Dionysies

LE THEÂTRE ATTIQUE

Cadre architectural - Cadre religieux - Cadre civique - Organisation des concours

En guise d'introduction

Quelques points de repères chronologiques

~534           1e représentation tragique (Thespis) aux Grandes Dionysies.

509/8 ?       1er concours de dithyrambes aux Grandes Dionysies.

~501           Introduction du drame satyrique aux Grandes Dionysies, 1er concours de poètes tragiques aux Grandes Dionysies.

486 ?          1er concours de poètes comiques aux Grandes Dionysies.

~449           1er concours d'acteurs tragiques aux Grandes Dionysies.

442-430      1er concours de poètes et d'acteurs, comiques et tragiques, aux Lénéennes.

329-312      1er concours d'acteurs comiques aux Grandes Dionysies.

Le cadre architectural

Référence : S. Melchinger, Das Theater der Tragödie; Beck, München, 1974.

 

Le théâtre, en plein air, est en bois à l'époque classique; il se divise en quatre parties :

a- la σκηνή, baraquement en bois comprenant les chambres d'habillement et les coulisses;

b- le λογεῖον, massif de 3m50 de haut et de 2m50 à 3 mètres de large, sur lequel se détache une colonnade et devant lequel se meuvent les acteurs (la nature exacte et la destination du λογεῖον ont fait l'objet de maintes controverses);

c- l' ὀρχήστρα, espace circulaire où ont lieu les évolutions des acteurs et du choeur;

d- le κοῖλον ou θέατρον proprement dit, gradins où s'assoient les spectateurs.

Mais plusieurs étapes ont précédé cet état classique.

Fin 6e s.       Représentations sur l'Agora. Installation temporaire : à côté de son char, Thespis dressait sans doute une tente, qui lui servait de magasin-vestiaire (σκηνή : cf. représentation de la "tente" d'Achille sur des vases contemporains).

• ~ 500       Déplacement des représentations dramatiques de l'Agora sur le flan sud de l'Acropole (à la même époque, déplacement aussi des séances de l'Ecclésia, de l'Agora sur la Pnyx):

- Aménagement d'une place circulaire (orchestra), avec mur de soutènement, et 2 chemins d'accès conduisant aux 2 parodos.
- Les spectateurs prenaient place sur le flan de la colline, probablement creusé en forme d'arc de cercle, et garni d'un certain nombre de bancs de bois.
- L'espace en contrebas du mur, invisible des spectateurs, devait offrir une place appropriée pour le magasin-vestiaire, assez grande pour qu'on pense à remplacer la tente de Thespis par une baraque en bois, plus vaste.
- La mise en scène se faisait sur un axe est-ouest (témoignage des premières tragédies d'Eschyle).

• (avant 460) Selon Melchinger, il s'opère à cette époque une véritable révolution dans la mise en scène. Un auteur tardif dit en effet qu'Eschyle a inventé la scène-tréteau: dès lors, comme le relève Aristote (Poét. 1459 b 25), on joue ἐπὶ τῇ σκηνῇ.

• ~460        Reconstruction complète du théâtre, dont témoigne notamment l'Orestie d'Eschyle :

1) orchestra légèrement déplacée au nord;

2) nouveau mur de soutènement, perpendiculaire à l'axe du théâtre;

3) fondations, entre l'orchestra et le nouveau mur, pour une "scène" en bois;

4) nouveau magasin-vestiaire de bois, sur fondations de pierre, tout au long du nouveau mur, et attenant à l'ancien temple;

5) nouveau chemin d'accès aux parodoi.

• ~ 444       Construction de l’Odéon (en bois), attenant au théâtre.

Plan général de reconstruction "en dur" de l'ensemble du théâtre, conçu probablement "sous Périclès", mais réalisé par étapes, à la fin du 5e siècle et au cours du 4e (théâtre de Lycurgue : ~330).

 

Le cadre religieux

À Athènes, au 5e siècle, toutes les représentations dramatiques se déroulent dans l'enceinte d'un sanctuaire de Dionysos, et elles ont toujours lieu à l'occasion d'une fête en l'honneur du dieu. Plusieurs traits originaux de la comédie et de la tragédie ne peuvent donc être compris qu'en référence aux traditions religieuses dans le cadre desquelles elles ont pris forme.

Ces fêtes occupent une place bien définie au calendrier. Les plus importantes ont lieu entre le solstice d'hiver et l'équinoxe de printemps.

