Athénaïs (Ἀθηναΐς) ou Eudocia Augusta (Εὐδοκία Σεβαστή, Εὐδοκία Αὐγούστη)   

Athénaïs, originaire d’Athènes, fille du rhéteur Léontios ou du philosophe Héraclite, avait une éducation païenne, fortement imprégnée de philosophie. Elle était non seulement familière des lettres et de la rhétorique grecques et latines, mais aussi férue d’astronomie, de géométrie et d’arithmétique. On ignore sa date de naissance, mais Nicéphore Callisti nous apprend qu’elle est morte à l’âge de 67 ans, la 4e année du règne de Léon, soit en 460/1 ; elle serait donc née en 393/4. Grâce à l’entremise de Pulchérie, la sœur de l’empereur Théodose II, qui compatit aux malheurs de la jeune fille déshéritée par son père au profit de ses frères, et qui avait remarqué ses qualités, elle épousa l’empereur le 7 juin 421, après avoir, raison d’État oblige, reçu le baptême sous le nom d’Aelia Licinia Eudocia (nom sous lequel elle est parfois citée). En 438, elle effectua un pèlerinage à Jérusalem, suite à un vœu à l’occasion du mariage de sa fille, où elle restera jusqu’à sa mort en 460, en exil plus ou moins volontaire, suite à ses sympathies monophysites ou suite à des accusations mensongères d’infidélité (cf. T. 6). Selon Schoell, cette princesse avait été justement dégoûtée de Théodose, depuis que ce prince, faible et soupçonneux au dernier point, avait fait assassiner Paulin, son ministre, son ami, et l'ami de la princesse. « Elle s'éloigna, dit Lebeau, Hist. du Bas-Empire, vol. VII, p. 149, de Théodose, qui, prévenu de noirs soupçons, ne fit rien pour la rappeler. Enfin, détestant le diadème et la cour, et regrettant la vie obscure qu'elle avait quittée avec tant de joie vingt ans auparavant, elle demanda et obtint sans peine la permission de se retirer à Jérusalem, où elle avait déjà fait un voyage. La jalousie de l'empereur y suivit cette princesse infortunée. Théodose ayant appris que le prêtre Sévère et le diacre Jean, qu'elle avait choisis pour compagnons de son exil volontaire, la visitaient souvent, et qu'elle les comblait de présents, envoya Saturnin, comte des domestiques, qui les fit mourir sans aucune forme de procès. Irritée de cette nouvelle insulte, Eudocie s'emporta à un tel excès qu'elle fit tuer Saturnin ; forfait plus capable de noircir son innocence que de la venger. L'empereur se contenta de la punir en lui ôtant tous ses officiers, et la réduisant à une condition privée. Elle vécut encore vingt années dans les larmes et dans la douleur la plus amère, tâchant d'effacer par ses bonnes œuvres le crime que son honneur outragé lui avait fait commettre. »
Ste Eudocie


Elle fonda en Terre-Sainte de nombreuses églises et s’occupa de rassembler les ossements du premier martyr, Étienne (cf. T. 9). Une inscription récemment découverte en Attique semble indiquer que Théodose dressa dans la patrie de sa femme une statue en son honneur, sans doute au début de leur mariage (T. 10). Lors de son voyage à Antioche, la cité lui avait également élevé une statue.

C’est à Jérusalem qu’elle composa, ou plutôt adapta à partir d’Homère, la plupart de ses hexamètres sur la vie des martyrs Cyprien d’Antioche et Justine (en 3 livres), une Réécriture de Zacharie et de Daniel, ainsi que de l’Octateuque, et un recueil de centons homériques (2343 vers) sur la vie du Christ connu sous le nom de Ὁμηρόκεντρα, peut-être la continuation d’une œuvre de Patricius, en plus du poème en l’honneur de la victoire de Théodose sur les Perses en 421-2, et d’un Éloge d’Antioche. Les Centons homériques, malgré leur étrangeté, sont intéressants dans la mesure où l’on y retrouve des traditions et l’influence des Évangiles apocryphes. Il se pourrait cependant que ce recueil ne soit pas d’Eudocie, ou qu’il en existât une version plus ancienne, que st Jérôme a utilisée.

Photius cite avec éloge la Réécriture de l’Octateuque en hexamètres et lui donne un rang parmi les poèmes héroïques, quoique les règles n’y soient pas suivies et qu’on n’y trouve pas les grâces de l’imagination, parce que le sujet ne s’y prêtait pas.

Le centon (en grec ἰωνιά « lieu planté de violettes », ici « anthologie ») consiste à réécrire des textes sacrés en vers grecs et à partir de vers déjà existants. On utilise par exemple les vers d'Homère que l'on fragmente pour qu'ils servent à raconter des épisodes de la Bible. Quelque 50 ans plus tôt, Ausone avait composé le Cento nuptialis à partir de vers de Virgile.

Le 26 février 425, Théodose fonda la première université d’État, le Pandidaktérion, avec 30 professeurs, dont 15 de langue et littérature grecques ; on y enseignait aussi le droit romain, la philosophie, mais pas la théologie, laquelle dépendait du patriarcat. Faut-il voir là l’influence de son épouse ? C’est en tout cas à l’influence d’Eudocie et de Pulchérie, toutes deux passionnées des lettres grecques, que les historiens attribuent l’hellénisation de l’Empire romain d’Orient, qui deviendra l’Empire byzantin.

Kl. Pauly, s.v.
RE VI,1 (1907) 906-12, Seeck.
Gregorovius, Ferdinand von: Athenaïs. Geschichte einer byzantinischen Kaiserin (1882)
Martino.
Chauffepié,  p. 215.
Mayeul, Dictionnaire universel, s.v.
Smith, s.v.
Menage, Hist. mulierum philos. pp. 28-39.
Schoell, Hist. litt. Gr., VI p. 104-5.

Testimonia

1) J. Malalas, Chron.  353-355 ; même histoire dans la Chronique pascale, avec Héraclite au lieu de Léontios :

Ἐν δὲ τῷ μεταξὺ συνέβη ἐλθεῖν ἐν Κωνσταντινουπόλει μετὰ τῶν ἰδίων συγγενῶν κόρην εὐπρεπῆ, ἐλλόγιμον, Ἑλλαδικήν, ὀνόματι Ἀθηναΐδα, τὴν καὶ Εὐδοκίαν μετακληθεῖσαν, θυγατέρα γενομένην Λεοντίου τοῦ φιλοσόφου Ἀθηναίου εὐπορωτάτου· ἥτις Ἀθηναῒς ἡ καὶ Εὐδοκία ἠναγκάσθη καταλαβεῖν τὴν βασιλεύουσαν πόλιν πρὸς τὴν ἰδίαν αὐτῆς θείαν διὰ τὴν αἰτίαν ταύτην. ὁ φιλόσοφος Λεόντιος ὁ αὐτῆς πατὴρ ἔχων υἱοὺς τελείους δύο, μέλλων τελευτᾶν διέθετο, τάξας ἐν τῇ ἑαυτοῦ διαθήκῃ τοὺς δύο αὐτοῦ υἱοὺς κληρονόμους πάσης τῆς ὑπ' αὐτοῦ καταλιμπανομένης περιουσίας Οὐαλέριον καὶ Γέσιον, εἰρηκὼς ἐν τῇ αὐτοῦ διαθήκῃ, Ἀθηναΐδι τῇ ποθεινοτάτῃ μου γνησίᾳ θυγατρὶ δοθῆναι βούλομαι νομίσματα ἑκατὸν καὶ μόνον· ἀρκεῖ γὰρ αὐτῇ ἡ αὐτῆς τύχη ἡ ὑπερέχουσα πᾶσαν γυναικείαν τύχην. καὶ ἐτελεύτησεν ὁ αὐτὸς Λεόντιος ὁ φιλόσοφος ἐν Ἀθήναις. μετὰ οὖν τὴν αὐτοῦ ἀποβίωσιν ἐδυσώπει ἡ αὐτὴ Ἀθηναῒς ἡ καὶ Εὐδοκία τοὺς ἰδίους ἀδελφούς, ὡς μείζονας, προσπίπτουσα αὐτοῖς καὶ αἰτοῦσα μὴ προσχεῖν τῇ αὐτῇ διαθήκῃ, ἀλλὰ κατὰ τὸ τρίτον μέρος μερίσασθαι μετ' αὐτῶν τὰ πατρῷα, λέγουσα μηδὲν ἡμαρτηκέναι, ὡς καὶ ὑμεῖς οἴδατε, πρὸς τὸν ἴδιον ὑμῶν πατέρα· καὶ οὐκ οἶδα διὰ τί ἄπορόν με κατέλιπε μέλλων τελευτᾶν καὶ εὐπορίας τύχην μετὰ τὴν αὐτοῦ νέκρωσιν ἐχαρίσατο. οἱ δὲ αὐτῆς ἀδελφοὶ ἔμειναν ἀπειθεῖς, καὶ ὀργισθέντες ἐδίωξαν αὐτὴν καὶ ἐκ τοῦ πατρῴου αὐτῆς οἴκου, ἔνθα συνέμενεν αὐτοῖς. καὶ ἐδέξατο αὐτὴν ἡ ἀδελφὴ τῆς γενομένης αὐτῆς μητρός, ὡς ὀρφανήν, καὶ ὡς παρθένον ἐφύλαξεν αὐτήν. ἥντινα λαβοῦσα ἀνῆλθεν ἐν Κωνσταντινουπόλει πρὸς τὴν ἄλλην ἀδελφὴν τοῦ αὐτῆς πατρὸς καὶ θείαν αὐτῆς. καὶ λαβοῦσαι αὐτὴν ποιῆσαι ἀξίωσιν κατὰ τῶν αὑτῆς ἀδελφῶν παρεσκεύασαν αὐτὴν προσελθεῖν τῇ εὐσεβεστάτῃ δεσποίνῃ Πουλχερίᾳ, ἀδελφῇ Θεοδοσίου βασιλέως. καὶ δὴ προσελθοῦσα ἐδίδαξεν ὡς βιαζομένη παρὰ τῶν ἰδίων αὐτῆς ἀδελφῶν, διαλεγομένη ἐλλογίμως. καὶ ἑωρακυῖα αὐτὴν ἡ αὐτὴ Πουλχερία εὐπρεπῆ καὶ ἐλλόγιμον, ἐπηρώτησε τὰς αὐτῆς θείας εἰ ἐστὶ παρθένος. καὶ ἐδιδάχθη παρ' αὐτῶν ὅτι παρθένος ἐστὶν ἁγνὴ φυλαχθεῖσα ὑπὸ τοῦ αὐτῆς πατρός, φιλοσόφου γεναμένου ἐν Ἑλλάδι, καὶ διὰ λόγων πολλῶν φιλοσοφίας ἀναχθεῖσα. καὶ κελεύσασα αὐτὴν ἅμα ταῖς αὐταῖς θείαις διὰ κουβικουλαρίων φυλαχθῆναι καὶ περιμεῖναι, λαβοῦσα, φησί, τὴν δέησιν παρ' αὐτῆς εἰσῆλθε πρὸς τὸν ἴδιον αὐτῆς ἀδελφὸν τὸν βασιλέα Θεοδόσιον καὶ εἶπεν αὐτῷ ὅτι Ηὗρον νεωτέραν πάνυ εὔμορφον, καθαρίαν, εὔστολον, ἐλλόγιμον, Ἑλλαδικήν, παρθένον, θυγατέρα φιλοσόφου. ὁ δὲ ἀκούσας, ὡς νεώτερος, ἀνήφθη· καὶ μεταστειλάμενος τὸν συμπράκτορα αὐτοῦ καὶ φίλον Παυλῖνον ᾔτησε τὴν ἑαυτοῦ ἀδελφὴν ὡς ἐπ' ἄλλῳ τινὶ εἰσαγαγεῖν τὴν Ἀθηναΐδα τὴν καὶ Εὐδοκίαν ἐν τῷ αὑτῆς κουβικλείῳ, ἵνα διὰ τοῦ βήλου θεάσηται αὐτὴν ἅμα Παυλίνῳ. καὶ εἰσήχθη· καὶ ἑωρακὼς αὐτὴν ἠράσθη αὐτῆς, καὶ Παυλίνου δὲ θαυμάσαντος αὐτήν. καὶ κρατήσας αὐτὴν καὶ χριστιανὴν ποιήσας, ἦν γὰρ Ἕλλην, καὶ μετονομάσας αὐτὴν Εὐδοκίαν, ἔλαβεν αὐτὴν εἰς γυναῖκα, ποιήσας αὐτῇ βασιλικοὺς γάμους. καὶ ἔσχεν ἐξ αὐτῆς θυγατέρα ὀνόματι Εὐδοξίαν.

Il arriva donc dans ce temps-là qu’une jeune fille, Grecque de naissance, d’une beauté singulière et d’un esprit fort cultivé, vint à Constantinople. Elle s’appelait Athénaïs, fille de Léontios. … Pulchérie, voyant dans cette jeune fille une grande beauté jointe à un grand esprit … son père ayant pris beaucoup de peine à lui enseigner la philosophie. … 

[Voici comment Pulchérie présente la candidate à l’empereur] « Elle est sage, et pleine d’agréments, elle a le front bien pris, les traits réguliers, le nez proportionné, la peau blanche, de grands yeux, le port fort beau, les cheveux blonds et bouclés, la démarche posée ; elle est avec cela bien élevée, c’est une jeune Grecque. »

2) Const. VII Porphyr., De legationibus 146 :

καὶ πρὸς τοῦτο ἐπένευσε βασιλεὺς καὶ Σατορνίλου περιουσίᾳ καὶ γένει κοσμουμένου θυγατέρα εἰρήκει δώσειν. τὸν δὲ Σατορνίλον ἀνῃρήκει Ἀθηναῒς ἡ καὶ Εὐδοκία· ἀμφοτέροις γὰρ ἐκαλεῖτο τοῖς ὀνόμασιν.

4) Évagre 1, 20 :

Théodose épousa sur le conseil de Pulchérie sa sœur, Eudocie née Athénienne, fort belle personne et très habile en poésie.

3) Socr., Hist. eccl. 7, 21 :

Τῆς οὖν ἐκ Θεοῦ νίκης τοῖς Ῥωμαίοις ὑπαρξάσης, πολλοὶ τῶν ἐν λόγοις ἀνθούντων εἰς τὸν βασιλέα βασιλικοὺς ἔγραφον λόγους, δημοσίᾳ τε τούτους παρῄεσαν. Καὶ δὴ καὶ ἡ τοῦ βασιλέως γαμετὴ ἡρωϊκῷ μέτρῳ ποιήματα ἔγραφεν· ἦν γὰρ ἐλλόγιμος· Λεοντίου γὰρ τοῦ σοφιστοῦ τῶν Ἀθηνῶν θυγάτηρ οὖσα, ὑπὸ τῷ πατρὶ ἐπαιδεύθη, καὶ διὰ λόγων ἐληλύθει παντοίων.

[après la victoire des Romains sur les Perses] l’impératrice elle-même, femme de Théodose le jeune, fit un poème en vers héroïques, car elle était fort savante, étant fille du rhéteur Léontios, qui l’avait élevée avec beaucoup de soin et instruite dans toutes les sciences.

5) Nicéph. 14, 23 :

Comme elle était dans cette pensée [scil. Pulchérie cherche une femme pour son frère], il arriva fort à propos qu’une personne qui s’appelait Athénaïs et qui était encore fille, vint d’Athènes à Constantinople. Elle était fille du philosophe Léontios, et avait beaucoup de génie. Son père l’avait instruite dans les lettres grecques et latines, de manière qu’elle avait fait plus de progrès que personne dans la philosophie pratique et contemplative et dans toutes les subtilités de la logique. Elle surpassait toutes les personnes de son âge par ses capacités en astronomie, en géométrie et dans la science des nombres.

