CHAERÉPHON
(vers 469 - vers 402 av. J.-C)
Chaeréphon, originaire du dème de Sphettos, était un ami d'enfance
et un admirateur inconditionnel de Socrate. On possède très peu de
renseignements sur sa vie. On sait seulement que, membre du parti
démocratique, il choisit l'exil sous les Trente en 404, contrairement à
Socrate, et revint à Athènes en 403. Mais il était déjà mort lors du
procès de Socrate. Socrate invoque, pour sa défense, son amitié.
C'est lui qui avait interrogé l'oracle de Delphes pour
savoir s'il y
avait un homme plus sage que Socrate. Sa réputation irréprochable fut
invoquée lors du procès de Socrate pour prouver que Socrate ne
corrompait pas ceux qui le fréquentaient.
Son oeuvre était déjà perdue dans l'Antiquité (v. schol. Ar. Nub. 144).
Aristophane s'en prend trop facilement à lui à cause de son teint pâle
et de sa complexion maladive qui lui imposait d'éviter de trop longues
expositions au soleil. Aussi avait-il l'habitude de vivre le soir
jusque tard, d'où son surnom de "chauve-souris". Aristophane joue aussi
sur son démotique pour comparer son caractère ou son activité à ceux
d'une guêpe (cf. Socrate, le taon des Athéniens). Dans les Nuées,
il en fait le principal collaborateur de Socrate, auquel il est
quasiment assimilé.
Dans les dialogues de Platon, il apparaît toutefois comme un compagnon
agréable et chaleureux. Dans l'Apologie (21 a),
Platon le qualifie d'«impétueux» (περίθερμος),
dans le Charmide (153 b), d'«un peu fou» (μανικός).
Dans le prologue du Gorgias, il se
montre digne de
son maître en reprenant Pôlos d'avoir répondu à côté de la question.
C'est aussi lui qui insiste pour que la discussion entre Gorgias et
Socrate se poursuive, déclarant qu'il n'y a rien de plus important pour
lui que de suivre un débat bien mené.
Même Aristophane, dans les Guêpes, reconnaît son
impartialité.
Petite anecdote
sur Chaeréphon.
Sources
Ar. Nub. 104, 144, 156, 501-3; Vesp.
1408-1413; Av. 1296, 1564, 1570; Ran.
1092.
Athen. 5, 218 e.
Plat. Apol. 21 a, Charm. 153 b;
Gorg. 447b-d, 458c.
Plut. adv. Col. 17; 1116 ef.
Xen. Apol. 14, Mem. I, 2, 48;
2, 3.
Biblio
Dictionnaire des philosophes antiques, sous la
direction
de R. Goulet, s.v. (Luc Brisson).
PW III.2, 2028.