Callistratè (Καλλιστράτη) de Lesbos   

Callistratè est citée par Athénée en même temps que Philaenis, à propos des dialogues osés de Socrate avec la courtisane Théodotè. Étant donné son origine, on peut supposer qu’il s’agissait d’une poétesse auteure d’ouvrages érotiques voire pornographiques.

Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Athen., 5, 220 = 63 Kaibel :

… Σωκράτης ὁ μετὰ τῶν Ἀσπασίας αὐλητρίδων ἐπὶ τῶν ἐργαστηρίων συνδιατρίβων καὶ Πίστωνι τῷ θωρακοποιῷ διαλεγόμενος καὶ Θεοδότην διδάσκων τὴν ἑταίραν ὡς δεῖ τοὺς ἐραστὰς παλεύειν, ὡς Ξενοφῶν παρίστησιν ἐν δευτέρῳ Ἀπομνημονευμάτων. τοιαῦτα γὰρ ποιεῖ αὐτὸν παραγγέλματα τῇ Θεοδότῃ λέγοντα, ἃ οὔτε Νικὼ ἡ Σαμία ἢ Καλλιστράτη ἡ Λεσβία ἢ Φιλαινὶς ἡ Λευκαδία, , ἀλλ' οὐδὲ ὁ Ἀθηναῖος Πυθόνικος συνεωράκασι πόθων θέλγητρα.

Socrate qui passait son temps avec les joueuses de flûtes d’Aspasie dans les échoppes, discutait avec Piston le fabricant de cuirasses et enseignait à la courtisane Théodotè qu’il faut lutter avec les amants, comme nous le dépeint Xénophon dans le livre II des Mémorables (III 10, 9- 11, 16). Il le représente en effet disant à Théodotè des recommandations que ni Nikô de Samos, ni Callistratè de Lesbos ni Philaenis de Leucade, ni même Pythonicos d’Athènes n’ont présentées pour satisfaire le désir.


Charixène (Χαριξένη)   

Poétesse lyrique et compositrice mentionnée et louée par Eustathe, qui l’appelle ποιήτρια κρουμάτων (« auteure de chansons de lyre »), mais peu appréciée de la Souda. Aristophane fait une allusion à elle, que le scholiaste et les lexicographes expliquent comme étant une expression proverbiale pour dire « niais et sot ». On dit aussi qu’elle fut joueuse de flûte et auteure de poèmes érotiques (Et. M., Hésychius). On ne sait rien de sa patrie. S’il est vrai qu’elle a écrit des poèmes érotiques, elle pourrait appartenir à l’école éolienne. Les mots d’Hésychius (ἀρχαία οὖσα), l’allusion aux vieilles chansons d’antan chez le Comique, la comparaison avec des vieilleries toutes moisies de Théopompe indiquent peut-être une date assez haute (fin 6e – début 5e s. av. J.C. ?).

Le fait que Charixène soit mentionnée par Aristophane et soit à l’origine d’un proverbe en vogue à Athènes, cité également par les Comiques Cratinos et Théopompe, pourrait plaider pour une origine athénienne de cette poétesse. S’il est vrai qu’elle aurait été courtisane, alors elle n’est sans aucun doute pas Athénienne.

La mention de la Souda, qu’elle était courtisane, est peut-être une extrapolation de son œuvre érotique. Mais cela peut tout aussi bien renvoyer à la réalité : Charixène pourrait dès lors être une courtisane cultivée dans le genre d’Aspasie, originaire peut-être d’Asie, voire de Lesbos, auteure et compositrice de chansons d’amour, en vogue un certain temps, mais très ringardes au temps d’Aristophane (l’Assemblée des femmes date de 392).

Toutefois, le témoignage d’Eustathe qui parle de femmes sages et aussi poétesses tendrait à écarter l’idée que Charixène ait été une courtisane.

Son caractère antique tient peut-être au fait qu’elle avait composé des chansons avec accompagnement de lyre ou de cithare (κροῦμα), alors que la mode au 5e s. à Athènes était plutôt à la flûte pour les chansons de banquet.

La sottise et la niaiserie qu’on lui reproche[1] ne doivent peut-être rien à la qualité de ses œuvres, ou à sa personnalité, mais au fait que le genre, avec lyre, était dépassé depuis longtemps, et que peut-être les thèmes qu’elle y abordait étaient passés de mode vers 400.


Smith, s.v.
RE III, 2 (1899) 2171-2.
cf. Lambin 294 et n. 148 : « autant dire une antiquité », avec renvois à Cratinos et Théopompe.
Martino.

Lehms, Galante, s.v. II, p. 41.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

A- Eust., Comm. ad Hom. Iliad. Β 711 = vol. 1, p. 509, ll. 18-21 :

ὅτι δὲ καὶ γυναῖκες ἦσαν οὐ μόνον ἄλλως σοφαί, ἀλλὰ καὶ μελοποιοί, οὐ μόνον ἐκ τῆς ῥηθείσης Πραξίλλης δῆλον, ἀλλὰ καὶ Σαπφοῦς καὶ Κορίννης καὶ Ἠρίννης. ἦν δὲ ποιήτρια κρουμάτων καὶ Χαριξένη, ὅθεν παροιμία παρὰ τῷ Κωμικῷ ἐν Ἐκκλησιαζούσαις· «τἀπὶ Χαριξένης τάδ' ἐστίν».

D’ailleurs, que les femmes aient été non seulement sages, mais aussi poétesses, cela est évident non seulement par la Praxilla en question, mais aussi par Sappho, Corinne et Erinna. Charixène fut également une poétesse auteure de morceaux de lyre, d’où le proverbe cité par le Comique dans son Assemblée des femmes : « Ce sont là vieilleries du temps de Charixène ».


1) Hsch., s.v. ἐπὶ Χαριξένης· ἐπὶ μωρίαις ἡ Χαριξένη διεβεβόητο, ἀρχαία οὖσα· ἔνιοι δὲ καὶ ποιήτριαν αὐτὴν ἐρωτικῶν λέγουσιν. Ἔστι δὲ καὶ παροιμία οἷα τὰ ἐπὶ Χαριξένης (Ar. Eccl. 943)

Charixène était très souvent invoquée à propos des sottises, car c’était une antiquité. Certains disent qu’elle a composé des chansons d’amour. De là le proverbe « vieilleries du temps de Charixène ».


2) Suda, s.v.  Χαριξένη: εὐήθης καὶ μωρὰ ἡ Χαριξένη, ἑταίρα. Ἀριστοφάνης· οὐ γὰρ τἀπὶ Χαριξένης τάδε γ' ἐστί.

Charixène était niaise et sotte, c’était une courtisane. Aristophane en parle : « Ce ne sont pas là vieilleries du temps de Charixène ».


3) Etym. Magnum 367, 22 :

‘Ἐπὶ χαριξένησ’: Αὐλητρὶς ἡ Χαριξένη ἀρχαία, καὶ ποιήτρια κρουμάτων· οἱ δὲ, μελοποιόν. 

Du temps de Charixène : Charixène est une flûtiste de l’Antiquité, et auteure de chansons de lyre ; certains la disent poétesse mélique.


4) Ar., Ass. 943.

Schol. vet. ad loc. : τὰ 'πὶ Χαριξένης : Εὐήθης καὶ μωρὰ ἡ Χαριξένη. 

Du temps de Charixène  : car Charixène était naïve et niaise.


5) Cratinos,  Ulysse fr. 9 Meineke = 146 Kock :

Οὐκ ἰδίᾳ τάδ' οὐκετὸν θοι τἀπὶ Χαριξένης.


6) Théopompe, Sirènes fr. 2 Meineke = 50 Kock :

Αὐλεῖ γὰρ σαπρὰ

αὕτη γε κρούμαθ' οἷα τἀπὶ Χαριξένης.

« Car elle exécute, elle, de vieux morceaux tout moisis comme ceux du temps de Charixène. »


7) Appendix proverbiorum : Centuria 2, section 82 :

Ἐπὶ Χαριξένης: οἱ μὲν αὐτὴν ἐπὶ μωρίᾳ διαβεβλῆσθαί φασι, ἔνιοι δὲ ποιήτριαν ἐρωτικὴν λέγουσιν.
Ἔστιν οὖν παροιμιῶδες Ἐπὶ Χαριξένης.

Du temps de Charixène : proverbe qui s’applique, disent certains, à la niaiserie ; selon d’autres, poétesse érotique. De là le proverbe «  du temps de Charixène »

Fragmenta

[nullum]


Cleitagora (Κλειταγόρα) de Lacédémone   

Poétesse lyrique, mentionnée par Aristophane dans les Guêpes (1245) et dans sa pièce perdue les Danaïdes (Souda). On la dit tantôt Lacédémonienne (la Souda), tantôt Thessalienne (scholie à Aristophane), tantôt Lesbienne (Hésychius). Elle semble avoir laissé son nom à un genre de chanson (v. Hésychius) ou à un scolion (chanson à boire). Elle fut très célèbre de son temps (cf. T. 1).


C’est sans doute à cause du genre de sa poésie qu’Hésychius l’appelle Lesbienne.
Quant au renseignement qu’elle était Thessalienne, il provient de l’interprétation de la chanson de Cleitagora citée par Aristophane Vesp.
Il faut donc sans aucun doute suivre le scholiaste, lui-même suivi par la Souda, car il date encore du 4e s. et était donc bien renseigné sur l’origine lacédémonienne de Cleitagora.

 

La chanson de Cleitagora (Κλειταγόρας μέλος).

Cette expression employée dans les Guêpes d’Aristophane est ambiguë : faut-il entendre la chanson composée par Cleitagora, ou la chanson dont l’héroïne est Cleitagora ?
Le fait est que le scolion de Cleitagora était bien connu à Athènes : Cratinos y fait allusion, Aristophane en fait mention une autre fois dans Lysistrata.

Selon Lambin, et malgré les témoignages d’Hésychius, de la Souda et du scholiaste à Lysistrata, il faut considérer Cleitagora simplement comme l’héroïne d’une chanson thessalienne. En effet, le nom Cleitagora est bien attesté épigraphiquement en Thessalie.

Dans les Nuées (684), Strepsiade s’initie à la grammaire en citant les noms féminins qu’il connaît, Lysilla, Philinna, Cleitagora et Démétria, dont le scholiaste (sch. vet.) nous dit αὗται πόρναι ἦσαν.

Un vase à FR, une pyxide en bronze vers 450-430, alors que les Guêpes datent de 422 et les Nuées de 423, représentent une Cleitagora. Il semble donc bien que cette Cleitagora ait eu une heure de gloire entre 450 et 425.

On peut donc légitimement penser que Cleitagora était une prostituée célèbre, d’origine thessalienne, et on comprend bien de quelle « vigueur » il s’agit.
Toutefois rien n’empêche que Cleitagora soit en même l’auteure de la chanson, vantant elle-même ses mérites… et souhaitant à son client de la vigueur et lui promettant les plaisirs des Thessaliens…

De par les dates des Nuées et des Guêpes, on peut admettre pour le scolion une date dans le 3e quart du 5e s.

Smith, s.v.
RE XI, 1 (1921) 621.
Lambin, 305-6
Martino.
v. Sarah B. Pomeroy, Spartan Women (Oxford: Oxford University Press, 2002 ; xvii+198 p.), passim.
 
Lehms, Galante Poetinnen, s.v., II p. 54.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Schol. ad Ar. Vesp. 1238 :

ὁ δ' αὐτὸν ἠνάγκαζεν Ἁρμοδίου μέλος.

†Ἁρμόδιος† δὲ ἐν τοῖς Κωμῳδουμένοις καὶ τὸν Ἄδμητον ἀνάγει γραφὴν παραθεὶς τοῦ Κρατίνου ἐκ Χειρώνων·

Κλειταγόρας ᾄδειν, ὅταν Ἀδμήτου μέλος αὐλῇ.

Ἀπολλώνιος δὲ ὁ Χαίριδος, ὡς Ἀρτεμίδωρός φησιν, περὶ μὲν τῆς Κλειταγόρας τῆς ποιητρίας, ὅτι ὡς †ἀνδρωνύμενον† ἀναγέγραφε Κλειταγόραν Ἀμμώνιος, ἀπελέγχει αὐτόν, περὶ δὲ τοῦ Ἀδμήτου παρεῖκεν.

Il essayait de le forcer à chanter la chanson d’Harmodios.

(?) dans les Railleurs, on mentionne également Admète, et on peut rapprocher le vers de Cratinos dans les Chirons :

            Chanter du Cleitagora quand on joue l’air d’Admète.

Apollonios fils de Chaeris, à ce que dit Artémidore, à propos de la poétesse Cleitagora, réfute qu’Ammonios ait fait graver Cleitagora (scil. la chanson de Cl.), mais au sujet d’Admète, il l’admet.

2) Ar., Vesp. 1245 sqq. :

μετὰ τοῦτον Αἰσχίνης ὁ Σέλλου δέξεται,
ἀνὴρ σοφὸς καὶ μουσικός, κᾆτ' ᾄσεται·

"χρήματα καὶ βίαν
Κλειταγόρᾳ τε κἀ-
μοὶ μετὰ Θετταλῶν"
.

Après lui, ce sera le tour d’Eschine fils de Séllos, de prendre la parole,
un grand esprit … et un ami des arts …, pour chanter :

« de l’argent et de la vigueur
pour Cleitagora, et pour moi,
avec les Thessalien(ne)s [la belle vie]… ».

Schol. ad loc.:

χρήματα: †πλουσίου ὧ δήματο τουτ( )† Αἰσχίνης συνέθηκε †πενίτιον† τῷ ἀλαζόνι Κλειταγόρᾳ. συνέπλεξε δὲ ἐκ τοῦ σκολίου.

Κλειταγόρᾳ τε: Κλειταγόρας μέλος λέγουσι τὸ εἰς αὐτὴν Κλειταγόραν, ἥτις ἐγένετο ποιήτρια.

      θετταλή τις γυνή.
αὕτη γυνὴ ποιήτρια θετταλή.

3) Ar., Lysistr. 1237 :

Νυνὶ δ' ἅπαντ' ἤρεσκεν· ὥστ' εἰ μέν γέ τις
ᾄδοι Τελαμῶνος, Κλειταγόρας ᾄδειν δέον,
ἐπῃνέσαμεν ἂν καὶ πρὸς ἐπιωρκήσαμεν

Mais cela plaisait à tout le monde, et si quelqu’un
avait entonné du Télamon, alors qu’il aurait fallu du Cleitagora,
on aurait applaudi quitte à se parjurer.

Schol. ad loc. : ὅταν γάρ τις ᾄσῃ ἀπὸ τῶν σκολίων Πινδάρου, λέγομεν ὅτι δεῖ μᾶλλον ᾄδειν ἀπὸ Κλειταγόρας τῆς ποιητρίας· ἡ γὰρ Κλειταγόρα ποιήτρια ἦν Λακωνικὴ, ἧς μέμνηται καὶ ἐν Δαναΐσιν Ἀριστοφάνης.

