνα.
Comme Anaxilas, le tyran de Messine et de Rhégion, faisait la guerre aux Locriens, Hiéron (le tyran de Syracuse) envoya le prétendant Chromios et le menaça de faire la guerre à Rhégion s’il ne mettait pas un terme à la guerre contre les Locriens. Anaxilas recula, et les Locriens vécurent en paix. C’est pour cela que les Locriennes chantaient et continuent de glorifier Hiéron.
Anyté (Άνύτη) de Tégée (Arcadie)
Poétesse grecque vers 300 av. J.C., auteure d’épigrammes et probablement de chansons (ἦν δὲ καὶ μελοποιὸς nous dit Stéphane de Byzance). Elle fait partie du canon de Méléagre (T. C), où elle est citée en premier, et du canon d’Antipater (T. B), qui l’appelle l’« Homère des femmes », soit en hommage à l’esprit martial de ses épigrammes, soit pour rappeler son caractère antique. Il se pourrait cependant qu’elle ait écrit des vers épiques (T. 3). Elle était également χρησμοποιός à Épidaure, c'est-à-dire prêtresse chargée de versifier les oracles d’Asclépios.
On a conservé d’elle 21 épigrammes en dialecte dorien, qui figurent dans l’Anthologie Palatine ; une autre épigramme a été conservée chez Pollux. Certains critiques pensent qu’Anyté avait édité elle-même un recueil de ses poèmes.
Les épigrammes d’Anyté sont de quatre genres : dédicaces d’objets, épitaphes pour des hommes, épitaphes pour des animaux, paysages. Les deux premiers étaient courants à l’époque. Anyté a surtout développé les deux derniers. Douze de ses poèmes en effet sont des évocations d’un animal mort auquel elle adresse une pensée tendre (genre qu’elle semble avoir inventé, dit épikédéion), d’autres décrivent des paysages aimés ou des endroits pleins de charme (statue de Pan sous un orme, hermès près d’une source). Ces natures mortes (v. fr. 7), que l’on pourrait comparer à certains tableaux de l’art alexandrin (OCD parle de pastoral painter), constituent un véritable genre bucolique au sein de l’épigramme, plein de charme selon OCD, aux émotions calmes et pures qui caractérisent l’école péloponnésienne, à laquelle appartient aussi Nossis. Une autre épigramme décrit avec tendresse des enfants qui jouent (fr. 3). Le fr. 9 a pu servir de modèle à Théocrite 1, 1-2, à Asclépiade 1 et à Nossis 1.
Son importance réside dans le fait qu’elle est à l’origine d’un genre qui servit longtemps de modèle à l’épigramme de paysage bucolique et à l’épitaphe sur l’animal familier. La tendresse et la délicatesse qui se dégagent des poèmes d’Anyté justifient le qualificatif de « lis rouge » que lui accorde Méléagre.
Ses épigrammes sont dans le style de l’ancienne poésie chorale dorienne, comme Alcman. Son vocabulaire est très homérique. On pourrait donc admettre une date plus haute que la date qu’on lui attribue habituellement sur la base de Tatien (T. E) qui nous dit que sa statue en bronze fut élevée par Euthycratès et Céphisodote, le fils de Praxitèle, c'est-à-dire vers 300 av. (elle sera plus tard transportée à Rome).
Une de ses épigrammes est écrite en l’honneur du cheval tué au combat d’un certain Damis. Le seul Damis historique connu est le chef des Messéniens après la mort d’Aristodème, vers la fin de la 1e guerre de Messénie (Paus. IV, 10, 4 ; 13, 3). Or on sait que les Arcadiens étaient les alliés des Messéniens. Il se pourrait donc qu’il s’agisse de ce Damis là, et alors Anyté se situerait vers 680 av. J.C.
Mais une autre épigramme porte le nom d’Anyté de Mytilène, et elle est datée, par évidence interne, de 279 av. Selon Kl.Pauly, la mention de Mytilène est une erreur due à une mauvaise tradition manuscrite. La composition même de l’épigramme fait problème (voir n. ad loc.)
S’agit-il de la même Anyté ? Ou sommes nous en présence d’une Anyté de Tégée, au 7e s., et d’une Anyté de Mytilène, vers 300 ?
De même, faut-il distinguer Anyté mélopoios et Anyté lyriké, selon les titres de l’Anthologie ? Kl.Pauly pense que non. Et que faire des épigrammes classées seulement sous le nom d’Anyté ?
Pline mentionne (T. 4) une épigramme à une sauterelle et une cigale sous le nom d’Érinna. S’agit-il d’une confusion avec Anyté ?
Kroh, s.v.Ellen Greene, "Playing with Tradition; Gender and Innovation in the Epigrams of Anyte".
Excellent site sur Anyté .
Testimonia
Ἀνύτης στόμα, θῆλυν Ὅμηρον,
Anyté bouche d’or, l’Homère au féminin,
πολλὰ μὲν ἐμπλέξας Ἀνύτης κρίνα,
Il y a entrelacé beaucoup de lis rouges d’Anyté,…
E- Tatien, ad Graecos 33 P. = 52 W. :
1) Steph. Byz., s.v. Tegea : ἦν δὲ καὶ μελοποιὸς Ἀνύτη Τεγεᾶτις.
καὶ γὰρ ἡ Τεγεᾶτις Ἀνύτη Λοκρίδα δόξης
ἐμπέπληκεν, ἐφ᾽ ἧς τῷ τάφῳ φέρουσα ἐπέγραψεν·
Ὤλεο δήποτε, ... (fr. 12)
D’ailleurs
Anyté de Tégée a
couvert Locris de gloire,
sur
la tombe de laquelle
elle a inscrit en hommage :
τοῦ δὲ Ἀσκληπιοῦ τὸ ἱερὸν ἐρείπια ἦν, ἐξ ἀρχῆς δὲ ᾠκοδόμησεν αὐτὸ ἀνὴρ ἰδιώτης Φαλύσιος. νοσήσαντι γάρ οἱ τοὺς ὀφθαλμοὺς καὶ οὐ πολὺ ἀποδέον τυφλῷ ὁ ἐν Ἐπιδαύρῳ πέμπει θεὸς Ἀνύτην τὴν ποιήσασαν τὰ ἔπη φέρουσαν σεσημασμένην δέλτον. τοῦτο ἐφάνη τῇ γυναικὶ ὄψις ὀνείρατος, ὕπαρ μέντοι ἦν αὐτίκα· καὶ εὗρέ τε ἐν ταῖς χερσὶ ταῖς αὑτῆς σεσημασμένην δέλτον καὶ πλεύσασα ἐς τὴν Ναύπακτον ἐκέλευσεν ἀφελόντα τὴν σφραγῖδα Φαλύσιον ἐπιλέγεσθαι τὰ γεγραμμένα. τῷ δὲ ἄλλως μὲν οὐ δυνατὰ ἐφαίνετο ἰδεῖν τὰ γράμματα ἔχοντι οὕτω τῶν ὀφθαλμῶν· ἐλπίζων δέ τι ἐκ τοῦ Ἀσκληπιοῦ χρηστὸν ἀφαιρεῖ τὴν σφραγῖδα, καὶ ἰδὼν ἐς τὸν κηρὸν ὑγιής τε ἦν καὶ δίδωσι τῇ Ἀνύτῃ τὸ ἐν τῇ δέλτῳ γεγραμμένον, στατῆρας δισχιλίους χρυσοῦ.
Le sanctuaire d’Asclépios (à Naupacte) était en ruines. Il avait été construit à l’origine par un simple particulier, Thalysios, qui souffrait des yeux au point d’en être presque aveugle. Le dieu d’Épidaure envoya Anyté, la poétesse épique, avec une tablette scellée. Cela parut un songe à la femme, mais se révéla bientôt une vision éveillée, car elle se retrouva avec une tablette scellée dans les mains. Elle fit la traversée jusqu’à Naupacte et ordonna à Thalysios d’enlever le sceau et de lire le texte. Celui-ci pensait que cela lui serait impossible vu l’état de ses yeux, mais espérant quelque aide d’Asclépios, il enlève le sceau et lit la tablette : il était guéri. Il donne alors à Anyté ce qui était écrit sur la tablette, 2000 statères d’or.
