La Tragédie dans la Cité

"La tragédie grecque, ça n'existe pas. La tragédie est une institution de la démocratie athénienne". (Castoriadis)

"La tragédie est liée à la démocratie en ce qu'elle discute toujours de l' ὕϐρις ". (Castoriadis)

"Dans sa véritable signification, la démocratie consiste en ceci, que la société ne s'arrête pas sur une conception de ce qui est juste, l'égal ou le libre, donnée une fois pour toutes, mais s'institue de telle sorte que les questions de la liberté, de la justice, de l'équité et de l'égalité puissent toujours être re-posées dans le cadre du fonctionnement «normal» de la société".[1]

"La démocratie est de toute évidence un régime ne connaissant pas de normes venant de l'extérieur, elle doit poser ses propres normes, et elle doit les poser sans pouvoir s'appuyer sur une autre norme. En ce sens, la démocratie est certainement un régime tragique, sujet à l'hubris, on le sait et on le voit dans la dernière partie du 5e s. à Athènes, elle doit faire face à la question de son autolimitation".[2]

"... la tragédie possède aussi une signification politique très nette: le rappel constant à l'autolimitation. Car la tragédie est aussi et surtout l'exhibition des effets de l'hubris et, plus que cela, la démonstration de ce que des raisons contraires peuvent coexister (c'est une des «leçons» d'Antigone) et que ce n'est pas en s'entêtant dans sa raison (monos phronein) que l'on rend possible la solution des graves problèmes que peut rencontrer la vie collective. Mais par-dessus tout, la tragédie est démocratique en ce qu'elle porte le rappel constant de la mortalité, à savoir de la limitation radicale de l'être humain".[3]

 

"Quand l'un a raison, l'autre tort, c'est un mélodrame, pas un drame; quand les deux ont raison, c'est la tragédie". (Elia Kazan)

"Dans la tragédie, deux droits s'affrontent. Chaque héros a raison selon un droit". (G. Sissa)

 

"Il n'y a pas de méchant dans la tragédie". (Aristote)

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[1]       C. Castoriadis, "Imaginaire politique grec et moderne", in: Les Grecs, les Romains et nous, pp. 235-6.

[2]       Id., ibid., pp. 242-3.

[3]        Id., ibid., p. 243.