6) Suid., s.v. Κῦρος, Πανοπολίτης, ἐποποιός. γέγονεν ἐπὶ Θεοδοσίου τοῦ νέου βασιλέως, ὑφ' οὗ καὶ ἔπαρχος πραιτωρίων καὶ ἔπαρχος πόλεως προεβλήθη· καὶ γέγονεν ἀπὸ ὑπάτων καὶ πατρίκιος. Εὐδοκία γὰρ ἡ Θεοδοσίου γαμετή, βασιλὶς οὖσα, ὑπερηγάσθη τὸν Κῦρον, φιλοεπὴς οὖσα. ἀλλὰ αὐτῆς ἀποστάσης τῶν βασιλείων καὶ εἰς ἀνατολὴν ἐν Ἱεροσολύμοις διατριβούσης

Cyrus, de Panopolis, auteur épique. Né sous Théodose (II) le Jeune, qui le promut préfet du prétoire et préfet de la ville, d’une famille de sénateurs et de patriciens. Eudocia, l’épouse de Théodose, qui était impératrice, admirait sans compter Cyrus, car elle aimait la poésie épique. Mais lorsqu’elle se fut retirée du palais et qu’elle vivait en Orient, à Jérusalem,…

7) Phot., Codex 183, 128a Bekker :

Ἀνεγνώσθη μετάφρασις τῆς Ὀκτατεύχου· ἡρῷον δ' αὐτὴν μέτρον μετεποίει, λόγοι δ' ἦσαν ηʹ κατὰ ἀριθμὸν καὶ τομὴν τῶν ἀμειφθέντων, Εὐδοκίας δὲ τῆς βασιλίδος ἐν ἐπιγραφαῖς πόνον ἔλεγεν ἡ βίβλος τὸ μέτρον. Ὅπερ ὅτι καὶ γυναικὸς καὶ βασιλείᾳ τρυφώσης καὶ οὕτω καλόν, ἄξιον θαυμάσαι.

Lecture de la Réécriture de l’Octateuque : essai de réécriture en vers héroïques, en huit livres, avec résumé des livres correspondants ; le livre dit que la principale difficulté de l’impératrice Eudocie a été le mètre. Mais que ce soit l’œuvre d’une femme, vivant dans le luxe de la Cour, et que ce soit à ce point réussi, cela mérite d’être remarqué.

8) Michael Glycas, Annales 484 sqq :

Ἡ τοῦ βασιλέως ἀδελφὴ Πουλχερία λαβεῖν ἄνδρα οὐκ ἠθέλησεν, ἀλλὰ τὴν ἑαυτῆς παρθενίαν τῇ θεοτόκῳ ἀνέθετο. αὕτη καὶ τὸν ἐν Βλαχέρναις ναὸν τῆς θεοτόκου ἐδείματο. γίνωσκε δέ, ἀγαπητέ, ὅτι ἡ τοῦ βασιλέως κυρὰ Εὐδοκία θυγάτηρ ἐγένετο φιλοσόφου τινὸς ἐξ Ἑλλάδος ὄντος. οὗτος δὲ τελευτῶν τοῖς μὲν τρισὶν υἱοῖς ἀφῆκε πᾶσαν τὴν περιουσίαν αὐτοῦ, περὶ δὲ ταύτης εἶπεν „Ἀθηναΐδι τῇ ποθεινοτάτῃ μου θυγατρὶ ἀφίημι νομίσματα ρʹ· ἀρκεῖ γὰρ αὐτῇ ἡ τύχη αὐτῆς.” ἡ μέντοι Ἀθηναῒς μηδὲ ταῦτα τὰ ρʹ λαμβάνουσα καταλαμβάνει τὴν μεγαλόπολιν, ἐκδίκησιν ὥστε λαβεῖν. καὶ οὕτω διὰ τὴν αὐτῇ παροῦσαν εὐπρέπειαν τοῦ βασιλέως γυνὴ ἐχρημάτισεν. ὅθεν καὶ πρὸς τοὺς ἀδελφοὺς αὐτῆς, ἐλθόντας ὕστερον πρὸς αὐτήν, εἶπεν „εἰ μὴ ὑμεῖς ἠδικήσατέ με, οὐκ ἠναγκαζόμην ἐλθεῖν ἐνταῦθα καὶ βασιλεῦσαι.” μετὰ δὲ ταῦτα τοῦ βασιλέως σκανδαλισθέντος ἐπ' αὐτῇ διὰ τὸν Παυλῖνον (ἑώρακε γὰρ εἰς αὐτὸν τὸ πάμμεγα μῆλον ἐκεῖνο, ὅπερ πένης μὲν αὐτῷ τῷ βασιλεῖ δῶρον ἔφερεν, ὁ δὲ βασιλεὺς πρὸς τὴν δέσποιναν αὖ μετεκόμισεν) ἐξῄτησεν αὕτη ἀπελθεῖν εἰς Ἱεροσόλυμα. καὶ δὴ καὶ ἀπῆλθε καὶ ἐξαίσιά τινα ἐποίησε καὶ τὰ ἐκεῖσε τείχη ἔκτισεν, ὡς ἐν αὐτῇ πέρας λαβεῖν τὸ Δαυιτικὸν ἐκεῖνο ῥητὸν τὸ λέγον „ἀγάθυνον κύριε ἐν τῇ εὐδοκίᾳ σου τὴν Σιών, καὶ οἰκοδομηθήτω τὰ τείχη Ἱερουσαλήν.” ἀλλὰ καὶ τελευτῶσα ἔλεγεν μηδὲν τῷ Παυλίνῳ συνιδεῖν, εἰ καὶ φιλοτίμως εἶχε πρὸς αὐτὸν οὐ μικρῶς ἅτε συνεργήσαντα, ἡνίκα Πουλχερία τῷ Θεοδοσίῳ δοῦναι ταύτην πρὸς λέχους κοινωνίαν ἐφρόντιζεν.

La sœur du roi, Pulchérie, ne voulut pas prendre époux, et consacra sa virginité à la Vierge. C'est elle qui fonda l'église Notre-Dame des Blachernes.
Sache, mon cher, que l'épouse du roi, Dame Eudocie, était la fille d'un philosophe originaire de Grèce. À sa mort, celui-ci légua tous ses biens à ses trois fils, en ajoutant, à propos de sa fille: "À Athénaïs, ma fille adorée, je lègue 100 pièces d'or. Ses talents lui suffisent largement".
Mais Athénaïs refusa de prendre cet argent et gagna la capitale, bien décidée à se venger. Et c'est ainsi que, grâce à sa beauté, elle devint l'épouse de l'empereur.
Plus tard, quand ses frères vinrent la trouver, elle leur dit: "Si vous n'aviez pas été injustes avec moi, je n'aurais pas été obligée de venir ici et de régner".
Plus tard, le roi se sentant offensé par elle à cause de Paulinos (il avait vu entre les mains de Paulinos la grosse pomme que celui-ci alors qu'il était très pauvre lui avait apporté en cadeau et qu'il avait lui-même donnée à l'impératrice), exigea d'elle qu'elle se retire à Jérusalem. Elle s'en alla donc, et y accomplit des choses extraordinaires, entre autres elle releva les murailles de la ville, comme si elle réalisait ainsi la prophétie de David "Seigneur, sois favorable à Sion par ta bonté (eudocia), et relève les murailles de Jérusalem".
Lorsqu'elle mourut, elle dit qu'elle ne se souvenait plus de Paulinos, bien qu'elle eût beaucoup d'estime pour lui parce qu'il l'avait aidée à l'époque où Pulchérie s'efforçait de la donner en mariage à Théodose.

9) Zonaras, 110 sqq. :

Τότε μὲν οὖν τῆς πεπλασμένης ἐκείνης πράσεως σχολασάσης, ἡ βασιλὶς ἀποκατέστη τῷ αὐτοκράτορι. μετέπειτα δ' αἰτίας συμβάσης τινός, ἀπέστερξε τὴν Αὐγούσταν ὁ βασιλεύς· ἡ δ' αἰτία· μῆλον ὑπερφυὲς εἰς ὄγκον ἐκομίσθη τῷ βασιλεῖ. ὁ δὲ τοῦτο θαυμάσας τῇ βασιλίδι ἀπέστειλε, κἀκείνη τῷ Παυλίνῳ τὸ μῆλον δέδωκεν· (ἦν δὲ λόγιος ὁ ἀνήρ, κἀντεῦθεν τῇ βασιλίσσῃ ᾠκείωτο). ὁ δὲ τὸ τοῦ μήλου μέγεθος ἀγασθεὶς καὶ ἀγνοῶν περὶ αὐτοῦ προσάγει τοῦτο τῷ βασιλεῖ. ἐκεῖνος δ' ἐπέγνω τὸ προσαχθὲν καὶ κρύψας αὐτὸ τὴν γυναῖκα ἠρώτησεν ὅποι τὸ σταλὲν αὐτῇ μῆλόν ἐστιν. ἡ δὲ φαγεῖν εἶπε τοῦτο, δείσασα μὴ ὁ ἀνὴρ ὑποπτεύσῃ ὃ ἐκεῖνος ἤδη ὑπώπτευσεν. ὁ δ' ἔτι προσήρετο ἐπιτατικώτερον· ἡ δ' αὖθις μεθ' ὅρκου φαγεῖν τὸ μῆλον ἀπισχυρίζετο. ἐξάγει τοῦτο μεστὸς ὁ αὐτοκράτωρ ὀργῆς. καὶ ἡ μὲν ἐπ' αὐτοφώρῳ ἑάλω μὴ ἀληθεύουσα· τῷ δὲ τὰ τῆς ὑπονοίας ἐστήρικτο. κἀντεῦθεν κτείνεται μὲν ὁ Παυλῖνος ἐξ ὑπονοίας ψευδοῦς, ἡ δ' Εὐδοκία μεμίσητο. καὶ ᾔτησεν ἀπελθεῖν εἰς Ἱεροσόλυμα· ἔνθα δὴ ἀπελθοῦσα σὺν πλούτῳ βαθεῖ ναούς τε ἐδείματο καὶ πολλὰ τοῖς πενομένοις καὶ τοῖς ἐκεῖ μοναστηρίοις δέδωκεν. ἐκεῖθεν δ' ἐπανελθοῦσα αὖθις μετὰ θάνατον τοῦ ἀνδρὸς ἐκεῖσε ἀφίκετο κἀκεῖ τετελεύτηκεν. οἵα δὲ περὶ λόγους ἦν αὕτη δηλοῦσι τὰ λεγόμενα Ὁμηρόκεντρα. Πατρικίου γάρ τινος ἐπιχειρήσαντος τῷ σπουδάσματι, ἀτελὲς δὲ καταλιπόντος αὐτὸ καὶ οἷον εἰπεῖν ἀνοργάνωτον, ἐκείνη καὶ εἰς τέλος ἤγαγε καὶ ὠργάνωσεν, ὡς καὶ ἡ παρ' ἐκείνης διὰ στίχων ἡρωικῶν τῷ πονήματι γενομένη ἐπιγραφὴ τοῖς ταύτην ἐπιοῦσι παρίστησι. Après cela elle lui renvoya Eudocie, qui tomba bientôt après dans la disgrâce pour le sujet que je vais dire. Comme l'on avait présenté un jour à Théodose une pomme d'une extraordinaire grosseur, il l'envoya à Eudocie, qui la donna à Paulin homme d'une grande érudition, et pour lequel elle avait une estime particulière. Paulin qui ne savait d'où elle venait la montra à l'Empereur à cause de sa rareté. Ce Prince l'ayant reconnue, et l'ayant cachée fit venir l'Impératrice sa femme, et lui demanda où était la pomme qu'il lui avait donnée. Eudocie craignant que l'Empereur ne conçût le soupçon qu'il avait déjà conçu, répondit qu'elle l'avait mangée. Sur ce qu'il la pressa de dire la vérité, elle assura avec serment qu'elle la disait. Alors l'Empereur transporté de colère lui montra la pomme, et la convainquit de mensonge. Cet accident accrut de telle sorte la jalousie, et les soupçons de Théodose qu'il fit mourir Paulin, bien qu'il fût très innocent. Eudocie voyant qu'elle avait encouru la haine de l'Empereur son époux, lui demanda permission d'aller à Jérusalem. Elle fit de grandes dépenses, et employa de grandes sommes au soulagement des pauvres, au  profit des monastères, et à la construction, et à l'embellissement des églises. Elle y fit encore un second voyage depuis la mort de l'Empereur son mari, et y finit ses jours.  Les Centons qu'elle a faits des vers d'Homère font des preuves de sa rare érudition. Un patrice les avait commencés, et ne les avait pu achever. Mais elle y mit la dernière main, et les laissa dans la perfection où nous les voyons, comme il paraît par une inscription en vers héroïques, qui est au commencement.

10) Thomsen, Jerusalem : doc. 209,18 (5e s. apr. JC) :

[ τά]δ' ὀστ[ᾶ τὰ τίμια],
[ἃ ἦ]γεν τό[δ' ἡ σεμνὴ]
[Ε]ὐδοκία Σ[εβαστὴ]
τῶν ἐνδο[ξοτάτων]
μαρτύρων — —
Καλλινίκου [: — —],
Δομνίνου : Τ— —,
Θέκλης : κ[αὶ τῶν ἄλλων].
 αὐτοῖς ἁγί[οις δόξα. ]

Voici les ossements vénérables,
qu’a rassemblés ici la vertueuse
Eudocia Augusta,
des très glorieux
martyrs …,
Kallinikos, …,
Domninos, T…,
Thécla, et des autres.
Gloire à ces saints.

11) Inscr. d’Attique (SEG 40, 184 = Hesp. 59, 1990, 371) :

ε̣[ἵνε]κα φ̣[ιλ c.5—] βασιληίδος Εὐδ[οκίας — — —]
Θευδόσι[ος βασιλε]ὺ̣ς̣ στῆσ̣εν ἄγαλ̣[μα τόδε]
πι̣σ̣τ̣οτα[τ — —c.9— —]ΕΘΟ̣[?]Ν̣ θεραποντ[— — —]
Θευδοσιο̣[— —c.9— —]Ο̣ΛΑ[— — —]ΕΧΟΝΤΙ̣[— — —]

En l’honneur de la [pieuse ?] impératrice Eudocia,
Théodose empereur a érigé cette statue...

12) Jean, évêque de Nikiu, 84 :

Enfin on rencontra une femme qui était arrivée à Constantinople, et qui surpassait par sa beauté toutes les femmes de l’époque. Elle avait une contestation avec ses frères au sujet de l'héritage de son père et elle était venue pour se plaindre à l'empereur de l'injustice qu'elle avait subie. Le nom de la jeune fille était Athénaïs ou Eudocie. Son père, nommé Héraclite, avait deux fils, dont l'un s'appelait Valérien, l'autre Genesius, et une fille, celle dont nous venons de parler. Leur père, en mourant, ayant recommandé à ses deux fils, de remettre, comme sa part de l'héritage, cent livres d'or à sa fille, celle-ci, mécontente, refusa d'accepter cet argent, disant : « Ne mérité-je pas d'être l'égale de mes frères dans l'héritage ? » Mais les frères refusèrent de lui accorder ce droit et la chassèrent de la maison de son père. Alors la sœur de sa mère la prit, et la conduisit de la province d'Hellade dans la ville de … chez un frère de son père. Là se trouvait la sœur d'un nommé…, le philosophe, et cette femme, qui résidait habituellement à Byzance, par des démarches habiles, mit la jeune fille en présence des sœurs de l'empereur. Celles-ci, ayant su qu'elle était vierge, la firent venir auprès d'elles, au palais, et en parlèrent à l'empereur. Théodose se rendit auprès elle, la regarda sans se cacher et elle lui plut. Alors il la convertit au christianisme, et elle reçut le nom d'Eudocie ; car elle était païenne, de la secte des philosophes ; puis il l'épousa selon la loi des chrétiens, célébra des fêtes de noces en son honneur, et la proclama impératrice. Lorsque ses frères apprirent qu'elle était devenue la femme de l'empereur Théodose et qu'elle avait été proclamée impératrice, ils eurent peur et s'enfuirent, se cachant dans l'intérieur de l'Hellade. Elle leur adressa une lettre les engageant à venir d'Athènes à Constantinople, et elle leur donna de hautes positions auprès de l'empereur : elle nomma Genesius préfet de l'Illyrie, et Valérien général de l'armée. Et elle leur dit : « Si vous n'aviez pas mal agi envers moi, je ne serais pas venue dans la capitale et je ne serais pas devenue impératrice ; c'est par la volonté de Dieu que je suis venue ici. Or je n'agirai pas avec vous comme vous avez agi envers moi. » Alors ils s'inclinèrent vers la terre et lui rendirent hommage. Ensuite elle mit au monde une fille qu'elle appela, du nom de la mère de Théodose, Eudoxie.