Déc.-janv. : Dionysies champêtres. Elles sont organisées dans les dèmes de l'Attique.

 

          Aristoph., Acharn. 241-279 : phallophorie.

Février : Lénéennes. Cette fête en l'honneur de Dionysos Lénaios est célébrée, à l'origine en tout cas, au sanctuaire du Lénaion, au nord-ouest de l'Acropole.

Mars : Anthestéries, fête du réveil de la nature au printemps. Elles sont célébrées au sanctuaire de Dionysos du Marais, juste avant la pleine lune de mars, et elles durent 3 jours:

            1. Pithoigia (ouverture des pithoi): dégustation du vin nouveau;

            2. Choës (fête des pots): concours du meilleur buveur, et libations de vin sur les tombeaux;

            3. Chytroi (fête des marmites): offrande à Hermès chthonien de marmites remplies de bouillies.


Mars-avril : Dionysies urbaines (grandes Dionysies). C'est la fête qui a pris le plus grand développement. Elle comporte diverses manifestations en l'honneur de Dionysos Eleuthereus, qui se déroulent pour la plupart dans son sanctuaire au sud-est de l'Acropole.

1er-3e jour : Proagôn (à l'Odéon): chaque poète (accompagné de sa troupe ?) présente sa (ses) pièce(s).

Cortège aux flambeaux, depuis un point situé près de l'Académie jusqu'au théâtre: répétant l'acte d'introduction à Athènes de la statue du dieu adoré à Eleuthères, des éphèbes accompagnent la statue de culte et l'installe au théâtre.

Procession solennelle (πόμπη) marquant l'ouverture officielle de la fête: on y voit sans doute chorèges, choeurs, acteurs etc., parés de somptueux costumes; des sacrifices sont offerts en plusieurs points de la ville (mais l'itinéraire suivi est inconnu).

Kômos : le soir, toute la ville est animée par une fête populaire.

Concours de dithyrambes : 10 choeurs d'hommes (et 10 de garçons ?), composés chacun de 50 chanteurs, exécutent une de ces pièces de la lyrique chorale dionysiaque (déjà le 2e jour, ou le 3e).

4e jour Cérémonie d'ouverture :

- sur l'autel situé au centre de l'orchestra, on procède au sacrifice d'un porcelet, et à des libations, en l'honneur de Dionysos;
- on fait l'éloge des citoyens méritant, qui reçoivent une couronne;
- en présence des délégués de la Ligue de Délos (Confédération athénienne), on présente au public le tribut que leur cité leur a confié pour le Trésor confédéral.

4e-6e jour Concours dramatique: trois jours de suite, les spectateurs, accourus dès le matin par milliers, assistent successivement à

3 tragédies (trilogie),
1 drame satyrique,
1 comédie (dès 486 ?).

                   Avant et après la Guerre du Péloponnèse, on a ajouté un 4e jour de représentation, consacré à des comédies (deux ?).

7e jour Proclamation des prix.

Un des jours suivants            Séance de l'Assemblée du peuple au théâtre.

 

Le cadre civique

Le théâtre grec, ou plutôt athénien, n'est pas une entreprise privée, ni une simple manifestation culturelle. C'est une organisation d'État autant qu'une fête religieuse.

Trois fois l'an, aux fêtes de Dionysos, c'est un magistrat préposé à cet effet qui organise le concours. C'est à un magistrat que les poètes présentent une comédie ou une tétralogie; le magistrat peut  accorder ou refuser le choeur demandé. Le même magistrat désigne de riches citoyens (chorèges) qui feront les frais des représentations (une par poète). Le jour venu, tout le monde peut se rendre au spectacle, des places d'honneur étant réservées aux magistrats et au prêtre de Dionysos (proédries). La place coûte deux oboles, mais l'État paie la place des pauvres.

En fait le théâtre est le miroir de la Cité: si la comédie, qui dérive de fêtes carnavalesques, est destinée à amuser le spectateur et à le faire rire, la tragédie cherche au contraire à l'émouvoir.

Les sujets de tragédie sont tirés des légendes connues de tous et racontent les aventures des dieux et des héros. Avant même de s'asseoir dans le théâtre, le spectateur connaît déjà la fin de l'histoire. Mais lorsque l'auteur a du talent, le spectateur oublie ce qu'il sait déjà pour se mettre à la place des personnages. Et c'est à lui aussi de répondre aux mêmes questions que les personnages: existe-t-il une loi morale supérieure à la loi des hommes ? la Cité doit-elle accepter ou refouler des réfugiés qui viennent en suppliants ? le roi est-il le propriétaire ou le serviteur de la Cité ? y a-t-il des crimes justes ? Les représentations deviennent ainsi l'occasion pour chaque citoyen de réfléchir aux grands débats du moment, de participer à l'élaboration des valeurs qui sont censées fonder la Cité elle-même.