Myronem … fecisse et cicadae monumentum ac locustae carminibus suis Eri<n>na significat.
Fragmenta
[numérotation personnelle des frr.]
Les Frr. 1-12 sont classés sous le nom d’ΑΝΥΤΗ
Fr. 1 Guerre et paix (Anth.Pal. 6,123)
Ἕσταθι τᾷδε, κράνεια βροτοκτόνε, μηδ' ἔτι λυγρὸν
χάλκεον ἀμφ' ὄνυχα στάζε φόνον δαΐων·
ἀλλ' ἀνὰ μαρμάρεον δόμον ἡμένα αἰπὺν Ἀθάνας,
ἄγγελλ' ἀνορέαν Κρητὸς Ἐχεκρατίδα.
Reste ici debout, javeline homicide, et sur ta griffe de bronze
ne fais plus couler le sang des ennemis, ne répands plus le deuil parmi eux ;
mais, au repos dans ce sanctuaire de marbre, dans le temple élevé d’Athéna,
proclame la valeur du Crétois Echécratidas.
(trad.
CUF)
Il s’agit du temple
d’Athéna Aléa à Tégée,
lieu d’asile inviolable, l’un des plus beaux sanctuaires du
Péloponnèse ;
brûlé en 395, il avait été reconstruit et décoré par Scopas.
Βουχανδὴς ὁ λέβης· ὁ δὲ θεὶς Ἐριασπίδα υἱός,
Κλεύβοτος· ἁ πάτρα δ' εὐρύχορος Τεγέα·
τἀθάνᾳ δὲ τὸ δῶρον· Ἀριστοτέλης δ' ἐπόησεν
Κλειτόριος, γενέτᾳ ταὐτὸ λαχὼν ὄνομα.
Un bœuf tiendrait dans ce chaudron ; c’est le fils d’Eriaspidas qui l’a consacré,
Cléobotos ; sa patrie est la grande Tégée ;
c’est à Athéna qu’il l’a dédié ; et celui qui la fait,
c’est Aristotélès de Cleitor, qui a reçu le même nom que son père.
(trad. CUF)
Fr. 3 Jeu d’enfants (Anth.Pal. 6, 312)
Ἡνία δή τοι παῖδες ἐνί, τράγε, φοινικόεντα
θέντες καὶ λασίῳ φιμὰ περὶ στόματι
ἵππια παιδεύουσι θεοῦ περὶ ναὸν ἄεθλα,
ὄφρ' αὐτοὺς φορέῃς ἤπια τερπομένους.
Des enfants t’ont mis, bouc, des rênes, teintes en pourpre,
ils ont passé un mors dans ta bouche velue
et ils jouent à la course de chevaux devant le temple du dieu,
pour t’apprendre à les porter doucement quand ils s’amusent.
(trad. CUF)
Il s’agit sans doute de la description d’un tableau votif.
Fr. 4 Le coq est mort (Anth.Pal. 7, 202)
Οὐκέτι μ' ὡς τὸ πάρος πυκιναῖς πτερύγεσσιν ἐρέσσων
ὄρσεις ἐξ εὐνῆς ὄρθριος ἐγρόμενος·
ἦ γάρ σ' ὑπνώοντα σίνις λαθρηδὸν ἐπελθὼν
ἔκτεινεν λαιμῷ ῥίμφα καθεὶς ὄνυχα.
Jamais plus comme naguère tu ne te réveilleras dès l’aube
pour te lever de ta couche en faisant battre tes ailes fournies ;
car un brigand en plein sommeil t’a surpris
et d’un seul coup t’a tué serrant ta gorge de ses griffes.
Fr. 5 Elle a vécu … (Anth.Pal. 7, 490)
Παρθένον Ἀντιβίαν κατοδύρομαι, ἇς ἐπὶ πολλοὶ
νυμφίοι ἱέμενοι πατρὸς ἵκοντο δόμον,
κάλλευς καὶ πινυτᾶτος ἀνὰ κλέος· ἀλλ' ἐπιπάντων
ἐλπίδας οὐλομένα Μοῖρ' ἐκύλισε πρόσω.
Je pleure la vierge Antibia, dont le désir avait amené
à la maison de son père bien des prétendants,
attirés par sa réputation de beauté et de sagesse. Mais la funeste Moire,
venant la dernière, a fait rouler au loin tous les espoirs.
(trad. CUF)
Il est possible que l’auteure fasse parler ici une « Sirène funéraire ».
Fr. 6 La liberté et la mort (Anth.Pal. 7, 538)
Μάνης οὗτος ἀνὴρ ἦν ζῶν ποτε· νῦν δὲ τεθνηκὼς
ἶσον Δαρείῳ τῷ μεγάλῳ δύναται.
Cet homme, quand il vivait, était Manès ; mais maintenant qu’il est mort,
il vaut autant que le grand Darius.
(trad. CUF)
Manès est un nom d’esclave.
Κύπριδος οὗτος ὁ χῶρος, ἐπεὶ φίλον ἔπλετο τήνᾳ
αἰὲν ἀπ' ἠπείρου λαμπρὸν ὁρῆν πέλαγος,
ὄφρα φίλον ναύτῃσι τελῇ πλόον· ἀμφὶ δὲ πόντος
δειμαίνει λιπαρὸν δερκόμενος ξόανον.
Cet endroit est à Cypris, car il plut à la déesse
de voir toujours de la côte les flots scintillants,
afin d’assurer aux matelots une agréable navigation. Tout autour
la mer est dans la crainte en regardant la statue qui luit.
(trad. CUF)
Θάεο τὸν Βρομίου κεραὸν τράγον, ὡς ἀγερώχως
ὄμμα κατὰ λασιᾶν γαῦρον ἔχει γενύων
κυδιόων, ὅτι οἱ θάμ' ἐν οὔρεσιν ἀμφὶ παρῇδα
βόστρυχον εἰς ῥοδέαν Ναῒς ἔδεκτο χέρα.
Regardez ce bouc cornu de Bromios, voyez de quel air altier
son œil superbe brille dans sa face velue :
il est fier de ce que souvent, dans les montagnes,
une Naïade a pris dans sa main de rose le poil frisé de ses joues.
(trad. CUF)
Il s’agit de la description d’une statue de bronze et non d’un animal vivant, comme l’indique le lemme.
Ξεῖν', ὑπὸ τὰν πτελέαν τετρυμένα γυῖ' ἀνάπαυσον·
ἁδύ τοι ἐν χλωροῖς πνεῦμα θροεῖ πετάλοις·
πίδακά τ' ἐκ παγᾶς ψυχρὰν πίε· δὴ γὰρ ὁδίταις
ἄμπαυμ' ἐν θερινῷ καύματι τοῦτο φίλον.
Étranger, sous l’orme repose tes membres rompus ;
un souffle agréable bruit pour toi dans le feuillage vert ;
bois à la source son eau claire et fraîche ; car pour les voyageurs
ce
lieu est agréable pour
s’y reposer de la brûlure de l’été.
Τίπτε κατ' οἰόβατον, Πὰν ἀγρότα, δάσκιον ὕλαν
ἥμενος ἁδυβόᾳ τῷδε κρέκεις δόνακι; —
„Ὄφρα μοι ἑρσήεντα κατ' οὔρεα ταῦτα νέμοιντο
πόρτιες ἠυκόμων δρεπτόμεναι σταχύων.”