Opera

1) tiré des Centons homériques

Ὑπόθεσις τῶν Ὁμηροκέντρων.

Βίβλος Πατρικίοιο θεουδέος ἀρητῆρος,
ὃς μέγα ἔργον ἔρεξεν, Ὁμηρείης ἀπὸ βίβλου
κυδαλίμων ἐπέων τεύξας ἐρίτιμον ἀοιδήν,
πρήξιας ἀγγέλλουσαν ἀνικήτοιο θεοῖο·.

...

Τούτους μὲν ἐξέθετο Πατρίκιος ἐπίσκοπος· ἡ δὲ ἀπολογία Εὐδοκίας Αὐγούστης τῆς Ἀθηναίας τῆς γυναικὸς Θεοδοσίου Αὐγούστου τοῦ νέου υἱοῦ Ἀρκαδίου βασιλέως αὕτη· 

Ἥδε μὲν ἱστορίη θεοτερπέος ἐστὶν ἀοιδῆς.
Πατρίκιος δ᾿ ὃς τήνδε σοφῶς ἀνεγράψατο βίβλον,
ἔστι μὲν ἀενάοιο διαμπερὲς ἄξιος αἴνου,
οὕνεκα δὴ πάμπρωτος ἐμήσατο κύδιμον ἔργον.
Ἀλλ᾿ ἔμπης οὐ πάγχυ ἐτήτυμα πάντ᾿ ἀγόρευεν,
οὐδὲ μὲν ἁρμονίην ἐπέων ἐφύλαξεν ἅπασαν,
οὐδὲ μόνων ἐπέων ἐμνήσατο κεῖνος ἀείδων,
ὁππόσα χάλκεον ἦτορ ἀμεμφέος εἶπεν Ὁμήρου.
Ἀλλ᾿ ἐγὼ ἡμιτελέστου ἀγακλεὲς ὡς ἴδον ἔργον,
Πατρικίου σελίδας ἱερὰς μετὰ χεῖρας λαβοῦσα,
ὅσσα μὲν ἐν βίβλοισιν ἔπη πέλεν οὐ κατὰ κόσμον,
πάντ᾿ ἄμυδις κείνοιο σοφῆς ἐξείρυσα βίβλον.
Ὅσσα δ᾿ ἐκεῖνος ἔλειπεν, ἐγὼ πάλιν ἐν σελίδεσσι
γράψα καὶ ἁρμονίην ἱεροῖς ἐπέεσσιν ἔδωκα.
.................................................................................
Πατρίκιος δ᾿, ὃς τήνδε σοφὴν ἀνεγράψατο δέλτον,
ἀντὶ μὲν Ἀργείων στρατιῆς γένος εἶπεν Ἐβραίων,
ἀντὶ δὲ δαιμονίης τε καὶ ἀντιθέοιο φάλαγγος,
ἀθανάτους ἤεισε καὶ υἱέα καὶ γενετῆρα.
Ἀλλ᾿ ἔμπης ξυνὸς μὲν ἔφυ πόνος ἀμφοτέρασι,
Πατρικίῳ κἀμοί, καὶ θηλυτέρῃ περ ἐούσῃ.

Incipit

Ce livre est de Patricius, prêtre craignant Dieu,
qui a conçu cette grande œuvre ; à partir des vers glorieux
de l’œuvre d’Homère, il a réalisé un chant de très grande valeur
qui proclame les actions du Dieu invincible.

… (24 vers) …

Voilà l’introduction de Patricius, évêque. L’apologie qui suit est d’Eudocia Augusta, née Athénienne, épouse de Théodose le Jeune, fils de l’empereur Arcadius.

L’histoire que voici constitue un chant agréable aux dieux.
Patricius, qui a conçu ce livre avec grande habileté,
est digne à jamais d’une louange éternelle,
car il fut le premier à imaginer une œuvre aussi glorieuse.
Toutefois il n’a pas tout dit de façon véridique,
il n’a pas conservé non plus toute l’harmonie des vers,
les seuls vers qu’il ne mentionne pas sont les vers affreux
que le cœur de bronze de l’irréprochable Homère ont dits.
Quant à moi, lorsque je vis l’œuvre illustre à demi achevée,
je pris en mains les pages sacrées de Patricius,
et les vers qui n’avaient pas leur place dans le livre,
je les retirai tous de son livre plein de sagesse ;
et les vers qu’il avait délaissés, je les remis dans les pages
et redonnai à ses vers sacrés leur harmonie.


Patricios, qui a composé cette œuvre pleine de sagesse,
a remplacé l’armée des Argiens par la race des Hébreux,
le cortège des divinités et des demi-dieux
par le Fils et la Mère immortels.
Toutefois ce travail est notre fruit commun à tous deux,
Patricius et moi, bien que je ne sois qu’une femme.

v. Centons homériques de la collection des Sources chrétiennes n° 427 (1998).

2) Une inscription dédicatoire comportant un poème en vers homériques d’Eudocie a été découverte 1980 à Gadara (Hammat Gader) :

- voir ici une photo (... de très mauvaise qualité).

- Di Segni, L., The Greek Inscriptions of Hammat Gader, in Hirschfeld, Y. (ed.), The Roman Baths of Hammat Gader. Final Report, Jerusalén 1997, p.185 sqq.

- SEG 32,1502, 1­36 [env. 455 apr.JC]

Εὐδοκίας Αὐγούστης  

πολλὰ μὲν ἐν βιότῳ κ(αὶ) ἀπίρονα θαύματ' ὄπωπα,
τίς δέ κεν ἐξερέοι, πόσα δὲ στόματ', ὦ Kλίβαν' ἐσθλέ,
4 σὸν μένος, οὐτιδανὸς γεγαὼς βροτός; ἀλλά σε μᾶλλο(ν) 
ὠκεανὸν πυρόεντα νέον θέμις ἐστὶ καλεῖσθαι. 
παιάνα καὶ γενέτην γλυκερῶν δοτῆρα ῥεέθρων. 
ἐκ σέο τίκτεται οἶδμα τὸ μύριον, ἄλλυδις ἄλλῃ, 
8 ὅππῃ μὲν ζεῖον, πῇ δ' αὖ κρυερόν τε μέσον τε. 
τετράδας ἐς πίσυρας κρηνῶν προχέεις σέο κάλλος. 
Ἰνδή · Ματρώνα τε · Ῥεπέντινος· Ἠλίας ἁγνός · 
Ἀντωνῖνος εὔς · Δροσερὰ Γαλατία · καὶ αὐτὴ 
12 Ὑγεία · καὶ χλιαρὰ μεγάλα · χλιαρὰ δὲ τὰ μικρὰ · 
Μαργαρίτης · κλίβανος παλεός · Ἰνδή τε · καὶ ἄλλη 
Ματρώνα · Βριαρή τε Μονάστρια · κ' ἡ Πατριάρχου. 
ὠδείνουσι τεὸν μένος ὄβριμον ἠνεκ̣[ὲς ἀϊέν], 
16 ἀλλὰ θεὸν κλυτόμητιν ἀείσο[μαι  
εἰς εὐεργεσείην μερόπων τε χρ[  ].

De l’Impératrice Eudocia

Dans ma vie, j’ai vu bien des merveilles en nombre infini,
mais qui pourrait, noble Chaudière, eût-il mille bouches, 
dire ta force,  puisqu’il n’est qu’un mortel sans valeur ? 
Il convient de t’appeler plutôt nouvel océan de feu,
péan et source de vie, dispensateur de flots de miel.
C’est de toi que naît le flot sans fin, de ci et de là,
bouillant par ici, froid et tiède par là.
Ta beauté, tu la répands en quatre tétrades de sources :
l’Indienne et la Matrone, Repentinus et saint Élie,
Antonin le Bon, la fraîche Galatie ; et voici Hygie,
les grands bains tièdes, et les petits bains tièdes ;
la Perle, l’ancienne Étuve, l’Indienne et une seconde Matrone,
Briarée et les sources du Patriarche et de la Nonne.
À ceux qui souffrent, tu apportes sans cesse ta force puissante,
Mais je veux chanter plutôt le Dieu de Sagesse …
pour le bienfait des mortels …

3) Vie de saint Cyprien. 

Livre I (début mutilé) :


πάντας δ' ἠιθέους κεν ἀταρτηρῶς ἀπέπεμπεν,
ὡς Χριστὸν μοῦνον μνηστὸν θεμένη τὸν ἄνακτα.
ὃς δέ, λεὼν συναγείρας, ἀνακτορίους κατὰ θώκους
πρός ῥα βίην ἐθέλεσκεν ἀγαυὴν παῖδα μιῆναι·
ὅσσοι [δ'] ἑσπετόωνθ' ἅμ' αὐτῇ, αἰπὺ βόησαν,
πάντες δ' ἐκ θαλάμων σὺν τεύχεσιν ἐσσεύοντο,
τεῦξαν δ' Ἀγλαΐδαο νεήλυδας εἶθαρ ἀΐστους.

1 ...Elle renvoya tous les jeunes gens, même vertement
   Pour estimer le Christ seulement son amant et son maître.
   Il fit s'amasser la foule assise sur les bancs royaux
   Car de force il voulut déshonorer l'éclatante enfant.
5 Ceux qui faisaient escorte se mirent à crier très fort,
   Et chacun, de sa demeure, avec des armes, accourut
   Faisant fuir bientôt la troupe novice d'Aglaïdas.


Eudocia Augusta (Εὐδοκία Σεβαστή, Εὐδοκία Αὐγούστη) de macrembolis

Épouse des empereurs Constantin X (Ducas) et Romanus IV (Diogénès). Elle avait épousé Constantin avant son accession, et lui donna deux fils, Michel et Andronicus, avant son accession en 1059, un troisième fils après, Constantin, et deux filles, Théodora et Zoé. Elle reçut le titre d’Augusta au couronnement de son mari. Celui-ci, à sa mort (1067), confia l’empire à Eudocia et à leurs trois fils, Michel VII (Parapinacès), Andronicus Ier et Constantin XII (Porphyrogénète). Il demanda aussi à sa femme de jurer de ne point se remarier. Ses fils étant encore jeunes, elle exerça de fait la régence. Mais se rendant compte que la frontière orientale de l’empire était menacée et qu’il fallait un empereur énergique, elle épousa Romanus IV (Diogénès). Romanus, qui s’était rendu célèbre pour sa force et ses qualités militaires, avait essayé de s’emparer du trône à la mort de Constantin XI, mais avait été devancé par Eudocia, qui l’emprisonna, puis l’exila. Elle le rappela donc, soit par raison d’État soit par affection, pour pendre le commandement de l’armée. Le serment qu’elle avait fait à son défunt mari avait été mis par écrit et conservé par le patriarche de Constantinople. Elle réussit à le récupérer par ruse et huit mois après la mort de son mari (1068), elle épousa Romanus et l’associa à l’empire. Elle espérait pouvoir le contrôler, mais se heurta vite à lui pour des questions de pouvoir. Entretemps, durant la captivité de Romanus, Joannes Ducas, frère de Constantin, qui avait reçut le titre de César, déclara Michel Parapinacès seul empereur et bannit Eudocia dans un couvent qu’elle avait elle-même construit en Propontide. À la mort de Romanus en 1071, elle ensevelit son mari en grande pompe et lui survécut plusieurs années.

Eudocia compila un dictionnaire d’histoire et de mythologie, intitulé Ἰωνιά, i.e. Recueil de violettes (Anthologie), comptant 1023 rubriques, précédé d’une dédicace à son mari Romanus. Elle décrit elle-même son ouvrage comme "une collection de généalogies de dieux, de héros et d’héroïnes, de leurs métamorphoses, et de fables et d’histoires à leur propos recueillis dans les auteurs anciens, avec des notices sur plusieurs philosophes." Les sources qu’elle utilisa sont en gros les mêmes que celles de Suidas.

Il semblerait en fait que cette oeuvre ne soit pas authentique, mais un faux attribué à Constantin Palaeokappas, qui aurait recopié des notices entières de la Souda, du Lexikon de Phavorinus, des Scholies de Nonnos à Grégoire de Nazianze, des oeuvres de Kornutos et Palaiphatos, et composé vers 1550.

Smith, s.v.
RE VI, 1 (1907) 912-13.
Schoell , Hist. Litt. Gr., vol. VI, p. 318-320.
Wolf, Mulierum, pp. 30 sqq.

J. Flach, Die Kaiserin Eudokia Makrembolitissa (Tuebingen, 1876);
P. Pulch, De Eudociae quod fertur Violario (Strassburg, 1880);
Hermes, 17, 1882, pp. 177 ss.

Testimonia

1) Pseudo-Codinus, De annis ab orbe condito 75 :

Κωνσταντῖνος ὁ Δούκας ἔτη ζʹ, μῆνας ʹ. καὶ τελευτήσας κατέλιπε βασιλεύειν τὴν γυναῖκα αὐτοῦ τὴν δέσποιναν, τὴν κυρὰν Εὐδοκίαν τὴν Μακρεμβολίτισσαν, σὺν τῷ υἱῷ αὐτοῦ, τῷ κυρῷ Μιχαὴλ καὶ τῷ κυρῷ Κωνσταντίνῳ τῷ πορφυρογεννήτῳ. ἐκράτησεν οὖν ἡ κυρὰ Εὐδοκία ἡ δέσποινα σὺν τοῖς δυσὶν υἱοῖς αὐτῆς μῆνας ζʹ, ἡμέρας ιʹ. εἶτα λαβοῦσα ἄνδρα γνώμῃ τοῦ πατριάρχου καὶ τῆς συγκλήτου Ῥωμανὸν τὸν Διογένην, ἀνηγόρευσεν αὐτὸν βασιλέα κατὰ τὸν μάρτιον μῆνα, τῆς εʹ ἰνδικτιῶνος, τοῦ φοεʹ ἔτους. Ῥωμανὸς ὁ Διογένης μετὰ τῆς κυρᾶς Εὐδοκίας ἔτη γʹ, μῆνας ηʹ. καὶ διαφόρως ἐκστρατεύσας κατὰ Περσῶν ἐν τῇ τρίτῃ αὐτοῦ ἐκστρατείᾳ ἐκρατήθη αἰχμάλωτος παρὰ τοῦ σουλτάνου καὶ τῶν Τούρκων. 
τότε ἑάλω καὶ τῶν βασιλικῶν παρασήμων τὰ κάλλιστα. ἐν οἷς ὁ πολυθρύλητος μάργαρος ἦν, ὃν ὄρφανον κατωνόμαζον. 
ἀνηγορεύθη οὖν βασιλεὺς ὁ κῦρ Μιχαὴλ ὁ Δούκας καὶ ἐκράτησε τῆς βασιλείας ἅμα τῇ μητρὶ αὐτοῦ, τῇ δεσποίνῃ κυρᾷ Εὐδοκίᾳ, καὶ συνεβασίλευσε ταύτῃ μῆνα αʹ. κατεβίβασε δὲ ταύτην καὶ ἀπέκειρε, μόναρχος καταληφθεὶς αὐτός.