Au contraire du poète tragique, l'auteur de comédie peut inventer des sujets de pure fantaisie. Le voici qui crée dans le ciel une cité des oiseaux ou sur terre un gouvernement de femmes. Situations invraisemblables, que le poète a choisies pour mieux montrer aux spectateurs les erreurs et les défauts bien réels des Athéniens: si les oiseaux vivent en bonne entente, pourquoi les Athéniens ne cessent-ils pas de se disputer ? si les femmes sont capables de signer la paix avec les ennemis de la Cité, pourquoi les Athéniens continuent-ils à préférer la guerre ? C'est qu'ils sont les jouets de politiciens véreux qui les trompent, les démagogues; et le poète n'hésite pas à ridiculiser les responsables en les désignant par leur nom, ce qui lui vaut parfois des procès.

Ainsi le personnage principal de toute pièce attique est-il la Cité elle-même !

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Tout d'abord la Cité face à l'Autre. Lors des Grandes Dionysies en effet, le début des concours dramatiques est précédé par une série de cérémonies à travers lesquelles la Cité se célèbre et se met en scène: libation accomplie par les dix stratèges, présentation au public athénien et étranger du tribut de la Ligue de Délos, lecture des noms des citoyens particulièrement méritants qui reçoivent une couronne, présentation en uniforme militaire complet des orphelins des soldats morts à la guerre, dont la Cité a pris en charge l'éducation. La fin du festival est marquée de façon comparable par un retour de la Cité sur elle-même qui se concrétise par la convocation de l'assemblée du peuple chargée d'évaluer la façon dont se sont déroulées les festivités[1].

Ensuite la Cité face à elle-même. Au face-à-face direct entre l'espace urbain d'Athènes, lieu de la représentation, et l'espace extérieur représenté sur scène peut se substituer un face-à-face joué, dans lequel le pôle civique n'est plus assimilé à l'espace de représentation mais se trouve occupé par une cité appartenant à l'espace dramatique. Conflit et mise en question sont ainsi en quelque sorte détournés et reportés sur scène pour être mis à distance, ceci d'autant plus que la cité occupant le pôle civique au sein de l'espace dramatique n'est pour ainsi dire jamais Athènes. Nous avons ainsi une mise à distance, destinée à éviter les conflits trop violents; en effet, il y a dans le genre tragique une répugnance à mettre en scène Athènes, si ce n'est dans des tragédies s'achevant sur une réconciliation, comme par exemple les Euménides; cf. à cet égard ISOCR. Panath. 121 sq., qui déjà souligne que les crimes mis en scène année après année par les auteurs tragiques ont toujours lieu dans des cités autres qu'Athènes[2].
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L'espace théâtral
est donc ambivalent: la Cité d'Athènes se met en scène, et donc en discussion, mais par la médiation d'une cité de convention. Et si la figure de Dionysos permet de rendre compte de l'ambivalence de l'espace théâtral, elle permet également de rendre compte de son intégration dans l'espace civique. Volontiers associé à des espaces décentrés, Dionysos ne s'y fixe pas mais il les traverse pour être présent également au centre de la cité. En témoigne en premier lieu le théâtre avec son sanctuaire consacré à Dionysos Éleuthéros, et c'est ce mouvement d'intégration du dehors vers le dedans qui est rejoué chaque année, au début des Grandes Dionysies, avec la procession qui conduit la statue du dieu depuis un temple situé à proximité de l'Académie jusqu'au théâtre.