Pourquoi donc, agreste Pan, dans ce bois solitaire et touffu
allongé, fais-tu résonner ce chalumeau harmonieux ?
« C’est pour que paissent dans ces monts couverts de rosée
mes génisses et qu’elles cueillent les épis chevelus. »
Φριξοκόμᾳ τόδε Πανὶ καὶ αὐλιάσιν θέτο Νύμφαις
δῶρον ὑπὸ σκοπιᾶς Θεύδοτος οἰονόμος·
οὕνεχ' ὑπ' ἀζαλέου θέρεος μέγα κεκμηῶτα
παῦσαν ὀρέξασαι χερσὶ μελιχρὸν ὕδωρ.
C’est à Pan l’hirsute et aux Nymphes protectrices des bergeries
qu’a déposé cette offrande le solitaire Théodote, presqu’au sommet ;
c’est pourquoi ils l’ont préservé de l’été brûlant :
plus besoin pour lui de puiser de la main l’onde au goût de miel.
Fr. 12, Anth.Pal. App., Epigr. sepulcr. 154 = Poll. 5, 48
Ὤλεο δήποτε, Μαῖρα, πολύρριζον παρὰ θάμνον,
Λοκρὶ, φιλοφθόγγων ὠκυτάτη σκυλάκων,
τοῖον ἐλαφρίζοντι τεῷ ἐγκάτθετο κώλῳ
ἰὸν ἀμείλικτον ποικιλόδειρος ἔχις.
Tu es donc morte, Maira de Locride, près d’un buisson bien raciné,
toi la plus rapide des chiennes jappeuses ;
dans ta croupe légère, une vipère au col bigarré
a planté impitoyablement sa morsure venimeuse.
Le Fr. 13 est dit d’ΑΝΥΤΗ ΛΥΡΙΚΗ
Μνᾶμα τόδε φθιμένου μενεδαΐου εἵσατο Δᾶμις
ἵππου, ἐπεὶ στέρνον τοῦδε δαφοινὸς Ἄρης
τύψε· μέλαν δέ οἱ αἷμα ταλαυρίνου διὰ χρωτὸς
ζέσσ', ἐπὶ δ' ἀργαλέᾳ βῶλον ἔδευσε φονᾷ.
Damis a élevé ce monument à son vaillant destrier
mort sous le coup qu’Arès rouge de sang lui a porté
en plein poitrail ; son sang noir à travers son cuir invincible
bouillonnait
tandis qu’il arrosait la terre de sa mort horrible.
Les Frr. 14-20 portent comme titre ΑΝΥΤΗ ΜΕΛΟΠΟΙΟΣ
Fr. 14 Cimetière marin (Anth.Pal. 7, 215)
Οὐκέτι δὴ πλωτοῖσιν ἀγαλλόμενος πελάγεσσιν
αὐχέν' ἀναρρίψω βυσσόθεν ὀρνύμενος,
οὐδὲ παρ' εὐσκάλμοιο νεὼς περικαλλέα χείλη
ποιφυξῶ τἀμᾷ τερπόμενος προτομᾷ·
ἀλλά με πορφυρέα πόντου νοτὶς ὦσ' ἐπὶ χέρσον,
κεῖμαι δὲ † ῥαδινὰν τάνδε παρ' ἠιόνα.
Plus jamais je ne prendrai plaisir aux vagues marines
et m’élançant par dessus l’abîme ne lèverai mon échine ;
mes belles lèvres près du navire bien-chevillé
je ne les gonflerai plus, tout joyeux de ma figure de proue :
le flot bouillonnant de la mer m’a jeté sur terre ferme
et je gis sur cette grève trop étroite.
Πολλάκι τῷδ' ὀλοφυδνὰ κόρας ἐπὶ σάματι Κλεινὼ
μάτηρ ὠκύμορον παῖδ' ἐβόασε φίλαν,
ψυχὰν ἀγκαλέουσα Φιλαινίδος, ἃ πρὸ γάμοιο
χλωρὸν ὑπὲρ ποταμοῦ χεῦμ' Ἀχέροντος ἔβα.
Souvent, sur cette tombe de jeune fille, Cleinô, la mère,
a poussé des cris lamentables vers sa chère enfant trop vite enlevée,
rappelant l’âme de Philainis, qui, avant l’hyménée,
a franchi les pâles eaux du fleuve Achéron.
(trad. CUF)
Le dernier mot de cette épigramme ἔβα fait penser à Sappho (qui suit Homère) dans la description de l’abandon de Ménélas par Hélène (fr. 16), « s’éloigner à la voile ». On le trouve aussi chez Erinna (fr. 1b, 34) et chez Corinne, dans la Palinodie de Stésichore sur Hélène.
Λοίσθια δὴ τάδε πατρὶ φίλῳ περὶ χεῖρε βαλοῦσα
εἶπ' Ἐρατὼ χλωροῖς δάκρυσι λειβομένα·
„Ὦ πάτερ, οὔ τοι ἔτ' εἰμί, μέλας δ' ἐμὸν ὄμμα καλύπτει
ἤδη ἀποφθιμένης κυάνεον θάνατος.”
Voici bien les dernières paroles qu’Eratô dit à son père chéri,
en l’enveloppant de ses deux bras, et elle versait d’abondantes larmes :
« Père, je n’existe plus ; déjà le noir trépas
voile mes yeux bleus : je suis morte. »
(trad. CUF)
Fr. 17, Anth.Pal. 7, 649 (Cf. Érinna fr. 3, Nossis, frr. 6, 7, 9 et 10)
Ἀντί τοι εὐλεχέος θαλάμου σεμνῶν θ' ὑμεναίων
μάτηρ στῆσε τάφῳ τῷδ' ἐπὶ μαρμαρίνῳ
παρθενικὰν μέτρον τε τεὸν καὶ κάλλος ἔχοισαν,
Θερσί· ποτιφθεγκτὰ δ' ἔπλεο καὶ φθιμένα.
Au lieu des douceurs de la couche nuptiale et des graves chants d’hyménée,
ta mère a dressé sur ce tombeau de marbre
une jeune vierge qui a ta taille et ta beauté,
ô Thersis ; on est tenté de t’interpeller bien que tu sois morte.
(trad. CUF)
Ἥβᾳ μέν σε, Πρόαρχ', ἔνεσαν, πάι, δῶμά τε πατρὸς
Φειδία ἐν δνοφερῷ πένθει ἔθου φθίμενος·
ἀλλὰ καλόν τοι ὕπερθεν ἔπος τόδε πέτρος ἀείδει,
ὡς ἔθανες πρὸ φίλας μαρνάμενος πατρίδος.
On a fait de toi un éphèbe, Proarchos, enfant que tu étais, et la demeure
de ton père Phidias, tu l’as plongée dans un sombre deuil par ton trépas.
Mais ils sont beaux, ces mots qu’au-dessus de toi la pierre proclame :
que tu es mort en combattant pour ta chère patrie.
(trad. CUF)
Ἵζευ τᾶσδ' ὑπὸ καλὰ δάφνας εὐθαλέα φύλλα
ὡραίου τ' ἄρυσαι νάματος ἁδὺ πόμα,
ὄφρα τοι ἀσθμαίνοντα πόνοις θέρεος φίλα γυῖα
ἀμπαύσῃς πνοιᾷ θωπτόμενα Ζεφύρου.
Viens t’asseoir, qui que tu sois, sous l’épais feuillage de ce laurier
et puise à ce ruisseau bienvenu un doux breuvage,
afin de reposer tes membres, haletants des labeurs
de l’été, que caressera le souffle de Zéphyre.
(trad. CUF)
C’est peut-être une statue (de Pan ou d’Hermès) qui parle, comme dans l’épigramme suivante.