Cleitagora était en effet une poétesse laconienne, dont fait mention Aristophane dans les Danaïdes.

4) Suda, s.v. Κλειταγόρα, ποιήτρια Λακωνική. μέμνηται δὲ Ἀριστοφάνης ἐν Δαναΐσι.

Cleitagora : poétesse laconienne, mentionnée par Aristophane dans ses Danaïdes.

5) Hesch., s.v. Κλειταγόρα·

ᾠδῆς τι εἶδος. καὶ <ποιήτρια> Λεσβία τὸ γένος

Cleitagora : genre de chanson ; mais aussi poétesse originaire de Lesbos.

6) Crat., fr. 236 Kock = Cheir. fr. 10 Meineke :

Κλειταγόρας ᾄδειν, ὅταν Ἀδμήτου μέλος αὐλῇ.

chanter du Cleitagora quand on joue l’air d’Admète.

Fragmenta

*Fr. 1 : Carmina Convivialia, PMG, Fr. 29b = Scolion 27 H. = Scolion 29 B.

(= Ar. Vesp. 1245-7) :

χρήματα καὶ βίαν Κλειταγόραι τε κἀμοὶ μετὰ Θετταλῶν

« de l’argent et de la vigueur pour Cleitagora, et pour moi, parmi les Thessalien(ne)s … »


Cléobouliné ou Eumétis (Κλεοβουλίνη, Εὔμητις) de Lindos   

Poétesse élégiaque, fille de Cléobule, tyran de Lindos vers 600-570 (Eusèbe situe son acmè dans la 2e année de la 82e Olympiade, i.e. 451/450), auteure d’un recueil d’énigmes en vers, dont se moquent les comiques Cratinos dans sa pièce Κλεοβουλίναι (Ath. 4, 70 Kaibel, 33) et Alexis, dans sa Κλεοβουλίνη (Ath. 13, 50 Kaibel, 10). Selon Plutarque, elle aurait été Corinthienne de naissance et son père l’aurait appelée Eumétis, en hommage à sa sagesse. Elle était réputée pour sa morale élevée (cf. T. D) et ses qualités intellectuelles. Il lui arrivait d’assister son père dans ses tâches politiques, et souvent elle tempérait sa rigueur.

 

Les origines de l’énigme, de la fable et de la parabole se confondent presque. Outre une grande ressemblance dans les thèmes et les moyens d’expression, notamment les comparaisons animalières, on peut noter que les trois genres apparaissent à la même époque : la parabole de Thrasybule à Périandre date de 625 av. J.C., les fables d’Ésope se situent vers 600, et Cléobule et Cléobouliné sont juste après (v. Canfora, pp. 89-91 ; sur l’énigme, voir T. 2 et 3 ; Demetr. De interpr. 102).

L’énigme fameuse de l’Anth. Pal. 14, 101, rapportée sous le nom de Cléobule, et vantée par Aristote, est peut-être son œuvre (selon la Souda, v. T. 1 ; Hiller l’attribue à Cléoboulina).

Ne pas confondre avec Cléobouliné, la mère de Thalès (Diog. Laert.1, 22).

Kroh s.v.
RE XI, 1 (1921) 671.
Bailly : de Lydie  (visiblement une coquille pour Lindia), 7e s.
Smith, s.v.
Martino.
Plant, pp. 29-32.

Lehms, Galante Poetinnen, s.v.
Wolf Mulierum, index.
Ménage, Hist. Mul. Phil. p. 6-8.
Schoell, Hist. litt. gr. III, p. 72-3.
Fabric. Bibl. Graec. ii. pp. 117, 121, 654.
Meineke, Hist. Crit. Com. Graec. p. 277.

Testimonia

cf. GEI vol. I, pp. 160-4.

D- Clem. Alex., Strom. IV, 19, 123, 1 :

ἡ δὲ Κλεοβούλου θυγάτηρ τοῦ σοφοῦ καὶ Λινδίων μοναρχοῦντος τῶν ξένων τῶν πατρῴων οὐκ ᾐδεῖτο ἀπονίπτειν τοὺς πόδας·

« Et la fille de Cléobule le sage, tyran de Lindos, n’avait pas honte de laver les pieds des hôtes de son père. »

1) Suid., s. v. Κλεοβουλίνη, Λινδία, θυγάτηρ Κλεοβούλου τοῦ σοφοῦ. ἔγραψεν ἔπη, καὶ γρίφους, καὶ τὸ ᾀδόμενον εἰς τὸν ἐνιαυτὸν αἴνιγμα, οὗ ἡ ἀρχή· εἷς ὁ πατήρ, παῖδες δὲ δυώδεκα, τῶν δὲ ἑκάστῳ παῖδες τριάκοντα.

Cléobouliné de Lindos, fille de Cléobule le sage ; elle composa des vers épiques, des énigmes, dont l’énigme chantée sur l’année, dont voici le début : « Un père… »

s.v. Κλεόβουλος, Εὐαγόρου, Λίνδιος, εἷς τῶν ἑπτὰ ὀνομαζομένων σοφῶν, ῥώμῃ καὶ κάλλει διαφέρων τῶν κατ' αὐτόν, μετέσχε τε τῆς ἐν Αἰγύπτῳ φιλοσοφίας. ἐγένετο δὲ αὐτῷ θυγάτηρ Κλεοβουλίνη, ἑξαμέτρων αἰνιγμάτων ποιήτρια. οὗτος ἔγραψεν ᾄσματα καὶ γρίφους εἰς ἔπη τρισχίλια. τῶν δὲ ᾀδομένων αὐτοῦ εὐδοκίμησε τάδε· ἀμουσία τὸ πλέον μέρος ἐν βροτοῖσιν. ἔλεγέ τε, τὸν φίλον δεῖν εὐεργετεῖν, ὅπως μᾶλλον ᾖ φίλος· τὸν δὲ ἐχθρὸν φίλον ποιεῖν. εὐτυχῶν μὴ ἔσο ὑπερήφανος, ἀπορήσας μὴ ταπεινοῦ. τὰς μεταβολὰς τῆς τύχης γενναίως ἐπίστασο φέρειν. ἐτελεύτησε δὲ γηραιὸς ἔτη βιοὺς οʹ. ἀπεφήνατο· πάντων μέτρον ἄριστον. καὶ Σόλωνι ἐπέστειλεν οὕτω· πολλοὶ μέν τινές εἰσιν ἑταῖροι, καὶ οἶκος πάντη· φαμὶ δ' ἐγὼ ποτνιωτάταν ἔσεσθαι Σόλωνι τὰν Λίνδον. δαμοκρατεῖν μὲν οὖν, καὶ ἁ νᾶσος πελαγία.

2) Arist., Poét. 22, 1458a23-30 :

ἀλλ' ἄν τις ἅπαντα τοιαῦτα ποιήσῃ, ἢ αἴνιγμα ἔσται ἢ βαρβα-ρισμός· ἂν μὲν οὖν ἐκ μεταφορῶν, αἴνιγμα, ἐὰν δὲ ἐκ γλωττῶν, βαρβαρισμός. αἰνίγματός τε γὰρ ἰδέα αὕτη ἐστί, τὸ λέγοντα ὑπάρχοντα ἀδύνατα συνάψαι· κατὰ μὲν οὖν τὴν τῶν <ἄλλων> ὀνομάτων σύνθεσιν οὐχ οἷόν τε τοῦτο ποιῆσαι, κατὰ δὲ τὴν μεταφορῶν ἐνδέχεται, οἷον

"ἄνδρ' εἶδον πυρὶ χαλκὸν ἐπ' ἀνέρι κολλήσαντα",

καὶ τὰ τοιαῦτα.

Mais si un texte est entièrement composé de mots de ce genre (sc. noms rares, métaphores, allongements et tout ce qui s’écarte de l’usage courant), ce sera une énigme ou un galimatias : énigme s’il est composé de métaphores, galimatias s’il l’est de noms rares. Le principe même de l’énigme est en effet tout en parlant de la réalité, d’user de mots dont le rapprochement est impossible. On ne peut le faire en assemblant d’autres noms, mais cela est possible en assemblant des métaphores, par exemple : « … », et d’autres énigmes de ce genre.

3) Arist., Rhet.3, 2, 12=1405 a35-b 5 :

ἔτι δὲ οὐ πόρρωθεν δεῖ ἀλλ' ἐκ τῶν συγγενῶν καὶ τῶν ὁμοειδῶν μεταφέρειν <ἐπὶ> τὰ ἀνώνυμα ὠνομασμένως ὃ λεχθὲν δῆλόν ἐστιν ὅτι συγγενές (οἷον ἐν τῷ αἰνίγματι τῷ εὐδοκιμοῦντι

ἄνδρ' εἶδον πυρὶ χαλκὸν ἐπ' ἀνέρι κολλήσαντα·

ἀνώνυμον γὰρ τὸ πάθος, ἔστι δ' ἄμφω πρόσθεσίς τις· κόλλησιν τοίνυν εἶπε τὴν τῆς σικύας προσβολήν), καὶ ὅλως ἐκ τῶν εὖ ᾐνιγμένων ἔστι μεταφορὰς λαβεῖν ἐπιεικεῖς· μεταφοραὶ γὰρ αἰνίττονται, ὥστε δῆλον ὅτι εὖ μετενήνεκται.

En outre, il ne faut pas tirer de loin les métaphores, mais les emprunter à des objets de la même famille et de la même espèce, de façon que, si les choses ne sont pas nommées, on leur donne l'appellation qui se rattache manifestement au même ordre d'idées. Exemple, cette énigme bien connue :

J'ai vu un homme qui, avec du feu, collait de l'airain sur la peau d'un autre homme.

L'action subie n'est pas nommée, mais dans les termes il y a une idée d'application. L'auteur a donc appelé "collage" l'application de la ventouse. Au surplus, il faut, absolument parlant, emprunter des métaphores modérées à des allusions convenablement énigmatiques; car les métaphores sont des allusions, et c'est à quoi l'on reconnaît que la métaphore a été bien choisie.

4) Plut., de Pyth. Orac. 14, p. 401a :

τὴν δὲ Ῥοδίαν Εὔμητιν ἄχρι νῦν Κλεοβουλίνην πατρόθεν οἱ πλεῖστοι καλοῦσιν

« Eumétis de Rhodes, aujourd’hui encore, est le plus souvent appelée, du nom de son père, Cléobouliné. »

5) Plut., Sept. Sap. Conv. :

(148a) Ὁ δ' Ἀνάχαρσις ἐν τῇ στοᾷ καθῆστο, καὶ παιδίσκη προειστήκει τὴν κόμην ταῖς χερσὶ διακρίνουσα. ταύτην ὁ Θαλῆς ἐλευθεριώτατά πως αὐτῷ προσδραμοῦσαν ἐφίλησε καὶ γελάσας "οὕτως," ἔφη, "ποίει καλὸν τὸν ξένον, ὅπως ἡμερώτατος ὢν μὴ φοβερὸς ᾖ τὴν ὄψιν ἡμῖν μηδ' ἄγριος."

Ἐμοῦ δ' ἐρομένου περὶ τῆς παιδὸς ἥτις εἴη, "τὴν σοφήν," ἔφη, "καὶ περιβόητον ἀγνοεῖς Εὔμητιν; οὕτω γὰρ ταύτην ὁ πατὴρ αὐτός, οἱ δὲ πολλοὶ πατρόθεν ὀνομάζουσι Κλεοβουλίνην."

Or Anacharsis s'était installé dans cette galerie, et devant lui une jeune fille se tenait, lui séparant les cheveux avec ses mains. Lorsqu'entra Thalès, elle s'élança très librement à sa rencontre, et Thalès, après l'avoir embrassée, lui dit en riant : «Continue à rendre bien beau notre étranger, afin qu'étant devenu la douceur même il ne conserve pas au milieu de nous une mine à faire peur et un aspect sauvage.» Je lui demandai quelle était cette jeune enfant : Quoi!» me dit-il, «vous ne connaissez pas la savante et célèbre Eumétis ! car c'est ainsi que son père la nomme : le plus communément on l'appelle Cléobuline, du nom paternel.» Et Niloxène : «C'est sans doute à cause de son talent et de son habileté pour les énigmes, que vous faites l'éloge de cette jeune fille : car quelques-unes de celles qu'elle a proposées sont parvenues jusqu'en Égypte.»— «Ce n'est pas à cause de cela», répondit Thalès : «les énigmes sont pour elle des joujoux dont elle s'amuse à l'occasion pour faire sa partie avec ceux qui se rencontrent. Mais ce qui est admirable en elle c'est sa profondeur d'esprit, son sens politique, l'aménité de son caractère, et le talent qu'elle a de rendre plus douce l'autorité de son père et d'inspirer à celui-ci des sentiments plus humains à l'égard du peuple.»

(150a) Ὁ δ' Αἴσωπος, "εἴ γ'," εἶπεν, "εἰδείης, ὦ ξένε, τοὺς νῦν αὐλοποιοὺς ὡς προέμενοι τὰ νεβρεῖα, χρώμενοι τοῖς ὀνείοις, βέλτιον ἠχεῖν λέγουσιν. διὸ καὶ Κλεοβουλίνη πρὸς τὸν Φρύγιον αὐλὸν ᾐνίξατο.

κνήμῃ νεκρὸς ὄνος …

Alors Ésope : «Et si tu savais donc, ô étranger, que les fabricants de flûtes d'aujourd'hui ont abandonné les os de faons pour se servir de ceux des ânes, prétendant que ces derniers rendent un meilleur son ! C’est pourquoi Cléobuline a composé à propos de la flûte Phrygienne l'énigme que voici : « Le tibia du faon cède à celui de l'âne » de sorte que l'on s'étonne que l'âne, si épais et si peu musicien d'ailleurs, fournisse un os essentiellement léger et musical.

(154a-c) "Τί δὲ ταῦθ'," ὁ Κλεόδωρος εἶπε, "διαφέρει τῶν Εὐμήτιδος αἰνιγμάτων; ἃ ταύτην μὲν ἴσως οὐκ ἀπρεπές ἐστι παίζουσαν καὶ διαπλέκουσαν ὥσπερ ἕτεραι ζωνία καὶ κεκρυφάλους προβάλλειν ταῖς γυναιξίν, ἄνδρας δὲ νοῦν ἔχοντας ἔν τινι σπουδῇ τίθεσθαι γελοῖον."

Ἡ μὲν οὖν Εὔμητις ἡδέως ἂν εἰποῦσά τι πρὸς αὐτόν, ὡς ἐφαίνετο, κατέσχεν ἑαυτὴν ὑπ' αἰδοῦς, καὶ ἀνεπλήσθη τὸ πρόσωπον ἐρυθήματος· ὁ δ' Αἴσωπος οἷον ἀμυνόμενος ὑπὲρ αὐτῆς "οὐ γελοιό-τερον οὖν," εἶπε, "τὸ μὴ δύνασθαι ταῦτα διαλύειν, οἷόν ἐστιν ὃ μικρὸν ἔμπροσθεν ἡμῖν τοῦ δείπνου προέβαλεν,

ἄνδρ' εἶδον πυρὶ χαλκὸν ἐπ' ἀνέρι κολλήσαντα;

τί τοῦτ' ἐστὶν ἔχοις ἂν εἰπεῖν;"

"Ἀλλ' οὐδὲ μαθεῖν δέομαι," ἔφη ὁ Κλεόδωρος.