Cet effort d'intégration de l'autre à soi-même est nécessaire, car "dans sa véritable signification, la démocratie consiste en ceci, que la société ne s'arrête pas sur une conception de ce qui est juste, l'égal ou le libre, donnée une fois pour toutes, mais s'institue de telle sorte que les questions de la liberté, de la justice, de l'équité et de l'égalité puissent toujours être re-posées dans le cadre du fonctionnement «normal» de la société... Une société est autonome non seulement si elle sait qu'elle fait ses lois, mais si elle est en mesure de les remettre en cause"[3]. "La démocratie est de toute évidence un régime ne connaissant pas de normes venant de l'extérieur, elle doit poser ses propres normes, et elle doit les poser sans pouvoir s'appuyer sur une autre norme. En ce sens, la démocratie est certainement un régime tragique, sujet à l'hubris, on le sait et on le voit dans la dernière partie du 5e s. à Athènes, elle doit faire face à la question de son autolimitation... la tragédie possède aussi une signification politique très nette: le rappel constant à l'autolimitation. Car la tragédie est aussi et surtout l'exhibition des effets de l'hubris et, plus que cela, la démonstration de ce que des raisons contraires peuvent coexister (c'est une des «leçons» d'Antigone) et que ce n'est pas en s'entêtant dans sa raison (monos phronein) que l'on rend possible la solution des graves problèmes que peut rencontrer la vie collective. Mais par-dessus tout, la tragédie est démocratique en ce qu'elle porte le rappel constant de la mortalité, à savoir de la limitation radicale de l'être humain".[4]

Enfin le théâtre permet de canaliser les énergies et de les détourner au profit de la Cité: "Jakob Burckhardt l'a vu le premier: la Grèce est une culture où il y a, à la place centrale, l'élément agonistique. Il est présent dans l'Athènes démocratique, pas seulement contre les autres cités, mais à l'intérieur de la Cité.... La forme qu'il prend, c'est, par exemple, les concours de tragédie, agôn tragikos, la lutte tragique, c'est-à-dire la compétition entre trois, quatre ou cinq poètes, dont le meilleur sera couronné... Il y a des concours poétiques, et aussi, devant le dêmos, la compétition de ceux qui pensent être des chefs politiques ou des leaders politiques, qui veulent être les meilleurs par les arguments, etc. Cela veut dire que même l'élément agonistique est canalisé à l'intérieur de la Cité vers des formes qui ne sont plus destructrices de la collectivité, mais au contraire créatrices d'oeuvres positives pour cette collectivité".[5]

Le théâtre devient ainsi une κάθαρσις, selon la formule d'Aristote (Poétique 1449 b 24-29): "La tragédie est donc l'imitation d'une action noble, conduite jusqu'à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d'assaisonnements dont chaque espèce est utilisée séparément selon les parties de l'œuvre; c'est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d'une narration, et qui par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre."

 

L'organisation des représentations dramatiques aux Grandes Dionysies

C'est également la Cité qui veille

        1. à la préparation des représentations, à leur bon déroulement, et à leur financement,
        2. à l'organisation des concours qui font partie intégrante de la fête.

1. La désignation des chorèges

Le financement est assuré dans une large mesure grâce à l'institution des liturgies: à tour de rôle, les citoyens les plus riches sont désignés à une charge, et en échange du pouvoir et de l'honneur attaché à leur titre, ils payent eux-mêmes une partie des dépenses occasionnées par ce service public. Ainsi, par exemple, l'équipement des trières est mis à la charge des triérarques, qui, en contrepartie, exercent le commandement. Il en est de même pour les chorèges : un peu comme les producteurs de films aujourd'hui, et en échange des honneurs qu'ils en retireront, ils prennent toutes les mesures utiles à la préparation du spectacle (commande des costumes et des décors, organisation des répétitions, etc.), et se chargent de tous les frais qui ne sont pas directement assumés par la cité.

Les chorèges sont désignés par l'archonte éponyme en juillet de l'année précédente, sur proposition des tribus.

        Arst., Const. Ath., 56, 1-5: compétences de l'archonte éponyme.
        Lys. 21, 1-5: liste de dépenses consenties pour des chorégies et autres liturgies.

2. La formation des troupes

Les auteurs présentent leur pièce à l'archonte éponyme, et lui "demandent un choeur".

Au 5e siècle, les métèques aussi bien que les citoyens peuvent proposer une tragédie, mais pour la comédie, seules les demandes émanant de citoyens sont recevables.

La constitution des équipes chargées de préparer les spectacles se fait au cours d'une séance de l'Assemblée du peuple, présidée par l'archonte. On procède à deux tirages au sort:

    1) le premier fixe l'ordre dans lequel les chorèges choisiront

                   a) leur poète (à l'origine aussi chef de troupe et acteur),
                   b) le joueur de flûte;

    2) une fois que les chorège ont fait leur choix, un second tirage au sort assure à chacun la collaboration d'un protagoniste, "premier acteur", auquel il appartient de recruter les autres acteurs; ils seront payés par la cité (au 4e siècle, ce mode de répartition des troupes d'acteurs sera aboli: chacune jouera une tragédie de chaque poète). Chacun joue plusieurs rôles, y compris les rôles féminins (pas d'actrices).