Ἑρμᾶς τᾷδ' ἕστακα παρ' ὄρχατον ἠνεμόεντα
ἐν τριόδοις πολιᾶς ἐγγύθεν ἀιόνος,
ἀνδράσι κεκμηῶσιν ἔχων ἄμπαυσιν ὁδοῖο·
ψυχρὸν δ' ἀχραὲς κράνα ὑποπροχέει.
Je suis Hermès. Dressé ici au bord du verger dans la brise,
à la croix des chemins, non loin de la grève blanchissante,
j’offre aux passants fatigués le repos après la route :
« eau fraîche et pure », jase là-dessous une fontaine.
(trad. CUF)
ΑΝΥΤΗΣ, [οἱ δὲ ΛΕΩΝΙΔΟΥ]
Ἀκρίδι, τᾷ κατ' ἄρουραν ἀηδόνι, καὶ δρυοκοίτᾳ
τέττιγι ξυνὸν τύμβον ἔτευξε Μυρώ,
παρθένιον στάξασα κόρα δάκρυ· δισσὰ γὰρ αὐτᾶς
παίγνι' ὁ δυσπειθὴς ᾤχετ' ἔχων Ἀίδας.
Au grillon, ce rossignol des labours, et à la cigale
qui hante les chênes, Myro a bâti un tombeau égal,
et la fillette a versé une larme virginale ; car ses deux jouets,
l’implacable Hadès les a emportés.
ΑΝΥΤΗΣ [ΜΙΤΥΛΗΝΑΙΑΣ]
Οἰχόμεθ', ὦ Μίλητε, φίλη πατρί, τῶν ἀθεμίστων
τὰν ἄνομον Γαλατᾶν ὕβριν ἀναινόμεναι,
παρθενικαὶ τρισσαὶ πολιήτιδες, ἃς ὁ βιατὰς
Κελτῶν εἰς ταύτην μοῖραν ἔτρεψεν Ἄρης.
οὐ γὰρ ἐμείναμεν αἷμα τὸ δυσσεβὲς οὐδ' Ὑμέναιον,
νυμφίον ἀλλ' Ἀίδην κηδεμόν' εὑρόμεθα.
Nous sommes mortes, Milet, chère patrie, en fuyant
les outrages infâmes des Gaulois criminels,
trois jeunes filles de la cité, que le violent
Arès des Celtes a poussées à ce destin.
Car nous n’avons pas attendu leurs coups impies ni leur hymen,
mais en Hadès, l’époux de notre choix, nous avons trouvé un défenseur.
(trad. CUF)
L’attribution à Anyté est certainement erronée selon Waltz et Wilamowitz, lequel fait remarquer qu’Anyté n’a composé que des épigrammes de 4 vers. Allusion à la prise de Milet par les Galates Tolistosages en 277 av. J.C. Saint Jérôme (contre Jovinien 1, 41) fait mention de cet incident ; mais les héroïnes en seraient sept jeunes Milésiennes.
Élève de Pythagore et de Théanô, qui s’est aussi illustrée en poésie. Certains la disaient même fille de Pythagore et de Théanô (T. 5-8). Elle aurait écrit des Épigrammes bachiques, et dans le domaine philosophique, un ouvrage sur les Mystères de Cérès ou Discours sacré, ainsi qu’un ouvrage sur les Initia Bacchi (T. 1). Elle aurait aussi écrit un essai de rebus gestis a Dionyso (T. 2). Et peut-être des συγγράμματα Πυθαγόρεια.
Smith s.v.
Testimonia
1) Suda, s.v. Ἀριγνώτη, μαθήτρια Πυθαγόρου τοῦ μεγάλου καὶ Θεανοῦς, Σαμία, φιλόσοφος Πυθαγορική. συνέταξε τάδε· Βακχικά· ἔστι δὲ περὶ τῶν Δήμητρος μυστηρίων· ἐπιγράφεται δὲ καὶ Ἱερὸς λόγος. ἔγραψε δὲ καὶ Τελετὰς Διονύσου καὶ ἄλλα φιλόσοφα.
Arignoté, élève du grand Pythagore et de Théanô, philosophe pythagoricienne de Samos. Elle est l’auteure des Bachiques ; des Mystères de Déméter, intitulé aussi Discours sacré ; elle composa aussi les Rituels de Dionysos, et d’autres ouvrages philosophiques.
2) Clem. Alex., Strom. 4, 19, 121, 5 :
καὶ Ἀριγνώτη ἡ τὰ περὶ Διονύσου γραψαμένη·
3) Harpocration, Lex. in X orat. Att. 141 :
Εὐοῖ σαβοῖ: Δημοσθένης ἐν τῷ ὑπὲρ Κτησιφῶντος. Βακχικόν τι ἐπίφθεγμά ἐστι τὸ εὐοῖ. Ἀριγνώτη δέ φησιν ὅτι τινὲς ἔλεξαν εὐοῖ ἀντὶ τοῦ εὖ σοι, τὸ εὕρημα τοῦ κατόπτρου ἐπαινέοντες.
Evoi saboi : Démosthène dans le pour Ctésiphon. Evoi est un cri du culte de Bacchus. Arignoté dit que certains se sont exclamés evoi au lieu de eu soi, en admirant l’invention du miroir.
4) Harpocration, Lex. in X orat. Att. 212 :
Νεβρίζων: Δημοσθένης ἐν τῷ ὑπὲρ Κτησιφῶντος. οἱ μὲν ὡς τοῦ τελοῦντος νεβρίδα ἐνημμένου ἢ καὶ τοὺς τελουμένους διαζωννύντος νεβρίσιν, οἱ δὲ ἐπὶ τοῦ νεβροὺς διασπᾶν κατά τινα ἄρρητον λόγον. ἔστι δὲ ὁ νεβρισμὸς καὶ παρὰ Ἀριγνώτῃ ἐν τῷ περὶ τῶν τελετῶν.
… nébrismos se trouve aussi chez Arignoté, dans le Des rituels.
5) Scholia in Plat. (sch. vet.) : Dialogue R, 600b, l. 11 :
Θεανώ, ἐξ ἧς παῖδες Τηλαύγης ὁ σχολαρχήσας μετ' αὐτὸν καὶ Δάμων ἢ ὥς τινες Μνήσαρχος, θυγάτηρ δὲ Μυῖα, ἢ ὥς τινες Ἀριγνώτη.
6) Suda, s.v. Θεανώ, Κρῆσσα, φιλόσοφος, θυγάτηρ μὲν Πυθώνακτος, γαμετὴ δὲ τοῦ μεγάλου Πυθαγόρου, ἐξ οὗ ἔσχε Τηλαύγην καὶ Μνήσαρχον καὶ Μυῖαν καὶ Ἀριγνώτην.
γαμετὴν δ' ἐποιήσατο Θεανώ, τὴν Βροτίνου τοῦ Κροτωνιάτου θυγατέρα· ἐξ ἧς καὶ παῖδες αὐτῷ ἐγένοντο δύο, Τηλαύγης καὶ Δάμων ἢ ὥς τινες Μνήσαρχος. κατὰ δέ τινας καὶ θυγάτηρ, Μυῖα ὄνομα, κατὰ δὲ ἄλλους καὶ Ἀριγνώτη.
ἄλλοι δ' ἐκ Θεανοῦς τῆς Πυθώνακτος τὸ γένος Κρήσσης υἱὸν Τηλαύγη Πυθαγόρου ἀναγράφουσι καὶ θυγατέρα Μυῖαν, οἳ δὲ καὶ Ἀριγνώτην· ὧν καὶ συγγράμματα Πυθαγόρεια σῴζεσθαι.
Fragmenta
Fr. 1 : cf. T. 3.
εὐοῖ.
Fr. 2 : cf. T. 4.
νεβρισμὸς.
Fr. 3 [titulus]
Βακχικά.
Fr. 4 [titulus]
Ἱερὸς λόγος περὶ τῶν Δήμητρος μυστηρίων.
Fr. 5 [titulus]
Τελεταὶ Διονύσου.
