Inscription épicurienne

d'Oenoanda (Lycie)
(Oenoanda - 2e s. av. JC)

Longue inscription de 181 frr. et de près de 25 000 mots, provenant d'un portique de l'agora d'Oenoanda (longueur 80 m).
Nous ne donnons que le début de ce texte (135 lignes sur env. 3500 !) œuvre de Diogène d'Oenoanda.

Éd. :

M.F. Smith, Diogenes of Oenoanda: the Epicurean inscription. Naples, Bibliopolis, 1993.

Voir :
La philosophie épicurienne sur pierre. Les fragments de Diogène d'Oenoanda, traduits par A. Etienne et D. O'Meara; Fribourg, Cerf, 1996.


[Διογένους τοῦ Οἰ]νο-
[ανδέως περὶ αἰσ]θή̣-
[σεως καὶ φύσεως]
[ἐπιτομή].
5 [ὁρῶν τοὺς πλείστους τῇ περὶ τῶν πραγμάτων ψευδοδοξίᾳ
νοσοῦντας καὶ μὴ ἀκούοντας τοῦ σώματος ἐνκλήσεις]
τ̣ῇ ψυ̣χῇ δ̣ι̣[α]φ̣[ό]ρο̣υ̣ς
ἐπιφέροντος καὶ δι-
καίας,
10 ὅτι μὴ δεόν-
τως ὑπ' αὐτῆς σκύλλ̣ε-
ται καὶ καταπονεῖται
καὶ εἰς οὐκ ἀνανκαῖα
σύρεται πράγματα
15 (τὰ μὲν γὰρ ὑπ' αὐτοῦ
ζητούμενα μεικρὰ εἶ-
ναι καὶ εὐπόριστα, ὧν
δύναται καὶ ἡ ψυχὴ
συναπολαύουσα
20 καλῶς διάγειν, v τὰ δ' ὑ-
πὸ τῆς ψυχῆς μεγάλα τε
καὶ δυσπόριστα, πρὸς δὲ
τῷ μηδὲν ὠφελεῖν τὴν
φύσιν καὶ κινδύνους
25 ἐπιφέροντα). vv τούτους
οὖν ὁρῶν (πάλιν γὰρ ἐπα-
ναλήμψομαι) διακει-
μένους οὕτως, v κατω-
λοφυράμην μὲν αὐτῶν
30 τὸν βίον καὶ ἐπεδάκρυ-
σα τῇ τῶν χρόνων ἀ-
πωλείᾳ, v χρηστοῦ δέ
τινος ἡγησάμην ἀν-
δρός, ὅσον ἔστ' ἐφ' ἡμεῖν,
35 τοῖς εὐσυνκρίτοις αὐ-
τ[ῶν φιλανθρώπως βοη]-
θε̣ῖν̣. τ̣[οῦτο δὲ πρῶτον]
τῆς γρα[φῆς αἴτιόν ἐσ]-
τιν. v τὸν̣ [μὲν κενὸν φό]-
40 βον ἐκ θ̣[ανάτου, τὸν δ' ἐκ]
τῶν̣ θ̣ε̣[ῶν φημὶ πολλοὺς]
ἡμῶν κα[τέχειν, τὸ δὲ ποιη]-
τικὸν τῆ[ς τῷ ὄντι τει]-
μίας χαρᾶ[ς οὐκ εἶναι θέα]-
45 τρα v καὶ ν̣[— — — — — —καὶ]
βαλανεῖα̣ [καὶ μύρα]
καὶ ἀλείμ̣[ματα, ἃ δὴ κα]-
ταλελοίπ̣[αμεν τοῖς]
πλήθεσιν, ἀ̣[λλὰ τὴν | φυσιολογίαν]
50 [ἠθέλησα δ' ἐλένχειν τοὺς τὴν φυσιολογί]-
[αν αἰτιωμέν]ου̣ς̣ ὅ̣τι
[ἡμεῖν συμ]φ̣έρε[ιν οὐ]-
[δὲν δύνατ]αι. v οὕτω̣ [δ', ὦ]
