Égypte romaine : société

O.Did. 451 : lettre d'une fille maltraitée à son père (Didymoi, 176-210 apr.)

Il s'agit probablement d'une fille louée par ses parents comme prostituée pour une assez longue période (cf. O.Did. 430) à un soldat d'une garnison romaine du désert oriental (cf. O.Did. 406).

Voir
Konrad STAUNER : "New Documents from the Roman Military Administration in Egypt’s Eastern Desert: the Ostraca from the Praesidium of Didymoi", Vir doctus Anatolicus 796–815, en part. p. 808.
Bernard Legras, Hommes et femmes d'Égypte. (IVe siècle av. n. è.-IVe siècle de n. è.). Droit, Histoire, Anthropologie. Armand Colin, collection U, 2010, p. 167-168.


    Κρονίαινα Κλ̣α̣υ̣διανῷ τῷ̣ πα̣τρὶ πλ̣ε̣ῖ̣[σ]τ̣[α] χαίρειν·
    πρὸ παντὸς εὔχομαί σε ὑγι[αί]ν‹ε›ιν μετὰ τ̣ῆ̣ς̣ μη-
    τρός μου. παροιμία ἐστὶ ὑπὸ σε̣  ̣  ̣ λ̣ε̣γ̣ομέν̣η̣·
    'τὸν ἀντίχειρα̣ {εαν} ὅστ̣ι̣<ς> οὐκ ἐπίστ̣α̣τ̣α̣ι̣, ο̣ὗτο̣ς
5  παρ’ ἡ̣μῶν δευτέρω̣ς̣ οὐ μὴ λαθ̣ῇ̣.' ἐρωτῶ ὑ̣-
    μᾶς νῦν μάλιστα ὡς γον
‹ε›ῖς μου ἀναστρέψαι̣
    καὶ μηδὲ 'χαῖρε' αὐτῷ εἰπέ· ἀνεμέσητον γάρ
    ἐστιν 
‹ἄ›γ̣ν‹ο›ια ἐν τοιούτῳ καιρῷ · ἐγὼ ἐπ‹ε›ίνα-
    σα ἵνα αὐτὸς χορτασθῇ{ς} καὶ ἔτ̣ι̣ βλέ
‹π›ων ἐν τῇ
10 κρεμάστρᾳ τοὺς ἐμοὺς ἄρτους οὕτως με ὕ-
    βρισε καὶ ἐξελοιδόρησε · οὐκ ἔχω πῶς ὑμῖν̣
    γράψω. αἰσθανθήτω οὖν ἃ πεποίηκε· ⟦  ̣  ̣⟧ ὅ̣σα
    μοι λελάληκε ὁ Βουτίτης περὶ τοῦ ἱματίου
    μελήσει μοι. ἄσπασαι τὴν μητέρα μου
15 καὶ τὴν θυγατέρα μου
    καὶ τοὺς φιλοῦντας
    ἡμᾶς. ἔρρω-
    σό μοι, πά-
    τ
‹ε›ρ.
20 ἀσπάζεταί σε Ὀφελλᾶς καὶ ὁ Βουτίτη̣[ς]
    ἀσθενῶν · ⟦ασθε⟧ ἀσπάζεται ὑμᾶ̣ς̣
    Πρόκλος καὶ Σαραπίων.
⁦            vac. ? lines⁩
    ἐρρῶσθαι ὑμᾶς
    εὔχομαι.
Kroniaina à son père Claudianus, toutes mes salutations.
Avant toute chose, je souhaite que tu ailles bien, ainsi que
ma mère. Je me rappelle le proverbe que tu citais :
« Quiconque ne connaît pas son pouce, ne passera  certainement
pas inaperçu une seconde fois pour nous
. »***
Je vous supplie maintenant en tant que parents, de me ramener à la maison ; ne lui dites même plus salut : car l'ignorance est une chose pardonnable dans une telle situation.
J'ai eu faim pour qu'il puisse se rassasier, de plus en voyant
mes pains dans le garde-manger, il m'a violentée
et injuriée : je ne sais même pas comment vous le décrire.
Qu'il souffre donc pour ce qu'il a fait. Pour tout ce que
m'a dit Boutitès au sujet du manteau,
je ferai très attention. Embrasse ma mère
et ma fille
et nos amis.
Porte-toi bien,
papa.

Ophellas et Boutitès qui est malade
te saluent. Proclos et Sarapion
vous saluent aussi.

Tous mes voeux
pour votre santé.

*** Le sens de ce proverbe nous échappe. Peut-être veut-il dire que "si l'on est vraiment stupide, on n'a pas de seconde chance".

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