Fr. 6 [titulus] ?
συγγράμματα Πυθαγόρεια.
Aristodama (Ἀριστοδάμα) de Smyrne
Poétesse épique de la fin du 3e s., spécialisée dans l’épopée historique. Comme d’autres auteures ou musiciennes de l’époque, elle fit des tournées en Grèce, pour donner des lectures publiques de ses œuvres, devant un public essentiellement masculin, ou peut-être mixte.
B. Gentili, Poesia e pubblico nella Grecia antica, da Omero al V secolo ; Bari, Laterza, 1989, p. 230.Testimonia
1) Syll.
522 = IG
IX,2, 62 : Décret honorifique, Lamia, 218-217 av. J.-C.
τῶν
Αἰτωλῶν· στραταγέοντος Ἁγήτα Καλλ{λ}ιπολίτα· ἀγαθᾶι τύχαι· ἔδοξε [τᾶι πόλει] τῶν Λαμιέων· v ἐπειδὴ Ἀριστο[δ]άμα Ἀμύντα Ζμυρναία ἀπ' Ἰω[νίας] ποιήτρια ἐπ[έ]ω[μ] πα[ρα]γ[ε]νομ[έ]να ἐν τὰμ πόλιν πλείονας ἐ[πιδείξεις] ἐποιή[σ]ατο τῶν ἰδίωμ ποιημάτων, v ἐν οἷς περί τε τοῦ ἔθνεο[ς] τῶν Αἰτωλῶ[μ καὶ τ]ῶμ προγόνω[ν] τοῦ δάμου ἀξίως ἐπεμνάσθη, με[τὰ] πάσας προθυμ[ίας] τὰν ἀπόδεξιμ ποιουμένα, v ε[ἶ]μ[ε]ν αὐτὰμ πρό[ξενον] τᾶς πόλιος καὶ εὐεργέτιν, δεδόσθαι δ' αὐτᾶ[ι κ]αὶ πολιτείαν καὶ γᾶς κα[ὶ οἰκίας] ἔγκτησιν καὶ ἐπ[ι]νομίαν καὶ ἀσυλίαν καὶ ἀσφάλειαν κατὰ γᾶν καὶ κατὰ θ[άλασσαν] πολέμου καὶ εἰρά[νας καὶ] α[ὐ]τᾶι καὶ ἐκγόνοις αὐτᾶς καὶ χρ[ή]μασιν ἐν τὸν ἅπ[αντα] χρόνον καὶ ὅσα τοῖς ἄλλοις προξένοις καὶ εὐεργέταις δίδοται πάντα· v ὑ[παρ]- χέτω δὲ καὶ [∙∙∙∙]νει τῶι ἀδελφεῶι αὐτᾶς καὶ ἐκγόνοις αὐτοῦ προξενί[α] πολιτεία [ἀσυλί?]α. ἀρχόντων [Πύ?]θωνος, Νέωνος, Ἀντιγένεος, στρα[ταγέ]- οντος Ἐπι[γένε?]ος, ἱππα[αρχέο]ντος Κύλου· ἔγγυος τᾶς προξε[νίας] Πύ[θω]ν? [Ἀθ]ανα̣ίου? |
(Décret)
des Étoliens :
Agétas, fils de Kallipolitas, était stratège. À la Bonne Fortune. Il a plu à la Cité de Lamia. Attendu qu’Aristodama, fille d’Amyntas, de Smyrne en Ionie, poétesse épique, s’est rendue dans notre ville et a donné plusieurs auditions de ses oeuvres au cours desquelles elle a dignement fait mention de la nation étolienne et des ancêtres de notre peuple, mettant toute son ardeur à cette présentation ; qu'elle soit proxène et évergète de la Cité ; qu'on lui accorde le droit de cité, le droit d’acquérir une terre et une maison, le droit de pâture, l’asylie et l’asphalie sur terre et sur mer, en temps de paix comme en temps de guerre ; que cela s'applique à jamais à ses descendants et à ses biens et qu'on lui concède les mêmes privilèges qu’aux autres proxènes et évergètes. Que l’on accorde à son frère … et aux descendants de celui-ci la proxénie, le droit de cité, l'asylie. Python, Néon, Antigénès étaient archontes ; Epigénès était stratège ; Kylos était hipparque ; Python, fils de Athanaios, était garant de la proxénie. |
Aristodama
avait entrepris semble-t-il, vers 218 av. J.-C., une tournée des villes
grecques car on la retrouve dans un décret contemporain de Chaléion, en
Béotie,
qui lui rend hommage en des termes proches du décret de Lamia. Le
décret de
Chaléion a été retrouvé à Delphes ; il est probable que la poétesse
avait
également séjourné dans le grand sanctuaire grec où la foule des
pèlerins lui
offrait un large public. Selon les décrets précités, Aristodama
célébrait dans
ses poèmes la gloire des Étoliens, des Locriens et de leurs ancêtres.
Aristodama voyageait accompagnée de son frère ; on y reconnaît le signe
de la
dépendance des femmes - même artistes - vis-à-vis de leurs parents
masculins.
En outre, il était risqué pour une femme d’accomplir seule un long
voyage alors
que les attaques de brigands et de pirates étaient fréquentes. Ce
frère-tuteur
assurait à la poétesse une protection physique mais aussi juridique :
il
réglait les formalités administratives liées à l'organisation de la
tournée. La
présence de ce frère pourrait signifier le célibat d'Aristodamé qui,
sinon,
aurait été accompagnée de son époux, à moins que la poétesse n'ait été
veuve au
moment de sa tournée littéraire.
Les cités ont décerné aux poétesses et aux musiciennes célèbres des honneurs comparables à ceux qu'elles réservaient aux artistes masculins. Aristodama reçut à Lamia le droit de cité (c'est-à-dire le droit de devenir citoyenne de cette cité si elle le désirait), le droit d'acquérir des biens immobiliers dans cette cité, le droit de pâture, l’asylie et l’asphalie. La protection assurée à la poétesse valut à son frère quelques privilèges aussi.
2) Fouilles de Delphes, II, 3, n° 145 = IG IX,1(2), 3, 25 [BCH 46, 1922, 445,1 [SEG 2, 263]].
Décret
honorifique, Chaléion (Béotie),
218-217 av. J.-C.
[ἀγαθᾶ]ι
τύχαι. [ἐπὶ
ἄρχοντ]ος Στρατονίκου |
À la Bonne Fortune. Sous l'archontat de Stratonikos. Il a plu au peuple de Chaléion de louer (Aristodama) pour la piété qu'elle a manifestée envers le dieu et pour son dévouement envers notre cité et de la couronner d'une couronne de lauriers sacrés de la divinité, comme il est d'usage chez les Chaléiens […]. |
Est-ce la même que
Aristodémia (Ἀριστοδήμεια) de Smyrne
Fille d’Amyntas de Smyrne -- bématiste de l’expédition d’Alexandre qui laissa le récit de son voyage dans les Étapes d’Asie (Croiset, Litt. Gr. V2, p. 95) -- qui s’illustra dans le genre épique, au milieu du 3e s. av. J.C. selon Sirinelli, p. 148, qui n’en dit pas plus.
Aristomaché (Ἀριστομάχη) d’Érythrae
Poétesse épique itinérante, antérieure à 200 av., qui remporta deux victoires aux jeux Isthmiques et consacra dans le trésor de Sicyone un livre d’or, c'est-à-dire probablement écrit en lettres d’or.
Smith, s.v.Testimonia
1) Plut. Symp. 5, 2, 10 = 675a :
ἐκεῖ τοίνυν εὑρήσετε γεγραμμένον, ὡς ἐν τῷ Σικυωνίων θησαυρῷ χρυσοῦν ἀνέκειτο βιβλίον Ἀριστομάχης ἀνάθημα τῆς Ἐρυθραίας ἐπικῷ ... ποιήματι δὶς Ἴσθμια νενικηκυίας.