        Dém., Mid. 13.

3. Répétitions

Une fois que le chorège a mis un lieu approprié à disposition, les répétitions peuvent commencer. C'est d'abord l'auteur lui-même qui les dirige, puis il se fait aider par un chorodidascale; ce "maître du choeur" remplit dès lors une fonction comparable à celle du metteur en scène aujourd'hui.

Au cours du 5e siècle, d'autres spécialistes font leur apparition, qui se mettent aussi au travail pendant ces mois de répétition: chorégraphes, costumiers, fabricants de masques, musiciens.

            Dém., Mid. 17.
            Antiph., Chor. 11 - 13.
            Dém., Mid. 16: préparation des costumes.

4. La représentation

Les décors, très rudimentaires, sont essentiellement constitués par une toile de fond peinte (palais, temple, tente, paysage) sur un bâtis que l'on appliquait contre la σκηνή, et par deux prismes trièdres (περιακτοί) avec trois paysages (un sur chaque face) permettant des changements à vue.

La machinerie se compose de bruiteurs (tonnerre, etc.), d'une plate-forme où apparaissent les dieux (θεολογεῖον ou simplement μηχανή), enfin de l'encyclème (ἐγκύκλημα ou ἐκκύκλημα), dispositif tournant adapté à la porte centrale du bâtiment et destiné à faire apparaître ce qui se passe à l'intérieur du temple ou du palais.

Les costumes des acteurs sont destinés à permettre de reconnaître aisément leur condition selon certaines conventions (forme et couleur des vêtements, insignes divers), et à les grandir (hautes chaussures appelées cothurnes). Les masques grandissent encore les acteurs et comportent un porte-voix.

5. Organisation des concours

1. Tandis que la préparation artistique de la fête suit son cours, on veille à la formation du jury pour les concours. Chaque tribu propose des candidats; et la Boulè, avec le concours des chorèges, en choisit un nombre égal pour chacune. Les noms sont déposés dans 10 urnes, à raison d'une par tribu, et elles sont toutes entreposées à l'Acropole, sous la protection d'Athéna.

2. Avant le début de la fête, les urnes sont amenées au théâtre. L'archonte tire alors un nom de chaque urne. Les 10 citoyens ainsi désignés constituent le jury.

3. Après la représentation, chaque juré écrit sur une tablette les noms des concurrents en suivant l'ordre de ses préférences. Il est possible qu'avant la proclamation des résultats, à une certaine époque, on ait encore tiré au sort 5 tablettes sur 10.

4. Le résultat du vote proclamé, les prix sont décernés au théâtre même: une couronne de lierre et un trépied (cf. monument de Lysicrate), et de l'argent, semble-t-il, récompensent le chorège (... auquel est associé son auteur !), et, dès 450/449, de l'argent récompense le protagoniste.

6. Mise en discussion publique du déroulement de la fête

Après les représentations, l'Assemblée du peuple est convoquée au théâtre de Dionysos: « on y délibère au sujet de tous les délits et de toutes les transgressions à l'égard de la fête » (Dém., Mid. 9).

7. Monuments

La fête terminée, des monuments sont souvent érigés à la gloire des vainqueurs, notamment par la cité, en l'honneur des chorèges surtout. On a retrouvé aussi des monuments dédiés par les chorèges eux-mêmes, ou des flûtistes (vase de Pronomos), ou, plus tard, par des acteurs.

            Ar., Ach. 241-279.
            Arstt., Ath.Pol. 56, 1-5.
            Lys. 21, 1-5.
            Dém., Mid. 13; 16-17.
            Ant., Chor. 11-13.


 
[1]     S. GOLDHILL, «The Great Dionysia and the Civic Ideology», Journal of Hellenic Studies 107, 1987, pp. 58-76.

[2]     P. Voelke, "L'espace dans le drame satyrique", Études de Lettres 1992/2, p. 56 et n. 47. F. I. ZEITLIN, «Thebes: Theater of Self and Society in Athenian Drama», in Greek Tragedy and Political Theory, éd. J. P. Euben, Berkeley/ Los Angeles/London: University of California Press, 1986, pp. 101-141.

[3]     C. Castoriadis, "Imaginaire politique grec et moderne", in: Les Grecs, les Romains et nous, pp. 235-6.

[4]     Id., ibid. 242-3.

[5]     Id., ibid. p. 258.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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