"Καὶ μὴν οὐδείς," ἔφη, "σοῦ τοῦτο μᾶλλον οἶδεν οὐδὲ ποιεῖ βέλτιον· εἰ δ' ἀρνῇ, μάρτυρας ἔχω σικύας."

«Mais en quoi», dit Cléodoros, «ces questions diffèrent-elles des énigmes d'Eumétis? A Eumétis, peut-être, ne messied-il pas de se faire un jeu de ces énigmes, et de les entrelacer, comme d'autres femmes tissent des ceintures et des résilles, pour les proposer aux personnes de son sexe; mais les offrir avec une sorte de gravité à des hommes de sens, ce serait ridicule.» On voyait qu'Eumétis aurait eu plaisir à riposter : pourtant elle se contint par respect, et son visage se couvrit de rougeur. Alors Ésope, comme pour prendre le parti de la jeune fille et se charger de sa défense : «N'est-il donc pas plus ridicule», dit-il, «d'être incapable de résoudre ces mêmes questions? Par exemple, celle qu'avant le souper elle-même nous proposait : « J'ai vu l'homme sur l'homme, à l'aide de la flamme, Appliquer de l'airain ...» pourriez-vous, Cléodoros, nous expliquer ce qu'elle signifie?» — «Je n'ai pas besoin de l'étudier», dit Cléodoros. — «Et pourtant», répondit Ésope, «personne ne le sait et ne l'exécute mieux que vous ; et si vous le niez, j'en prends à témoin les ventouses.» Cléodoros ne put s'empêcher de rire : car de tous les médecins de l'époque c'était lui qui pratiquait le plus souvent les ventouses, et il n'était pas celui qui avait le moins accrédité l'usage de ce topique.

6) Ath., X, 448c = 69 Kaibel :

ἀλλ' ἡμεῖς ζητήσωμεν πρότερον μὲν τίς ὁ ὅρος τοῦ γρίφου, τίνα δὲ Κλεοβουλίνη ἡ Λινδία προὔβαλλεν ἐν τοῖς αἰνίγμασιν.

Quant à nous cherchons d’abord la définition de l’énigme, puis ce que Cléobouliné de Lindos a proposé dans ses énigmes.

7) Ath., X, 452b = 76 Kaibel :

πολλοὶ δὲ <τῶν> γρίφων καὶ τοιοῦτοί τινές εἰσιν οἷον·

ἄνδρ' εἶδον ...

τοῦτο δὲ σημαίνει σικύας προσβολήν.

Beaucoup d’énigmes sont du genre que voici :

« j’ai vu un homme… »

Celle-ci en l’occurrence désigne l’application de ventouses.

8) Anon. in VS 2, 339, 27 = VS5 2, 410 = Δισσοὶ λόγοι fr. 3 :

 (10) ἐπὶ δὲ τὰς τέχνας τρέψομαι καὶ τὰ τῶν ποιητῶν. ἐν γὰρ τραγωιδοποιίαι καὶ ζωγραφίαι ὅστις <κα> πλεῖστα ἐξαπατῆι ὅμοια τοῖς ἀληθινοῖς ποιέων, οὗτος ἄριστος. (11) θέλω δὲ καὶ ποιημάτων παλαιοτέρων μαρτύριον ἐπαγαγέσθαι. Κλεοβουλίνης ·

ἄνδρ' εἶδον ...

Je me tournerai vers les arts et vers la poésie. Car dans la tragédie et la peinture, c’est celui qui trompe le plus en imitant la réalité qui est le meilleur. Je veux également invoquer le témoignage de poèmes plus anciens, comme celui de Cléobouliné : « J’ai vu un homme… »

9) Diog. Laert., 1, 89 :

Κλεόβουλος Εὐαγόρου Λίνδιος, ὡς δὲ Δοῦρις, Κάρ· ἔνιοι δὲ εἰς Ἡρακλέα ἀναφέρειν τὸ γένος αὐτόν· ῥώμῃ δὲ καὶ κάλλει διαφέρειν, μετασχεῖν τε τῆς ἐν Αἰγύπτῳ φιλοσοφίας. γενέσθαι τε αὐτῷ θυγατέρα Κλεοβουλίνην, αἰνιγμάτων ἑξαμέτρων ποιήτριαν, ἧς μέμνηται καὶ Κρατῖνος ἐν τῷ ὁμωνύμῳ δράματι, πληθυντικῶς ἐπιγράψας.

Cléobule, fils d'Évagoras, naquit à Lindos, ou en Carie, selon Douris (FGrH 76 F 77). Quelques-uns font remonter son origine jusqu'à Héraclès, et on le dépeint robuste et bien fait. On dit qu'il se rendit en Égypte pour y apprendre la philosophie, et qu'il eut une fille nommée Cléobuline, qui composa des énigmes en hexamètres, dont Cratinus fait mention dans la comédie qui a pour titre son nom, mais au pluriel.

10) Euseb., Chron. (p. 451 Migne)

Olymp. 80-82.

Anaxagoras moritur. Heraclitus clarus habetur… Empedocles et Parmenides physici philosophi notissimi habentur… Cratinus et Plato comoediarum scriptores clari habentur… Trecentesimo secundo anno ab Urbe condita … Telesilla ac Bacchylides lyricus clari habentur. Praxilla quoque et Cleobulina sunt celebres. Ann. ab Abr. 1560 (i.e. 452-451 av. JC).


Fragmenta

Bergk, p. 22.
Diehl I, p. 47.
PLG2, p. 354 s.
ALG fasc. 1, p. 130.
GEI vol. I, pp. 164.
CLEOBULINA Scriptor Aenigmatum (6 B.C. : Lindia), Fragmenta, ed. M.L. West, Iambi et elegi Graeci, vol. 2. Oxford: Clarendon Press, 1972: frr. 1-3.


Fr. 1 (= 1 B. = 2 H. = 1 D. = 1 E. = 1 W.) :

ἄνδρ' εἶδον πυρὶ χαλκὸν ἐπ' ἀνέρι κολλήσαντα

οὕτω συγκόλλως ὥστε σύναιμα ποιεῖν.

« J’ai vu un homme coller du bronze sur un homme avec du feu,

de manière si étroite qu’ils avaient le même sang. »

Fr. 2 (= 2 B. = 1 H. = 2 D. = 2 E. = 3 W. = AP Appendix, Epigr. exh. & suppl. 8) :

ἄνδρ' εἶδον κλέπτοντα καὶ ἐξαπατῶντα βιαίως,

καὶ τὸ βίαι ῥέξαι τοῦτο δικαιότατον.

« J’ai vu un homme voler et tromper par la force,

         et cette action violente être la plus juste. »

Fr. 3 (= 3 D. = 3 E. = 3 W.) :

κνήμηι νεκρὸς ὄνος με κερασφόρωι οὖας ἔκρουσεν·

Un âne mort m’a frappé les oreilles de son tibia encorné.

*Fr. 4 (= 3 H. = Anth. Pal. 14, 101) :

ΚΛΕΟΒΟΥΛΟΥ

Εἷς ὁ πατήρ, παῖδες δυοκαίδεκα· τῶν δὲ ἑκάστῳ
παῖδες <δὶς> τριάκοντα διάνδιχα εἶδος ἔχουσαι·
αἱ μὲν λευκαὶ ἔασιν ἰδεῖν, αἱ δ' αὖτε μέλαιναι·
ἀθάνατοι δέ τ' ἐοῦσαι ἀποφθινύθουσιν ἅπασαι.

Un père, douze fils ; à chacun de ses fils
des filles, deux fois trente, en deux lots dissemblables :
les unes au teint clair, les autres au teint foncé.
Toutes meurent : pourtant elles sont immortelles.

(trad. CUF)


Cléopatra (Κλεοπάτρα)   

Sans doute une poétesse élégiaque de Grande Grèce, puisque son épitaphe est en distiques élégiaques ; cette épitaphe mentionne en outre les Muses, notamment les dons de Cléopatra à la harpe et à la chanson.

Testimonia et Fragmenta

1) IG XIV, 793 [Sicile-Italie, date?] :

στάς, ξένε, τάνδ' ἄθρησον ἐπὶ στάλ<λ>αι Κλεοπάτραν,

ἃν φθόνος εἰς Ἀίδαν, οὐ χρόνος ἠγάγετο,

μορφᾶς ἇι πρωτεῖον ἔχειν δωρήσατο Κύπρις,

ἔργα δ' Ἀθαναία τερπνὰ σαοφροσύνας,

Μοῦσα δὲ καὶ σοφίαν καὶ πακτίδα τὰν φιλέραστον

συμφωνίαν ἐρατοῖς μειξαμένα μέλεσιν·

καὶ γνοὺς ὡς θνατοῖ<ς> οὐδὲν γλυκερώτερον αὐγᾶς

ζῆθι, κάλ<ω>ν τείνας οὔριον εὐφροσυνᾶν.

εἰ καί σου κεύθει κάλλος νέον, ὦ Κλεοπάτρα,

τύμβος καὶ φροῦδον σῶμα λέλογχε κόνις,

ἀλλ' ἀρετὰ βιοτᾶς ἀιὲν ζωοῖσι μέτεστι,

ψυχᾶς μανύουσ' εὐκλέα σωφροσύνην.

Arrête-toi, étranger, et sur la stèle regarde Cléopatra,

que l’envie et non le temps a conduite chez Hadès,

à qui Cypris avait donné le prix de la beauté,

Athéna des œuvres qui charmaient par leur sagesse,

la Muse un art consommé et la harpe aux accords

enchanteurs mêlés de chants agréables.

Vis heureux et sache qu’il n’est rien de plus doux que la lumière du jour

pour les mortels, et que des vents favorables conduisent ton navire vers la joie.

Et même si, Cléopatra, ta belle jeunesse est cachée

par un tombeau et si la poussière a recueilli ton corps qui n’est plus,

ton mérite vivra à tout jamais parmi les vivants,

proclamant la brillante sagesse de ton âme.


Clitô (Κλειτώ)   

Poétesse mentionnée par Tatien (T.E) dont Amphistrate avait sculpté la statue. Amphistrate est mentionné par Pline comme bronzier, et son floruit se situe vers 324.

Vu l’absence de tout autre témoignage, Bergk a proposé de voir dans Κλειτώ un diminutif de la poétesse bien connue par ailleurs Κλειταγόρα, ce qui est possible linguistiquement.


Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

E) Tatien, ad Graecos 33 P. = 52 W.


Corinna (Κορίννα) de Thespies   

Poétesse originaire de Thespies (Béotie) ou selon certains, de Corinthe, auteure de nomes (airs, avec rythme constant, caractéristiques de la chanson populaire) lyriques, appréciés dans l’Antiquité.

Lehms, Galante Poetinnen, s.v., II p. 61.
RE XI, 2 (1922) 1393-97.

Testimonia

1) Suda, s.v. Κορίννα Θεσπία, λυρική· οἱ δὲ Κορινθίαν εἰρήκασι. νόμους λυρικούς.

2)  Eudoc. ch. 570, p. 270

Corinne

Corinne, de Thèbes ou de Tanagra, élève de Myrtis, fille d'Archélodoros et de Prokratia, surnommée Myia (la Mouche), poétesse lyrique; elle vainquit cinq fois Pindare au concours de poésie, et écrivit cinq livres, des épigrammes et des nomes lyriques.

Il y a une autre Corinne, de Thespies (certains disent de Corinthe), poétesse lyrique; elle écrivit elle aussi des nomes lyriques.

Corinne (Κόριννα) de Tanagra   

Selon certaines sources (Eudocia, p. 270, v. supra), elle était la fille d’Achélodoros et de Procratia. En raison de son séjour prolongé à Thèbes, elle est parfois dite de Thèbes.

Elle aurait été l’élève de Myrtis. Son activité se situe au début du 5e s., dans la 76e Olympiade selon certaines sources (476-2). Elle est donc de peu antérieure à Pindare, son compatriote, qu’elle aurait à son tour initié à la poésie et qu’elle aurait affronté lors d’un concours à Thèbes. Selon Élien, elle aurait remporté cinq fois la victoire contre lui, alors que Pausanias ne parle que d’une seule victoire. C’est à la suite de ces défaites que Pindare aurait qualifié Corinne de « truie ». Plus tard, quand la réputation de Pindare fut bien établie, elle blâmera Myrtis de s’être mesurée à lui (fr. 11a). La tradition rapporte encore l’anecdote suivante : Pindare avait à ses débuts composé une ode où les mythes manquaient ; Corinne l’en blâma ; dans un second poème, le jeune poète ne sut éviter l’excès contraire, et en 6 vers, il évoqua quasiment toute la mythologie béotienne ; Corinne lui fit alors cette observation, restée proverbiale, qu’il fallait « semer à pleine main, non à plein sac ».

Page (suivi en partie par Kroh et Lesky) la date vers 200 av. J.C., Bowra entre 350 et 250, car les papyrus et les citations antiques reflètent l’orthographe des inscriptions de la 2e moitié du 3e s. av. Mais il s’agit sans doute d’une version modernisée entre 225 et 175, qui passera dans les éditions alexandrines (vers 100 av.), des poèmes anciens de la poétesse nationale béotienne. Par ailleurs, s’il est vrai que Silanion avait élevé une statue de Corinne, la poétesse ne peut être postérieure à 325, date d’activité du sculpteur selon Pline.

Pausanias mentionne un portrait de Corinne visible à Tanagra, qui la représentait liant ses cheveux avec une bandelette en signe de sa victoire, qu’il attribue autant à sa beauté et au fait qu’elle écrivait en dialecte purement local qu’à ses talents poétiques.

Son œuvre, essentiellement lyrique, consistait en 5 livres ; elle comprenait des compositions chorales, des nomes lyriques, sans doute aussi des parthénées, des épigrammes, des poèmes érotiques, ainsi que des poèmes narratifs héroïques sous forme lyrique consacrés à des héros béotiens. On y trouve de nombreuses références sur la Béotie, ses cultes, ses mythes, etc. Parmi ces narrations héroïques lyriques, un poème intitulé Ιolaos, sur la légende d’Héraclès, un autre intitulé Les Sept contre Thèbes, à propos d’un autre héros béotien, Œdipe ; ou encore Le retour d’Orion (Κατάπλους) en l’honneur du héros dont la tombe se trouvait à Tanagra. Le fr. 1a, 1 raconte le duel de chant entre les dieux des monts Cithéron et Hélicon ; la défaite de l’Hélicon pourrait signifier la victoire de la poésie de Corinne sur celle d’Hésiode. Dans le fr. 1a, 3, le devin Acraephen prédit la destinée des filles du héros local Asopos, qui seront mariées à des dieux pour donner des peuples puissants. Une partie de ces faits légendaires remontent peut-être à Eumélos de Corinthe et aux légendes de fondation des colonies. Autres titres : Βοιωτός, Εὐωνυμίαι (Les filles d’Euonymos), Ϝέροια. Le poème intitulé ᾿Ορέστας, sans doute un hymne choral pour une fête de printemps, n’est peut-être pas authentique (fr. 37).

