La comédie ancienne, celle d'Aristophane, ainsi nommée par opposition à la comédie moyenne d'Alexis et de Philémon (1ère moitié du 4ème siècle avant J.‑C.) et à la comédie nouvelle de Ménandre (4e-3e s.), se présente à nous comme une bouffonnerie déréglée, où sont bafoués les hommes en vue de la politique et de la littérature contemporaines.
Ce désordre est dû au fait que la comédie a des origines très complexes, issue qu'elle est, «à doses inégales, du cômos attique» (auquel elle doit son nom: κωμῳδία = κώμου ᾠδή : le chant du cômos), «de la farce péloponnésienne, de la comédie sicilienne et de la tragédie. À chacun de ces genres antérieurs elle doit quelques-unes de ses formes.» (O. Navarre, Le théâtre grec, p. 140).
Le cômos est à l'origine un défilé burlesque de paysans ivres qui, le jour des Dionysies, parcourent les dèmes en distribuant à la ronde horions et quolibets. Il semble s'être surtout composé:
a) d'une entrée (la πάροδος) burlesque et tumultueuse
b) d'une scène d' «invectives» entre le cortège et les gens plus sensés assis devant leurs portes (ἀγών);
c) d'un discours où le chef de la bande disait leurs «quatre vérités» aux assistants (et qui deviendra la παράϐασις);
d) d'une sortie du cortège, parodiant avec mille plaisanteries, d'un goût généralement douteux, les rites des cortèges nuptiaux (ἔξοδος).
La farce péloponnésienne et particulièrement mégarique semble avoir surtout consisté en la reproduction burlesque de courtes scènes empruntées à la vie courante,
La comédie sicilienne de cet Épicharme en qui Platon saluait un grand poète a cherché, par l'imitation de l'intrigue tragique, à donner une unité à cet ensemble disparate.
D'abord laissée à l'initiative privée, la comédie fut, dès 486, réglementée par l'État.
Trois, puis cinq poètes concourent entre eux: un jury, dans les mêmes conditions que celui de la tragédie, donnait les prix aux poètes, aux acteurs et aux chorèges. Les comédies étaient jouées l'après-midi, tandis que les tragédies étaient représentées le matin.
Le chœur, plus nombreux que celui de la tragédie, comportait 24 choreutes et se livrait à des danses spéciales, comme le κόρδαξ, où la fantaisie la plus libre était déchaînée. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les femmes et les enfants assistaient très probablement à ces représentations.
Les acteurs portaient le masque, mais ne chaussaient que des socques; acteurs et choreutes portaient un chiton très court et se rembourraient de coussins qui leur faisaient des derrières et des ventres énormes; les choreutes portaient un justaucorps rayé et les accessoires les plus divers (chevaux-jupons des Cavaliers, dards des Guêpes, etc.). La fantaisie se donnait libre cours dans l'invention des masques, des costumes et des accessoires: ainsi Pseudartabas, "l'Œil du Roi", ne portait (dans les Acharniens) pour tout masque qu'un œil énorme.
Obéissant à la fois aux nécessités propres de la comédie et à l'exemple tyrannique de la tragédie, la comédie ancienne peut se diviser ainsi:
a) un prologue, qui expose le thème burlesque et engage l'action;
b) une entrée du chœur, qui souvent se lie avec les épisodes suivants;
c) des scènes où se trouve un premier ἀγών, ces scènes étant coupées de chants du chœur (χορικά);
d) la parabase:
1° κομμάτιον, adieu aux acteurs (les choreutes déposent leurs manteaux à terre et se tournent vers le public);
2° οἱ ἀνάπαιστοι : le coryphée, délaissant la fiction dramatique, s'adresse au public et, parlant au nom du poète, dit son mot sur les faits et les gens du jour. Les anapestes se terminent par une phrase débitée à perdre haleine, le μακρόν ou πνίγος;
3° l' ᾠδή, chant lyrique du chœur;
4° l' ἐπίρρημα du coryphée (16 tétramètres trochaïques);
5° l' ἀντῳδή, qui répond à l'ᾠδή ;
6° l' ἀντεπίρρημα, qui répond à l' ἐπίρρημα.
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