Là vous trouverez écrit (Acesander, in FHG III 123), comme il a été dédié dans le trésor de Sicyone, le livre d’or dédié par Aristomaché d’Érythrae, qui remporta deux fois la victoire aux jeux Isthmiques pour la poésie épique.
Personnage mythique (?), qui passait pour la fille de Musée et la servante d’Hélène, la première auteure d’écrits sur les postures érotiques selon Hésychius et la Souda, qui inspireront plus tard Philaenis et Éléphantiné.
Smith, s.v.Testimonia
1) Suda, s.v. Ἀστυάνασσα, Ἑλένης τῆς Μενελάου θεράπαινα· ἥτις πρώτη τὰς ἐν τῇ συνουσίᾳ κατακλίσεις εὗρε καὶ ἔγραψε περὶ σχημάτων συνουσιαστικῶν· ἣν ὕστερον παρεζήλωσαν Φιλαινὶς καὶ Ἐλεφαντίνη, αἱ τὰ τοιαῦτα ἐξορχησάμεναι ἀσελγήματα.
Astyanassa : servante d’Hélène, l’épouse de Ménélas ; c’est elle qui découvrit les postures des relations sexuelles, sur lesquelles elle écrivit un livre. Elle fut plus tard imitée par Philaenis et Éléphantiné, qui ont porté à son comble ce genre d’obscénités.
2) Hesych., s.v. Ἀστυάνασσα· Ἑλένης θεράπαινα ἥτις πρώτη ἐξεῦρεν Ἀφροδίτην καὶ ἀκόλαστα σχήματα.
Servante d’Hélène, la première qui découvrit les secrets de l’amour et des positions licencieuses.
3) Photius, Bibl. p. 149a, 28, ed. Bekker :
Περὶ τοῦ κεστοῦ ἱμάντος ὡς λάβοι μὲν αὐτὸν Ἥρα παρὰ Ἀφροδίτης, δοίη δ' Ἑλένῃ, κλέψοι δ' αὐτὸν ἡ Ἑλένης θεράπαινα Ἀστυάνασσα, ἀφέλοι δ' αὐτὸν ἐξ αὐτῆς πάλιν Ἀφροδίτη.
Au sujet de la ceinture de gorge brodée, (l’auteur raconte) qu’Héra l’aurait reçue d’Aphrodite, qu’elle l’aurait donnée à Hélène ; que la servante d’Hélène Astyanassa l’aurait volée, et qu’enfin Aphrodite la lui aurait reprise.
Poétesse (?) lyrique, du cercle de Sapphô.
Wolf, Mulierum, index.
Testimonia
1) Suda, s.v. Σαπφώ :ἑταῖραι δὲ αὐτῆς καὶ φίλαι γεγόνασι τρεῖς, Ἀτθίς, Τελεσίππα, Μεγάρα· πρὸς ἃς καὶ διαβολὴν ἔσχεν αἰσχρᾶς φιλίας. μαθήτριαι δὲ αὐτῆς Ἀναγόρα Μιλησία, Γογγύλα Κολοφωνία, Εὐνείκα Σαλαμινία.
Ses trois compagnes et amies furent Atthis, Télésippa, Mégara ; l’amitié honteuse qu’elle entretint avec elles lui valurent la réprobation. Ses élèves furent Anagora de Milet, Gongyla de Colophon, Euneika de Salamine.
Poétesse grecque plus ou moins mythique, contemporaine de Phémonoé (T. 3), prêtresse de Delphes, auteure d’un hymne delphique conservé jusqu’à l’époque de Pausanias. Pline semble avoir eu entre les mains un livre attribué à elle.
Clément d’Alexandrie l’assimile à une Sibylle (T. 2).
Athénée (T. 4) cite une œuvre, apparemment un poème, intitulé Ὀρνιθογονία, qui semble avoir été une collection des mythes d’hommes changés en oiseaux, mais un doute subsiste sur son auteur, Boiô ou un poète nommé Boios ; Antoninus Liberalis, en tout cas, le cite comme une œuvre de Boios (T. 5). Le témoignage de Pline est ambigu (T. 6), car le nom de l’auteur n’est pas sûr (cf. T. 7).
Cet ouvrage rappelle les Hétéroiouména (Métamorphoses) de Nicandre de Colophon ou les Aitiai de Callimaque, qui passaient en revue les métamorphoses racontées dans les mythes grecs. L’Ornithogonie se place peut-être dans ce courant, et il faudrait alors supposer une date basse pour Boiô.
Kl. Pauly, s.v.Testimonia
Βοιὼ δὲ ἐπιχωρία γυνὴ ποιήσασα ὕμνον Δελφοῖς ἔφη κατασκευάσασθαι τὸ μαντεῖον τῷ θεῷ τοὺς ἀφικομένους ἐξ Ὑπερβορέων τούς τε ἄλλους καὶ Ὠλῆνα· τοῦτον δὲ καὶ μαντεύσασθαι πρῶτον καὶ ᾄσαι πρῶτον τὸ ἑξάμετρον. πεποίηκε δὲ ἡ Βοιὼ τοιάδε·
ἔνθα τοι εὔμνηστον χρηστήριον ἐκτελέσαντο
παῖδες Ὑπερβορέων Παγασὸς καὶ δῖος Ἀγυιεύς.
ἐπαριθμοῦσα δὲ καὶ ἄλλους τῶν Ὑπερβορέων, ἐπὶ τελευτῇ τοῦ ὕμνου τὸν Ὠλῆνα ὠνόμασεν·
Ὠλήν θ', ὃς γένετο πρῶτος Φοίβοιο προφάτας,
πρῶτος δ' ἀρχαίων ἐπέων τεκτάνατ' ἀοιδάν.
Boiô, une femme du pays qui a composé un hymne pour les Delphiens, dit que l’oracle fut établi pour le dieu par ceux qui venaient de chez les Hyperboréens, surtout par Olen : celui-ci fut aussi le premier à prophétiser et le premier à chanter l’hexamètre. Boiô a composé les vers suivants (fr. 1) :
Après avoir énuméré d’autres Hyperboréens, à la fin de l’hymne elle nomme Olen (fr.2).
2) Clem. Alex., Strom., 1, 132, 3 :
ἤδη δὲ καὶ παρ' Ἕλλησι χρησμολόγοι συχνοὶ γεγονέναι φέρονται, ὡς … Ἱππώ τε ἡ Χείρωνος καὶ Βοιὼ καὶ Μαντὼ καὶ τῶν Σιβυλλῶν τὸ πλῆθος …
Chez les Grecs déjà, dit-on, il y eut de nombreux devins, comme … Boiô …
3) Suda, s.v. Παλαίφατος, Ἀθήνησιν ἐποποιός, υἱὸς Ἀκταίου καὶ Βοιοῦς, οἱ δὲ Ἰοκλέους φασὶ καὶ Μετανείρας· οἱ δὲ Ἑρμοῦ. γέγονε δὲ κατὰ μέν τινας μετὰ Φημονόην, κατὰ δὲ ἄλλους καὶ πρὸ αὐτῆς. ἔγραψε δὲ Κοσμοποιΐαν εἰς ἔπη εʹ, Ἀπόλλωνος καὶ Ἀρτέμιδος γονάς, ἔπη γʹ, Ἀφροδίτης καὶ Ἔρωτος λόγους καὶ φωνὰς ἔπη εʹ, Ἀθηνᾶς ἔριν καὶ Ποσειδῶνος ἔπηαʹ, Λητοῦς πλόκαμον.
Palaiphatos : Athénien, auteur de vers épiques, fils d’Actéos et de Boiô, selon certains de Ioklès et de Métanire, selon d’autres d’Hermès. Il est né selon certains après Phémonoé, selon d’autres avant.