Une partie des poèmes de Corinne semble avoir été destinée à des cercles féminins (cf. fr. 2), notamment les deux poèmes perdus qui nous sont parvenus résumés en prose par Antoninus Liberalis (v. Test. 10 et 11). Selon Younger, l’histoire des Minyades et des Coronides sont des récits édifiants à l’usage des jeunes filles "comme il faut" de Thèbes. Les Minyades travaillent bien et beaucoup certes, mais refusent de participer à la vie de la Cité (au culte de Dionysos, par ex.), ce qui peut s’avérer dangereux (Grimal l’avait déjà dit). Mais aussi à la vie sociale cristallisée dans le mariage. Pour Younger, la métamorphose de Dionysos en taureau, lion et panthère symboliserait la virilité, le nectar et le lait, la sexualité et la maternité, toutes choses que les Minyades refusent. La faute des Minyades, c’est de se refuser à une vie « normale », c’est-à-dire au lot des jeunes filles de l’époque, qui doivent se marier et enfanter de bons citoyens. Quant aux Coronides, elles se sacrifient pour le bien commun. Ce second mythe fondateur de la Cité peut s’adresser à toutes les femmes, et au-delà, à tous les citoyens. Le premier semble viser plus particulièrement les jeunes filles pubères, pour les inciter à accepter de quitter le monde de l’enfance et d’assumer leur rôle social de femmes accomplies – le tout bien entendu vu d’un point de vue de mâles… Ces poèmes de Corinne auraient donc une valeur initiatique et devaient être récités lors des fêtes de la Cité, par des chœurs de jeunes filles sans doute (cf. Calame, Les chœurs de jeunes filles).

Le dialecte éolien utilisé par Corinne contient quelques homérismes et de nombreuses particularités dues au dialecte béotien (cf. Test. 14 sqq.). Car son œuvre s’adressait d’abord aux Béotiens, tant sur le plan linguistique que pour la thématique. On pourrait qualifier Corinne de poétesse nationale béotienne, avec des accents très patriotiques parfois (v. fr. 21), alors que Pindare élargira ses poèmes en évoquant des mythes d’une autre envergure, panhelléniques de plus.

Cela a peut-être nui à sa diffusion dans le monde grec. En effet Corinne n’est quasiment pas citée avant le 1er s. av. Sa gloire ira en grandissant, notamment chez les Romains ; Ovide donnera à l’amoureuse idéale le nom de Corinne. Alexandre Polyhistor a composé un commentaire à Corinne.

Peu de fragments étaient connus de son œuvre, sauvés notamment par les grammairiens. La lecture du papyrus d’Hermoupolis-Berlin, en deux parties de 5 colonnes de 52 vers, malheureusement très lacunaire, a tout de même permis de lire deux fragments assez longs, une soixantaine de vers (v. fr. 1a, coll. 1 et 3). Les vers de Corinne consistent essentiellement en dimètres choriambiques et ioniques, souvent organisés en strophes de 5 ou 6 vers, qui rappellent le style traditionnel. Son style, malgré quelques traits empruntés à Homère et à Hésiode, reste simple, souvent proche du style populaire.

Des statues furent élevées en l’honneur de Corinne en différents endroits de la Grèce, et elle fut classée comme la première et la plus distinguée des neuf muses lyriques.

*          *          *

Lehms, Galante II, s.v.
Wolf, Mulierum, index, s.v.
Mozans, H. J.  : Woman In Science ; New York And London, D. Appleton And Company, 1913; pp. 6, 17.

Smith, s.v.
Kl. Pauly, s.v.
RE XI, 2 (1922) 1393-97.
Kroh, s.v.
OCD, s.v.
Croiset, II2, p. 369-370.
Schoell, Hist. litt.gr. vol. I, pp. 295-6.
Lesky, p. 168-169.

W. Croenert, « Corinnae quae supersunt », in Rh.Mus. 63, 1908,
Wolf, Corinnae Carmina,
J.M. Edmonds, Lyra Graeca III ; Loeb, 1927 ; pp. 22-7.
Corinna de Tànagra. Testimonis i fragments ; Barcelona 2005.
 
Diane Rayor, « Korinna: Gender and the Narrative Tradition », Arethusa 26 (1993) 219-231.
John G. Younger, « Korinna's "Shuttle Maidens" and "Daughters of Minyas": protreptic myths for good Boeotian girls ».

*          *          *

Testimonia

A- Eustathe

ὅτι δὲ καὶ γυναῖκες ἦσαν οὐ μόνον ἄλλως σοφαί, ἀλλὰ καὶ μελοποιοί, οὐ μόνον ἐκ τῆς ῥηθείσης Πραξίλλης δῆλον, ἀλλὰ καὶ Σαπφοῦς καὶ Κορίννης καὶ Ἠρίννης.

D’ailleurs, qu’il y ait eu des femmes non seulement sages, mais aussi poétesses, cela est évident non seulement par la Praxilla en question, mais aussi par Sappho, Corinne et Érinna.

B- Canon d’Antipater

καὶ σέ, Κόριννα,

θοῦριν Ἀθηναίης ἀσπίδα μελψαμέναν

Voici les femmes aux accents divins que de chants ont nourries

l’Hélicon et le rocher macédonien de Piérie :

Érinna, l’illustre Télésilla, et toi, Corinna,

                        qui chantas le bouclier batailleur d’Athéna.

D- Clem. Alex. Strom.

παραπέμπομαι τοίνυν τὰς ἄλλας διὰ τὸ μῆκος τοῦ λόγου, μήτε τὰς ποιητρίας καταλέγων, Κόρινναν καὶ Τελέσιλλαν, Μυῖάν τε καὶ Σαπφώ

« Je laisserai de côté les autres femmes, pour ne pas faire trop long, sans non plus dresser la liste de toutes les poétesses, comme Corinne, Télésilla, Myia et Sapphô.

E- Tatien, Oratio ad Graecos 33

Πράξιλλαν μὲν γὰρ Λύσιππος ἐχαλκούργησεν … Τί γάρ μοι περὶ Ἀνύτης λέγειν Τελεσίλλης τε καὶ Νοσσίδος; Τῆς μὲν γὰρ Εὐθυκράτης τε καὶ Κηφισόδοτος, τῆς δὲ Νικήρατος, τῆς δὲ Ἀριστόδοτός εἰσιν οἱ δημιουργοί· Μνησαρχίδος τῆς Ἐφεσίας Εὐθυκράτης, Κορίννης Σιλανίων.

Lysippe a représenté en bronze Praxilla... Car que dire d’Anyté, de Télésilla et de Nossis ? L’une a été représentée par Euthycrate et Céphisodote, l’autre par Nicérate, l’autre par Aristodote, comme Mnésarchis l’Éphésienne par Euthycrate, Corinne par Silanion...

1) Sud., s.v. Κορίννα, Ἀχελῳοδώρου καὶ Προκρατίας, Θηβαία ἢ Ταναγραία, μαθήτρια Μύρτιδος· ἐπωνόμαστο δὲ Μυῖα· λυρική. ἐνίκησε δὲ πεντάκις ὡς λόγος Πίνδαρον. ἔγραψε βιβλία εʹ, καὶ ἐπιγράμματα καὶ νόμους λυρικούς.

Fille d’Achéloodoros et de Prokratia, originaire de Thèbes ou de Tanagra, élève de Myrtis ; elle était surnommée la Mouche ; poétesse lyrique. Elle vainquit dit-on Pindare à cinq reprises. Elle a écrit 5 livres, des épigrammes et des nomes lyriques.

2) Plut., de Glor. Athen. iv, 347f-348a (cf. Pind. fr. 6) :

ἡ δὲ Κόριννα τὸν Πίνδαρον, ὄντα νέον ἔτι καὶ τῇ λογιότητι σοβαρῶς χρώμενον, ἐνουθέτησεν ὡς ἄμουσον ὄντα [καὶ] μὴ ποιοῦντα μύθους, ὃ τῆς ποιητικῆς ἔργον εἶναι συμβέβηκε, γλώσσας δὲ καὶ καταχρήσεις καὶ μεταφορὰς καὶ μέλη καὶ ῥυθμοὺς ἡδύσματα τοῖς πράγμασιν ὑποτιθέντα. | σφόδρ' οὖν ὁ Πίνδαρος ἐπιστήσας τοῖς λεγομένοις ἐποίησεν ἐκεῖνο τὸ μέλος

‘Ἰσμηνὸν ἢ χρυσαλάκατον Μελίαν,
ἢ Κάδμον ἢ Σπαρτῶν ἱερὸν γένος ἀνδρῶν,
ἢ τὸ πάνυ σθένος Ἡρακλέους
ἢ τὰν <Διωνύσου πολυγαθέα τιμάν.‘>
δειξαμένου δὲ τῇ Κορίννῃ, γελάσασα ἐκείνη
τῇ χειρὶ δεῖν ἔφη σπείρειν, ἀλλὰ μὴ ὅλῳ τῷ θυλάκῳ.

Corinne réprimanda Pindare, encore jeune et qui prenait très au sérieux son éloquence, et lui reprocha de manquer d’inspiration et de ne pas utiliser de mythes, ce qui, convient-on, est le propre de la création poétique, en utilisant les mots, leurs dérivés, les métaphores, la mélodie et le rythme pour agrémenter la chose. Pindare prit le reproche très à cœur et composa la strophe suivante (fr. 29 Schr.) :

« Isménos ou Mélia aux flèches d’or,
ou Cadmos ou la race sacrée des Spartes,
ou la force immense d’Héraclès,
ou l’honneur précieux de Dionysos ».

Quand il la montra à Corinne, celle-ci éclata de rire, disant qu’il fallait semer à la main, et non à plein sac.

3) Élien, V. H. 13, 25 :

Πίνδαρος ὁ ποιητὴς ἀγωνιζόμενος ἐν Θήβαις ἀμαθέσι περιπεσὼν ἀκροαταῖς ἡττήθη Κορίννης πεντάκις. ἐλέγχων δὲ τὴν ἀμουσίαν αὐτῶν ὁ Πίνδαρος σῦν ἐκάλει τὴν Κόρινναν.

Le poète Pindare, lors de concours à Thèbes, tomba sur des auditeurs ignares et fut vaincu cinq fois par Corinne. Pour leur faire honte de leur inculture, Pindare appelait Corinne « la truie ».

4) Paus. ix. 22, 3 :

Κορίννης δέ, ἣ μόνη δὴ ἐν Τανάγρᾳ ᾄσματα ἐποίησε, ταύτης ἔστι μὲν μνῆμα ἐν περιφανεῖ τῆς πόλεως, ἔστι δὲ ἐν τῷ γυμνασίῳ γραφή, ταινίᾳ τὴν κεφαλὴν ἡ Κόριννα ἀναδουμένη τῆς νίκης ἕνεκα ἣν Πίνδαρον ᾄσματι ἐνίκησεν ἐν Θήβαις. φαίνεται δέ μοι νικῆσαι τῆς διαλέκτου τε ἕνεκα, ὅτι ᾖδεν οὐ τῇ φωνῇ τῇ Δωρίδι ὥσπερ ὁ Πίνδαρος ἀλλὰ ὁποίᾳ συνήσειν ἔμελλον Αἰολεῖς, καὶ ὅτι ἦν γυναικῶν τότε δὴ καλλίστη τὸ εἶδος, εἴ τι τῇ εἰκόνι δεῖ τεκμαίρεσθαι.

Corinne, qui fut la seule à Tanagra à composer des poèmes, a un monument dans un endroit très en vue de la ville ; il y a aussi dans le gymnase une peinture représentant Corinne se ceignant la chevelure d’une bandelette en signe de la victoire qu’elle remporta à Thèbes contre Pindare dans un concours de poésie. À mon avis, si elle a remporté la victoire, c’est à cause de son dialecte, car elle ne composait pas en langue dorienne comme Pindare, mais dans une langue que pouvaient comprendre des Éoliens, et aussi parce qu’elle était la plus belle des femmes de l’époque, à en juger d’après son portrait.

5) Paus. 9, 20, 1 :

Ταναγραῖοι δὲ οἰκιστήν σφισι Ποίμανδρον γενέσθαι λέγουσι Χαιρησίλεω παῖδα τοῦ Ἰασίου τοῦ Ἐλευθῆρος, τὸν δ' Ἀπόλλωνός τε καὶ Αἰθούσης εἶναι τῆς Ποσειδῶνος. Ποίμανδρον δὲ γυναῖκά φασιν ἀγαγέσθαι Τάναγραν θυγατέρα Αἰόλου· Κορίννῃ δέ ἐστιν ἐς αὐτὴν πεποιημένα Ἀσωποῦ παῖδα εἶναι.

Les Tanagréens prétendent que leur héros fondateur fut Poemandros, le fils de Chairésilaos, fils de Iasios, fils d’Éleuther, lequel était fils d’Apollon et d’Aethuse, la fille de Poséidon. Poemandros prit pour femme, dit-on, Tanagra, la fille d’Éole. Corinne en fait dans ses poèmes une fille d’Asopos.

6) Vitae Pindari p. 8 = AG App., Epigr. dem. 74, 9-11 :

Τῷ δὲ λιγυφθόγγων ἐπέων μελέων θ' ὑποθήμων
ἔπλετο δῖα Κόριννα· θεμείλια δ' ὤπασε μύθων
τὸ πρῶτον·

Mais c’est Corinne qui lui suggéra les vers et les chants retentissants ;
c’est elle qui la première lui apprit les lois des mythes.

7) Ps-Plut., De musica, ch. 14 = 1136 A (= fr. 29 Bgk.) :

ἡ δὲ Κόριννα καὶ διδαχθῆναί φησι τὸν Ἀπόλλω ὑπ' Ἀθηνᾶς αὐλεῖν.

tandis que Corinne raconte qu’Apollon reçut des leçons de flûte d’Athéna.

8) Schol. ad Apoll. Rhod. I, 551 = 47, 15 Wendel :

καὶ Ἀλέξανδρος ἐν τῶι α’ τῶν Κορίννης Ὑπομνημάτων.

… ainsi qu’Alexandros (sc. Polyhistor) dans le livre I des Commentaires à Corinne.

9) Schol. ad Apoll. Rhod. iii. 1178 = 251, 2 Wendel :

Ἀονία γὰρ πρότερον ἡ Βοιωτία. Ὠγυγίας δὲ τὰς Θήβας ἀπὸ Ὠγύγου τοῦ βασιλεύσαντος αὐτῶν. Κόριννα δὲ τὸν Ὤγυγον Βοιωτοῦ υἱόν.