πο̣[λεῖται], καὶ οὐ πολ̣[ει]-
55 τευ̣όμενος, διὰ τῆ[ς]
γ̣ραφῆς καθάπερ πρ̣[άτ]-
τ̣ων λέγω ταῦτα, v δε̣[ι]-
κ̣νύειν δὲ πειρώμε-
ν̣ος ὡς τὸ τῇ φύσει
60 συμφέρον, v ὅπερ ἐσ-
τὶν ἀταραξία, καὶ ἑνὶ
καὶ πᾶσι τὸ αὐτό ἐσ-
τιν. v καὶ τὴν δευτέ-
ραν οὖν ἀποδοὺς αἰ-
65 [τί]α̣ν τοῦ συνγράμ-
μ̣ατος, τὸ κατεσπου-
δ̣ασμένον ἡμῶν νῦ̣ν
προστίθημι, ὁποῖόν
ἐ̣σ̣τ̣ι̣ν καὶ τίν' ἔχει φύ-
70 [σιν ἐξηγούμενος].
[ἐν δυ]σμαῖς γὰρ ἤδη
[τοῦ β]ίου καθεστη-
[κότ]ε̣ς v (διὰ τὸ γῆρας
[καὶ ὅ]σον οὔπω μέλ-
75 [λοντ]ες ἀναλύειν
[ἀπὸ τ]οῦ ζῆν), v μ̣ετὰ
[καλο]ῦ παιᾶν̣[ος ὑ]-
[πὲρ το]ῦ̣ τ̣ῶ̣[ν ἡδέ]-
ων πληρώματος, v ἠ-
80 θελήσαμεν, v ἵνα μὴ
προλημφθῶμεν, βο-
ηθεῖν ἤδη τοῖς εὐ-
συνκρίτοις. v εἰ μὲν
οὖν εἷς μόνον v ἢ δύ' ἢ
85 τρεῖς v ἢ τέτταρες ἢ
πέντε v ἢ ἓξ v ἢ ὅσους,
ἄνθρωπε, βούλει τῶν
τοσούτων εἶναι πλείο-
νας, μὴ πάνυ δὲ πολ-
90 λούς, διέκειντο κα-
κῶς, v κἂν καθ' ἕ[να— —]
καλούμενος̣ [πάν]-
τα παρ' ἐμαυτὸν ἔπρατ-
τον ε̣ἰ̣ς̣ συμβουλίαν
95 τὴν ἀ̣ρ̣ίστην. v ἐπεὶ δέ,
ὡς προεῖπα, οἱ πλεῖστο̣ι
καθάπερ ἐν λοιμῷ
τῇ περὶ τῶν πραγμάτων
ψευδοδοξίᾳ νοσοῦσι
100 κοινῶς, v γείνονται δὲ
καὶ πλείονες v (διὰ γὰρ
τὸν ἀλλήλων ζῆλον
ἄλλος ἐξ ἄλλου λαμ-
βάνει τὴν νόσον ὡς
105 [τ]ὰ̣ πρόβατα), v δίκαι̣ο̣ν̣
[δ' ἐστὶ καὶ] τοῖς μ̣[εθ' ἡ]-
μᾶς ἐσομένοις βοη-
θῆσαι v (κἀκεῖνοι γάρ
εἰσιν ἡμέτεροι καὶ εἰ
110 μὴ̣ γεγόνασί πω), v πρὸς
δὲ δὴ φιλάνθ̣ρωπον
καὶ τοῖς παραγεινομέ-
νοις ἐπικουρεῖν ξέ-
νοις. vv ἐπειδὴ οὖν εἰς
115 πλείονας διαβέβη-
κε τὰ βοηθήματα
τοῦ συνγράμματος,
ἠθέλησα τῇ στοᾷ ταύ-
τῃ καταχρησάμενος
120 ἐ̣ν κοινῷ τὰ τῆς σωτη-
ρίας προθεῖ̣ν̣[αι φάρμα]-
κα, ὧν δὴ φαρ̣μ[άκων]
πεῖραν ἡμε[ῖ]ς̣ π̣[άντως]
εἰλήφαμεν. [τοὺς]
125 γὰρ ματαίως [κ]ατ[έχον]-
τας ἡμᾶς φόβους [ἀ]-
πελυσάμεθα, v τῶν τε
λυπῶν τὰς μὲν κ̣εν̣ὰ̣ς
ἐξεκόψαμεν εἰς τέ-
130 λειον, v τὰς δ̣ὲ φυσικὰς
εἰς μεικρὸν κομιδῇ
συνεστείλαμεν, ἐλα-
χιστιαῖον αὐτῶν τ̣[ὸ]
μέγεθος ποι̣ή̣σ̣α̣[ν|τες]
135 [            ]θ̣η
cassure

