Égypte romaine : société

O.Did. 333 : un client n'a pas tous les droits (88-92 apr.)

Cornélius, le mac d'une certaine Julia, sermonne son client Antonius d'avoir gardé pour lui seul les services de la prostituée au lieu d'en laisser profiter la garnison (cf. O.Did. 430). Bien qu'il comprenne les besoins particuliers d'Antonius, il se réserve le droit de lui faire payer les heures supplémentaires, et dorénavant ne tolérera plus ces pratiques, pour garder sans doute de bonnes relations d'affaires avec la garnison.

Voir
Konrad STAUNER : "New Documents from the Roman Military Administration in Egypt’s Eastern Desert: the Ostraca from the Praesidium of Didymoi", Vir doctus Anatolicus 796–815, en part. p. 808.
Bernard Legras, Hommes et femmes d'Égypte. (IVe siècle av. n. è.-IVe siècle de n. è.). Droit, Histoire, Anthropologie. Armand Colin, collection U, 2010, p. 167-168.

     Κορνήλιος Ἀντωνίῳ χαίρειν·
     ἤδη σοι δεκάκις εἴρηκα, ἄν τι ἔχῃς
     πρὸς ἐμὲ προσελθεῖν, πρόσελθε·
     οὐ γάρ μου εἶ δανειστής, ο<ὐ>δὲ γάρ σοι
5   ὀφείλω τι. ἐὰν δὲ θελήσω, πράξω
     σε τὰς ἡμέρας ἃς ἐκοίλανεν
     Ἰουλία. ἐγὼ γὰρ προπέπτοκα
     ὅλ
 τῷ πρεσ\ι/δίὅπως ἔλθῃ πρὸς
     [σ]έ. ἐτηγανίζου γ̣άρ. 
καὶ ἄρτι, ἂν
10 {μὴ} τὰ ἴδια π̣ράξ̣
ῃςκαὶ ἂν πέντε
     [μ]ν̣ᾶς σχῇς, ἀποσπάσω αὐτὴν
     ἀπὸ σοῦ. vac. ? εὔχομαι αὐτὴ-
     ν̣ ζῆν.
Cornelius à Antonius, salut.
Je te l'ai déjà dit dix fois : si tu peux
venir chez moi, viens.
Car tu n'es pas mon débiteur et je ne te
dois rien non plus. Mais si je le veux,
je te ferai payer les jours supplémentaires
de Julia. Car de mon côté j'ai demandé
à toute la garnison qu'elle te la laisse.
Car tu étais chaud bouillant. Et dorénavant,
si tu refais la même chose, quand bien même
tu donnerais cinq mines*, je te la
reprendrai.
Tous mes voeux de santé pour elle.

* cinq mines = 500 drachmes ; O.Did. 430 nous apprend que le tarif journalier d'une prostituée était de 2 dr.

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