Contantin Doucas (régna) 7 ans et 6 mois. À sa mort, il laissa le trône à sa femme l'impératrice, Dame Eudocia de Macrembolis, avec son fils, Sire Michel et Sire Constantin Porphyrogénète. L'impératrice Eudocia régna donc avec ses deux fils 7 mois et 10 jours. Puis elle prit pour mari, avec l'accord du Patriarche et du Sénat, Romanus Diogénès; elle le proclama roi au mois de mars, an 5 de l'indiction, année 6575. Romanus Diogénès (régna) avec Dame Eudocia 3 ans 8 mois. Romanus lança diverses expéditions contre les Perses, et dans sa troisième campagne, il fut capturé par le sultan des Turcs.
C'est lors de cette capture que furent perdus les plus beaux insignes de la royauté, parmi lesquels se trouvait la légendaire perle nommée
l'Orpheline.
Sire Michel Doucas fut alors proclamé roi; il régna avec sa mère, l'impératrice Eudocia, pendant 1 mois. Puis il la déposa et lui tondit les cheveux (sc. l'enferma dans un couvent) et occupa seul le trône.

2) Zonaras, Annales 3, 218-226 (681-706) :

Ὁ δέ γε βασιλεὺς νόσῳ ληφθεὶς καὶ ταύτῃ κάμνων ἐπὶ μακρὸν καὶ ταλαιπωρούμενος καὶ ἤδη κατεργασθεὶς καὶ ἀπαραίτητον αὐτῷ γνοὺς ἐπιέναι τὴν τελευτήν, τὴν μὲν βασιλείαν τοῖς υἱοῖς αὐτοῦ καταλέλοιπε τρισὶν οὖσιν, οὓς αὐτῷ ἡ σύνοικος Εὐδοκία ἐγείνατο, τοὺς δύο τὸν Μιχαήλ τε καὶ τὸν Ἀνδρόνικον ἰδιωτεύοντι ἔτι, τὸν δὲ Κωνστάντιον βασιλεύσαντι καὶ αὐτὴ Αὐγούστα ἀναρρηθεῖσα.…

Κατὰ γοῦν τὰς τοῦ τελευτήσαντος βασιλέως διαταγὰς ἥ τε βασιλὶς Εὐδοκία καὶ οἱ παῖδες ἐκείνου τῆς βασιλείας ἦσαν διάδοχοι καὶ ἡ βασίλισσα τὴν τῶν κοινῶν μετακεχείριστο πρόνοιαν τῶν υἱέων κατάρχουσα καὶ ἐπὶ βήματος σὺν ἐκείνοις προὐκάθητο, μεσεύουσα μὲν αὐτή, ἐκείνους δὲ παρακαθίζουσα ἑκατέρωθεν, οὕτως ἐν ἀρχαιρεσίαις, οὕτως ἐν ζητήσεσι πολιτικῶν ὑποθέσεων, οὕτως ἐχρημάτιζον πρέσβεσιν, οὕτως ἐν συνήθεσι προόδοις προῄεσαν.…

ὁ γοῦν Καῖσαρ Ἰωάννης καὶ οἱ ἐκείνου υἱοὶ ἀεί, ὡς εἴρηται, ἐγκοτοῦντες τῷ Διογένει ἁρπάζουσι τὸν καιρὸν καὶ προσλαβόμενοι τῶν τῆς συγκλήτου ἐνίους, ὅσοι ὡμοφρόνουν αὐτοῖς, ὧν ἐξῆρχεν ὁ ὑπέρτιμος ὁ Ψελλός, δύσνους καὶ αὐτὸς τῷ Διογένει τυγχάνων, τὴν βασίλισσαν Εὐδοκίαν εἰς τὴν παρ' αὐτῆς δομηθεῖσαν μονὴν κατὰ τὸν ἐν τῇ Προποντίδι πορθμὸν περιορίζουσι, τὸν δὲ Μιχαὴλ ἀνακηρύττουσιν αὐτοκράτορα.

Le roi fut frappé de maladie et en souffrit longtemps; très éprouvé et déjà près de mourir, se rendant compte que sa dernière heure était arrivée, il laissa son trône à ses trois fils que lui avait donnés son épouse Eudocie, Michel et Andronic qui n'avaient encore assumé aucune charge, et Constant qui avait régné avec lui, Eudocia étant proclamée Auguste.

Conformément aux ordres du défunt roi, la reine Eudocie et les fils du roi étaient les héritiers de la couronne. Mais c'est la reine qui veillait à tout, commandant à ses fils, et quand elle était assise sur le podium avec eux, elle était un peu en avant, elle au milieu, eux de chaque côté, que ce fût pour les conseils, pour les affaires politiques, pour recevoir les ambassadeurs ou pour les affaires courantes...

Le César Jean et ses fils, qui comme nous l'avons dit, gardaient toujours de la rancune envers Diogénès, saisissent l'occasion, et après avoir gagné à leur cause quelques-uns des sénateurs qui partageaient leurs idées, à commencer par le clarissime Psellos qui se trouvait lui aussi avoir quelque rancune envers Diogénès, ils enferment l'impératrice Eudocie dans le monastère qu'elle avait elle-même fait construire au bord de la Propontide, et proclament empereur Michel.

3) Michael Glycas, Annales, 4, 606 sqq. :

ἦσαν δὲ αὐτῷ παῖδες ἐξ Εὐδοκίας τῆς βασιλίδος, ἣν ἰδιωτεύων ἠγάγετο, Μιχαὴλ Ἀνδρόνικος καὶ Κωνσταντῖνος, ὃς καὶ πορφυρογέννητος ἦν, πρὸς τούτοις δὲ  Ἄννα Θεοδώρα καὶ Ζωή.

Τελευτῶν δὲ πάντας ἀπῄτησεν ἔγγραφον ὡς οὐκ ἄν ποτε παρὰ τοὺς αὐτοῦ παῖδας βασιλέα ἕτερον διαδέξονται, καὶ αὐτὴν δὲ τὴν βασίλισσαν Εὐδοκίαν ὡς οὐκ ἂν πρὸς δεύτερον ἀπίδοι συνοικέσιον, ἐφ' ᾧ κρατεῖ σὺν τοῖς παισὶν αὐτοῦ μῆνας ζʹ, καὶ τοῦ ἐγγράφου ἀπαρτισθέντος, καὶ εἰς φυλακὴν τῷ πατριάρχῃ δοθέντος. εἶχε μὲν οὕτω ταῦτα, καὶ οἱ Τοῦρκοι πάλιν πᾶσά τε ἡ ἀνατολὴ ἐκυμαίνετο. δέονται λοιπὸν βασιλέως τὰ πράγματα, ἐφ' ᾧ καὶ ψηφίζεται μὲν Νικηφόρος ὁ Βοτανειάτης καὶ ἕτεροι πολλοί, νικᾷ δὲ ὅμως ἡ θεία βουλή, καὶ βασιλεὺς ἀναγορεύεται ὁ Βεστάρχης Ῥωμανὸς ὁ Κωνσταντίνου τοῦ Διογένους υἱός, εἰ καὶ πρότερον ἐπιβουλεύσας τῷ βασιλεῖ κἀντεῦθεν δεσμηθεὶς καὶ ἐλεγχθείς, εἶτα παρὰ πᾶσαν ἐλπίδα τοῦ κινδύνου λυτρωθείς.
Κρατεῖ ὁ τοιοῦτος Ῥωμανὸς ἔτη γ μῆνας ηʹ. ἡ μέντοι βασιλὶς θέλουσα μὲν συζευχθῆναί τινι τῶν ἐπιφανῶν, δεδοικυῖα δὲ διά γε τὸ ἔγγραφον καὶ τοὺς ἐνυπογράψαντας αὐτῷ, ἔγνω δεῖν ὑπὲρ γυναῖκα φρονῆσαι καὶ δόλῳ τὸν πατριάρχην ὑπελθεῖν. κοινοῦται τὸ πρᾶγμά τινι τῶν πρὸς τὰ τοιαῦτα ἐπιτηδείων. τί γοῦν; ἀδελφὸς ἦν τῷ πατριάρχῃ Βάρδας τοὔνομα. πρόσεισι γοῦν τῷ πατριάρχῃ ὁ τομίας, ἀπαγγέλλει αὐτῷ μυστικῶς τὰ τοῦ πράγματος· „εἴγε οἰκονομία τις γένηται περὶ τοῦ ἐγγράφου, ὁ σὸς ἀδελφὸς τῇ βασιλίδι μίγνυται καὶ βασιλεὺς ἀναγορεύεται.” κατέχεται οὖν ἐντεῦθεν ὁ πατριάρχης, καὶ ἕνα καθ' ἕνα τῆς συγκλήτου μετακαλούμενος ἔπειθε πάντας ὡς παράνομον τὸ ἔγγραφον, καὶ διὰ ζῆλον ἑνὸς ἀνδρὸς τὰ Ῥωμαίων οὐ χρὴ καταβλάπτεσθαι· ἀναγκαῖον οὖν τὴν βασιλίδα ζευχθῆναι ἀνδρὶ ὡς ἀναθηλῆσαι καὶ αὖθις τὰ πράγματα. ὡς οὖν ἔσχε πάντας συμψήφους ὁ πατριάρχης, ἔνοπλος ὁ Διογένης εἰς τὰ βασίλεια ἔρχεται καὶ τῇ βασιλίδι συζεύγνυται, καὶ οὕτω τῶν σκήπτρων ἐγκρατὴς γίνεται. εἶχεν ἐφέδρους τούς τε προγόνους αὐτοῦ καὶ Καίσαρα τὸν τοῦ προβεβασιλευκότος ἀδελφόν. καὶ τηνικαῦτα τὰ κατὰ τὴν ἑώαν μανθάνει, καὶ κατὰ τῶν Τούρκων χωρεῖ, καὶ εἰς Σεβάστειαν ἐλθὼν καὶ ἔνθεν κἀκεῖθεν παραγενόμενος μεγάλα κατὰ τῶν Τούρκων ἔστησε τρόπαια. ὑποστρέφει πρὸς τὴν βασιλίδα. καὶ τὰς συνήθεις ῥόγας τῇ συγκλήτῳ καὶ τῷ λαῷ ποιησάμενος ἐκστρατείας καὶ αὖθις ἐφάπτεται, μηδὲ αὐτὰς τὰς πασχαλίας ἡμέρας καρτερήσας.

Il avait des fils de la reine Eudocie, qu'il avait épousée avant d'être roi, Michel, Andronic et Constantin, qui était également porphyrogénète, ainsi que trois filles, Anna, Théodora et Zoè.

Sur son lit de mort, il demanda à tous de s'engager par écrit à ne jamais désigner comme roi un autre que ses fils, et à la reine Eudocie, de ne jamais se remarier; de cette façon, Eudocie régna avec ses enfants 7 mois, obéissant fidèlement au document qu'elle avait signé et confié aux bons soins du Patriarche. Telle était la situation lorsque les Turcs déferlèrent une nouvelle fois sur l'Orient. La situation exigeait dès lors la désignation d'un empereur; plusieurs suffrages se portent sur Nicéphore Botaniatès et sur plusieurs autres, mais la volonté divine l'emporte et c'est Romanos Bestarchès, le fils de Constantin Diogénès, qui est proclamé empereur, bien qu'il eût par le passé comploté contre l'empereur et eût été emprisonné, avant d'être libéré du danger contre toute attente.

Romanos régna 3 ans et 8 mois. Mais l'impératrice, qui désirait épouser l'un des notables, craignant à cause de sa promesse écrite, également ceux qui l'avaient signée avec elle, décida de tenter quelque chose qui dépassât sa nature de femme et de circonvenir le Patriarche par la ruse. Elle fait part de son projet à une des personnes qui pouvaient le mieux l'aider pour cela. Comment s'y prit-elle? Le Patriarche avait un frère, dénommé Bardas. L'eunuche (avec qui elle s'était entendue) approche donc le Patriarche et lui révèle en secret toute l'affaire: "Si l'on pouvait faire une exception avec la promesse écrite, ton frère pourrait épouser la reine et être proclamé empereur". Le Patriarche se laisse prendre à cette ruse et un à un contacte les membres du sénat et finit par tous les convaincre que ce document est illégal, et que par dévotion à un seul homme, il ne faut pas laisser se détériorer la situation des Romains. Qu'il est donc nécessaire que la reine se remarie pour restaurer la situation. Le Patriarche ayant rallié tous les suffrages, Diogénès pénètre en armes dans le palais, épouse la reine et s'empare ainsi du sceptre. Il prit pour témoins ses enfants et le César frère du précédent roi. Apprenant quelle était la situation en Orient, il marche contre les Turcs, s'installe à Sébasteia et remporte de grandes victoires contre les Turcs. Puis il rejoint la capitale. Après avoir distribué au sénat et au peuple les largesses habituelles, il repart en campagne, sans même y passer les fêtes de Pâques.

Œuvre

Publiée par Villoison, dans ses Anecdota Graeca; Venise, 1781.
Meilleure édition : Eudociae Augustae Violarium recensuit et emendabat, Fontium testimoniis subscripsit Ioannes Flach. Leipzig, B.G. Teubneri, 1880 ; 782 p. [téléchargeable ici].

1) Préambule

EUDOCIA
de Macrembolis, Reine de Constantinople,
Violettes

ou Collection de généalogies de dieux, de héros et d’héroïnes, de leurs métamorphoses, et de fables et d’histoires à leur propos recueillies dans les auteurs anciens,
avec des notices sur plusieurs philosophes,
dédiée au Très-chrétien et Très-pieux Roi
Romanus Diogénès, Victorieux, Triomphateur.

Je nourris l'espoir, Roi triomphateur, que l'ouvrage que voici rejoindra les nombreux autres ouvrages qui célèbrent ton retour sur le trône, non seulement parce que tu trouveras ton royaume bien administré par mes soins, mais parce que tu y trouveras aussi le moyen d'embellir la cité de vertu et de mœurs utiles. Je veux parler de l'éducation, dont il n'est rien de plus précieux pour la lecture des hommes de lettres et pour l'étude des étudiants.
L'éducation, à la manière d'un jardin d'Adonis toujours reverdissant de toutes sortes de fleurs enivrantes, par le beau spectacle des vertus, a illustré cette cité, qui rivalise par le nombre de ses hommes de lettres avec la cité macédonienne et même, par biens des aspects, avec l'illustre Athènes antique dont la gloire atteint jusques aux cieux. Car l'éducation sait remettre toute chose à sa juste place, faire disparaître la barbarie, restaurer l'éloquence, et mettre de l'ordre dans l'univers. Son instrument, ce sont les exhortations quotidiennes des hommes cultivés qui cherchent à faire disparaître l'ignorance de l'âme par la lecture, et à y implanter une connaissance solide; et ce, non seulement dans la reine des cités, mais dans la Grèce toute entière (car les sujets voudront naturellement partager l'esprit de leur maître, objectif qu'ils ont toujours en vue). Car nous voyons, là où apparaît l'éducation, la discorde civile disparaître, et les relations pacifiques s'établir fermement sans retard. Que dire de plus, pourquoi louer davantage l'éducation que tous s'accordent à louer ? N'est-ce pas elle qui récemment, par la persuasion, a apaisé les troubles civils ? N'est-ce pas elle qui a inventé les machines de guerre et les tactiques ? Et qui, en cas de nécessité, repousse les adversaires et sauve les amis, et procure tous les avantages à l'éphémère vie de l'homme ?
Et ceux qui l'ont accueillie avec joie n'ont-ils pas connu le bonheur, n'ont-ils pas prospéré, agrandissant leur empire jusqu'à ses limites, tandis que ceux qui l'ont négligée, n'ont-ils pas disparu en sombrant dans les grands dangers de l'ignorance, incapables de trouver un moyen de se sauver eux-mêmes ? Mon ouvrage en est la preuve, qui contient bien des histoires de rois qui n'ont pas cessé de prospérer tant qu'ils ont fait le plus grand cas de la vertu.
C'est en tournant ces réflexions sans cesse dans mon esprit que je me suis convaincue qu'il faut ranimer l'étincelle de la vertu en restaurant les écoles, en revenant à la culture et en encourageant chacun à l'étude. Moi-même, pour ne pas donner aux autres l'impression d'être un héraut sans expérience en la matière, en mettant en tout le même zèle que tu as déployé toi-même pour repousser l'ennemi, j'ai donné naissance à cette enfant selon mon coeur, ornée d'histoires variées et de généalogies de dieux et de nymphes, de héros et d'héroïnes, telle un bouquet de violettes en fleur (ce livre contient en effet de nombreux sages ayant fleuri à diverses époques, des mythes et des allégories, avec leurs explications selon les opinions des Anciens, qui seront très utiles aux amoureux des lettres, avec d'autres choses non moins utiles, puisque nécessaires aux étudiants, et dans lesquelles elle est emmaillotée), tirées des plus précieuses de nos bibliothèques. J'y ai ajouté bien d'autres choses tirées des livres, et que j'ai rassemblées de divers domaines au prix d'une étude approfondie et à grand peine,
encourageant notre pensée royale à recueillir les œuvres des hommes et à ne pas les laisser se perdre dans l'indifférence. Si votre Majesté l'approuve, cette œuvre sera publiée et rejoindra ses sœurs. Je commencerai par le mythe d'Athéna, puisqu'elle est la déesse de la sagesse, comme la qualifiaient les anciens sages métaphoriquement, et je poursuivrai mon exposé en suivant l'ordre alphabétique.