Diogène d'Oenoanda
Abrégé sur
la sensation et
la nature.
Voyant que la plupart des gens souffrent
de fausses conceptions sur la réalité
et n'écoutent pas les différents appels,
importants et justifiés,
que le corps adresse à l'âme,
à savoir qu'il est tourmenté
injustement par elle,
qu'il souffre et
est entraîné vers des choses
nullement nécessaires
(car les choses qu'il réclame
sont petites et
faciles à obtenir,
et l'âme peut très bien
en jouir aussi
et passer une vie agréable,
tandis que ce que recherche l'âme
est grand et difficile à se procurer,
sans aucun profit pour la nature,
et comporte des dangers),
voyant donc ces hommes
(pour revenir à mon propos)
dans cet état,
je me suis lamenté
sur leur mode de vie
et j'ai pleuré
de ce gaspillage de temps ;
et j'ai considéré
que c'est le propre d'un homme bon,
dans la mesure où nous le sommes,
d'aider avec humanité ceux d'entre eux
qui sont de bonne composition.
Telle est la première
raison de cet écrit.
La vaine crainte
de la mort, la crainte des dieux,
je l'affirme,
bloquent beaucoup d'entre nous,
et ce qui procure
la joie véritable,
ce n'est ni les théâtres, ni ...,
ni les bains, ni les parfums
ou les onguents,
toutes choses que nous laissons
au vulgaire ; mais nous voulons
que ceux qui accusent la nature
de ne pouvoir nous être
aucunement utile,
contrôlent la nature.
C'est pourquoi, concitoyens,
même si je ne fais pas de politique,
par cet écrit je dis ces choses
comme si j'agissais,
en m'efforçant de montrer
que ce qui est utile
à la nature,
à savoir l'ataraxie, est le même
pour tout un chacun et pour tous.
Ainsi, après avoir donné
la deuxième raison
de cet écrit,
j'ajoute ce qui fait aujourd'hui
l'objet de nos études,
et j'explique
quel il est et
quelle est sa nature.
Nous nous trouvons déjà en effet
au soir de notre vie
(en raison de la vieillesse
mais sans être encore
arrivé au moment de quitter
la vie),
et nous avons voulu,
par un beau chant de remerciement
pour la plénitude
des plaisirs (sc. que nous avons connus),
afin de ne pas être pris au dépourvu,
venir dès maintenant au secours
de ceux qui sont de bonne composition.
Et si un seul, ou deux,
ou trois ou quatre,
ou cinq ou six, ou
autant que tu le veux, homme,
parmi ces gens, et bien davantage,
mais pas en nombre trop important,
étaient dans de mauvaises dispositions,
je ferais tout mon possible,
dussé-je les appeler
un par un,
pour leur prodiguer
les meilleurs conseils.
Mais vu que, comme je l'ai déjà dit,
la plupart des hommes
souffrent communément comme d'une peste
de fausses conceptions sur la réalité,
et qu'ils sont
de plus en plus nombreux
(cela est dû à leur émulation réciproque,
et l'un reçoit de l'autre
la maladie
comme les moutons), et comme
il est juste de secourir
aussi ceux qui vivront après nous
(car eux aussi
sont des nôtres, même
s'ils ne sont pas encore nés),
et qu'il convient à un ami du genre humain
de venir en aide aussi
aux étrangers qui vivent avec nous,
puis donc que
l'aide que peut apporter
cet écrit concerne
un plus grand nombre,
j'ai voulu profiter
de ce portique
pour offrir publiquement
les remèdes du salut,
que nous avons mis nous-même
entièrement à l'épreuve.
Car nous nous sommes
libéré des peurs
qui nous tenaient sans raison
enchaînés, et
parmi les souffrances,
celles qui étaient vaines, nous les avons
complètement éliminées, tandis que
les autres, les naturelles,
nous les avons minimisées,
en réduisant leur importance
au minimum
...
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