Car la Béotie s’appelait à l’origine Aonie. Ogygie est le nom de Thèbes, d’après Ogygos qui fut leur roi. Corinne dit qu’Ogygos était le fils de Boiotos.

10) Antoninus Lib., Metamorph. 10 (= Bergk, PLG 31)

Μινυάδες.

[Ἱστορεῖ Νίκανδρος Ἑτεροιουμένων δʹ καὶ Κόριννα.]

Μινύου τοῦ Ὀρχομενοῦ ἐγένοντο θυγατέρες Λευκίππη, Ἀρσίππη, Ἀλκαθόη καὶ ἀπέβησαν ἐκτόπως φιλεργοί. πλεῖστα δὲ καὶ τὰς ἄλλας γυναῖκας ἐμέμψαντο, ὅτι ἐκλιποῦσαι τὴν πόλιν ἐν τοῖς ὄρεσιν ἐβάκχευον, ἄχρι Διόνυσος εἰκασθεὶς κόρῃ παρῄνεσεν αὐταῖς μὴ ἐκλείπειν τελετὰς ἢ μυστήρια τοῦ θεοῦ. αἱ δὲ οὐ προσεῖχον. πρὸς δὴ ταῦτα χαλεπήνας ὁ Διόνυσος ἀντὶ κόρης ἐγένετο ταῦρος καὶ λέων καὶ πάρδαλις καὶ ἐκ τῶν κελεόντων ἐρρύη νέκταρ αὐτῷ καὶ γάλα. πρὸς δὲ <ταῦτα> τὰ σημεῖα τὰς κόρας ἔλαβε δεῖμα. καὶ μετ' οὐ πολὺ κλήρους εἰς ἄγγος αἱ τρεῖς ἐμβαλοῦσαι ἀνέπηλαν· ἐπεὶ δ' ὁ κλῆρος ἐξέπεσε Λευκίππης, ηὔξατο θῦμα τῷ θεῷ δώσειν καὶ Ἵππασον τὸν ἑαυτῆς παῖδα διέσπασε σὺν ταῖς ἀδελφαῖς. καταλιποῦσαι δὲ τὰ οἰκεῖα τοῦ πατρὸς ἐβάκχευον ἐν τοῖς ὄρεσι καὶ †ἐνέμοντο† κισσὸν καὶ μίλακα καὶ δάφνην, ἄχρις αὐτὰς Ἑρμῆς ἁψάμενος τῇ ῥάβδῳ μετέβαλεν εἰς ὄρνιθας· καὶ αὐτῶν ἡ μὴν ἐγένετο νυκτερίς, ἡ δὲ γλαῦξ, ἡ δὲ βύξα. ἔφυγον δὲ αἱ τρεῖς τὴν αὐγὴν τοῦ ἡλίου.

Les Minyades (récits de Nikandros, Métamorph. IV, et de Corinne).

Minyas roi d’Orchomène eut pour filles Leukippè, Arsippè et Alkathoè, qui se montraient extraordinairement travailleuses. Très souvent, elles reprochaient aux autres femmes de quitter la ville pour faire les bacchantes dans la montagne, jusqu’au jour où Dionysos leur apparut déguisé en jeune fille et les encouragea à ne pas négliger les cérémonies et les mystères du dieu. Les trois sœurs ne lui accordèrent aucune attention. Irrité, Dionysos se transforma en taureau, en lion et en panthère, tandis que des montants de leurs métiers à tisser se mirent à couler du nectar et du lait. À ce moment-là, la terreur s’empara des jeunes filles. Peu après, elles placèrent des jetons dans un vase et tirèrent au sort (cf. fr. 24,1) ; le sort ayant désigné Leukippè, celle-ci fit le vœu d’offrir une victime au dieu, et avec ses sœurs, déchira Hippasos son propre fils. Puis elles quittèrent la maison de leur père et gagnèrent la montagne pour faire les bacchantes, couronnées de lierre, de liseron et de laurier, jusqu’à ce qu’Hermès les touche de son caducée pour les transformer en oiseau : l’une fut métamorphosée en chauve-souris, l’autre en chouette, la troisième en hibou, et toutes trois se mirent à éviter l’éclat du soleil.

(cf. Grimal, Dict. myth., s.v. Minyades)

11) Antoninus Lib., Metamorph. 25 (= Bergk, PLG 7)

Μητιόχη καὶ Μενίππη.

[Ἱστορεῖ Νίκανδρος Ἑτεροιουμένων δʹ καὶ Κόριννα Ἑτεροίων (Γεροίων) αʹ.]

Ὠρίωνος τοῦ Ὑριέως ἐν Βοιωτίᾳ θυγατέρες ἐγένοντο Μητιόχη καὶ Μενίππη. αὗται, ὅτε Ὠρίωνα ἠφάνισεν ἐξ ἀνθρώπων Ἄρτεμις, ἐτρέφοντο παρὰ τῇ μητρί. καὶ Ἀθηνᾶ μὲν ἐδίδασκεν αὐτὰς ἱστοὺς ἐξυφαίνειν, Ἀφροδίτη δὲ αὐταῖς ἔδωκε κάλλος. ἐπεὶ δὲ Ἀονίαν ὅλην ἔλαβε λοιμὸς καὶ πολλοὶ ἀπέθνῃσκον, θεωροὺς ἀπέστειλαν παρὰ τὸν Ἀπόλλωνα τὸν Γορτύνιον· καὶ αὐτοῖς εἶπεν ὁ θεὸς ἱλάσσασθαι δύο τοὺς ἐριουνίους θεούς· ἔφη δὲ καταπαύσειν αὐτοὺς τὴν μῆνιν, εἰ δύο δυσὶν ἑκοῦσαι παρθένοι θύματα γένοιντο. πρὸς [δὲ] δὴ τὸ μαντεῖον οὐδεμία τῶν ἐν τῇ πόλει παρθένων ὑπήκουσεν, ἄχρι γυνὴ θῆσσα τὸν χρησμὸν ἐξήνεγκε πρὸς τὰς θυγατέρας τοῦ Ὠρίωνος. αἱ δ' ὡς ἐπύθοντο παρὰ τὸν ἱστὸν ἔχουσαι, τὸν ὑπὲρ ἀστῶν θάνατον ἐδέξαντο πρὶν ἢ τὴν ἐπιδήμιον ἐπιπεσοῦσαν αὐτὰς ἀφανίσαι νόσον· τρὶς δὲ βοησάμεναι χθονίους δαίμονας, ὅτι αὐτοῖς ἑκοῦσαι θύματα γίνονται, ἐπάταξαν ἑαυτὰς τῇ κερκίδι παρὰ τὴν κλεῖδα καὶ ἀνέρρηξαν τὴν σφαγήν. καὶ αὐταὶ μὲν ἀμφότεραι κατέπεσον ἐς τὴν γῆν· Φερσεφόνη δὲ καὶ Ἅιδης οἰκτείραντες τὰ μὲν σώματα τῶν παρθένων ἠφάνισαν, ἀντὶ δ' ἐκείνων ἀστέρας ἀνήνεγκαν ἐκ τῆς γῆς· οἱ δὲ φανέντες ἀνηνέχθησαν εἰς οὐρανόν, καὶ αὐτοὺς ὠνόμασαν ἄνθρωποι κομήτας. ἱδρύσαντο δὲ πάντες Ἄονες ἐν Ὀρχομενῷ τῆς Βοιωτίας ἱερὸν ἐπίσημον τῶν παρθένων τούτων. καὶ αὐταῖς καθ' ἕκαστον ἔτος κόροι τε καὶ κόραι μειλίγματα φέρουσιν. προσαγορεύουσι δ' αὐτὰς ἄχρι νῦν Ἄονες Κορωνίδας παρθένους.

Métiochè et Ménippè (récits de Nikandros, Métamorph. IV, et de Corinne [Eroia I])

Orion, fils d’Hyrée de Béotie, eut deux filles, Métiochè et Ménippè. Quand Artémis enleva Orion de parmi les hommes, elles furent élevées par leur mère et Athéna leur enseigna le tissage, tandis qu’Aphrodite leur donna la beauté. Alors qu’une peste avait frappé l’ensemble de l’Aonie (=Béotie), et que beaucoup de gens mourrait, on envoya des théores consulter Apollon Gortynios. Le dieu leur répondit d’apaiser les Deux Dieux Bienfaisants et que ceux-ci mettraient un terme à leur colère si deux jeunes filles acceptaient de se laisser sacrifier. Aucune des jeunes filles de la cité n’accepta de se plier à l’oracle, jusqu’au moment où une thète rapporta l’oracle aux filles d’Orion. Celles-ci étaient à leurs métiers lorsqu’elles apprirent la nouvelle ; elles acceptèrent de mourir pour sauver leurs concitoyens avant que l’épidémie ne fasse disparaître la cité. Elles invoquèrent de leurs cris, à trois reprises, les divinités de sous la terre, à qui elles dirent qu’elles acceptaient de se laisser sacrifier, et elles se jetèrent sur leurs navettes, au défaut du cou, et ainsi s’égorgèrent. Elles furent toutes deux englouties dans la terre. Perséphone et Hadès eurent pitié d’elles, firent disparaître leurs corps et à leur place firent surgir de la terre des étoiles ; celles-ci montèrent au ciel, et les hommes les appelèrent comètes. L’ensemble des Béotiens fonda à Orchomène de Béotie un sanctuaire en l’honneur de ces deux filles. Et chaque année, jeunes gens et jeunes filles leur apportent des sacrifices expiatoires, et les Béotiens, aujourd’hui encore, les appellent les Vierges Coronides (i.e. les jeunes filles à la navette).

(cf. Grimal, Dict. myth., s.v. Coronides)

12) Scholia in Eur. 26, 18 :

ἀνελεῖν δὲ αὐτὸν οὐ μόνον τὴν Σφίγγα, ἀλλὰ καὶ τὴν Τευμησίαν ἀλώπεκα, ὡς Κόριννα.

Il (sc. Oedipe) tua, à ce qu’on raconte, non seulement le Sphinx, mais aussi le renard de Teumésos, comme le raconte Corinne [fr. 33 Page].

13) Scholia in Nicandr. Theriaca 15a, 9 :

οἱ δὲ πλείους Ταναγραῖον εἶναί φασιν τὸν Ὠρίωνα. Κόριννα δὲ εὐσεβέστατον λέγει αὐτὸν καὶ <ἐκ τῆς Βοιωτίας> ἀπελθόντα πολλοὺς τόπους ἡμερῶσαι καὶ καθαρίσαι ἀπὸ θηρίων.

La plupart des gens disent qu’Orion est de Tanagra. Corinne (fr. 20 Page) le dit très pieux ; après avoir quitté la Béotie, il aurait pacifié de nombreux lieux et les aurait débarassés de monstres.

14) Hesych., s.v. τόνθων· παρὰ Κορίννῃ ἐπὶ νωτιαίου κρέως τὸ ὄνομα.

tonthôn : chez Corinne (fr. 32), nom pour un morceau de viande du dos.

15a) Steph. Byz., s. v. Θέσπεια, πόλις Βοιωτίας. Ὅμηρος „Θέσπειαν Γραῖάν τε”. Θεσπιάδου κτίσμα, [κατὰ δέ τινας Θεσπίου] τοῦ Τεύθραντος τοῦ Πανδίονος. γράφεται καὶ διὰ τοῦ ι καὶ ἐκτείνεται. καὶ συστέλλεται παρὰ Κορίννῃ.

Thespie : ville de Béotie. Homère (Β 498) parle de "Thespie et Graia". Fondée par Thespiadès, -- ou Thespios selon d’autres – fils de Teuthras fils de Pandion. S’écrit aussi avec un i, qui s’allonge ; abrégé chez Corinne. (cf. fr. 21)

15b) Herod., Περὶ ὀρθογραφίας 3,2, p. 520 :

Θέσπεια, πόλις Βοιωτίας. Ὅμηρος «Θέσπειαν Γραῖάν τε». γράφεται καὶ διὰ τοῦ ι καὶ ἐκτείνεται καὶ συστέλλεται παρὰ Κορίννῃ.

15c) Eust., ad Iliad., vol. 1, p. 406 :

Θέσπια γὰρ καὶ Θεσπιαὶ ἡ αὐτή. φησὶ δὲ ὁ τῶν Ἐθνικῶν συγγραφεὺς καί, ὅτι τὸ Θέσπια καὶ ἐκτείνεται καὶ συστέλλεται παρὰ Κορίννῃ—σοφὴ δὲ τὴν ποίησιν ἡ Κόριννα.

Thespie et Thespies sont en effet identiques. L’auteur des Ethnika (sc. Steph. Byz.) dit aussi que Θέσπια s’allonge ou s’abrège chez Corinne – habile poétesse que cette Corinne.

16a) Eust., ad Od., vol. 1, p. 376, 10 :

οὕτω δὲ καὶ φράζω φράσσω τὸ λέγω. ἐκεῖθεν Κόριννα ἡ μελοποιὸς φράττω ἔφη ἐν δυσὶ τ Βοιωτικῶς.

Ainsi φράζω φράσσω pour λέγω. A partir de là, la poétesse Corinne écrit φράττω (fr. 34) en redoublant le τ à la manière des Béotiens.

16b) Eust., ad Iliad., vol. 3, p. 130 :

οἱ Ταραντῖνοι τὰ εἰς ζω λήγοντα ῥήματα βαρύτονα διὰ δύο σίγμα προφέρουσιν, οἷον σαλπίζω σαλπίσσω, λακτίζω λακτίσσω, φράζω φράσσω, ὅπερ ἡ Κόριννα φράττω λέγει Βοιωτικῶς.

Les habitants de Tarente prononcent les verbes non contractes finissant en ζω comme s’ils avaient deux sigmas, par exemple σαλπίζω σαλπίσσω, λακτίζω λακτίσσω, φράζω φράσσω, tout comme Corinne qui dit φράττω à la manière des Béotiens.

17) Scholia in Arist. Acharn. 720 :

ἀγοράζειν: ἐν ἀγορᾷ διατρίβειν, Ἀττικῶς. ὅθεν καὶ ἡ Κόριννα ἐπιτιμᾷ τῷ Πινδάρῳ ἀττικίζοντι, ἐπεὶ ἐν τῷ πρώτῳ τῶν Παρθενίων ἐχρήσατο τῇ λέξει.

Agorazein : passer son temps sur l’agora, en attique. C’est pourquoi Corinne reproche à Pindare d’atticiser, vu que dans le premier livre des Parthénées, il a utilisé ce mot.

18) Scholia in Hom. Iliad. 17, 197 :

καὶ Κόριννα· «βροντάς» ἀντὶ τοῦ βροντήσας. ἔστι δὲ περιπαθὲς καὶ ἡδύ.

chez Corinne de même : «βροντάς» (fr. 27) au lieu de βροντήσας. Cela est passionné et agréable.