2) Ch. 910, p. 655, 3 - 656, 27 (éd. de Villoison) :

Σωκράτης τὸ μὲν γένος ἦν Ἀθηναῖος, φιλόσοφος δὲ τὴν παίδευσιν, διδάσκαλος Πλάτωνος. οὖτος περιῆγε τὴν ἀγορὰν καὶ τὰ μειράκια προετρέπετο ἐπὶ φιλοσοφίαν καὶ μάλιστα, ἃ ἐνόμιζεν εἶναι πρὸς φιλοσοφίαν ἐπιτήδεια, τὰ περικαλλῆ μειράκια, τοὺς γὰρ εὐμόρφους λέγουσιν εἶναι καὶ εὐφυεῖς. ἦν οὗν δόξα παρ' Ἀθηναίοις, ὅτι παιδεραστὴς ἦν ὁ Σωκράτης, διὰ τὸ ἐπιλέγεσθαι τοὺς εὐμόρφους. εὑρίσκεται δὲ ὁ Πλάτων ἐν τῷ Θεαιτήτῳ καὶ πανταχοῦ οὕτω λέγων ἐκ Σωκράτους, ὅτι καλὸς ὁ Θεαίτητος καὶ καλὸς ὁ Χαρμίδης. ἄντικρυς δὲ ἐν τοῖς λόγοις ἔμφασιν παρέχει ὁ Πλάτων, ὅτι Σωκράτης ὑπωπτεύθη εἶναι τοιοῦτος διὰ τὰς τοιαύτας, ὡς εἶπον, εἰκὸς ἀντερωτήσεις, ὅτι καλὸς μὲν ἦν, ἀλλ'οὐ τὴν ὄψιν, ἀλλὰ τὴν ψυχήν. ὑπενοήθη δέ, ὅτι καὶ τῷ Ἀλκιβιάδῃ συγγίνεται κατὰ τὸν αἰσχρὸν ἔρωτα. τοῦτον ὡς δαιμόνιά τινα παρεισφέροντα τῇ πολιτεία [13] ᾐτιάσαντο Ἄνυτος καὶ Μέλητος, ὧν μέμνηται καὶ Ἀριστοφάνης, Μήλιον [14] τὸν Σωκράτην ἀποκαλῶν, οὐχ ὅτι Μήλιον ὄντα (Ἀθηναῖος γὰρ ὁ Σωκράτης), ἀλλ' ἐπεὶ Διαγόρας Μήλιος ὢν διεβάλλετο ὡς θεομάχος καὶ τὸν Σωκράτην δὲ ὡς ἄθεον διαβάλλει, διὰ τοῦτο Μήλιον αὐτὸν ἔφη. ἢ ἀντὶ τοῦ ἀσεβῆ. Ἀρισταγόρου γὰρ τοῦ Μηλίου μαθητὴς ὁ Σωκράτης. διεβέβληντο δὲ ἐπὶ ἀθεΐᾳ οἱ Μήλιοι ἀπὸ Διαγόρου, ὃς χρήματα παραθέμενός τινι καὶ ἀποστερηθεὶς εἰς ἀθεΐαν ἐτράπη, ἢ διότι Μῆλον ἐπολέμησαν Ἀττικοί. οἱ δέ, ἐπειδή τις Ἀρισταγόρας διθυραμβοποιὸς ἐξιωρχήσατο τὰ Ἐλευσίνια. οἱ δὲ Μήλιον τὸν καταπραΰνοντα τῇ διδαχῇ τὰς ψυχὰς τῶν Μηλίων. οἱ δὲ τὸν κομῶντα, τὸν δασύν. καὶ πολλὰ ἄλλα περὶ τούτου λέγουσι τοῦ Μηλίου. ἄλλως. Μήλιόν τινες ἐξεδέξαντο τὸν τὰς τῶν εἰσιόντων ψυχὰς ὀξύνοντα, πρὶν εἰσελθεῖν ἠγριωμένας, ἀπὸ μεταφορᾶς τῶν ἀλόγων θηρίων˙ μῆλα γὰρ τὰ θρέμματα. οἱ δὲ εἰς τὸ δασὺ καὶ αὐχμηρὸν νοοῦσιν αὐτό. οἱ δὲ οὕτω παρέλαβον. Διαγόρας ὁ Μήλιος, ὃς πρότερον ἦν θεοσεβής, παρακαταθήκην ἀπό τινος ἀποστερηθείς, ὡς ἔφην, ἐπὶ τὸ ἄθεον ἐξέδραμεν, ἐφ' ᾧ οἱ Ἀθηναῖοι ἀγανακτήσαντες τὴν Μῆλον ἐκάκωσαν, ὕστερον δὲ καὶ βλάσφημος εἰς τὸ θεῖον ἐγένετο. καί ποτέ φασιν ἐν πανδοκείῳ εὑρεθεὶς καὶ μὴ εὑρὼν ξύλα, ἀλλ'ἄγαλμα Ἡρακλἑους, ἄγε, φησί, τρισκαιδέκατον ἡμῖν ἐπιτέλει ἄεθλον καὶ ἕψησον τὸν φακόν. ἀλλ' ἐπὶ τὸ προκείμενον ἐπανέλθωμεν. αἰτιαθεὶς οὖν Σωκράτης ὑπὸ Ἀνύτου καὶ Μελήτου κατεκρίθη ὡς διαφθείρων τοὺς νέους ἀποθανεῖν, καὶ πιὼν κώνειον ἀπέθανεν. [ἔγγραφον δὲ οὐδὲν κατέλιπεν, ὥς τινες δέ, ὕμνον εἰς Ἀπόλλωνα καὶ Ἄρτεμιν καὶ μῦθον Αἰσώπειον δι' ἐπῶν.]

Socrate était d'origine athénienne, philosophe de métier, maître de Platon. Il parcourait l'agora et exhortait les jeunes gens à la philosophie, et d’abord les beaux garçons, qu’il jugeait aptes à faire de la philosophie. Car dit-on, les beaux garçons sont aussi doués. C’était donc un fait connu de tous les Athéniens que Socrate était pédéraste, puisqu’il choisissait les beaux garçons. Dans le Théétète, et ailleurs, on voit Platon faire dire à Socrate que Théétète est beau, que Charmide est beau. Dans ses dialogues toutefois, Platon insiste sur le fait que Socrate fut soupçonné d’être tel probablement à cause du genre de questions qu’il posait, qu’il était beau, non pas d’apparence, mais d’âme. On a aussi laissé entendre qu’il eut des relations coupables avec Alcibiade. Il fut accusé d’introduire de nouvelles divinité dans la Cité par Anytos et Mélètos, comme le rappelle Aristophane, qui qualifie Socrate de Mélien, non pas qu’il fût de Mélos (car Socrate était Athénien), mais parce que Diagoras de Mélos était accusé d’être opposé à la religion et que lui-même accuse Socrate d’être athée ; c’est pourquoi il le dit Mélien, ce qui revient à dire impie. Car Socrate avait été le disciple d’Aristagoras de Mélos. Et les Méliens avaient été taxés d’athéisme par Diagoras ; celui-ci s’était tourné vers l’athéisme parce qu’il avait confié de l’argent à quelqu’un et en avait été dépouillé. D’autres disent que c’est parce qu’un certain Aristagoras, auteur de dithyrambe, avait raillé les mystères d’Éleusis dans un ballet. Ou encore que c’est un Mélien qui avait ramolli l’âme des Méliens par son enseignement. Selon certains, cette épithète désigne un chevelu, un poilu. On raconte encore bien d’autres choses à propos de ce mot Mélien.Certains interprètent Mélien comme celui qui polit les âmes de ceux qui vont entrer, qui sont toutes sauvages encore avant qu’elles n’entrent, par métaphore avec les animaux sans raison ; car mêla désigne le bétail. Certains interprètent ce mot comme une toison épaisse et sale. Selon d’autres, Diagoras de Mélos, qui avait commencé par être pieux, dépouillé de l’argent qu’il avait confié à quelqu’un, à ce qu’il prétendait, avait pris le chemin de l’athéisme, ce qui outragea les Athéniens qui punirent les Méliens ; et par la suite il blasphémait contre les dieux. On raconte que se trouvant un jour dans une auberge et ne trouvant pas de bois, il s’exclama en avisant une statue d’Héraclès : « Allez, fais-nous un 13e travail et fais-nous cuire les lentilles ». Mais revenons à notre sujet. Socrate fut donc accusé par Anytos et Mélètos et condamné à mort pour corrompre la jeunesse ; il mourut en buvant la ciguë. Il n’a rien écrit, bien que certains prétendent qu’il ait écrit un hymne à Apollon et Artémis, et une fable ésopienne en vers épiques.


Eudokia (Εὐδοκία), dite Eudokia Palaiologina   

Femme de Constantin Paléologue, gouverneur de Salonique mentionné en 1317 et dont le Despote Constantin tomba amoureux fou en 1320, qui passait pour fort cultivée et instruite dans les humanités et la philosophie païenne (elle connaissait parfaitement Platon) et fort habile dans les discours, au point qu’on la surnommait « nouvelle Théanô » ou « nouvelle Hypatie ».

Menage, Hist. mulierum philos. pp. 48-49.
Wolf, Mulierum, index.
Chauffepié, p. 228.

Testimonia

1) Nic. Greg., Historia Romana 8, 3 = I, 293-294 :

Ἐπεὶ γὰρ πρὸς τοῦ πατρὸς καὶ βασιλέως τὴν ἐπιτροπὴν ἐδέξατο τῶν τε ἐν Μακεδονίᾳ πραγμάτων καὶ Θεσσαλονίκης (αὐτῆς διέτριβε δὲ τὰ πλεῖστα τοῦ ἄστεος ἔνδον Θεσσαλονίκης), ἔρωτι γυναικὸς ἑάλω τινὸς τῶν ἐπιφανῶν. ἦν δὲ αὕτη θυγάτηρ μὲν Νεοκαισαρείτου τοῦ πρωτασηκρῆτις, σύζυγος δὲ Κωνσταντίνου τοῦ Παλαιολόγου. οὕτω δ' ἀπαράμιλλος ἦν τῷ τε τῆς ὄψεως κάλλει καὶ τῇ τῆς γλώττης δεινότητι καὶ τῷ ἐφέρποντι τοῦ ἤθους ὑγρῷ, ὥστε οὐ ταῖς τῶν ἐντυγχανόντων μόνον ψυχαῖς ἄφυκτόν τινα τὴν ἐρωτικὴν σαγήνην ἐπέῤῥιπτεν, ἀλλὰ κἀκ μόνης τῆς φήμης τοὺς πλείστους πρὸς τοὺς ἑαυτῆς ἀνέφλεγεν ἔρωτας. οὕτω γὰρ ἡ φύσις περὶ τὴν ἄνθρωπον ἐφιλοτιμήσατο, ὥστε πολλὴν μὲν ἐπὶ τοῦ προσώπου τὴν εὐρυθμίαν ἐφήπλωσε, πολλὴν δὲ τὴν ὀξύτητα περὶ τὴν διάνοιαν ἐθησαύρισε, πολλὴν δὲ καὶ τῇ γλώττῃ ἐνήρμοσε τὴν πειθὼ καὶ δεινότητα καὶ τὸ εὔστροφον καὶ ἐπίχαρι τῆς ἠχοῦς. ἦνδὲ καὶ σοφίας τῆς θύραθεν οὐκ ἄμοιρος γυνή. ἦν γὰρ ἰδεῖν αὐτὴν πάντα καὶ παντοῖα ῥᾳδίως κατὰ καιρὸν ἐν τῇ ὁμιλίᾳ διὰ γλώττης προφέρουσαν, ὅσα τε αὐτὴ δι' ἑαυτῆς ἀνεγνώκει καὶ ὅσα λεγόντων ἄλλων ἀκήκοεν, ὡς Θεανώ τινα Πυθαγορικὴν καὶ Ὑπατίαν ἄλλην ὀνομάζεσθαι ταύτην πρὸς τῶν ἐφ' ἡμῶν σοφωτέρων. τούτων ἁπάντων Κωνσταντῖνος ὁ δεσπότης, ὡς ἔφημεν, ἐς τὰ μάλιστα ἥττητο καὶ ἀπεπειρᾶτο τῆς γυναικὸς καὶ λάθρα ἠξίου μίγνυσθαι. ἡ δὲ, εἴτε τὸν σύζυγον δεδοικυῖα, εἴτε μυσαττομένη τὸ τῆς πράξεως ἄθεσμον, ἀνθίστατό τε καὶ ἀπετρέπετο. ὅδ' ὅσον ἐκείνην ἀποτρεπομένην ἑώρα, τοσοῦτον αὐτὸς πρὸς μείζονας ἐξεκάετο τοὺς αὐτῆς ἔρωτας· καὶ ἦν ἰδεῖν τὸ τοῦ Πλάτωνος, τὴν ψυχὴν τοῦ ἐρῶντος ἐν ἀλλοτρίῳ ζῶσαν τῷ σώματι. ἐπεὶ δὲ μετὰ χρόνον τινὰ τὸν βίον ὁ ταύτης ἀπέλιπε σύζυγος, ἤδη σφοδρότερον ἦν ἐγκείμενος ὁ δεσπότης καὶ πάντα λίθον κινῶν, τὸ τοῦ λόγου, νόμιμον ἀγαγέσθαι βουλόμενος σύζυγον. οὗ δὴ γεγονότος πασῶν εὐθὺς ἐξελάθετο γυναικῶν καὶ ἐρώτων ἄλλων καὶ αὐτοῦ γε τοῦ ῥηθέντος υἱέως Καθαροῦ Μιχαὴλ, ὃν ἐκ τῆς θεραπαινίδος γεγέννηκε· καὶ ἦν μόνης θερμῶς ἐξεχόμενος Εὐδοκίας τῆς Παλαιολογίνης.

