saint Grégoire et l'enseignement du grec
Saint Grégoire de Naziance (Cappadoce; 319-390) reçut une formation très poussée dans les écoles païennes. Cela lui permit de profiter, beaucoup plus que ses devanciers, des trésors de la pensée grecque, et aussi de porter de tels jugements sur la pensée et la civilisation païennes que, depuis lors, cet héritage précieux, s'incorporant de plus en plus amplement à la vie chrétienne, en devient une partie indispensable.
L'empereur Julien l'Apostat ayant interdit aux chrétiens d'enseigner les lettres grecques, saint Grégoire le réfutera en partant de l'idée que la culture grecque est un bien commun; personne, conclut-il, n'a le droit d'en priver qui que ce soit.
« C'est ainsi que de la culture profane nous avons gardé ce qui est recherche et contemplation du vrai, mais ce qui conduit aux démons, et à l'erreur et à l'abîme de la ruine, nous l'avons écarté. Il n'est pourtant pas jusqu'à ces erreurs mêmes qui ne puissent nous inciter à la piété, en nous faisant comprendre le bien par le contraste du mal, en prétant leur faiblesse à la force de notre doctrine... Le savoir n'est donc pas à condamner parce qu'il plait à certains de le dire."
Ces « certains », ajoute-t-il, « sont des ignorants qui veulent, par ce subterfuge, éviter qu'on découvre leur manque de culture. » (St. Grégoire, Oraison funèbre de saint Basile).
*** Condisciple de saint Basile, avec lequel il suivit à Athènes les cours du sophiste païen Himérios, saint Grégoire fut un moment rhéteur, puis entra dans les ordres en 361, i.e. à 42 ans; en 374, il devint évêque de Naziance, sa ville natale. Elu évêque de Constantinople en 381, il se démit presque aussitôt, rejoignit son ancien poste et peu après se retira dans son domaine rural d'Arianze, proche de Naziance.
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