19) Apollon. Dyscol., de Pron. 324 c :

Βοιωτοὶ ἱών … οἱ αὐτοί φασι τῇ μεν ἐγών τὴν ιών, τῇ δὲ ἐγώνη τὴν ἱώνει, εἴ γε τὸ παρὰ Δωριεῦσιν η εἰς ει μεταβάλλεται, τῇ δὲ ἔγωνγα τὴν ἱωνγα Κόριννα·

μέμφομη δὲ κὴ λιγουρὰν
Μουρτίδ' ἱώνγ' …

Les Béotiens disent ἱών pour ἐγὼν, ἱώνει pour ἐγώνη, avec en plus en dorien changement de η en ει,  ἱωνγα pour ἔγωνγα, comme Corinne (fr. 11a).

20) Athen. 4, 76 Kaibel :

γιγγραίνοισι γὰρ οἱ Φοίνικες, ὥς φησιν ὁ Ξενοφῶν, ἐχρῶντο αὐλοῖς σπιθαμιαίοις τὸ μέγεθος, ὀξὺ καὶ γοερὸν φθεγγομένοις. τούτοις δὲ καὶ οἱ Κᾶρες χρῶνται ἐν τοῖς θρήνοις, εἰ μὴ ἄρα καὶ ἡ Καρία Φοινίκη ἐκαλεῖτο, ὡς παρὰ Κορίννῃ καὶ Βακχυλίδῃ ἔστιν εὑρεῖν. ὀνομάζονται δὲ οἱ αὐλοὶ γίγγροι ὑπὸ τῶν Φοινίκων ἀπὸ τῶν περὶ Ἄδωνιν θρήνων· τὸν γὰρ Ἄδωνιν Γίγγρην καλεῖτε ὑμεῖς οἱ Φοίνικες.

Les Phéniciens en effet, à ce que rapporte Xénophon, utilisaient des fifres d’un empan de long, au son aigu et plaintif. Les Cariens aussi en utilisent dans les lamentations, mis à part le fait que la Carie s’appelait Phénicie, comme on peut le trouver chez Corinne et chez Bacchylide. Ces flûtes sont appelées gingroi (fifres) par les Phéniciens à cause des lamentations en l’honneur d’Adonis, Adonis étant appelé Gingrès par les Phéniciens.

21) Herod., Περὶ μονήρους λέξεως 3,2, p. 917 :

παρὰ μέντοι Βοιωτοῖς Ποτειδάων τραπέντος τοῦ σ εἰς τ. Κόριννα Βοιωτῷ

τοὺ δέ, μάκαρ Κρονίδα, τοὺ Ποτειδάωνος,
ἄναξ Βοιωτέ.

Chez les Béotiens toutefois, on dit Ποτειδάων en remplaçant le σ par τ. Ainsi Corinne, dans son Boiotos… (fr. 5).

22) Herod., Περὶ μονήρους λέξεως 3,2, p. 924 :

τὸ γὰρ παρὰ Κορίννῃ βανά οὐ κοινὸν οὐδὲ εἰς νη λῆγον, ἀλλὰ ἴδιον θέμα Βοιωτῶν τασσόμενον ἀντὶ τοῦ γυνή.

Car le βανά qu’on trouve chez Corinne  (fr. 11a) n’est pas commun et ne finit pas en νη. C’est un thème propre aux Béotiens, qui l’emploient pour γυνή.

23) Herod., Περὶ κλίσεως ὀνομάτων 3,2, p. 742 :

θρᾶνυξ θράνυκος (ἐπὶ τοῦ θρόνου παρὰ Κορίννῃ).

θρᾶνυξ θράνυκος, pour θρόνος, chez Corinne.

24a) Herod., Περὶ κλίσεως ὀνομάτων 3,2, p. 729 :

τὸ Λάδων (ἔστι δὲ ὄνομα ποταμοῦ) ὑπὸ Ἀντιμάχου διὰ τοῦ ω κέκλιται ἀναλόγως οἷον Λάδωνος, ὡσαύτως δὲ καὶ ὑπὸ Ἐρατοσθένους ἐκλίθη Λάδωνος· τὸ μέντοι Νέδων τῷ λόγῳ τῶν μετοχικῶν διὰ τοῦ ντ κλίνει Κόριννα οἷον Νέδοντος.

Λάδων (c’est le nom d’un fleuve [de 2 fleuves du Péloponnèse]) se décline selon Antimachos, à cause du omega, de la même façon, c'est-à-dire Λάδωνος ; on trouve de même Λάδωνος chez Eratosthène. Mais Νέδων [fleuve de Messénie, embouchure à Kalamata], par analagie avec les participes, se décline avec ντ chez Corinne, par exemple Νέδοντος (v. fr. 31).

24b) Theodos. in schol. ad Aristoph. :

Κόριννα· Λάδοντος δονακοτρόφω.

25) Apollon. Dyscol., de Pron. 373 b :

Διὰ τοῦ ενῶε παρὰ Ἀντιμάχῳ … καὶ τού τε νῶε έν Ἰολάῳ Κόριννα.

νῶε (s’écrit) avec ε chez Antimachos … et τού τε νῶε chez Corinne, Iolaos (fr. 8).

26) Apollon. Dyscol., de Pron. 358 b :

Ἑοῦς. Αὕτη άκόλουθος Δωρικῇ τῇ τεοῦς, ᾗ συνεχῶς καὶ Κόριννα ἐχρήσατο. ἐν Κατάπλῳ· Νίκας

Ἑοῦς : courant en dorien pour τεοῦς, que Corinne utilise constamment. Dans le Kataplous, on a : Νίκας … (fr. 9).

27) Apollon. Dyscol., de Pron. 365 b :

Λέγεται δὲ καὶ τίν καὶ ἔτι μετ’ ἐπενθέσεως τοῦ ε τεΐν. ἰδίως γὰρ ἡ μετάθεσις ἡ εἰς τὸ τοῦ δεκτική ἐστι, σοῦ τοῦ τεοῦ, σός τεός. τίθεται παρὰ Κορίννῃ καὶ ἐπ’ αἰτιατικῆς ἐν Κατάπλῳ … ἀντὶ τοῦ σε, καὶ σαφὲς ὡς κατ’ ἐναλλαγὴν πτώσεως.

On dit aussi τὶν et encore, par épenthèse de ε, τεΐν. Car il est possible d’introduire un ε après le τ : σοῦ τοῦ τεοῦ, σός τεός. Utilisé par Corinne aussi pour l’accusatif dans le Kataplous (fr. 10) au lieu de σε, avec un changement évident de cas.

28) Apollon. Dyscol. de Pron. 379 b :

Δωριεῖς ὑμές… Αἰολεῖς ὔμμες … Βοιωτοὶ μετὰ διφθόγγου τοῦ ῡ· οὐμὲς δὲ … Κόριννα  Ἕπτ’ ἐπὶ Θήβαις.

Dorien ὑμές … éolien ὔμμες … Les Béotiens écrivent le <ypsilon long> avec une diphthongue : οὐμὲς, Corinne, Les sept contre Thèbes (fr. 6).

29) Apollon. Dyscol., de Pron. 325 a :

Βοιωτοὶ ἱών … οἱ αὐτοί φασι τῇ μεν ἐγών τὴν ιών, τῇ δὲ ἐγώνη τὴν ἱώνει, εἴ γε τὸ παρὰ Δωριεῦσιν η εἰς ει μεταβάλλεται, … Κόριννα. καὶ ἔτι· ἱώνει …

Les Béotiens disent ἱών (sc. pour ἐγώ ; cf. Test. 19) … Les mêmes Béotiens disent ιών  pour ἐγών,  ἱώνει pour ἐγώνη, avec en plus en dorien changement de η en ει … Corinne. Ailleurs ἱώνει … (fr. 11b).

30) Apollon. Dyscol., de Pron. 355 c :

Ἀλλὰ μὴν καὶ τῇ ἐμοῦς Δωρίῳ (σύζυγός ἐστιν) ἡ τεοῦς … καὶ ἔτι Κόριννα· περὶ τεοῦς…

Τεοῦς est analogue à ἐμοῦς en dorien… On le trouve aussi chez Corinne : περὶ τεοῦς… (fr. 13).

31) Apollon. Dyscol., de Pron. 396 b :

Αἰολεῖς μετὰ τοῦ Ϝ κατὰ πᾶσαν πτῶσιν καὶ γένος (sc. τὸ ἑός λέγουσιν)· ὁμοίως καὶ Βοιωτοί· Εὐωνυμίης Κόριννα πῆδα Ϝὸν …

Les Eoliens (écrivent ἑός "son") avec digamma à tous les cas et à tous les genres. De même les Béotiens : Corinne dans Les filles d’Euonymos πῆδα Ϝὸν … (fr. 7).

32) Apollon. Dyscol., de Pron. 382 b :

Ὑμῶν· … Αἰολεῖς ὐμμέων … οὐμίων· Βοιωτοί· τὸ δέ τις οὐμίων … Κόριννα.

Ὑμῶν : ὐμμέων en éolien… οὐμίων, en béotien : τὸ δέ τις οὐμίων chez Corinne (fr. 25).

33) Apollon. Dyscol., de Pron. 366 b :

Ἔστι καὶ ἡ ἑΐν ἀπὸ τῆς τεΐν παρὰ Ἀντιμάχῳ καὶ Κορίννῃ ἐπὶ δοτικῆς ἔσθ’ ὅτε παραλαμβανομένη.

On trouve aussi ἑΐν de τεΐν chez Antimachos et chez Corinne au datif parfois réduit en une syllabe (fr. 28).

34) Apollon. Dyscol., de Pron. 354 c :

ἐμοῦς κοινὴ οὖσα Συρακουσίων καὶ Βοιωτῶν, καθὸ καὶ Κόριννα καὶ Ἐπίχαρμος ἐχρήσατο.

ἐμοῦς est courant en dialecte de Syracuses et en béotien ; employé aussi par Corinne et Épicharme.

35) Prisc. 1, 35 :

Illi enim θουγάτηρ pro θυγάτηρ, ου corripientes, vel magis υ sono ου soliti sunt pronunciare, ideoque adscribunt ο, non ut diophthongum faciant, sed ut sonum υ Αeolicum ostendent, ut Καλλιχώρου χθονὸς εὐρείας θουγάτηρ.

Ils (sc. les Eoliens) ont en effet l’habitude de prononcer θουγάτηρ pour θυγάτηρ, en prononçant ensemble le ου, ou plutôt ils ont l’habitude de donner à la lettre υ le son /u/ ; c’est pourquoi ils rajoutent o à l’écriture, sans faire entendre une diphthongue, mais pour rendre la prononciation éolienne de /u/, comme dans (fr. 16).

36) Hephaest. 22 :

Ἢ δύο βραχεῖαι εἰς μίαν βραχεῖαν (παραλαμβάνονται)… Ἔστι μέντοι καὶ ἐν ἔπει, ὡς παρὰ Κορίννῃ έν τῷ πέμπτῳ· ἦ διανεκῶς…

Deux brèves peuvent se prononcer en une brève… Cela se trouve aussi toutefois en poésie épique, comme chez Corinne, au livre V (fr. 4).

37) Hephaest. 108 :

Καὶ ἐπὶ τῶν γλυκωνείων τοιαῦτα σχήματα παραλαμβάνεται· οἷον ἐν τοῖς Κορίννης·  καὶ πεντήκοντ' οὑψιβίας.

Dans les glyconiens également, les schémas de ce genre sont ramassés ; par exemple, chez Corinne : (fr. 2, 1b, v. 15).

38) Hephaest. 106 :

Ἔτι δὲ καὶ πλείουσιν αὕτη (sc. Corinne) κέχρηται σχήμασιν· Δούρατος…

Elle a de plus utilisé la plupart de ces schémas métriques (cf. fr. 22, 1-5) [2].

39) Hephaest. 106 :

Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν γλυκωνείων τοιαῦτα σχήματα παραλαμβάνεται· οἷον ἐν τοῖς Κορίννης· Καλἀ…

Dans les glyconiens également, les schémas de ce genre sont ramassés, comme chez Corinne : (fr. 2, 1b, vv. 2-5).

40) Apoll. Dysc., de Pron. 356 a :

Τεῦς· αὕτη σύζυγος τῇ ἐμεῦς… ἔστι δὲ καὶ Βοιωτιακὸν δῆλον ὡς· τεῦς… ὃ περισπασθὲν τὴν πρωτότυπον σημαίνει· ἴσον γὰρ ἔσται τῷ «σοῦ, οὐκ ἄλλης». τὸ δὲ ἐν ὀξείᾳ τάσει, ἐν μέντοι τῇ ἀναγνώσει ἐγκλιθέν, ἴσον τῇ σός.

Τεῦς : ce mot est le pendant de ἐμεῦς … Il est évident que ce mot aussi est béotien, comme dans : (fr. 24). Le périspomène indique le mot originel ; c’est l’équivalent de «σοῦ, οὐκ ἄλλης». Avec accent aigu, c’est l’équivalent de σός.

41) Apoll. Dysc., de Pron. 381 c :

Ὁμοίως Βοιωτοὶ ἁμίων, ἐπὶ δὲ τῆς κτητικῆς ἁμῶν· ἁμῶν δόμων.

De même les Béotiens (disent) ἁμίων pour le génitif ἁμῶν (sc. ἡμῶν) : fr. 26.

42a) Anon. P.Oxy. 1, 172 :

Συνεμπίπτει δὲ ἡ ἐς πρόθεσις καὶ ἄλλῃ Βοιωτικῇ προθέσει τῇ ἐξ, ἐς Μουσῶν ἀντὶ τοῦ ἐκ Μουσῶν· ἂν δὲ φωνῆεν ἐπιφέρηται, διὰ δύο σσ· ἐσσ’ Ἀρχιπτολέμου.

La préposition ἐς se confond en béotien avec une autre préposition, ἐξ : ἐς Μουσῶν au lieu de ἐκ Μουσῶν (fr. 23a) ; devant une voyelle, (elle s’écrit) avec deux sigmas : ἐσσ’ Ἀρχιπτολέμου (fr. 23b).

42a) cf. Anon. P.Oxy. 1, 160 (même texte avec un autre exemple, visiblement une corruption du précédent) :

ἔσσαρχος ποταμός.

43) Phrynich. 309 :

Ψίεθος, μιερός, ὕελος· ἁμαρτάνουσιν οἱ διὰ τοῦ ε λέγοντες, ἀδόκιμον γάρ· καὶ ἡ Κόριννα τὸν ὑάλινον…

Ψίεθος, μιερός, ὕελος : ils sont dans l’erreur ceux qui prononcent (ces mots) avec un /e/, car cela n’est pas attesté ; d’ailleurs, Corinne (écrit) : (fr. 36).

44) Prop 2, 3, 21 :

et sua cum antiquae committit scripta Corinnae

carminaque Erinnae non putat aequa suis.