Lorsqu'il reçut du roi son père la charge des affaires de Macédoine et de Salonique (il passait la plupart de son temps à l'intérieur même de la ville de Salonique), il fut pris de passion pour l'épouse d'un notable. Il s'agissait de la fille de Néocaesaritès le premier-secrétaire, épouse de Constantin Paléologue. Elle était à ce point incomparable de par sa beauté, de par son éloquence et de par sa sensualité, qu'elle atteignait sans faillir des flèches de la passion qu'elle inspirait le coeur non seulement de ceux qui la rencontraient, mais aussi de par sa seule réputation, elle enflammait la passion chez la plupart des hommes. Car la nature avait à ce point gratifié cette personne qu'elle lui avait donné la plus belle harmonie des traits, la pensée la plus vive, elle avait doté sa langue de la plus grande persuasion et de la plus grande éloquence, avec une voix souple et charmante. Elle n’était pas non plus ignorante de la philosophie païenne. Elle était belle, éloquente, et avait beaucoup de douceur dans les mœurs. Elle était fort instruite dans les humanités, et elle disait avec plaisir dans la conversation les choses qu’elle avait lues ou apprises ; de sorte que les savants la comparaient à la pythagoricienne Théanô ou à Hypatie. Toutes ces qualités finirent par vaincre le despote Constantin, comme nous l'avons dit, et il tenta de l'enlever pour la séduire en cachette. Mais elle, soit par crainte de son époux, soit par dégoût pour cette chose inconvenante, résistait et le repoussait. Et lui, plus il la voyait qui se détournait, plus il brûlait de passion pour elle. Et l'on pouvait voir ce que rapporte Platon, l'âme de la passion vivre dans un corps étranger. Quelques temps plus tard, quand l'époux de cette femme décéda, le despote se fit de plus en plus pressant, et cherchait par tous les moyens à en faire son épouse. Cela finit par arriver, mais rapidement il la trompa avec toutes sortes de femmes et d'autres passions, et il eut un fils d'une servante, celui que l'on appelle Michel Katharos. Mais il continuait d'être passionément épris de la seule Eudocia Palaiologina.

Catherine (Αἰκατερίνη) d’Alexandrie   

Née vers 290 dans une famille noble d'Alexandrie, Catherine était douée d'une grande intelligence et de grandes connaissances qui lui permettaient de rivaliser avec les plus grands poètes, philosophes et savants de l’époque. Une nuit, elle aurait vu en songe le Christ et décidé de lui consacrer sa vie.

Elle aurait subi le martyre en 307 dans les circonstances que voici. L'empereur Maximien étant venu à Alexandrie présider une grande fête païenne et ayant ordonné à toute la population d’offrir des sacrifices aux idoles, la jeune fille, à peine âgée de 18 ans, voulut saisir cette occasion pour le convertir au christianisme et lui proposa une discussion sur les dieux. N’osant répondre lui-même et voulant la mettre à l'épreuve, Maximien lui impose un débat philosophique avec cinquante philosophes, mais au grand dépit de l'empereur, elle réussit à les convertir. Maximien les fait jeter dans la fournaise et jette Catherine en prison. Quelques jours plus tard, l'empereur ordonne de la faire torturer en usant d'une machine constituée de 4 roues garnies de pointes. Par un miracle divin, les roues se brisent sur son corps, et les pointes aveuglent les bourreaux. L’impératrice intervient alors en faveur de Catherine, mais obstiné, Maximien ordonne qu'elle soit décapitée. Il condamne à mort 200 soldats chargés de garder Catherine qui s’étaient convertis au christianisme, et enfin fait exécuter la jeune fille. De son cou aurait jailli non du sang mais du lait. Des anges auraient transporté son corps intact au Sinaï, où il aurait été retrouvé vers le 9e s., tout aussi intact.

Catherine d'Alexandrie semble selon certains historiens avoir été créée, à partir des Croisades, comme un contrepoint chrétien à la grande philosophe païenne Hypatie qui, comme elle, était vierge et très savante. On n’a en tout cas aucun témoignage antérieur au 9e s. Le premier texte de sa Passion a été écrit en grec, on ne sait ni où, ni quand ni par qui, et rapidement traduit en latin.

Sainte et martyre de l’Église, fêtée le 25 novembre.

Wolf, Mulierum, index.
Menage, Hist. Mulierum Philosoph. 39-46.



Cassia, ou cassianè, cassienne, icasie (Κασσία, Κασσιανή, Εἰκασία)

Née à Constantinople vers 805 / 810 après JC, morte après 840 et avant 867, Cassia appartenait à une famille aristocratique servant à la cour impériale ; elle fut elle-même très en faveur auprès de l’empereur Théophile. Très belle et très intelligente dit-on, elle avait reçu une formation très classique.
Poétesse, compositrice et hymnographe, elle a laissé une cinquantaine d’hymnes, dont deux canons et quarante-sept tropaires, dont celui de La femme pécheresse (ou À Marie-Madeleine) chanté le Mercredi-Saint dans l’Église orthodoxe. À part cette composition très célèbre, Cassia est l’auteure des quatre premiers tropaires du Canon du Samedi saint «Κύματι θαλάσσης», «Σέ, τῶν ἐπὶ ὑδάτων», «Τὴν ἐν σταυρῷ σου θείαν κένωσιν», «Θεοφανείας σου Χριστέ». C’est elle aussi qui a composé le Doxastikon du soir de Noël «Αὐγούστου μοναρχήσαντος ἐπὶ τῆς γῆς».
Sainte de l’Église orientale, fêtée le 7 septembre.

On a également conservé d’elle près de 800 vers profanes (261 épigrammes et des vers gnomiques).

Pour plus de renseignements, voir d’abord ici ou encore là, et en grec ici.

Entendre le tropaire de Cassia. Autres sites de musique byzantine ici et .

Testimonia

1) Zonaras III, 354 :

Γυναῖκα δ᾽ ἑαυτῶι εἰσοικίσασθαι βουληθείς ὁ Θεόφιλος πολλὰς πολλαχόθεν ὡραίας κόρας συνήγαγεν, ἐν αἷς ἦν καὶ ἡ Εἰκασία, παρθένος καὶ τὸ εἶδος καλὴ καὶ τῶν λοιπῶν ὑπερφέρουσα καὶ λόγοις ὡμιληκυῖα καὶ τὸ γένος ἐπίσημος. περιήιει γοῦν ταύτας θεώμενος καὶ μῆλον κατέχων χρυσοῦν, ἵνὐτὸ ἐπιδῶι τῆι δοξάσηι αὐτῶι ἀρεστῆι· ἐπεὶ δὲ ἦλθε κατὰ τὴν Εἰκασίαν περιιών, θαυμάσας ἐκείνην τῆς ὡραιότητος ἔφη· ἐκ γυναικὸς ἐρρύη τὰ φαῦλα. ἡ δ᾽ ἠρέμα καὶ μετὰ σεμνοῦ ἐρυθήματος εὐστόχως πως ἀπεκρίνατο· ἀλλὰ καὶ διὰ γυναικὸς πηγάζει τὰ κρείττω. ὁ δὲ καταβροντηθεὶς ὥσπερ τῶι τῆς παρθένου λογῶι τὴν μὲν παρῆλθε, τὸ μῆλον δὲ τὸ χρυσοῦν τῆι ἐκ Παφλαγονίας Θεοδώραι παρέσχετο. ἡ δ᾽ Εἰκασία τῆς βασιλείας ἀποτυχοῦσα μονὴν ἐδείματο, ἣ τὴν ἐκείνης κλῆσιν ἔσχεν ἐπίκλησιν, καὶ ἐν αὐτῆι μονάσασα ἑαυτῆι ἔζη καὶ τῶι θεῶι, τῆς [355] λογικῆς παιδείας μὴ ἀλογήσασα. ὅθεν καὶ συγγράμματα ἐκείνης εὑρίσκονται εὐπαιδευσίας χαρίτων οὐκ ἄμοιρα. καὶ ἡ μὲν οὕτω διέθετο τὰ καθ᾽ ἑαυτὴν καὶ ἀτευκτήσασα βασιλέως φθαρτοῦ τῶι παμβασιλεῖ ἑαυτὴν ἐμνηστεύσατο καὶ ἀντὶ γεηρᾶς βασιλείας τὴν ἐπουράνιον ἐκληρώσατο.

Désireux de prendre femme, Théophile fit venir de partout de nombreuses belles jeunes filles, parmi lesquelles Eikasia, jeune fille vertueuse de très belle apparence qui l’emportait sur toutes les autres à la fois par son éloquence et par son origine. Il se mit donc à les passer en revue, une pomme en or dans la main, qu’il destinait à la femme de son choix ; arrivé devant Eikasia, il fut ébloui de sa beauté et dit : « C’est de la femme que vient le mal ». Celle-ci, calmement, la pudeur empourprant son visage, lui répondit du tac au tac : « C’est aussi par la femme que vient le salut ». Théophile, comme foudroyé par les paroles de la jeune fille, s’éloigna d’elle pour donner la pomme d’or à Théodora la Paphlagonienne. Eikasia, qui venait ainsi de perdre le trône, fonda un monastère qui porta son nom ; elle y vécut, s’occupant d’elle-même et de Dieu, sans négliger la vie intellectuelle. On a conservé d’elle des écrits qui ne manquent ni de grâce ni de profondeur. C’est ainsi qu’elle régla sa vie, loin d’un roi périssable, se consacrant toute entière au souverain de toutes choses, obtenant au lieu d’un royaume terrestre, le royaume céleste.

Fragmenta

[εἰς Μαρίαν Μαγδαληνήν]

Κύριε, ἡ ἐν πολλαῖς ἁμαρτίαις περιπεσοῦσα γυνή,
τὴν σὴν αἰσθομένη θεότητα,
μυροφόρου ἀῦσα τάξιν,
ὀδυρομένη μύρον σοι πρὸ τοῦ ἐνταφιασμοῦ κομίζει·

«οἴμοι! λέγουσα, ὅτι νύξ μοι ὑπάρχει,


οἶστρος ἀκολασίας ζοφώδης τε καὶ ἀσέληνος,
ἔρως τῆς ἁμαρτίας·
δέξαι μου τὰς πηγὰς τῶν δακρύων
ὁ νεφέλαις διεξάγων τῆς θαλάσσης τὸ ὕδωρ·

κάμφθητί μοι πρὸς τοὺς στεναγμοὺς τῆς καρδίας


ὁ κλίνας τοὺς οὐρανοὺς τῆι ἀφράστωι σου κενώσει·
καταφιλήσω τοὺς ἀχράόδας,
ἀποσμήξω τούτους δὲ πάλιν
τοῖς τῆς κεφαλῆς μου βοστρύχοις·

ὧν ἐν τῶι παραδείσωι Εὔα τὸ δειλινὸν


κρότον τοῖς ὠσὶν ἠχηθεῖσα τῶι φόβωι ἐκρύβη·
ἁμαρτιῶν μου τὰ πλήθη καὶ κριμάτων σου ἀβύσσους
τίς ἐξιχνιάσει, ψυχοσῶστα σωτήρ μου;
μή με τὴν σὴν δούλην παρίδηις

ὁ ἀμέτρητον χῶν τὸ ἔλεος.

À Marie-Madeleine

La femme aux nombreux péchés,
Ressentant, Seigneur, ta divinité,
Se fit porteuse de myrrhe,
Et toute en pleurs, avant même ta sépulture,
Elle répand sur toi ses parfums,
En criant : « Las ! la nuit est pour moi
Une invitation à la luxure,
un amour sombre et sans lune du péché.
Reçois mes torrents de larmes,
Toi qui transformes l’eau de la mer en nuées.
Penche-toi sur les soupirs de mon cœur
Toi qui courbes les cieux par ton ineffable humilité.
Je veux baiser tes pieds immaculés
Et encore et encore les essuyer
Avec les boucles de ma tête.
Ces pieds dont Ève, au soir du Paradis,
entendit l’écho et se cacha par crainte.
La multitude de mes péchés,
Et les abîmes de tes jugements,
Qui peut en faire le compte,
Sauveur de mon âme ?
Ne détourne pas les yeux de ta servante,
Toi dont la miséricorde est infinie.




Panypersébasté
(Πανυπερσεβάστη) ou Caesarisse (Καισαρίσση)   

Fille de Théodore Métochita, qui fut logothète sous l’empereur Andronic (II) l’Ancien (1282-1328) et son confident, puis ministre d’Andronic (III) le Jeune (1328-1341). Andronic II la maria à son neveu Ioannes Panypersebastos, dont elle prit le titre; quand  celui-ci reçut le titre de César, elle fut appelée parfois Césarisse. Il est curieux de noter que Nicéphore Grégoras, qui fut le disciple de Théodore Métochita avant d'être à son tour précepteur de Panypersébastè, ne mentionne pas le nom de cette fille.

Elle semble avoir frappé les contemporains par son intelligence, son éloquence et sa culture rhétorique et philosophique.

Wolf, Mulierum, pp. 180 sqq.
Menage, Hist. mulierum philos. pp. 49-51.

Testimonia

1) Nic. Greg., Historia Romana 8, = I, 271 :

Ἦν γε μὴν τηνικαῦτα τῷ βασιλεῖ παραδυναστεύων καὶ πᾶσαν κατάστασιν ὅλοις μεσιτεύων τοῖς πράγμασιν ὁ Μετοχίτης Θεόδωρος, λογοθέτης ὢν τηνικαῦτα τοῦ γενικοῦ. τοσοῦτον δ' αὐτῷ προσετετήκει καὶ οὕτως ὁ βασιλεὺς αὐτοῦ γε ἐξήρτητο, ὥστ' οὐδὲν ἦν αὐτῷ μικρὸν ἢ μέγα τῶν πάντων ἀπόῤῥητον πρὸς αὐτόν· ἀλλὰ πάντ' ἐποίει βουλομένου καὶ τούτου, καὶ αὖθις οὐδὲν, ὃ μὴ τούτῳ πρὸς βουλήσεως ἦν. ἤδη δὲ καὶ γαμβρὸν ἐπὶ θυγατρὶ τὸν ἀδελφιδοῦν τούτῳ παρέσχετο, Ἰωάννην φημὶ τὸν μονογενῆ τοῦ Πορφυρογεννήτου υἱόν.

2) Nic. Greg., Historia Romana 8, 5E = I, 306-7 :

ὀψὲ δ' ἀναγκασθεῖσα ἡ σύζυγος, αὐτὴ μὲν ἀφελῶς ὑπὸ φύσεως ἔχουσα πρὸς τὸ λέγειν, διένευσε πρὸς τὴν θυγατέρα τὴν πανυπερσεβάστην, φθέγξασθαί τι τῇ χρείᾳ καὶ τῷ καιρῷ πρόσφορον. ἦν γὰρ αὕτη νεάζουσα μὲν τὰ τῆς ἡλικίας, ἀλλ' οὖν ἐπὶ μέγα συνέσεως ἥκουσα καὶ γλῶτταν παρὰ τῆς φύσεως εὐτυχήσασα οὐκ αὐτῇ μᾶλλον ἢ Πυθαγόρᾳ καὶ Πλάτωνι καὶ τῶν σοφῶν τοῖς τοιούτοις μάλα προσήκουσαν. ἣ δὴ καὶ διάρασα πρὸς τὸν πατέρα τοὺς ὀφθαλμοὺς ἔλεξε τοιάδε.