4) Athénée, 9, 393e = 49 Kaibel :
Βοῖος δ' ἐν Ὀρνιθογονίᾳ ἢ Βοιώ, ὥς φησι Φιλόχορος.
Boios dans l’Ornithogonie, ou Boiô, selon Philochore (FHG I 417).
[Ἱστορεῖ Βοῖος Ὀρνιθογονίᾳ.]
comme le rapporte Boios dans l’Ornithogonie.
Phemonoe, Apollinis dicta filia, dentes esse ei prodidit, mutae alias carentique lingua, eandem aquilarum nigerrimam, prominentiore cauda; consensit et Boe<us>.
Phémonoé qui passe pour la fille d’Apollon, a rapporté qu’il a des dents… Boiô (Boios ?) est du même avis.
Boetho qui ὀρνιθογονίαν.
Boetho, auteur d’une Ornithogonie.
Fragmenta
Fr. 1 :
ἔνθα τοι εὔμνηστον χρηστήριον ἐκτελέσαντο
παῖδες Ὑπερβορέων Παγασὸς καὶ δῖος Ἀγυιεύς.
Là les fils des Hyperboréens, Pagasos et le divin Agyieus
établirent l’oracle qui se souvient de tout.
Fr. 2 :
Ὠλήν θ', ὃς γένετο πρῶτος Φοίβοιο προφάτας,
πρῶτος δ' ἀρχαίων ἐπέων τεκτάνατ' ἀοιδάν.
Olen
fut le
premier prophète de Phoibos,
le
premier qui
façonna un chant fait d’antiques vers
épiques.
Fr. 3 (Titre) : ὕμνος Δελφοῖς.
*Fr. 4 (Titre) : Ὀρνιθογονία.
Julia Balbilla (Ἰουλία Βάλβιλλα)
Dame de compagnie de Sabina, l’épouse d’Hadrien, auteure de 5 épigrammes en distiques élégiaques, et en dialecte lesbien, à l’imitation de Sappho (cf. Damô), gravées sur le Colosse de Memnon, lors de sa visite le 20 novembre 130 apr. JC., à l’occasion du voyage d’Hadrien en Égypte.
Née en 72, Balbilla appartenait à la grande famille royale de Commagène en exil à Rome. Elle était la fille du prince Antiochos Épiphane de Commagène, fils aîné du roi de Commagène Antiochos IV, le dernier roi grec de Commagène destitué en 72 par Vespasien, et d’une Grecque d’Égypte nommée Claudia Capitolina, dont la grand-mère appartenait elle aussi à la famille royale de Commagène. Son grand-père maternel était Tibérius Claudius Balbillus, l’astrologue de Claude, Néron et Vespasien.
Son frère n’était autre que Gaius Iulius Antiochus Épiphanes Philopappus, consul de Rome, qui passa son exil à Athènes, où il se distingua comme chorège et comme agonothète. À sa mort, vers 114-116, c’est sa sœur Julia Balbilla qui lui éleva le magnifique monument de marbre Pentélique que nous pouvons encore admirer sur la colline des Muses, en face de l’Acropole.
Kroh, s.v.Fragmenta
1) In
Memnonis
crure sinistro (C. I. 4725 coll. Add. III p. 1201 sq.) no 28 :
Ἰουλίας
Βαλβίλλης, Μέμνονα πυνθανόμαν Αἰγύπτιον, ἀλίω αὔγαι αἰθόμενον, φώνην Θηβαίκω 'πὺ λίθω· Ἀδρίανον δ' ἐςίδων, τὸν παμβασίληα πρὶν αὐγὰς ἀελίω χαίρην εἶπέ [Ϝ]οι ὠς δύνοτον· Τίταν δ' ὄττ' ἐλάων λεύκοισι δι' αἴθερος ἴπποις ἐ]ν σκίαι ὠράων δεύτερον ἦχε μέτρον, ὠς χάλκοιο τυπέντος ἴη Μέμνων πάλιν αὔδαν ὀξύτονον· χαίρων καὶ τρίτον ἆχον ἴη. κοίρανος Ἀδρίανος χ[ήρ]αις δ' ἀσπάσσατο καὖτος Μέμνονα. κἀ[πιθέμαν] καλλ[ιλό]γοισι πόνοις γρόππατα σαμαίνο[ν]τά τ' ὄσ' εὔιδε κὤσσ' ἐσάκουσε· δᾶλον παῖσι δ' ἔγε[ν]τ' ὤς [Ϝ]ε φίλ[ε]ισι θέοι. |
De
Julia Balbilla, Memnon
l'Égyptien, avais-je entendu dire, échauffé
par les rayons du
soleil, |
2a) In
Memnonis
crure sinistro (C. I. 4731 coll. Add. III p. 1203) no 29a :
Ὅτε σὺν
τῆι
Σεβαστῆι Σαβείνηι Αὔως καὶ γεράρω, Μέμνον, πάι Τιθώνοιο, Θηβάας θάσσων ἄντα Δίος πόλιος, ἢ Ἀμένωθ, βασίλευ Αἰγύπτιε, τὼς ἐνέποισιν ἴρηες μύθων τῶν παλάων ἴδριες. |
(Écrit)
lorsque je fus près de Memnon Et moi aussi, je t'honorerai, ô Memnon, fils de Tithon, assis en face de la ville thébaine de Zeus, ou bien Aménoth, roi égyptien, à ce que disent les prêtres instruits des anciens mythes. |
2b) In Memnonis crure sinistro (C. I. 4730 coll. Add. III p. 1202 sq.) no 29b :
χαῖρε, καὶ αὐδάσαις πρόφρων ἀσπάσ̣δ̣ε[ο κ]αὔτ[αν] τὰν σέμναν ἄλοχον κοιράνω Ἀδριάνω. γλῶσσαν μέν τοι τμᾶξε [κ]αὶ ὤατα βάρβαρο̣ς̣ ἄνηρ, Καμβύσαις ἄθεος· τῶ ῥα λύγρῳ θαν̣άτῳ δῶκέν τοι ποίναν τὤτωι ἅκ[ρῳ] ἄορι πλάγεις τῷ νήλας Ἆπιν κάκτανε τὸν θέϊον. ἄλλ' ἔγω οὐ δοκίμωμι σέθεν τό [γε θῆον ὄλεσθαι, ψύχαν δ' ἀθανάταν, ἄ[φθιτε], σῶ[σδες ἄι. εὐσέβεες γὰρ ἔμοι γένεται σέ[πτας ἀπὸ ῥίσδας Βάλβιλλός τε σόφος κἈντίοχος [προπάτωρ· Βάλβιλλος γένετ' ἐκ μᾶτρος βασιλήιδος Ἄκ[μας, τῶ πάτερος δὲ πάτηρ Ἀντίοχος βασίλευς· κήνων ἐκ γενέας κἄγω λόχον αἶμα τὸ κᾶλον, Βαλβίλλας δ' ἔμεθεν γρόπτα τόδ' εὐσέβ[εος. |
Je te salue, chante avec bienveillance et accueille avec amour la chaste épouse que voici de l’empereur Hadrien ; un barbare t’a coupé la langue et les oreilles, Cambyse l’impie ; mais par sa mort lamentable, il en a payé le prix, frappé par la même épée acérée avec laquelle il avait sans pitié tué le divin Apis. pour ma part, je ne pense pas que ta statue divine périra, et toi, l’Immortel, sauve mon âme immortelle. Car mes pieux ancêtres sont de souche vénérable, le savant Balbillus et mon grand-père Antiochos ; Balbillus était né d’une mère royale, Akmé, et le père de son père était le roi Antiochus ; c’est de leur race que j’ai tiré mon sang, et cette inscription est de moi, la pieuse Balbilla. |
3) In
statua
Memnonis (C. I. 4729 coll. Add. III p. 1202) no 30 :
Ὅτε τῇ
πρώτῃ