45) Stat., Silv. 5, 3, 158 :

tu pandere doctus

carmina Battiadae latebrasque Lycophronis atri
Sophronaque implicitum tenuisque arcana Corinnae.

46) Eudoc. ch. 570, p. 270 Vill.

Corinne

Corinne, de Thèbes ou de Tanagra, élève de Myrtis, fille d'Archélodoros et de Prokratia, surnommée Myia (la Mouche), poétesse lyrique; elle vainquit cinq fois Pindare au concours de poésie, et écrivit cinq livres, des épigrammes et des nomes lyriques.

Il y a une autre Corinne, de Thespies (certains disent de Corinthe), poétesse lyrique; elle écrivit elle aussi des nomes lyriques.


Fragmenta

ed. D.L. Page, Poetae melici Graeci. Oxford, Clarendon Press, 1962, repr. 1967.

Fr. 1 : papyrus d’Hermoupolis-Berlin, en deux parties (a et b), de 5 colonnes de 52 vers.

1a, col. 1) TLG = 4 D. (vv. 12-32) : ΕΡΙΣ ΚΙΘΗΡΩΝΟΣ ΚΗ ΕΛΙΚΩΝΟΣ (strophes de 6 vers)

[                      ]υ στεφανον
[                      ]γῶγ' επὶδῆ
[                      ]επ' άκρ̣̣υ
[                     ]χ̣ορδάς̣
5       [                    ]·ρῶ̣ντ' οριων
[                     ]·ν φοῦλον ὀρνι-
[                      ]
[                      ]
[                      ]ηί̣
10     [                      γ]ενεθλα·
[                       ]δα
[             ]ε̣υ̣·[····· ]Κώρ̣ει-
τες ἔκρου]ψ̣αν δάθιο̣[ν θι]ᾶς
βρέφο]ς ἄντροι, λαθρά[δα]ν ἀγ-
15     κο]υλομείταο Κρόνω, τα-
_ νίκά νιν κλέψε μάκηρα Ῥεία
μεγ]άλαν τ' [ἀ]θανάτων ἔς-
ς] ἕλε τιμάν· τάδ' ἔμελψεμ·
μάκαρας δ' αὐτίκα Μώση
20     φ]ερέμεν ψᾶφον ἔ[τα]ττον
κρ]ουφίαν κάλπιδας ἐν χρου-
_ σοφαῖς· τὺ δ' ἅμα πάντε[ς] ὦρθεν·
πλίονας δ' εἷλε Κιθηρών·
τάχα δ' Ἑρμᾶς ἀνέφαν[έν
25     νι]ν ἀούσας ἐρατὰν ὡς
ἕ]λε νίκαν στεφ[ά]νυσιν
···]·(·)ατώ·ανεκόσμιον
_ μάκα]ρες· τῶ δὲ νόος γεγάθι·
ὁ δὲ λο]ύπησι κά[θ]εκτος
30     χαλεπ]ῆσιν Ϝελι[κ]ὼν ἐ-
σέρυε] λιττάδα [π]έτραν
ἐνέδω]κ̣εν δ' ὄ[ρο]ς· ὐκτρῶς
δὲ βο]ῶν οὑψ[ό]θεν εἴρι-
_ σέ νιν ἐ]μ μου[ρι]άδεσσι λάυς·
35     ·······]εγ̣[···]νεγ··[··]·[·]
[             ]·ροσίασ[·]
[             ]τριχα·[·]ς
[             ]ο̣ς μελ[·]ων
[              ]···[··]
40     [                     ]σόρουσεν
[                      ]·
[                 ]ν.ως
[               ]σ̣ων
[              ]ι̣ωφεγ
45     [              ]καρων τῦ
[              ]νϊοντασάσα̣[
[              ]δ̣ρεο̣σινεῖς̣
[              ]α̣ Διο̣ς μνα[
[              ]κωρη.
50     [              ]νὴ.
[              ]υ̣.σκαλε̣[
[                ]προ̣[

La dispute du Cithéron et de l’Hélicon (vv. 12-34)







« … les Courètes cachèrent le nourrisson divin de la déesse dans une caverne, à l’insu du fourbe Cronos, et la bienheureuse Rhéa le déroba ; et il reçut grande gloire des Immortels. » Voilà ce que chanta le Cithéron. Les Muses aussitôt d’enjoindre aux Bienheureux de déposer leur vote secret dans une urne d’or. Aussitôt tous se levèrent d’un seul chœur. C’est le Cithéron qui obtint la majorité. Aussitôt après, Hermès proclama que c’était lui qui avait mérité l’aimable victoire et la couronne… Et lui se réjouit. Mais l’Hélicon supporta mal la douleur de l’amère défaite ; il [arracha] un pan de roche [à] la montagne ; et avec des cris lamentables, [il jeta] du sommet pierre sur pierre, par milliers…


1a, col. 2) vv. 13-15, 33-34 = 5 D. : semble contenir la fin du poème précédent (v. 5, mention du Cithéron ?) et le poème ΑΣΩΠΙΔΕΣ Les filles d’Asopos, qui commence peut-être au vers 13 par l’invocation à la Muse (strophes de 5 vers).

·[                     ]υ̣ῖ
·[                     ]
Ϝε[                    ]σ̣.υ
ω̣δ··ρ[α
5       δετ' ορ[ο     Κιθη- ?
ρων κυ̣[
κρο̣[υ
·[
τ'[
10     ερα̣[
θ'[α
_ γ[
Μω[σάων Ϝιοστεφάν]ων
δῶ[ρον ἔσλον οὖτ΄ ἐ]νέπω
15     δή[μονας μέλπωσα] μέλι
ν.ι·[                   ]·διον
_ με̣[                    ]α̣
ῶτ̣[                 ]α̣ελιος
μω̣[                    ]ο̣υσιας
20     τ[                     ]ο·φιλα
εσδ[                   ]···αν
_ σουν[                  ]ν
ϊῶν[                   ]φ̣ο̣ν̣
γα[                    ]ν̣α
25     πατ̣[                   ]κ̣ι̣σ̣ι̣σ̣
Ἀσωπ̣[                  ]εννομον
_ λων[                  ]·
ἁν·[                  ]π̣ων
λά[                    ]ρ̣ας·
30     τειν[                   ]αθρων
μετ' α[                  ]ν
_ μπε[                   ].̣σ̣
ὧν  Ἤγ[ιναν, τιᾶν γ]ενέθλαν,
Δεὺς [πατείρ, δωτεὶρ] ἀγαθῶν
35     πατρ̣ο̣[                   ]ς
Κορκόυ[ραν δὲ κὴ Σαλαμῖ-]
_ ν' εἶδ΄ [Εὔβοιαν ἐράνναν]
Ποτι[δάων κλέψε πα]τείρ,
Σιν[ώπαν δὲ Λατοΐδα]ς
40     Θέσ[πιάν τ’ ἆρ’ ἔ]σ̣τ̣ιν ἔχων·
τε[                      ]ε̣σ̣
_ λό̣[                        ]
τ[                       ]ο̣ν
β̣[                       ]
45     τ[                       ]σ̣αφες·
θ̣[                       ]
_ σ̣[
τ[
·[
50     π[
ά[ 

(vv. 13-15)
Je proclame le noble présent
des Muses couronnées de violettes,
célébrant les dieux par mon chant.
(vv. 33-40)
parmi elles
(sc. les filles d’Asopos), Zeus le père,
dispensateur des biens, ta fille Égine,
… ;
Corcyre, Salamine et l’aimable Eubée,
Poséidon le père les enleva ;
Sinope et Thespies échurent au fils de Lato.

 

1a, col. 3) TLG (vv. 49-90 = 5 D.) : suite des Filles d’Asopos

40     εγ̣[
_ τ[                    ]·α
[                    ]μαν
[                   ]ν
[                   ]αρα θιῶν
45     [                 ]
[                 ]ας
[                 ]ε̣τίως
··]πόκ' αυτ[ο······]θων·
Δᾶν]α γὰρ θιάς [τ’ ἐφέπω-]
50     σ’ ε]ὐδήμων [ἔσετ’ εἴ]δ̣ει.
_ τᾶν δὲ πήδ[ων τρῖς μ]ὲν ἔχι
Δεὺς πατεὶ[ρ πάντω]ν βασιλεύς,
τρῖς δὲ πόντ[ω γᾶμε] μέδων
Π[οτιδάων, τ]ᾶν δὲ δουῖν
55     Φῦβος λέκτ[ρ]α κρατούνι,
_ τὰν δ' ἴαν Μ[ήα]ς ἀγαθὸς
πῆς Ἑρμᾶς· ο[ὕτ]ω γὰρ Ἔρως
κὴ Κούπρις πιθέταν, τιὼς
ἐν δόμως βάντας κρουφάδαν
60     κώρας ἐννί' ἑλέσθη·
_ τή ποκ' εἱρώων γενέθλαν
ἐσγεννάσονθ' εἱμ[ιθί]ων
κἄσσονθη π[ο]λου[σπ]ερίες
τ' ἀγείρω τ' ἐς [μ]α[ντο]σούνω
65     τρίποδος ὥ<σ>τ’ [ἐδιδάχθειν].
_ τόδε γέρας κ[ατῖσχον ἱώ]ν
ἐς πεντείκ[οντ]α κρατερῶν
ὁμήμων πέ[ροχ]ος προφά-
τας σεμνῶν [ἀδ]ούτων λαχὼν
70     ἀψεύδιαν Ἀκ[ρη]φείν·
_ πράτοι [μὲν] γὰ[ρ Λατ]οΐδας
δῶκ' Εὐωνούμοι τριπόδων
ἐσς ἱῶν [χρε]ισμὼς ἐνέπειν,
τὸν δ' ἐς γᾶς βαλὼν Οὑριεὺς
75     τιμὰ[ν] δεύτερος ἴσχεν,
_ πῆς [Ποτ]ιδάωνος· ἔπι-
τ' Ὠα[ρί]ων ἁμὸς γενέτωρ
γῆα[ν Ϝ]ὰν ἀππασάμενος·
χὠ μὲν ὠραν[ὸ]ν ἀμφέπι
80     τιμὰν δ[······]ν οὕταν.
_ τώνεκ’ [ἐμπνευσθει]ν ἐνέπω
τ' ἀτ[ρ]έκ[ιαν χρει]σμολόγον·
τοὺ δέ [νου Ϝῖκέ τ' ἀ]θανάτυς
κὴ λού[σον στουγερὰς] φρένας
85     δημόν[εσσι (Ϝ)ἑκου]ρεύων·
_ ὣς ἔφα [μάντις] π[ε]ρἁγείς·
τὸν δ' Ἀ[σωπὸς ἀσ]πασίως
δεξιᾶς ἐ[φαψάμ]ενος
δάκρού τ' [ὀκτάλ]λων προβαλ[ὼν
90     ὧδ' ἀμίψ[ατο φ]ωνῆ·

Les filles d’Asopos (vv. 51-90)

« … et de tes enfants, il en a trois,
Zeus le Père, souverain de toutes choses ;
il en a épousé trois, le maître de la mer,
Poséidon ; et deux autres,
Phoebos les garde pour sa couche,
et une autre enfin le brave fils
de Maia, Hermès ; car c’est ainsi qu’Éros
et Cypris l’ont voulu, qu’ils entrent
en cachette dans ta maison
et ravissent tes neuf filles.
Un jour, c’est une race de héros
qu’elles enfanteront, de demi-dieux,
et elles seront fécondes,
à l’abri de la vieillesse.
Voilà ce que l’oracle
au trépied m’a révélé…
Cet honneur…
je l’ai reçu après cinquante fils vigoureux,
de même sang, moi le prophète
du sanctuaire vénérable, qui ai reçu
le don de vérité, Acraiphen ;
le premier à qui le fils de Léto
avait donné de dire les oracles
sortis des trépieds, c’est Euonymos ;
le second à obtenir cet honneur,
après avoir chassé Euonymos du pays,
ce fut Hyriée, le fils de Poséidon ;
ensuite, ce fut Orion, notre père,
qui le reçut quand il eut conquis le pays,
maintenant il a sa place au ciel.

je chante le devin véridique ;
… »
Ainsi parla le devin à la voix retentissante.
Asopos le saisit de sa dextre
et lui fit bon accueil,
et versant une larme du coin de l’œil,
il lui répondit : « …

1a, col. 4)

[
φω̣ρ̣[
ταδε[
βεβέι̣λ̣[
_ απιθα̣[
τεοῦς δ[ὲ
Ϝἅδο[μη
πάυομ[η
ενστρ̣[
_ τέκ̣ν̣[
τεωγ[
πανθ̣[
ενθια̣[
δὶὰ, νι̣.[
ταω[
εδν[
δώσω̣[
σθη·φ[
σουνι̣[
τειν λαυς·[
τοσον ἔφα σ·[
Πάρνεις ἀντ[αμι-
ἅδονή τε θ[
Ϝα̣δέιαν τρ̣[
κ̣εινοτεου̣σ̣·[
τουχ··[ε
········[
εσ̣ερ[ε]υς· τ[
στέργω τ' ἀ[θανάτων
_ καμέιφ̣··[
Κιθηρὼ[ν]·[
ητίωσ̣·[·]·[
πλ̣ειά̣[
μειδε[
_ σουντ[
η̣μενθ̣[
θουμο[
ενπολ̣[
κηγαρ̣[
δ'ἐῖσκ[
κη Κιθ̣[ηρών
Πλάτη[αν
δ' ἄγετ' ω̣[
κλᾶρος· ι̣[
τ̣ῦς πλ̣[
πάρνε̣[
τῶν δ̣ι̣α̣[
θανον̣τ̣[
Πάρνε̣[ις
_ φιλόυρ̣[
ὅς ποκ ε̣[ἱρω- ?
μαντ̣[ 

 

1b, col. 1)

 . . .
κ̣ρ̣ε̣ι̣[
_ δημον[
δευτ[
βειλο̣ν̣[
. . .

1b, col.  2)

 . . .
ν̣[
παρο̣[
ὡδε̣δ̣[
ν̣·ε̣·[

. . .

1b, col.  3)

[ ]·ουν·
[   ]
. . .

1b, col. 4)

 . . .
[ ]ι̣ω̣ι̣[
[ ]δ̣εποτ̣[
[ ]των[ε
[ ]πορενφ[
[ ]δὲιπα[
[ ]άειτι̣[
[  ]···ρ̣[
. . .
 

1b, col. 5)

. . .
[ ]ον
[ ]α̣ιδα
[ ]
[ ]άδοιμε[
[ ]αμφιπο[
[ ]ει.
[ ]τον
. . .