(Ε.) Τολμηρὸν … (v. Fr. 1)

Car cette jeune fille, quoique très jeune encore, mais qui avait atteint un haut niveau de connaissances et qui était très douée de nature pour l’éloquence, ne s’y entendait pas moins qu’à Pythagore et à Platon et aux autres philosophes. Cette jeune fille donc leva les yeux vers son père et prononça les paroles que voici : (v. fr. 1)

Fragmentum

1) v. Test. 2 :

Τολμηρὸν μὲν ἴσως καὶ προπετείας δόξειεν ἄν πως μεστὸν, ὦ πάτερ, θυγατέρα νεάζουσαν ἔτι πρὸς πατέρα παῤῥησιάζεσθαι καὶ ἀμαθίᾳ συζῶσαν γλῶσσαν ἀτενίζειν πρὸς τὸν τῆς σοφίας Ὄλυμπον. ἐπεὶ δ' ἥ τε μήτηρ προτρέπει καὶ μετὰ τοῦ πράγματος ὁ καιρὸς ἐπιτίθεται, φθέγξομαι τό γε εἰς δύναμιν ἧκον. ἵνα τί γὰρ ἐπὶ τοσοῦτον σιγῶν, σοφώτατε πάντων ἀνθρώπων, ἀνέχῃ μὲν γνωσιμαχεῖν ἐπὶ σαυτῷ καὶ κατατήκειν σαυτὸν, κοινωνεῖν δ' ἡμῖν οὐκ ἐθέλεις τῆς γνώμης, ἵνα καὶ τῆς λύπης ἡμεῖς σοι γενόμεναι κοινωνοὶ κουφότερον καταστήσωμέν σοι τὸ πάθος; πολλὴν γὰρ ἡμῖν ἡ τῶν ὄψεων σύγχυσις καὶ ἡ τῆς γλώττης ἀσφάλεια μηνύει σαφῶς τὴν ἐν τῇ ψυχῇ σου τῆς λύπης ἀκμὴν ἣ τῆς καρδίας χειρωσαμένη τὰ καίρια. καθάπερ ἀκρόπολιν ἢ ῥίζαν τινὰ καὶ σύνδεσμον τῶν ζωτικῶν τῆς ψυχῆς δυνάμεων, κάθηται ἀναπόσπαστα ἐπιβοσκομένη τὴν ὥραν τῶν λογισμῶν καὶ συνθολοῦσα τὰς περιόδους αὐτῶν καὶ ἐμβριθὲς ποιοῦσα τὸ ἡγεμονικόν. ὥσπερ δ' ἔλαιον καὶ κηρὸς καὶ καλάμη καὶ χόρτος πυρὸς ἐπεφύκει τροφὴ, οὕτω καὶ σιωπὴ περὶ τὴν ψυχὴν ἠθροισμένους εὑρίσκουσα τῆς λύπης τοὺς ἄνθρακας, καθάπερ ὕλην αὐτοῖς καὶ τροφὴν ἑαυτὴν χορηγεῖ, μηδαμῇ διὰ γλώττης ἐξιέναι παραχωροῦσα τὸν ἐγγινόμενον ἐκεῖθεν καπνὸν τῇ ψυχῇ. σὺ γοῦν, ἵνα μὴ τῷ χρόνῳ τὸ πάθος ἰσχὺν εἰληφὸς βλάβην ἀνέλπιστον ἐπιφέρῃ, διανάστηθι πρὸς θεοῦ καὶ γενοῦ σαυτοῦ. οὐ γὰρ σὸν τὴν εὐγένειαν τῆς φιλοσοφίας εἰς τοιαύτην κατασπᾷν σμικροπρέπειαν καὶ ἀωρίαν τοσαύτην τοῦ ταύτης κατασκεδάζειν σεμνώματος. πέφυκε γάρ πως τὸ τῆς λύπης δεινὸν ῥᾷστα τῇ παρατάσει τῆς σιωπῆς πολλαπλασιάζεσθαι. χωρεῖ γὰρ ἀνατρέχον ἐπὶ τὰ ἔνδον ἀεὶ δίκην ἕλκους καὶ οὐ πρότερον ἀφίσταται τοῦ πάντα νέμεσθαι λάθρα τὰ πρόσω, πρὶν ἂν καὶ αὐτοὺς, ὡς εἰπεῖν, διέλθῃ τοὺς μυελοὺς τῆς ψυχῆς καὶ αὐτὰ τοῦ ζώου τὰ καιριώτερα κατατροπώσηται μόρια. καὶ εἰ μέν τι τῶν ἀποῤῥήτων ἐστὶν, ἄλλοις χρεὼν εἶναι ἀπόῤῥητον· ἡμῖν δὲ τοῖς σοῖς καὶ μάλα ἥκιστα. Il peut sans doute paraître audacieux et certainement plein de hardiesse, Père, qu'une fille encore jeune parle aussi librement à son père et qu'elle adresse des paroles toutes pleines d'ignorance à l'Olympe de la sagesse. Mais puisque ma mère m'y autorise et que les circonstances (sc. la menace ennemie contre Constantinople) l'imposent, je parlerai comme je le peux. Pourquoi restes-tu là silencieux depuis si longtemps, toi le plus sage de tous les hommes, à lutter avec toi-même et à te torturer, sans vouloir nous faire part de tes sentiments, pour que nous aussi, partageant ta douleur, nous puissions alléger ta tristesse? Car le trouble qui se lit sur ton visage et le silence de ta bouche nous montrent clairement combien violente est la douleur dans ton esprit, qui étreint ton coeur au plus profond, et l'assiège comme une acropole, ou plutôt comme la racine ou le lien des forces vives de ton âme, et elle reste là solidement attachée, se nourrissant de la fleur des raisonnements et  troublant les pensées, accablant la raison. Tout comme l'huile, la cire, la paille ou le foin alimentent le feu, le silence trouve les charbons de la douleur amassés dans l'âme et se donne en pâture à eux comme du bois sec, sans laisser sortir par la parole la fumée qui s'est amassée dans l'âme. C'est pourquoi, pour éviter que la douleur grandisse avec le temps et que tu subisses un mal soudain, je t'en supplie, au nom de Dieu, redresse-toi et redeviens maître de toi-même. Car il ne convient pas que tu laisses sombrer la noblesse de la philosophie dans un tel abattement et que tu en souilles la majesté par une douleur aussi déplacée. Car par nature, la douleur est multipliée par un silence prolongé. Elle s'insinue à l'intérieur comme un cancer et elle ne cesse pas de dévorer subrepticement tout ce qui se présente à elle avant d'avoir atteint pour ainsi dire la moelle même de l'âme et d'avoir mis en déroute les organes vitaux de l'homme. Et s'il y a dans ce que j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas dire, que cela soit valable pour les autres; pour nous, rien de tel en ce qui te concerne.


Aetheria ou Etheria ou Egeria
   

Périégète du 4e s. p.C.
Son œuvre consiste dans le récit d'un pèlerinage en Terre Sainte (Peregrinatio ad loca sancta), raconté par l'auteure sous forme de lettre adressée aux nonnes de son monastère. Cet ouvrage semble avoir été écrit entre 381 et 388, par la mère supérieure d'un couvent du sud de la France ou de l'Espagne -- certains commentateurs y discernent des gallicismes.

Itinerarium
Heraeus W., Silviae vel potius Aetheriae peregrinatio, Heidelberg 1908 (texte latin).
McClure M.L., Feltoe C.L., The pilgrimage of Etheria, London 1919, p. 1-96.
Datation: v. K. Meister, Rhein. Mus. 64, 337ff.,

Cf. VALERIUS DU BIERZO, Lettre à la louange de la très bienheureuse Égérie.

 

Quelques poétesses au nom grec mais ayant écrit en latin ou dont la langue n'est pas assurée

Euchéria   

Poétesse romaine, fin 5e ou début 6e s. apr. JC, dont on a conservé un poème de 16 distiques.

Il semblerait qu’Euchéria ait été une femme de haut rang ; demandée en mariage par un esclave, ou en tout cas par quelqu’un d’un rang très inférieur, elle aurait écrit son épigramme sanglante sous le coup de l’indignation. Elle y présente une série de contraires contre nature, avant la pointe finale.

Sa langue sent déjà le bas latin : burra, crassantus, cavannus, sericeus, nullificare, avec quelques fautes de prosodie (silicibus). Mais son poème a une belle tenue due à l’indignation et à la colère, digne de la satire romaine (cf. Sulpicia).

Kl. Pauly, s.v.
RE
VI, 1 (1907) 881-2.
Poetae minores. M. Cabaret-Dupaty. Paris, Panckoucke, 1842 (texte latin et traduction reproduits ci-dessous)
Wolf, Mulierum, index.

Fragmentum

1) PLM 5, 361 sqq.

Satirici versus in quemdam procum

Aurea concordi quae fulgent fila metallo,
   Setarum cumulis consociare volo ;
Sericeum tegmen, gemmantia texta Laconum
   Pellibus hircinis aequiparanda loquar ;
Nobilis horribili jungatur purpura burrae ;
   Nectatur plumbo fulgida gemma gravi ;
Sit captiva sui nunc margarita nitoris,
   Et clausa obscuro fulgeat in chalybe ;
Leuconico pariter claudatur in aere smaragdus ;
   Compar silicibus nunc hyacinthus eat ;
Rupibus atque molis similis dicatur iaspis ;
   Eligat infernum jam modo luna chaos ;
Nunc etiam urticis mandemus lilia jungi,
   Perspicuamque rosam dira cicuta premat ;
Nunc simul optemus dispectis piscibus ergo
   Delicias magni nullificare freti ;
Auratam crassantus amet saxatilis anguem ;
   Limacem pariter nunc sibi tructa petat ;
Altaque jungatur vili cum vulpe laena ;
   Perspicuam lyncem simius accipiat ;
Jungatur nunc cerva asino, nunc tigris onagro ;
   Jungatur fesso concita dama bovi ;
Nectareum vitient nunc lasera tetra rosatum,
   Mellaque cum fellis sint modo mixta malis ;
Gemmantem sociemus aquam luteumque barathrum,
   Stercoribus mixtis fons eat irriguus ;
Praepes funereo cum vulture ludat hirundo ;
   Cum bubone gravi nunc philomela sonet ;
Tristis perspicua sit cum perdice cavannus,
   Junctaque cum corvo pulchra columba cubet ;
Haec monstra incestis mutent sibi tempora fatis ;
   Rusticus et servus sic petat Eucheriam
.

 Épigramme contre un prétendu 

Unissez de vils tissus de crin à de brillants filets d'or, des peaux de bouc à de magnifiques étoffes de laine ou de soie, et la rude bourre lanice à la pourpre superbe ; fixez la pierre étincelante sur le plomb grossier, emprisonnez dans le sombre acier la perle privée de son éclat, enchâssez l'émeraude dans l'airain, mettez de niveau le caillou et l'hyacinthe, assimilez le jaspe aux rocailles et aux pierres brutes, reléguez la lune dans la nuit des enfers, mariez les orties avec les lis, préférez l'affreuse ciguë à la rose vermeille, et ravalez, en faveur du fretin, les plus beaux produits du vaste océan ; figurez-vous que le crapaud, habitant des rochers, aime la couleuvre dorée ; que la truite recherche le limaçon, que la fière lionne se mésallie avec le renard, que le singe s'accouple avec la femelle du lynx aux yeux perçants, la biche avec le baudet, la tigresse avec l'onagre, et la daine légère avec le bœuf pesant ; supposez que le suc du benjoin altère le nectar du vin à la rose, que le fiel amer corrompe la douceur du miel, que le cristal d'une onde limpide se mêle à une bourbe impure, et que la source d'eau vive se confonde avec un fumier infect ; imaginez-vous que l'agile hirondelle joue avec le féroce vautour, que Philomèle chante avec l'odieuse chouette, que le triste hibou vive avec la perdrix enjouée, et que la charmante colombe repose à côté du corbeau en violant ainsi la loi du Destin, ces monstrueuses alliances renverseront à leur profit l'ordre établi par la nature, et alors un esclave attaché à la glèbe demandera la main d'Euchérie.


[---] femme de Pompeius Saturninus
   

Elle serait l’auteure des lettres dans le style de Plaute et de Térence que l’on attribue à son mari, selon Pline.

Kroh, s.v. Pompeius Saturninus.
Wolf, Mulierum, index.

Testimonia

1) Plin., Epist. 1, 16, 6 :

Amabam Pompeium Saturninum …. Legit mihi nuper epistulas; uxoris esse dicebat.

Il (scil. Pompeius Saturninus) m’a lu récemment des lettres, qui, disait-il, étaient de sa femme.



et deux impératrices romaines amies des lettres grecques


Plotina Augusta (Pompeia Plotina Claudia Phoebe Piso - Πλωτεῖνα Σεβαστή)  

Femme de Trajan, morte vers 121-123 (Cagnat : en 129).

Tous les auteurs s’accordent à lui reconnaître des mérites et une vertu extraordinaires. Selon la tradition, lors de son accession au trône, elle se serait tournée vers le peuple, le prenant à témoin qu’elle ne changerait pas ; et en effet, elle régla toute sa vie sur ce principe. Elle gagna la faveur du peuple et augmenta la popularité de Trajan en réprimant les exactions des procurateurs.

C’est elle qui persuada Trajan d’adopter Hadrien, ou qui en arrangea l'adoption post mortem. Selon certains, elle aurait été la maîtresse d'Hadrien (Dion 69, 1, 1.4 ; SHA, Hadr. 4,1-2).

À la mort de Plotina, Hadrien ordonna un deuil de neuf jours, lui érigea un temple et composa des hymnes à sa louange. Il lui érigea également un magnifique temple à Nîmes, ville natale de Plotina. Dans sa villa de Tibur, il aménagea une bibliothèque où furent abrités, entre autres, certains textes sacrés épicuriens hérités semble-t-il de Plotina.

Elle composa en 121, peut-être directement en grec, dans un style pompeux imitant les obscurités du style d'Épicure, une lettre adressée aux épicuriens d’Athènes et une pétition adressée à Hadrien en faveur de l’école épicurienne d’Athènes, qui ont été toutes deux gravées à Athènes sur l’agora romaine, près de l’horloge d’Andronicos (« Tour des vents »).

Smith, s.v.
Kl. Pauly, Nachtr. Bd V.

Testimonia

D. C. 68.5, 69.1, 1 ss.
Plin. Paneg. 83, 84
Aur. Vict. Epit. 42.21
Spartian. Hadr. 4, 1 ss.; 5, 9
ICr 1, 34 – IG XII 807 – IGR 4, 1147 – ILS 306

Fragmenta

1) IG II2 1099 – Syll. 834 - ILS 7784 - Smallwood II Nr. 442 - FIRA I, 79 - SIA 6, 57
     CIL 3.12283=14203,15
     v. P. Graindor, Athènes sous Hadrien, 1934, pp. 203-207.
     Pétition de Plotina à Hadrien – rescrit d’Hadrien – lettre de Plotina aux épicuriens d’Athènes.

— —ις χαλ— —
[M. Annio Vero II, Cn. A]rrio Augure co[s.]
a Plotina Augusta.
4 [quod studium meum] erga sectam Epicuri sit, optime scis, d[omi]ne. huius successioni a te succurendum
[est. nunc quia n]on licet nisi ex civibus Romanis adsumi diad[o]chum, in angustum redigitur eligendi
[facultas. rogo er]go nomine Popilli Theotimi, qui est modo diado[c]hus Athenis, ut illi permittatur a te et Graece
[t]estari circa hanc partem iudiciorum suorum quae ad diadoches ordinationem pertinet et peregrei-
8 nae condicionis posse sub[s]tituere sibi successorum, s[i i]ta suaserit profectus personae; et quod Theotimo
concesseris, ut eodem iure et deinceps utantur futuri diadochi sectae Epicuri, eo magis quod opservatur,
quotiens erratum est a testatore circa electionem [di]adochi, ut communi consilio substituatur a studio-
sis eiusdem sec[t]ae qui optimus erit: quod facilius fiet, si e[x] compluribus eligatur.

12 [I]mp. Caesar Traianus Hadrianus Aug. Popillio Theotimo: permitto Graece testari de eis quae pertinent ad diado-
chen sectae Epicureae. set cum et facilius successorem e[l]ecturus sit, si ex peregrinis quoque substituendi facul-
tatem abuerit, hoc etiam praesto e<t> deinceps ceteris [qui] diadochen habuerint: licebit vel im pe<re>greinum vel
in civem Romanum ius hoc transferri.