ἡμέρᾳ οὐκ ἀ ‘Χθίσδον μάν, [φίλε] Μέμνον, ὃς [οὐ φώνην ἐθέλησας, ὠς πάλιν ἀλλοτρί[ω]ς βάξιν ἄναυ[δ]ος [ἔφυς· .... γὰρ σέ[π]τα μόρφα βασιλήιδος, [αἴ Ϝοι ἐ[λ]θοίσαι [γ' α]ὔται θήιον ἆχον ἴη[ς· μὴ καί τοι βασίλευς κοτέ[σῃ, ὄ] νυ δᾶρον [ἀπεῦσαν τὰν σέμναν κατέχῃς κουριδίαν ἄλοχον.’ κὠ Μέμνων τρέσσαις μεγάλως μένος Ἀ[δρ]ι[άνοιο ἐξαπίνας αὔδασ'· ἁ δ' ὀίοισ' [ἐ]χάρη. |
(Écrit)
le premier jour, quand nous « Hier
Memnon tu as gardé le silence pour
recevoir
l'époux, |
4) In
Memnonis
pede sinistro (C. I. 4727 coll. Add. III p. 1202) no 31 :
Ἔκλυον αὐδάσαντος ἐγὼ 'πὺ λίθω Βάλβιλλα φώνας τᾶς θείας Μέμνονος ἢ Φαμένωθ· ἦνθον ὔμοι δ' ἐράται βασιλήιδι τυῖδε Σαβίνναι, ὤρας δὲ πρώτας ἄλιος ἦχε δρόμος, κοιράνω Ἀδριάνω πέμπτωι δεκότωι δ' ἐνιαύτωι, φῶτ]α δ' ἔχεσκεν Ἄθυρ εἴκοσι καὶ πέσυρα· εἰκόστωι πέμπτωι δ' ἄματι μῆνος Ἄθυρ. |
Moi, Balbilla, j’ai entendu la pierre parler, j’ai entendu la voix divine de Memnon Phaménoth ; J'étais accompagné de cette admirable reine Sabine. Le soleil commençait le cours de la première heure, la quinzième année de l'empereur Hadrien ; Athyr était à son vingt-quatrième jour. Le vingt-cinquième jour du mois Athyr. |
Pausanias,
I,
43 : « Je viens de dire
d'après les
Mégaréens, qu'Apollon avait posé sa lyre sur une pierre pour aider
Alcathoos à
bâtir les murs de la ville ; s'il vous arrive de frapper cette pierre
avec un
petit caillou, elle rend le même son qu'une lyre. Cela est surprenant
sans
doute, mais beaucoup moins que ce que j'ai vu à Thèbes en Égypte ; de
l'autre
côté du Nil, près du lieu nommé les Syringes, est une statue colossale
assise,
qui représente le soleil, quoiqu'on lui donne généralement le nom de
Memnon,
qui étant, dit-on, parti de l'Éthiopie avec une armée, traversa
l'Égypte et
s'avança jusqu'à Suse. Mais les Thébains ne veulent pas que cette
statue soit
Memnon, et ils y voient Phaménophis, Égyptien. J'ai aussi entendu dire
qu'elle
représente Sésostris. Cambyse l'ayant fait briser, la moitié supérieure
du
corps est étendue à terre ; l'autre moitié est restée en place et rend
chaque
jour au lever du soleil un son que je ne puis mieux comparer qu'à celui
d'une
corde de cithare ou de lyre qui se rompt. »
Caecilia Trebulla (Καικιλία Τρεβοῦλλα)
Cette dame romaine, complètement inconnue par ailleurs, est l’auteure de 3 poèmes en vers iambiques gravés sur le Colosse de Memnon.
Elle
doit
sans doute se placer au 2e s. apr. JC, époque où
le voyage au
Colosse semble avoir été très à la mode (cf. Julia
Balbilla, Dionysia,
Sabina).
Martino.
Fragmenta
1) Colosse de Memnon no 92 (SEG 20.690) :
Τρεβούλλης.
τῆς ἱερᾶς
ἀκούουσα φωνῆς Μέμνονος,
ἐπόθουν σε,
μῆτερ, καὶ ἐξακούειν εὐχόμην.
De
Trebulla.
En
entendant la voix sacrée de Memnon,
j’ai
regretté ton absence, mère, et je souhaitais
entendre ta voix.
ou je souhaitais que toi aussi tu l’entendes
2) Colosse de Memnon no 93 (SEG 20.690) ; cf. Anth. Gr. App. Epigr. dedic. 184 :
Καικιλία
Τρεβοῦλλα
δεύτερον
ἀκούσασα
Μέμνονος.
Αὐδῆς τὸ
πρόσθεν
μοῦνον ἐξακούσαντας
νῦν ὡς
συνήθεις καὶ φίλους ἠσπάζετο
Μέμνων ὁ
παῖς
Ἠοῦς τε καὶ Τιθωνοῖο.
Αἴσθησιν
ἆρα
τῷ λίθῳ καὶ φθέγματα
ἡ φύσις ἔδωκε
δημιουργὸς τῶν ὅλων;
Cæcilia
Trébulla,
la
seconde fois qu’elle entendit
Memnon :
Auparavant
Memnon, fils
de
l'Aurore et de Tithon,
nous
a seulement fait
entendre sa
voix;
maintenant
il nous a
salués comme
connaissances et amis.
La
nature, créatrice de
toutes
choses, a-t-elle donc
donné
à la pierre le
sentiment et
la voix ?
3) Colosse de Memnon no 94 (SEG 20.690) ; cf. Anth. Gr. App. Epigr. dedic. 185 :
Καικιλία
Τρεβοῦλλα
ἔγραψα
ἀκούσασα τοῦδε Μέμνονος.
Ἔθραυσε
Καμβύσης
με τόνδε τὸν λίθον,
βασιλέως
ἑῴου
εἰκόν' ἐκμεμαγμένον.
Φωνὴ δ'
ὀδυρμὸς ἦν
πάλαι μοι, Μέμνονος
τὰ πάθη
γοῶσα, ἣν
ἀφεῖλε Καμβύσης.
Ἄναρθρα
δὴ νῦν
κἀσαφῆ τὰ φθέγματα
ὀλοφύρομαι τῆς πρόσθε
λείψανον τύχης.
Moi,
Caecilia
Trebulla,
j’ai
écrit ce poème en
entendant la voix de Memnon.
Cambyse
m'a brisée, moi cette pierre que voici,
qui
représente
l'image d'un roi de l'Orient.
Jadis
je possédais une voix plaintive qui déplorait les malheurs
de
Memnon. Depuis longtemps Cambyse me l'a enlevée.
Maintenant
mes plaintes ne sont plus que des sons inarticulés
et
dénués de sens, triste reste de ma fortune passée.
Auteure d’une courte épigramme (1 trimètre iambique suivant la mention de son nom) gravée sur le Colosse de Memnon. La même main a gravée deux autres inscriptions, en prose, mentionnant Julia Saturnina, Lucius Funisulanus Charisius et sa femme Fulvia, sans doute les compagnons de voyage de Dionysia. On sait que Funisulanus était un magistrat romain d’Égypte, stratège des nomes d’Hermonthis et de Latopolis ; une des inscriptions est datée avec précision du 5 septembre 122 apr. JC.
Dionysia, sans doute une Grecque vu son nom, faisait partie des cercles cultivés des Romains influents, comme Balbilla, dame d’honneur de la femme d’Hadrien, et sans doute aussi Caecilia Trebulla, pour qui le voyage en Égypte s’imposait.
Martino.
Fragmentum
Διονυσίας
τὸ | προσκύνημα· πολλά|κις δ' ἀκούσεται.
De
Dionysia,
En
témoignage de son adoration : puisse-t-elle
entendre souvent
(scil. la voix de Memnon).