ϜΕΡΟΙΩΝ ? [3]

2, 1a)

 ]·[··]λλωνιος[

2, 1b) TLG

vv. 2-5 = 2 D. (ΓΕΡΟΙΩΝ <Α>) = 2 Croenert = 1 Η. = 20 Β. = 20 PLG (cf. Test. 39)
v. 15 = 19 D. = 27 Croenert = 13 B. (cf. Test. 37)

ει Ἄρει[ς
ἐπί με Τερψιχόρα [καλῖ
καλὰ Ϝεροῖ' ἀισομ[έναν
Ταναγρίδεσσι λ[ευκοπέπλυς·
μέγα δ' ἐμῆς γέγ[αθε πόλις
5       λιγουροκ[ωτ]ίλ[υς ἐνοπῆς.
ὅττι γὰρ μεγαλ·[
ψευδ[·]σ̣·[·]αδομ̣[ε
·[·]··ω γῆαν εὐρο[ύχορον
λόγια δ' ἐπ πατέρω[ν
10     κοσμείσασα Ϝιδι[ο
παρθ[έ]νυσι κατ[α
π]ολλὰ μὲν Κα̣φ̣[ισὸν ἱών-
γ' ἀρχ]αγὸν κόσμ[εισα λόγυ]ς,
πολλὰ δ' Ὠρί[ωνα] μέγαν
15     κὴ πεντεί+κοντ', οὑψιβίας
πῆδ[ας οὓς νού]μφησι μιγ[ί]ς
[      ] Λιβούαν κ[
·]·[··]θ̣ης[
Ϝιρίω κόραν·[
20     καλὰ̣ ιδεῖν α[ρ
]ηαν .̣ν τίκτ[
[·]·τέκετο τυ[
[    ]·[··]··[

. . .

C’est moi que Terpsichore [invite]
à chanter de beaux chants
pour les Tanagréennes aux blancs péplos;
et ma cité s’est grandement réjouie
à mon chant mélodieux
.


… la terre aux larges places de danse ;
et les récits du temps de nos pères
sont embellis par mon art
pour les jeunes filles.

Souvent quant à moi j’ai honoré Céphise,
le héros de notre race, de mes chants,
souvent aussi le grand Orion et ses cinquante fils
vigoureux, qu’il eut de nymphes …

2, 2)

π]αρθένυ̣  τ[
]ηερου<σιμ>[
]ας δαφν[
. . .

2, 3)

. . .
]·[·]··[
]·αμ·[
. . .

2, 4)

 . . .
[     ]·[
τ[·]·[·]δαραθ̣[
τ' εϜίδον·[
βαρβαρον κ[
σαντυσδεν[
βας δὲ Οὑριε[ὺς      ἐσ-
σείλκουσε, ν[
·]η̣·[·]δυλα·[
[      ]·εε̣[

. . .


<ϜEΡΟΙΩΝ ?> <ε>

4) TLG = 1 D. = 1 Croenert = 13 H. = 9 B. = 9 PLG (cf. Test. 36)

 διανεκῶς εὕδεις; οὐ μὰν πάρος ἦσθα, Κόριννα  [οὑπναλία.

Dors-tu pour toujours ? Naguère pourtant tu n’étais pas, Corinne, une dormeuse.


ΒΟΙΩΤΟΣ

5) TLG = 6 D. = 6 Croenert = 2 H. = 1 B. (cf. Test. 21)

τοὺ δὲ μάκαρ Κρονίδη, τοὺ Ποτειδάωνος, Ϝάναξ Βοιωτέ

Bienheureux fils du Cronide, Boiotos souverain, rejeton de Poséïdon.

 

ΕΠΤΑ ΕΠΙ ΘΗΒΗΣ

6) TLG = 7 D. = 9 Croenert = 6 PLG (cf. Test. 28)

οὑμὲς δὲ κομισθέντες

et vous qui avez été enterrés (?)


ΕΥΩΝΟΥΜΙΗ Les filles d’Euonymos

7) TLG = 8 D. = 11 Croenert = 11 H. = 19 B. = 19 PLG (cf. Test. 37)

πῆδα Ϝὸν θέλωσα φίλης
ἀγκάλησ' ἑλέσθη

Voulant prendre son enfant dans ses bras.


ϜΙΟΛΑΟΣ

8) TLG = 9 D. = 12 Croenert = 5 PLG (cf. Test. 25)

 τού τε νῶε


ΚΑΤΑΠΛΟΥΣ  Le débarquement d’Orion

9) TLG = 11 D.  = 14 Croenert = 3 H. = 2 B. = 2 PLG (cf. Test. 26)

 †νίκασ' ὁ μεγαλοσθενὴς†

Ὠαρίων χώραν τ' ἀπ' ἑοῦς

πᾶσαν ὠνούμηνεν.

Orion le très-vigoureux réussit
à leur acheter le pays tout entier.

 

10) TLG = 12 D. = 15 Croenert = 4 B. = 4 PLG (cf. Test. 27)

οὐ γὰρ τὶν ὁ φθονερὸς

†δαιμωτ†

 

Incerti Loci

11a) TLG (PLG p. 815) = 15 D. = 23 Croenert = 12 H. = 21 B. = 21 PLG (cf. Test.19 et 22)

μέμφομη δὲ κὴ λιγουρὰν
Μουρτίδ᾽ ἱώνγ᾽ ὅτι βανὰ φοῦ-
σ᾽ ἔβα Πινδάροι πὸτ ἔριν.

 Je blâme l’harmonieuse
Myrtis d’avoir osé, simple femme,
entrer en lutte avec Pindare.

11b) TLG = 16 D. = 24 Croenert = 4 H. = 10 B. = 10 PLG (cf. Test. 29)

 ἱώνει δ᾽ εἱρώων ἀρετὰς
χεἰρωάδων

[je chanterai] quant à moi,
les vertus des héros et des héroïnes.

13) TLG = 14 D. (ΤΑΝΑΓΡΑ ?) = 20 Croenert = 5 H. = 11 B. = 11 PLG (cf. Test. 30)

περὶ τεοῦς Ἑρμᾶς πὸτ Ἄρεα
πουκτεύι

pour les tiens, Hermès se bat à coups de poing
contre Arès.

14) TLG (cf. Test. B)

θοῦριν

batailleur

16) TLG = 18 D. = 25 Croenert = 8 B. = 8 PLG (cf. Test. 35)

καλλιχόρω χθονὸς Οὑρίας θουγάτηρ

la fille d’Hyria, la terre aux beaux chœurs

21) TLG = 3 D. (ΝΟΜΟΙ ΛΥΡΙΚΟΙ) = 22 Croenert = 14 H. = 23 B. = 23 PLG (cf. Test. 15)

 Θέσπια καλλιγένεθλε φιλόξενε μωσοφίλειτε

Thespie, à la noble descendance, l’hospitalière, chère aux Muses.

22, 1) TLG = 20 D. = 28 Croenert = 6 H. = 14 B. = 14 PLG (cf. Test. 38)

δώρατος ὥστ' ἐπ' ἵππω

comme sur un cheval de bois.

22, 2) TLG = 21 D. = 29 Croenert = 7 H. = 15 B. = 15 PLG (cf. Test. 38)

†κατὰ μὲν βριμούμενοι †

grondant de colère contre

22, 3) TLG = 22 D. = 30 Croenert = 8 H. = 16 B. = 16 PLG (cf. Test. 38)

πόλιν δ' ἔπραθ' ὁ μὲν προφανείς

celui qui était au premier rang ravagea la cité

22, 4) TLG = 23 D. = 31 Croenert = 9 H. = 17 B. = 17 PLG (cf. Test. 38)

γλουκοὺ δέ †τις ἄδων†

chantant un doux chant

22, 5) TLG = 24 D. = 32 Croenert = 10 H. = 18 B. = 18 PLG (cf. Test. 38)

πελέκεσσι δονῖτη

il est ébranlé à coups de hache

23a) TLG (cf. Test. 42)

ἐς Μωσάων

provenant (en partant, en commençant par) des Muses.

23b) TLG = 10 D. (ΚΑΤΑΠΛΟΥΣ ?) = 13 Croenert = 26 PLG (cf. Test. 42)

ἐσσάρχι πτολέμω

entamant la guerre

24) TLG = 13 D. (ΜΙΝΟΥΑΔΕΣ ?) = 18 Croenert = 24 PLG (cf. Test. 10 et 40)

 τεῦς γὰρ ὁ κλᾶρος

c’est sur toi en effet que le sort (est tombé).

25) TLG = 25 D. = 33 Croenert = 22 PLG (cf. Test. 32)

τὸ δέ τις οὑμίων ἀκουσάτω

que l’un d’entre vous entende ceci

26) TLG = 26 D. =34 Croenert = 25 PLG (cf. Test. 41)

ἁμῶν δόμων

nos palais

27) TLG (cf. Test. 18)

βροντάς

ayant tonné

28) TLG (cf. Test. 33)

ἑΐν

31) TLG = 17 D. = 26 Croenert = 12 B. = 12 PLG (cf. Test. 24 a et b)

 Λάδοντος δονακοτρόφω  (fort. Νέδοντος)

le Ladon abondant en roseaux.

32) TLG (cf. Test. 14)

τόνθων·

34) TLG (cf. Test. 16)

 φράττω

je dirai

36) TLG (cf. Test. 43)

 τὸν ὑάλινον παῖδα θήσεις.

37) D.L. Page, Select Papyri III (Cambridge Ma., Harvard UP, 1950 ; Loeb Class. Libr.), p. 378.

. . .
[      ]··δο···[
[     ]·υτοφονε·[
[    ]·καρδίη σφαδδ·[
[    ]·τό νιν· κρούψε δ·[
[   ]·δέδωκ̣ε δ̣ῶ̣ρ' ε[ ·
[  ]ν̣ πυρὶ ἔκηον ηδ[α·]τ̣[
[ ]·αντες ἐπ̣' ὠκ̣ουπόρω·[

ΟΡΕΣΤΑΣ

       ῥο]ὰς μὲν Ὠκιανῶ λιπῶσα τ[

       ] ἱ̣αρὸν φάος σελάνας πασα[

       ]ω· ὥ̣ρη δ᾽ ἐς Διὸς ἀμβρότυ̣ [

     ] Ϝέαρος ἐν ἄνθεσι γεγα[

    ]συν χορὸς ἀν᾽ ἑπτάπουλον̣ [πόλιν.

… Quittant les flots de l’Océan …
… la sainte lumière de la Lune …
… les Heures immortelles de Zeus …
… parmi les fleurs du printemps …
… un chœur à travers la cité aux sept portes …

 

autre interprétation [Pour les Daphnéphories ?]

       Ἄ]ὰς μὲν Ὠκιανῶ λιπῶσα [πα-

       γὰς], ἱ̣αρὸν φάος σελάνας σπασα[τ᾽ ὠ-

       ραν]ῶ·  ὥ̣ρη δ᾽ ἐς Διὸς ἀμβρότυ̣ [νίον-

       θη] Ϝέαρος ἐν ἄνθεσι, γέγα[θεν δὲ πόνυς

    πο]δῦν χορὸς ἀν᾽ ἑπτάπουλον̣ [πόλιν.

L'Aurore de l'Océan a quitté

les sources et a chassé la sainte lumière

de la lune hors du Ciel.

Zeus l'immortel a sonné le moment

parmi les fleurs du printemps :

de ses pieds légers il se réjouit,

le chœur, à travers la ville aux sept portes...

 

38) cf. Test. 20

            Φοινίκη

39) cf. Test. 23

            θρᾶνυξ

Frr. 12, 15, 17, 18, 19, 20, 29, 30, 33 et 35 sine verbis.


Corinne la Jeune (Κορίννα) de Thèbes   

Poétessse lyrique, surnommée Μυῖα la Mouche, comme l’autre Corinne de Thèbes, avec laquelle certains critiques l’identifient (Smith, Eudocia). Mais sans doute différente, car la Souda précise νεωτέρα.

 

Smith, s.v.
RE XI, 2 (1922) 1393-97.

Testimonia

Suda, s.v.Κορίννα νεωτέρα, Θηβαία, λυρική, ἡ καὶ Μυῖα κληθεῖσα.


Cynthia     

Poétesse lyrique grecque du premier s. apr. JC, dont la poésie – et la beauté - était chantée par Properce. Apulée soutient que son vrai nom était Hostia.

Testimonia

1) Prop. El. 2, 3, 21 sq. :

nec me tam facies, quamvis sit candida, cepit 

(lilia non domina sunt magis alba mea), 

nec de more comae per levia colla fluentes,

non oculi, geminae, sidera nostra, faces, 

nec si quando Arabo lucet bombyce puella 

(non sum de nihilo blandus amator ego) 

ut Maeotica nix minio si certet Hibero, 

utque rosae puro lacte natant folia, 

quantum quod posito formose saltat Iaccho, 

egit ut euhantis dux Ariadna choros, 

et quantum, Aeolio cum temptat carmina plectro, 

par Aganippaeae ludere docta lyrae, 

et sua cum antiquae committit scripta Corinnae 

carminaque Erinnae non putat aequa suis.

Ce n’est pas seulement la beauté de Cynthie qui m’a séduit, quoique son teint puisse le disputer aux lis en blancheur, et qu’il rappelle la pourpre d’Espagne mêlée aux neiges de Scythie, ou la feuille de rose sur le lait le plus pur ; ce ne sont pas les cheveux qui flottent au hasard sur un cou d’albâtre, ni ces yeux, brillantes étoiles que je prends pour guides, ni les riches vêtements que l’Arabie envoie à nos belles ; il faut, pour me charmer, des avantages moins vulgaires. Comme elle danse, au sortir du festin, avec plus de grâce qu’Ariadne quand elle conduit les chœurs des Bacchantes ! comme son archet le dispute à la lyre des Muses, lorsqu’elle essaie de savants accords sur le luth harmonieux d’Éolie ! Ses écrits l’emportent en grâce sur ceux de Corinne elle-même, et la célèbre Érinna n’oserait rivaliser avec elle de poésie.

2) Apul. Apol. 10, ll. 4-9 :

eadem igitur opera accusent C. Catul<l>um, quod Lesbiam pro Clodia nominarit, et Ticidam similiter, quod quae Metella erat Perillam scripserit, et Propertium, qui Cunthiam dicat, Hostiam dissimulet, et Tibullum, quod ei sit Plania in animo, Delia in uersu.



                     suite des poétesses  



[1] comme à Praxilla …

[2] Bien que ces 5 vers cités à la suite par Heph. ne soient pas cohérents entre eux, ils proviennent sans aucun doute du même poème.

[3] Ce titre apparaît sous diverses formes selon les éditions. La forme γεροῖα (que l’on trouve dans les éditions anciennes, d’après les testimonia antiques) pourrait renvoyer à des « histoires de vieilles femmes » selon Lesky, ou à des « histoires du temps jadis » (cf. v. 9 récits du temps de nos pères). Celui de Ϝεροια qu’on lit sur un papyrus (fr. 2, 1b, v. 2) reste sans explication ; le rapprochement avec ἐρόεις aimable n’explique pas le digamma. Ce mot est peut-être apparenté à ἐρῶ < *ϜερεϜω, et signifierait alors simplement « récits », ou « poèmes épiques » (Hansen 1989). Quant au terme ἑτεροῖα que l’on trouve chez Antoninus Liberalis, il s’agit sans doute d’une tradition corrompue.