16 Πλωτεῖνα Σεβαστὴ πᾶσι τοῖς φίλοις χαίρειν. [ἔ]- χομεν οὗ τυχεῖν ἐσπεύδομεν· συνκεχώ-
ρηται γὰρ τῶι διαδόχωι ὃς ἂν μέλληι τῆς Ἐπικούρου διαδοχῆς ἀφηγεῖσθαι τῆς οὔσης ἐν
Ἀθήναις καὶ πᾶν τὸ πρὸς τὴν διαδοχὴν ἀν[ῆ]κον οἰκονόμημα Ἑλληνικῆι διαθήκηι δι-
ατάσσεσθαι καὶ αἱρεῖσθαι εἴτε Ἕλληνα εἴτε Ῥωμαῖον βούλοιτο τὸν προστατήσοντα τῆς
20 διαδοχῆς. καλῆς οὖν τῆς ἐξουσίας προσγ[εγ]ενημένης ἧς ἀξίαν χάριν ὀφείλομεν εἰδέ-
ναι τῶι ὡς ἀληθῶς εὐεργέτηι καὶ πάσης π[α]ιδείας κοσμητῆι ὄντι καὶ κατὰ τοῦτο σε[βα]σμιω-
τάτωι αὐτοκράτορι, ἐμοὶ δὲ προσφιλεστάτω[ι] κατὰ πάντα καὶ ὡς διαφέροντι κυρίωι καὶ ὡ[ς ἀ]γαθῶι
τέκνωι, κατάλληλον ὑπάρχει ἕκαστον τῶν πεπιστευμένων τὴν κρίσιν τῆς προστατείας τὸν ἄ-
24 ριστον αἰεὶ ἐκ τῶν ὁμοδόξων πειρᾶσθαι ἀντικαθιστάνειν εἰς τὸν ἑαυτοῦ τόπον καὶ πλεῖον
νέμειν τῆι τῶν ὅλων ὄψει ἢ τῆι ἰδίαι [πρ]ός τινας συνηθεί[αι]. ἐμοὶ μὲν οὖν ἤρεσκε μηδὲ [ἀγα]π[ᾶν τι]-
νας μάλλον τῶν διαφέρειν δοξάντων κατὰ τὴν δύναμιν τῶν λό[γ]ω[ν τ]ῶν [ἡμ]ετέρων καὶ κατὰ
τὸ ἀκόλουθον ἐν τῆι κατὰ τὴν διάθεσ[ιν τ]ῶν [ἠθ]ῶν ὑπεροχῇ. εἰ δ' ἄρα τοῦτο μὴ γείνοιτο, οὐ παρὰ
28 τὴν ἰδίαν τοῦ πράγματος φύσιν, ἀλλὰ παρὰ τὴν ἡμῶν αὐτῶν ἀσθένειαν ἢ διά τινα ἄλλην τυχικὴν
ἐμπόδισιν, τό γε τὸν ὑπὲρ τοῦ κοινοῦ θρησκεύματος βουλευόμενον καθήκειν οἴομαι [σ]το-
χάζεσθαι τοῦ ἀρέσοντος [κοιν]ῆι πᾶσιν καὶ μὴ τοῦ< ἰδίαι ἑαυτῶι. μὰ τὸν Δία δὲ οὐδὲ νομίζω
τὸν ἀντιλαβόμενον [τῆς] ὠφελίας τῆς ἐκ τῶν λόγων περιγεγενημένης αὐτῶι καὶ χά-
32 [ριν ἔχ]οντα τῶι τοιο[ύτωι συ]ναισθήματι αὐτοῦ παρὰ τὸ ἐπιλογισμῶι χρῆσθαι τῶι μὴ ἐάσον-
[τι αὐτὸν] παρεξεν[εγκεῖν τ]ὸ μέγεθος τῆς δωρεᾶς μὴ οὐχὶ οὕτως διατεθήσεσθαι ὥστε καὶ
— — — — — — — — τὸ τοῦ σεμνώματος τήρημα τοῦτόπου ἐκείνου, ὃς περιέχει τὰ
— — — — — — — — καὶ τὴν γνώμην δὲ τὴν ὑπὲρ τῆς καθηγεμονίας τοῦ σωτῆρος ητ̣∙
36 [— — — — — — πρώτου?] κυρίου καθεσταμένου τῆς σχολῆς ὄντων κατ' ἐκεῖνον [τὸν καιρὸν? ∙∙]
[— — — — — — — Ἐπικ]ούρωι κατὰ τἆλλα ἰδιώματα οὐ κατὰ τὴν ὑπεροχὴ[ν
— — — — — — —]

M. Annius Verus consul pour la 2e fois, Cn. Arrius Augur consul (=121 p.C.).
(pétition) de Plotina Augusta.
Combien je me passionne pour la secte d’Épicure, tu le sais bien, seigneur. C’est à toi qu’il revient de veiller à sa succession. Et maintenant qu’il n’est plus permis que son successeur soit autre que Romain, les possibilités de choix sont plus que limitées. Je te demande donc, au nom de Popillius Théotimus, qui vient de prendre la succession (de l’école d’Épicure) à Athènes, que tu l’autorises également à tester en grec pour ce qui concerne sa compétence en matière de règlement de la succession et qu’il puisse désigner parmi les pérégrins ceux qui lui succéderont, si les qualités personnelles (du candidat) lui agréent ; et que tu accordes à Théotimos que les successeurs à venir de la secte d’Épicure jouissent du même droit à l’avenir, et ce d’autant plus que l’on a constaté à chaque fois que le testateur a hésité sur le choix de son successeur, que les adeptes de cette secte se mettent d’accord en assemblée générale pour désigner le meilleur candidat. Cela sera d’autant plus facile si le successeur est choisi parmi plusieurs personnes.
*       *       *
L’empereur César Trajan Hadrien Auguste à Popillius Théotimus : je donne l’autorisation de régler par testament rédigé en grec les affaires qui concernent la succession à la direction de la secte d’Épicure. Et pour que le choix de ce successeur soit encore plus facile si l’on a la possibilité également de le prendre parmi les pérégrins, j’accorde également ce droit à l’avenir à ceux qui assumeront la succession : il sera légitime que ce droit passe soit à un pérégrin soit à un citoyen romain.
*       *       *
Plotina Augusta à tous ses amis, salut.
Nous avons obtenu ce que nous voulions : il a été concédé à celui qui s’apprête à succéder à la tête de l’école d’Épicure à Athènes, de pouvoir, par testament rédigé en grec, régler aussi tout ce qui concerne sa succession et de choisir le Grec ou le Romain qu’il voudra pour en assumer la direction. Le pouvoir s’est donc montré bon envers nous et nous devons pour cela témoigner en conséquence notre reconnaissance envers ce vrai bienfaiteur et ordonnateur de la culture en général, l’empereur qui mérite pour cela tout notre respect, et qui m’est particulièrement cher à la fois comme souverain exceptionnel et comme un bon fils ; il est (désormais) possible à chacun de ceux à qui l’on aura confié la responsabilité de la direction (de l’école) de choisir celui des membres de la secte qui lui semble le meilleur comme remplaçant et de l’installer à sa place, et de gérer (les affaires de l’école) en s’en remettant à l’avis de tous ou à son seul avis. Il me plairait donc que l’on ne préfère personne d’autre que ceux qui apparaissent exceller à mettre de toutes leurs forces nos croyances en pratique et à suivre les valeurs suprêmes de nos principes éthiques. Mais si cela n’était pas possible, non à cause de la nature même de l’affaire, mais du fait de notre propre faiblesse ou à cause d’un autre obstacle fortuit, celui qui préside aux destinées de notre croyance commune doit, à mon avis, viser à trouver un candidat qui plaise à tous avant de choisir celui qui lui plaît à lui. Je ne crois pas non plus, par Zeus, que celui qui comprend l’aide accordée par ce rescrit et qui est reconnaissant de l’attention accordée par l’empereur, malgré les restrictions qui ne lui permettront pas de dépasser une certaine valeur de donation ...

[le reste du texte est trop lacunaire pour que l’on comprenne bien ce que veut dire Plotina]


Plotina est peut-être intervenue également en 125 pour aider la secte à résoudre des problèmes financiers : cf. Lettres d’Hadrien au scholarque Héliodore, le successeur de Popilius Théotimus, accordant des subsides à l’école.
v. S. Follet, « Lettres d’Hadrien aux épicuriens d’Athènes (14.2-14.3.125) : SEG III, 226 + IG II2 1097 », REG 107, 1994, p. 158-171.

a) IG II2 1097

ατηι μήτ[ε? — — — — — — — —]
ταύτης Ἑλληνι — — — — — — —
Ῥωμαίους τά τε — — — — — — —
ἢ ἰδίᾳ τῶι σημήν[αντι — — — —]
Μαρτίων ἐ[ν] Ἀθήναις ο — — —
vacat 0.025
[τ]ῶν χρόνων ὧν καὶ σχεδὸ[ν — —]
ως οἶμαι τιμῆσαι ΙΙ∙∙ω — — — —
κόπτει μοι τῶν προτέ[ρων — — —]
τον συνάψαι οἰκοδομιῶν — — — —
∙ρκω∙ καὶ νῦν ἔχον[τα?] πρὸς —
[ἐ]κλαμβάνειν ἐδόκει δο — — — —
∙ησομένην, ὅπως οἱ κα — — — —
νωσιν ἐφ' ὁπόσον ἂν ὑμῖν — — —
[ο]ὕτως εἴπω καὶ ἀκόλουθον — —
[τ]ῆς δόσεως εὖ συνεμε — — — —
[π]ρὸς τὸ μὴ ἐπίφθονον — — — —
[∙∙π]αρεβιασάμην ἂν ἐμαυ[τὸν —]
∙∙∙τὸ συναύξημα τ — — — — — —
∙∙∙c.8∙∙το — — — — — — — — — 



b) SEG 3, 226 (125 p.C.)

— — — — — — Ι — — — — — —
— — — προϊσταμε[ν — — —]
[— — —] βούλωντ[α]ι κἂν Ῥω[μαι — — —]
[— — —]ιν διετάξατο κα[— — —]
[— — ?τ]οῖς Ἐπικούρου κ[— — χαίρειν? —]
[— Παυλλείνω]ι τὸ βʹ καὶ Ἀκυλείν[ωι — —]
[— τῶι ἡμετέ]ρωι Ἡλιοδώρωι [— — —]
[— — — δια]δοχῆς τῶν Ἐπι[κουρ — — —]
[— — —]έχοντα τόπον τα[— — —]
[— — — π]όντων καὶ οὐ δυν[α — — —]
[— — — ἀ]ναθημάτων πολυ[— — —]
[— — — λυ]σιτελῆ κἀν τούτοις [— — —]
[— — — π]οιήσασθαι προῃρημ[έν — — —]
[— — — π]ροσποιητὸν ἐχοντ — — —
— ων ἐπι{σ}τά>σ<εων (=ἐπιτάξεων ?) πρ —
— — — ν τῶν ἀνδρῶν περιφ — — —
— — — ὡς οἶμαι οὐ μόνον π — — —
— — — ἐπεὶ τούτου μὴ ὑφορω — — —
— — — ἑτερα νῦν ἀναγκαια — — —
— — — ε ἑτέραν μὲν οὖν δ — — —
[— οὐ? μό]νον ἀργυρείδιόν τι κα̣[ταβαλ? —]
[— — φιλοσ]οφούντων καθ' ὃν ἂν ὑ — —
[— — — δ]ιαδοχῆς δικαίωι οὐκ ε — — —
— — — χους ὡς ἕν τι τῶν λο[γ — — —]
[— — το]ὺς διαταξαμένους ἀλλ[— —]
[— — λ]όγον, οἱ καὶ τοὺς λοιπο[ὺς — —]
— — — , ἐπεὶ ὅσον ἐπὶ τῆι πατ[ρ — — —]
— — — ὁποῖοί τι[νες? — — —]




… a décrété …
… d’Épicure …
… 2e [consulat de (M. Lollius) Paullinus et consulat] de (L. Epidius Titius) Aquilinus…
… notre cher Héliodore …
… successeur d’Épicure …
… disposant d’un terrain …
… sans pouvoir …
… offrandes …
… de grand prix …



... des ordonnances ...






… de l’argent monnayé …
… des philosophes …
… de la succession ...


Follet loc.cit. propose de recoller les deux inscriptions ci-dessus avec quelques restitutions (ll. 1-5) :

                                                                                                            [ἐπειδὴ τῆι σεμνοτ?]-
άτηι μητ[ρὶ ἐδόξει τοῖς ἀεὶ τῆς Ἐπικούρου διαδοχῆ]ς̣ προισταμέ[νοις ἐξεῖναι περὶ]
ταύτης Ἑλληνι[κῆι διαθήκηι διατάσσεσθαι κἂν Ἕλληνα] βούλωνται κἂν Ῥω[μαῖον αἱρεῖσθαι — — — — τῶι σχολάρ]-
χ̣η ἰδία̣ τῶι σημήν[αντί μοι ταῦτα(?) καὶ πᾶσι τ]οῖς Ἐπικούρου κ[οινῇ(?) — — —]
Μαρτίων ἐν Ἀθήναις, Ο̣[ὐαλερίωι Ἀσιατικῶ]ι̣ τὸ βʹ καὶ Ἀκυλείν[ωι ὑπάτοις].

v. SEG 26, 125; 29,98.



Julia Domna (Ἰουλία Δόμνα)   

Femme de Septime Sévère, mère de Caracalla et de Géta, morte en 217.

Amie des lettres, passionnée de philosophie et de religion, elle s’entoura de grammairiens, de rhéteurs et de sophistes ; c’est elle qui encouragea Philostrate à écrire la vie d’Apollonios de Tyane.

Elle écrivit aux Éphésiens une lettre qui fut gravée à Éphèse.


Smith, s.v.
Kroh, s.v.
Kl. Pauly, s.v. Iulius 101. Iulia Domna.
RE X, 1 (1918) 926-935, Nr. 566.

Sources

D. C. 74.3, 75.15, 76.4, 16, 77.2, 10, 18, 68.4, 23, 24 
Hérodien, 4.13, 16, 5.3
Spartian. Sept. Sev. 3, 18, Caracall. 3, 10
Clod. Albin. 3, Macrin. 9
Lamprid. Alex. Sev. 5
Aur. Victor, Epit. 21; de Caes. 21
Eutrop. 8.11
Orose 7.18
Philostrate Vit. Sophist. Vit. Apollon. 1.3
Tzetzes, Chil. vi., H. 45

Lettre de Julia Domna à Éphèse
Faisant suite à une lettre de Caracalla pour l’attribution de nouveaux titres

(Éphèse - 213 / 214 apr. JC)

Éd. :

IEph.II, 212, ll. 9-14.
Keil & Maresch, JÖAI 45, 1960 Beibl. 80-82, no 7, ll. 9-14.
Ann.Épigr. 1966, 430, ll. 9-14.
Robert, RPh 41, 1967, 44-64.
ZPE 6, 1970, 57-60.

Voir:

Engelmann, ZPE 51, 1983, 125-126 (l. 14).

                      Ἰουλία Σεβαστὴ Ἐφεσί[οις

10 πάσαις μὲν πόλεσιν καὶ σύνπασι δήμοις ε[ὐεργεσιῶν]
    τυνχάνειν τοῦ γλυκυτάτου μου υἱοῦ τοῦ α[ὐτοκράτο]-
    ρος συνε[ύ]χομαι, μάλιστα δὲ τῇ ὑμετέρᾳ διὰ [τὸ μέγεθος]
    καὶ κάλλος καὶ τὴν λοιπὴν [․․․]οσιν καὶ τὸ παιδ[ευτήριον]
    εἶναι τοῖς πανταχόθεν ε[ἰς εἰρήνης ?] ἐργαστήριον [ἥκουσιν?]

Julia Augusta aux Éphésiens.

Je m’associe aux vœux de toutes les cités et de tous les peuples pour obtenir des bienfaits de mon très cher fils l’empereur, mais surtout à ceux de la vôtre, à cause de sa grandeur et de sa beauté …
Et que l’école soit pour tous ceux qui viendront de toute part la fréquenter un havre de paix (?)